Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet. (Allociné)
Ce pitch nom de Dieu, je m’en lasse pas…
Les pitchs un peu fous, Quentin Dupieux nous y a habitués : celui du Daim remporte la palme, ex-aequo avec celui de Rubber (l’histoire d’un pneu engagé dans une vendetta).
Ça n’est pas la moindre des réussites du film que de parvenir à retranscrire cette folie de manière sensée, maîtrisée, implacable. On a souvent taxé le cinéma de Dupieux de « décalé », « barré » mais cette fois, plus que jamais (c’était déjà le cas dans Steak par exemple), la folie est avant tout ancrée dans le personnage principal.
Sur une base totalement absurde, Le Daim apparaît ainsi comme le film le plus « sage » de Dupieux.
« Totalement absurde » ? A voir : la fascination de Georges, le personnage principal, pour son blouson en daim made in Italy n’est finalement que l’aboutissement paroxystique d’une obsession que nous avons toutes et tous eu un jour (l’obsession ou la fascination pour un vêtement). Il aime son blouson un peu plus que de raison finalement, c’est tout. Enfin, « c’est tout » : c’est le point de départ d’une dérive un tantinet moins raisonnable, ok, mais ce point de départ, on peut toutes et tous y adhérer je pense. L’identification au personnage se fait de manière aisée, immédiate même, ça joue grandement dans la réussite du film selon moi.
De même, ce saut dans l’inconnu effectué par Georges au début du film (il roule sans autre but que celui de laisser derrière lui sa vie d’avant), cette volonté de solitude (« vous allez rester un mois ici ? » lui demande le réceptionniste de cet hôtel paumé au fin fond des Pyrénées dans lequel il a atterri sans raison apparente; « ben, je veux être seul » lui répond Georges sur le ton de l’évidence), cette envie de revenir à un état solitaire, primitif voire animal fait partie des fantasmes masculins les plus répandus et les plus partagés : c’est le véritable sujet du Daim évidemment (voir par exemple cette belle scène au cours de laquelle Georges s’abreuve dans un cours d’eau, tel Jeremiah Johnson), fausse comédie absurde (on rit quand même souvent), vrai dérive mélancolique et touchante : la folie de Georges (Dujardin, formidable) ainsi que sa solitude, trouvent un écho dans celle(s) de Denise la barmaid/monteuse (Adèle Haenel, enfin sur un mode différent de ce à quoi elle nous a trop habitués).
Évidence encore mais difficile il me semble de ne pas l’évoquer, Le Daim comme auto-portrait… j’allais dire « en creux », de Quentin Dupieux mais non : il est honnête et frontal dans sa manière de dire à travers le personnage de Georges que ce qui compte pour lui, c’est de filmer, coûte que coûte, y compris si les moyens sont dérisoires, y compris s’il n’a pas de scenario (les détracteurs de Dupieux vont s’en donner à cœur joie). Voir encore cette scène, à la fois drôle et révélatrice, au cours de laquelle Georges se revendique « vrai » cinéaste (les détracteurs de Dupieux etc).
Ces réflexions un peu décousues pour dire avant tout que Le Daimest un film formidable, aussi drôle qu’étonnamment touchant et maîtrisé de bout en bout. Le meilleur de Quentin Dupieux pour moi, après l’inatteignable Steak, et la confirmation après le déjà très bon Au Poste ! que la France et un vernis plus mainstream lui vont très bien.
Du jour au lendemain, Raphaël se retrouve plongé dans un monde où il n’a jamais rencontré Olivia, la femme de sa vie. Comment va-t-il s’y prendre pour reconquérir sa femme, devenue une parfaite inconnue ? (Allociné)
J’ignore ce qu’il en est du public mais la critique a ménagé un accueil très favorable à la-nouvelle-comédie-romantique-française-qu’on-sait-faire-comme-les-américains-maintenant-t’as-vu: c’est mérité. Mon Inconnue est une vraie bonne comédie romantique i.e. qui respecte le cahier des charges du genre tout en faisant preuve d’intelligence, d’à propos et de ce soupçon d’originalité qui lui permet de se distinguer. Très bien et très finement mené, le récit culmine dans une conclusion à la fois attendue et surprenante. C’est bieng.
C’est bieng mais si tu connais un peu le blog et le vieux con qui se cache derrière, t’as compris qu’y a un truc qui va pas. Et qui suis-je au fond pour te contredire ?
En effet, y a un truc qui va pas : dans « comédie romantique », y a « comédie » au sens littéraire et grec de « happy end » mais également à celui de « on a ri, MAIS ON A RI ! » Et justement, j’ai pas beaucoup ri moi. C’est fâcheux… Oui, ok, c’est mignon, le sidekick (Benjamin Lavherne) joue bien son rôle de sidekick et de comic relief mais j’ai trouvé ça trop mignon, trop propre. J’aurais aimé plus de mordant, de malice dans les vannes, les répliques entre les 2 potes, les inévitables situations embarrassantes dans lesquelles les personnages se trouvent parfois. Mon vrai comic relief est venue de Camille Lellouche, excellente en petite amie boulet.
A ce moment là, je me suis souvenu ce que je me suis dit quand j’ai vu défiler le générique à la charte graphique très Instagram : ça m’a un peu fait peur pour la suite. J’avais tort : le film vaut mieux que ça encore une fois, il est très réussi. Mais, malgré tout, il a un insupportable petit côté ta-bite-a-un-goût, édulcoré, vannes proprettes et inoffensives. J’allais dire que c’est un détail mais une comédie romantique devant laquelle je ris peu, c’est un petit peu embêtant quand même.
Bon, tant qu’on y est, je poursuis au rayon pinaillage : Joséphine Japy. Oh elle joue très bien, elle est mignonne comme tout, parfaite pour ce type de rôle mais simplement, ce nom, « Joséphine Japy » : j’y crois pas. Je visualise les cuirs un peu cheap Japa ou encore une marque de chaussures discount : « vos pieds sourient en Japy ! ». Je visualise la Halle aux Chaussures, pas une actrice craquante de comédie romantique. C’est qu’elle est incontestablement pendant 2h mais voilà, je suis superficiel et je bloque sur des détails. Mais à part ça, c’est très bien , allez voir le film.
Le commissaire Beffrois attend la retraite avec un enthousiasme mitigé quand un vol de tableau retient son attention. Est-ce l’élégance du procédé ? L’audace du délit ? La beauté de l’œuvre volée ? Beffrois se lance à la recherche d’un voleur atypique, véritable courant d’air, acrobate à ses heures. (Allociné)
Un beau voyou pourrait j’imagine être qualifié de « petit film » : tourné à Paris durant l’été, dans des intérieurs qu’on imagine sans mal « réels » i.e. pas des décors), avec un casting relativement modeste malgré quelques têtes connues. On a un peu oublié Charles Berling, il faut dire ce qui est, et au moment du tournage, Swann Arlaud n’avait pas encore été consacré par son rôle dans Petit Paysan. Encore moins par le César du meilleur acteur que le film d’Hubert Charuel lui a permis d’obtenir.
Sur une trame de « polar léger » relativement convenue (un jeu du chat et de la souris entre un gentleman-cambrioleur, Arlaud, et un flic, Berling, qui voit dans cette enquête, et à quelques jours de la retraite, un moyen à la fois de mettre un peu de piment et de terminer sur un coup d’éclat une carrière qui en a singulièrement manqué), Un beau voyou compose une petite musique très originale.
La mise en scène nous met rapidement sur la voie : personnages isolés, plans serrés (voire gros plans), c’est bien eux et leur singularité qui prime. D’abord le personnage interprété par Berling, flic à la fois terne et fantasque, dont le portrait brossé à coups de petits détails et d’ellipses, révèle quelqu’un qui a sans doute bien plus souffert que ce que son apparente bonhomie le suggère. Puis le personnage campé par Arlaud qui, lui, intrigue son entourage par son opacité : Lucas Bernard, le réalisateur, choisit donc de s’attarder plus longuement et de nous livrer, à nous spectateurs, en quelque sorte son envers du décor. C’est très fin.
Fins également, les dialogues, à la fois très écrits et naturels, plein d’ironie et de malice sans que jamais n’affleure la sensation de la recherche du bon mot, d’une quelconque virtuosité rhétorique.
Dans son côté un peu lunaire, dans sa fantaisie modeste, à la fois désuet et moderne (moderne parce que désuet, mais pas seulement), Un beau voyou rappelle les comédies de Pierre Salvadori (oui, car c’est une comédie, je l’ai pas précisé). Et on se dit qu’on aurait bien gardé un peu de l’unanimité délirante qui s’est abattue sur En liberté ! (que j’ai beaucoup aimé mais bon, il a bénéficié d’un accueil hallucinant) pour la reporter sur ce « petit film » qui, encore une fois, et malgré un accueil globalement positif, risque de quitter les salles trop rapidement. Donc allez-y: Bohemian Rhapsody et Aquaman, vous les verrez à la maison.
Yvonne jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux. (Allociné)
Je crois qu’ils ont oublié « Une farandole de rigolade ! » et « Un festival de bonne humeur ».
Sérieusement, ça attire les gens ce genre d’affiches? Ca parasite complètement le visuel en plus, voire, on cherche le titre du film. Et puis « Un public hilare sonné par des uppercuts de rire », sans déconner…
Bon, que ça ne nous détourne pas de l’essentiel: on aurait envie de balayer ces insupportables injonctions, de dézinguer le film ou au moins de faire la fine bouche par pur esprit de contradiction, mais non, il faut le dire: En Liberté ! est bien une des meilleures comédies de l’année, et représente un souffle d’air frais salutaire dans le monde mortifère de la comédie française.
La mort, il en est pourtant beaucoup question dans le film: tout part d’un défunt (Vincent Elbaz, extra dans le rôle d’un flic toc-toc-badaboum), qui a pourri la vie d’un innocent (Pio Marmaï, qui a pris 8 ans de prison à tort), le condamnant à errer comme un mort-vivant dans une vie à laquelle il n’appartient plus. Ce défunt a également laissé une veuve (Adèle Haenel) et un petit garçon de 8 ans.
Il serait pas un peu sous-estimé ce mec?
Mais il n’y a pas de bonne comédie sans drame préalable n’est-ce pas? Pierre Salvadori le sait bien, lui qui en connaît tous les rouages, tous les registres, toutes les ficelles et qui a visiblement décidé, dans son dernier film, de faire feu de tout bois: burlesque, slapstick, comique de situation, comédie romantique, satire, screwball comedy, comédie de remariage, j’en passe, il y a tout dans En Liberté !Rarement vu une comédie, française de surcroît, jouer sur autant de registres à la fois.
Meux : Pierre Salvadori réussit tout, ou presque. Quel que soit le registre, on rit mais on rit! OK, pas toujours: le running gag du serial killer qui n’arrive pas à se signaler au commissariat, ou tout ce qui à trait au SM: bof. Simples détails, casualties of war: quand on décide de faire feu de tout bois à ce point, d’enchaîner les trouvailles, les gags, les répliques qui font mouche à un rythme si effréné, on a le droit de se manquer de temps en temps.
Ce qui nous amène logiquement au rythme du film : Salvadori parvient donc à jongler avec différents registres comiques avec une dextérité et un savoir-faire dingue, sans que jamais l’homogénéité du film en pâtisse.
Donc, En liberté !, « comédie de l’année », ok, pourquoi pas, mais c’est aussi un film sensible et émouvant, et là encore, Salvadori multiplie les pistes et ménage à merveille ses effets: vraie-fausse romance à 3, film de remariage, sur le deuil, le mensonge etc. Un point noir quand même selon moi: le film débute et se clôt sur cet enfant désormais sans père, et qui a grandi dans son idolâtrie, dont on apprend rapidement qu’elle était fondée sur un mensonge. Or cet enfant, essentiel donc sur le pur plan narratif… est un peu délaissé pourrait-on dire (difficile d’en dire plus sans spoiler).
Sur le fond, le film est tout aussi stimulant : Salvadori se fait l’avocat de la fiction dans la réel, une fiction qui panserait les plaies, nous aiderait à nous reconstruire et à nous remettre de nos traumatismes. Ne pas hésiter à inventer, affabuler donc, (se) mettre en scène même: le personnage interprété par Damien Bonnard remet son masque de Zorro juste avant d’embrasser sa belle. Ainsi, encore, la scène clé, celle qui contient à elle seule tout le film en quelque sorte, serait celle des retrouvailles de Pio Marmaï et Audrey Tautou : il est sorti un peu prématurément de prison (quelques heures) et la surprend donc à leur domicile, en plein ménage, afin que tout soit parfait pour son retour. Elle n’aime pas ces retrouvailles « inattendues »: elle lui demande donc de rejouer son arrivée, à plusieurs reprises, afin de les goûter comme elle en avait rêvé depuis si longtemps. La scène, véritable mise en abyme et déclaration d’intention de la part du cinéaste, se déroule en outre sous les yeux d’Adèle Haenel, comme pour lui signifier, en douceur, un modèle à suivre. C’est très beau en plus d’être très intelligent.
Un mot enfin sur le casting. Impeccable, il atteste là aussi du savoir-faire, de la science du dosage de Pierre Salvadori dans la direction d’acteurs, l’écriture des personnages, le montage. Si Adèle Haenel a bien le premier rôle, les 4 autres acteurs (Pio Marmaï, Damien Bonnard, vu notamment dans le génial Rester Vertical d’Alain Guiraudie, Audrey Tautou et Vincent Elbaz), dont on dira pour simplifier qu’ils sont tous des seconds rôles, sont traités sur un pied d’égalité et tous croqués avec le même soin : voir par exemple le personnage d’Audrey Tatou, relativement secondaire dans l’intrigue, et qui se voit attribuer quelques très belles scènes (dont une, cruciale, décrite juste au-dessus), ou encore celui de Vincent Elbaz, flic ripou, mari menteur et père idolâtré, qui réussit en quelques scènes fictives (racontées au coucher par Adèle Haenel à leur enfant) à créer une vraie présence Bébelienne
Comme pour Le Grand bain, j’ai quelques grosses réserves (les running gags sur le SM ou les scènes de commissariat donc, mais aussi la scène de la crique, pourtant cruciale), mais je n’ai envie de garder que le positif : l’énergie du film, son écriture et sa mise en scène pleins de panache et d’originalité. Pierre Salvadori a la réputation d’être une sommité en matière de comédie, un fin connaisseur aussi bien de l’oeuvre de Lubitsch ou Wilder que d’Apatow , Oury ou Rappeneau. Ca m’a toujours interrogé tant ses films me laissaient souvent sur ma faim. Avec En liberté ! je comprends pour la 1ère fois le pourquoi du concert de louanges qu’il reçoit très régulièrement. Je pense même qu’il s’agit de son meilleur film depuis Les Apprentis.
C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie… (Allociné)
Plus d’1,5 millions d’entrées en 1ère semaine, ça faisait bien longtemps que c’était pas arrivé pour un film français. Et c’est donc sur Le Grand bain que c’est tombé. Enfin, « tombé »: c’est pas vraiment une surprise car si j’ai bien compris (je ne regarde que le sport et quelques films à la télé) mais c’est pas bien difficile à concevoir, l’équipe du film a squatté les plateaux de Laurent Delahousse, Yann Barthes et autres durant les jours voire semaines précédant sa sortie. Mais une promo en béton et le bourrage de crâne ne suffisent pas (ou plus) à garantir la venue des spectateurs en salle. Le Grand bain a également bénéficié d’un savant travail de teasing depuis plusieurs mois. A cela s’ajoute un accueil critique plutôt favorable, y compris dans des pages qui auraient dû le snober.
Et donc ? Et bah je dirais que si le succès s’explique aisément (facteurs suscités), il n’en est pas moins mérité. OK, Le Grand bainn’est pas la comédie de l’année (Guy et En liberté ! sont des candidats autrement plus consistants) mais c’est un film sympathique, voire attachant et plus subtil qu’il n’y paraît. Que ce film là remplisse les salles là où auparavant il fallait se cogner Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu?, La famille Bélier ou une danyboonerie de merde, ça fait plaisir.
Je me souviens de la 1ère fois où j’ai entendu Comme Jeannie Longo de Katerine un soir de 1992 chez Bernard Lenoir sur France Inter. Quelle trajectoire…
Déjà, même si ça peut paraître paradoxal au vu du casting cérémonie-des-Césars-ils-sont-venus-ils-sont-tous-là et de la promo maousse donc, il faut saluer une certaine humilité liminaire de la part de Gilles Lellouche : il est ici réalisateur, co-auteur du scénario, auteur des dialogues… mais « c’est tout »: il a eu la modestie de ne pas se caster, pas même un cameo, rien. Ca peut paraître anecdotique mais pour un acteur (populaire qui plus est, et dans la force de l’âge si on peut dire) qui passe derrière la caméra pour la 1ère fois, c’est plutôt rare. Voire extrêmement rare : il faudrait vérifier mais je n’ai pas d’exemple qui me vienne spontanément.
Ca ne l’empêche pas d’être ambitieux : c’est ce qu’on lit et entend partout, Le Grand bain essaie de réconcilier le cinéma populaire et le cinéma d’auteur. Lellouche n’est évidemment pas le premier à tenter le crossover ultime mais c’est de plus en plus rare là aussi, et de moins en moins réussi (c’était quand la dernière fois ?). Surtout, et c’est en partie ce qui rend Le Grand bain intéressant selon moi, cette volonté semble avoir présidé aux décisions les plus visibles, comme si la victoire de l’une des 2 chapelles devait aussitôt être compensée par un succès du camp d’en face.
Almaric aura le premier rôle ? OK, on prend aussi Poelvoorde. Philippe Katerine dans un film grand public, plutôt risqué non? En effet, on va aussi prendre Guillaume Canet. Le Grand bain, un Full Monty à la française, un vrai feelgood movie ? Oui, peut-être mais les héros se coltinent tous une dépression carabinée, et on ne rit pas tant que ça au final. Etc etc, jusqu’à la bande originale : premier morceau entendu, le Marquee Moon de Television (merde, dans une comédie française grand public ! On entend d’ailleurs le morceau à 2 reprises), suivi du Everybody Wants to Rule the Worldde Tears for Fears. On entendra également le génial Half full glass of wine de Tame Impala, et c’est l’élégant et excellent Jon Brion qui a composé la bande originale (Jon Brion! Pour une comédie française grand public!)… Mais 2 scènes importantes se jouent sur du Phil Collins ou du Imagination.
Attention: Lellouche ne dit pas que tout se vaut, il ne mélange pas tout en dépit du bon sens. En revanche, il y a chez lui la volonté, sincère semble-t-il, d’abattre certaines barrières du bon goût, de partager des références nobles et d’autres censées l’être un peu moins, et de les faire se rejoindre et dialoguer dans un même mouvement généreux. J’insiste mais donner le premier rôle à Mathieu Amalric dans ce genre de film, c’est dire quelque part que Desplechin et Podium peuvent co-exister sans que ça soit une aberration.
Tout n’est pas parfait pour autant : acteur, Gilles Lellouche joue souvent les mecs un peu lourds, un peu grande gueule, et ça ne vient peut-être pas de nulle part. Comprendre: il doit réellement être un peu bourrin, ce qui expliquerait sa tendance à un peu trop charger la mule dans un versant (comédie), comme dans l’autre (le drame). Dans le premier, il fait surjouer à Katerine le rôle du freak de service, du type lunaire aux réactions imprévisibles. Son écriture est parfois un peu prévisible aussi (le personnage du beauf interprété par Jonathan Zaccaï, hyper cliché), ou tout simplement pas drôle (le gag de l’arnaque à l’assurance montée par Poelvoorde, qui tombe lamentablement à plat, et l’arnaque, et le gag; ou le coup du hold up au supermarché). Dans l’aspect dramatique, certains détails paraissent superflus (non content de se faire larguer par sa femme, Guillaume Canet se voit affublé d’une mère… atteinte du syndrôme de la Tourette? On ne sait pas très bien mais ça fait partie des scènes un peu embarrassantes).
C’est d’autant plus dommage car Le Grand bain fait rire certes, mais il dégage également une vraie mélancolie, et une vraie compassion pour des personnages en marge, malheureux, dépressifs donc, qu’il regarde toujours avec bienveillance.
Au final, malgré les lourdeurs ou les maladresses, c’est ce que je retiendrai: un film humble, sincère, touchant, attachant même, qui dans sa catégorie (la comédie française populaire), m’a bien plus convaincu que le volontariste et macroniste Le Sens de la fête.
Un film au message simple, voire simpliste peut-être diront certains (nul homme n’est une île, « on a tous besoin d’une médaille » comme l’énonce à un moment le personnage interprété par Virginie Efira etc.) mais c’est réconfortant, en 2018, dans la France de Macron, de voir un film qui au fond, dit posément qu’on a tous le droit d’avoir des passages à vide et qui ne juge pas les faiblesses de ses personnages. C’est simple, voire simpliste peut-être mais ça n’est pas si fréquent que ça.
Arnaud Jaurès, 25 ans, novice en politique, intègre par un concours de circonstances l’équipe de campagne d’un candidat à l’élection présidentielle. Il devient l’assistant de Agnès Karadzic, directrice de la communication, une femme de pouvoir et d’expérience qui l’attire et le fascine. Sans l’épargner, elle l’initie aux tactiques de campagne, et à ses côtés il observe les coups de théâtre et les rivalités au sein de l’équipe, abandonnant peu à peu sa naïveté pour gravir les échelons, jusqu’à un poste très stratégique. (Allociné)
Mathieu Sapin est d’abord connu pour son travail d’illustrateur et dessinateur de BD. En 2012, il a suivi la campagne de François Hollande pour la primaire socialiste, puis s’est vu accrédité à l’Elysée pour en dessiner les coulisses (suite à l’élection d’Hollande donc). Il a tiré 2 albums de cette expérience, et aujourd’hui, un film (en 2016, il a été nommé Chevalier des arts et des lettres mais je suppose que ça n’a AUCUN RAPPORT avec ce qui précède).
Le Poulain décrit donc les arcanes à la fois d’une élection et de l’exercice du pouvoir, à travers la trajectoire d’un jeune assistant qui se retrouve au milieu de tous ces requins qui pensent qu’à leur sale djeule de petits énarques de merde : la question sera posée à Sapin à l’issue du film (« vous avez pas peur que ce genre de films détourne encore plus les gens de la politique ? ») et il confirmera que bon, c’est quand même un milieu où, on va pas se mentir, il faut bouffer les autres avant d’être bouffé soi-même. Dont acte.
Le film est donc relativement prévisible. Ce milieu qui fascine ( ?) autant qu’il dégoûte, on ne le connaît pas à moins d’y appartenir et pourtant, on sait parfaitement à quoi s’en tenir : coups bas, volte-face, trahisons, compromis etc., le film montre tout ça, pas de surprises. Il choisit de le faire sur un mode comique, via la satire. C’est là que le bât blesse pour moi : les dialogues ou situations sont eux aussi très (trop) prévisibles et sans surprises, pour ne pas dire carrément paresseux (le coup du SMS incendiaire envoyé par erreur à la personne qu’on incendie, c’est pas possible, on a pas le droit).
Le Poulain se suit néanmoins sans déplaisir (j’ai quand même soufflé et levé les yeux au ciel à plusieurs reprises), peut-être en raison de sa prévisibilité précisément, qui le rend confortable, mais aussi grâce à sa distribution, irréprochable pour le coup : Alexandra Lamy en requine volontariste, Gilles Cohen en gentil candidat un peu dépassé, Katerine en fantasque théoricien de l’ombre, tous sont épatants. Finnegan « Mike » Oldfield prête lui sa maladresse et son visage juvénile encore neuf sur les écrans au personnage du « poulain », catapulté du jour au lendemain en tant qu’assistant du personnage interprété par Alexandra Lamy, et qui apprend, puis maîtrise rapidement les rouages de ce monde qui lui était pourtant totalement inconnu.
A l’issue de la projection, traditionnelle séance de questions-réponses entre le public très grand public et le réalisateur, Mathieu Sapin donc, et son interprète principale, Alexandra Lamy. Evidemment, les gens sont là pour elle : elle se fait méthodiquement mitrailler en silence par les téléphones portables.
Elle arrivait manifestement de la salle de sport.
Séance courte et sans grand intérêt : elle a pas grand-chose à dire sur ce rôle relativement banal et transparent de femme-forte-qui-n’est-pas-une-salope-car-elle-doit-exister-comme-elle-peut-dans-un-milieu-d’hommes et j’ai trouvé que Mathieu Sapin défendait son film de manière assez maladroite et confuse, se perdant parfois dans de longues phrases pour raconter des anecdotes peu intéressantes. Et quoi de plus chiant qu’une personne qui ne sait pas raconter une anecdote sans intérêt ?
Quand même, la traditionnelle, elle aussi, question nawak de la part d’un spectateur (y en a toujours une) : « il serait possible de connaître les cachets des acteurs sur le film ? ». Oui, bien sûr, et puis on en profitera pour te glisser le fin mot sur l’assassinat de JFK par la même occasion. Les gens…
J’en vois des merdes chaque année. J’avoue sans mal que j’y prends parfois un certain plaisir (pervers ou masochiste, peu importe comment on le qualifie). Et sans vouloir me dédouaner ni me justifier, j’y trouve un intérêt : à choisir, vaut mieux voir uniquement des bons films évidemment mais je pense que c’est important de voir des bouses de temps à autre, pas trop souvent non plus, faut doser, mais il faut en voir pour pleinement réaliser, ou se souvenir, à quel point c’est difficile de réaliser un film. Avoir quelque chose à raconter, quelque chose de léger ou de grave, de divertissant, d’intime etc., écrire des scènes, des situations, des personnages, des dialogues, choisir toute une équipe autour de soi, des comédiens, les diriger, utiliser (ou pas) de la musique/des chansons etc etc. C’est difficile de tout réussir, et quand on y parvient, ou plutôt quand on constate que le réalisateur ou l’équipe du film, y est parvenue, c’est merveilleux bien sûr, et c’est la raison pour laquelle on continue à aller au cinéma et à aimer certains films avec passion.
Des merdes, j’en vois donc, notamment dans ce genre à part entière qu’est devenu «la comédie française grand public ». Un genre hier régulièrement noble et enthousiasmant, qui l’est de moins en moins malheureusement pour plein de raisons qu’il serait intéressant d’analyser ou de lister mais c’est pas l’objet (perso, je pense que ça a commencé à sérieusement merder lorsque le moindre comicaillon issu de Canal Plus s’est senti pousser des ailes et s’est cru légitime sur le grand écran).
Toujours est-il que « la comédie française grand public » est devenue tellement merdique dans sa globalité que nombre de papiers ont tenté d’analyser le phénomène. On peut même dire qu’il s’agit désormais d’une des marottes perverses des cinéphiles et cinéphages : jusqu’où peut-on descendre plus bas ? Quand est-ce qu’on va arrêter de prendre les gens pour des cons ? Pourquoi Franck Dubosc n’a-t-il pas les rôles qu’il mérite ? etc etc. Voir notamment l’excellent top réalisé chaque année par les gens de Slate (clique ici), qui permet à la fois de bien choisir les merdes qu’on va s’infliger avec une délectation masochiste, ou à l’inverse qui permet de mettre en lumière des films noyés au milieu du flot de sorties hebdomadaires et/ou qu’on aurait négligé pour délit de sale affiche. C’est par exemple grâce à ce top que je suis allé voir le génial Le Nouveau, une des plus belles réussites de ces dernières années, ou le très sympathique La Colle sorti l’an dernier).
Tout ça pour dire que j’ai eu beau me taper une palanquée de daubasses innommables, j’étais pas préparé à ça : Brillantissime, le 1er film écrit et réalisé par Michèle Laroque.
Honnêtement, j’ai halluciné. Sérieux ! Pour 2 raisons essentiellement.
Tout d’abord, l’ego trip : honnêtement là encore, on peut arrêter de se foutre de la gueule de Tom Cruise, Kanye West, Mariah Carey ou Cristiano Ronaldo parce que c’est des petits joueurs à côté de Mme Baroin. Brillantissime, c’est tout simplement une ode à Michèle Laroque, par Michèle Laroque. Elle est de tous les plans : cheveux attachés, lâchés, robe décolletée, robe de soirée, talons hauts, plats, manteau pied de poule, pyjama etc etc. Tout y passe. D’ailleurs on a droit à une séquence d’essayage de fringues à la Pretty Woman (ça situe le niveau d’originalité du truc déjà). En outre, ses amis, les gens qu’elle croise dans la rue (à Nice, ville où elle est née et a grandi), les commerçants, tout le monde lui répète combien elle est belle, fraîche, séduisante (je mens pas, c’est dans le film !). Hallucinant. Et du coup le titre prend une dimension intéressante puisqu’il s’agit manifestement de premier degré.
Là par exemple, elle se balade avec des fleurs offertes par les commerçants parce que « tchi’est trop belle ma chériiiiiiie! » Very Dick. Rivers, un niçois lui aussi. Putain de boucle bouclée.
L’autre raison c’est… comment dire… Y a rien dans Brillantissime. Mais quand je dis « rien » c’est vraiment RIEN : je parle pas de tension dramatique ou d’enjeux de quelque nature que ce soit évidemment, on en est pas là, mais pas de gags, pas de répliques, pas de séquence qui fasse non pas mouche, on en est pas là du tout non plus, mais qui suscite un tant soit peu d’intérêt. Rien. Nib. Nada. Ca se résume à une succession de scènes mal écrites, mal filmées, mal jouées (putain, les mecs, les acteurs je veux dire, Kad Merad, Gérard Darmon et Pascal Elbé, ne font AUCUN effort, c’est dingue) qui tombent irrémédiablement à plat. A tel point que c’est ce qui m’a tenu en éveil: « ah c’est fini là, c’était la chute? » « Non mais c’est pas le climax de la scène ça quand même?! » etc etc.
A un moment, sur les conseils de sa gynéco, ou de sa sexologue, je sais plus, j’ai commencé à plier mon linge à ce moment là parce que faut quand même pas déconner même si ça dure seulement 1h20, elle va s’acheter des sex toys dans un sex shop. Cocasse ! Elle a honte évidemment, alors elle porte un imper avec le col relevé, des lunettes de soleil pour passer inaperçue. Et quand elle arrive à la caisse, elle dit que c’est pour faire une blague à une collègue. Voilà, c’est une scène du film et c’est le gag de cette scène.
Cette scène est particulièrement embarrassante. En vérité, j’ai absolument rien compris à ce qu’elle avait essayé d’y faire.
Je passe sur les incroyables facilités scénaristiques ou les largesses prises avec la vraisemblance: j’en suis pas un forcené et je m’accommode aisément de la convention du grand-appart-sur-l’île-Saint-Louis-payé-avec-un-salaire-de-prof dans les comédies, d’autant plus lorsqu’elles sont réussies. Mais là, non seulement la nana vit dans un T56 à Nice avec vue sur la Méditerranée mais lorsque son mari la quitte (c’est ça le pitch du film: elle se fait larguer à 50 ans, elle doit se reconstruire)… ben rien, tranquilou, elle a pas besoin de bosser, ou de se remettre à bosser, ou à trouver du pognon, tout roule sans qu’il soit jamais fait la moindre mention des contraintes matérielles. OK, à ce niveau de nullité, c’est un détail mais à ce niveau de nullité, c’est aussi une circonstance aggravante.
Sa fille, qui joue le rôle de sa fille. Auto-fiction ! Et un joli pyjama qu’elle porte A MERVEILLE.
Taxi 5, que j’ai trouvé absolument immonde et devant lequel j’ai rapidement jeté l’éponge, je peux comprendre: y a des nains, des gros, du caca, Gastambide touille tout ça a minima, pour flatter les plus bas instincts de son public mais y a au moins quelques ingrédients, des gags/répliques clairement identifiables, dont on voit bien qu’ils sont censés êtres drôles. Qu’est ce que j’ai fait au bon Dieu ? je ne comprends que trop bien… Mais ici: rien, encore une fois. J’insiste: le néant total ! Bordel, à qui s’adresse ce film ? Qui peut bien trouver ça sympa, mignon, drôle (puisque c’est manifestement ce que cherche à atteindre Laroque)? Qui a aimé ce film ? Sérieusement, à ce stade là, ça m’intéresse. En même temps, après ce que je viens de dire, je comprendrais que vous vous manifestiez pas. Mais si, svp, prenez un pseudo et confiez-vous, racontez-moi ce que vous avez aimé dans ce film. Vous verrez, vous vous sentirez beaucoup mieux après vous être libérés de ce poids.
Françoise Fabian. Ma nuit chez Maud (soupir).
Cerise sur le gâteau: alors que j’étais déjà scandalisé, révolté que des producteurs aient pu accepter de financer un truc pareil (non mais sans déconner hein, ça m’a mis hors de moi !), j’apprends que le film a été (en partie) crowdfundé…
Mais putain les gens, merde quoi ! Vous avez filé du pognon à Laroque pour qu’elle puisse monter son ego trip de merde puis vous raquez à nouveau pour aller voir le film ? (puisqu’en contrepartie, y a juste le nom des contributeurs au générique du film). « J’avais envie de créer une communauté de gens qui ne font pas ce métier et les embarquer sur la planète cinéma. J’avais envie de partager ça » a déclaré Michèle Laroque. « La planète cinéma »… Putain, les gens…
Sa fille joue dans un groupe de rock qui ferait passer Calogero pour Iggy Pop. D’ailleurs les gens sont assis dans la salle de concert (véridique).
Avec tout ça, c’est un des films que je retiendrai cette année, avec Phantom Thread, Under the Silver Lake, Mes Provinciales. Mieux : c’est sans doute le pire truc que j’ai vu depuis des années.
Il est possible que j’ai piqué ta curiosité et que tu aies envie de le voir maintenant mais il faut pas : c’est pas Taxi 5 ou Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu (pour citer à nouveau 2 exemples de comédies édifiantes selon moi), 2 films qu’on peut juger intéressants pour ce qu’ils révèlent de notre époque, de l’humour actuel, de la société française même, pourquoi pas. C’est juste terriblement nul et triste, un long spot d’auto-promo vide et complaisant.
Vincent et Arnaud ont beau avoir fait la plus grande école de commerce française, ils s’ennuient ferme dans leur travail. L’un, Vincent, travaille avec acharnement pour une multinationale sans aucune reconnaissance. L’autre, Arnaud, stagne dans la société du père de sa femme, Audrey. A l’occasion de l’enterrement de vie de garçon d’un de leurs amis, qui est un vrai échec, ils font la rencontre d’une strip-teaseuse qui leur parle de Budapest. Vincent a alors une idée qui va changer leur vie : créer une entreprise qui organise des enterrements de vie de garçon dans cette ville de débauche, où les boîtes de nuit pullulent, l’alcool coule à flots et la démesure est au rendez-vous. Après avoir abandonné leur emploi, et emprunté beaucoup d’argent, Vincent et Arnaud se lancent. Avec l’aide de Georgio, un expatrié qui leur a fait découvrir les « trésors cachés » de Budapest, ils créent l’agence de voyage « Crazy Trips ». Après des débuts hésitants, « Crazy Trips » envoie de plus en plus de clients à Budapest, pour y faire la fête arrosée à la palinka, danser enchaînés à des stripteaseuses, mais aussi profiter de certaines activités offertes par ce pays d’ex-URSS comme conduire des tanks et tirer à la kalachnikov sur des cibles. Mais cette aventure entrepreneuriale va bouleverser l’existence de Vincent et Arnaud. Car cette nouvelle vie entre Paris et Budapest mettra à l’épreuve à la fois leur amitié fraternelle, mais aussi leur couple. Et ils vont se confronter aux risques du métier…(Allociné)
Trop long ce pitch…
En quelques mots pour les impatients : Budapest raconte l’histoire (vraie) de 2 amis qui décident d’organiser des séjours-EVG à Budapest parce que c’est moins cher et donc plus rentable qu’à Paris, Londres ou même Berlin (« c’est Berlin mais gratos! » dit à un moment le personnage interprété par Jonathan Cohen).
On va pas se mentir : malgré toute la sympathie que peuvent inspirer ses 3 interprètes principaux, elle fait peur cette bande-annonce. Genre de Very Bad Trip à la française tro délir, elle laisse en outre craindre sinon une apologie, du moins une utilisation/mise en scène légère de l’un des trucs les plus beaufs et cons devenus à la mode ces dernières années : les « packs » EVG (séjours enterrement de vie de garçon incluant vol, hôtel, activités, beuverie etc etc). Bonus glauquerie si organisé dans un pays de l’Est, avec tout ce que ça implique en termes de fantasmes cheap et malsains.
Mais, justement, il est là le truc : les 3 interprètes principaux. Manu Payet, Monsieur Poulpe, Jonathan Cohen, soit 3 des meilleurs keumiques/acteurs de comédie apparus ces dernières années en France. C’est évidemment pour eux avant tout que je me suis rendu à l’avant-première de Budapest, avec malgré tout l’espoir également que le film ne serait pas
exactement conforme à sa bande-annonce.
Eh ben j’ai pas été déçu : sans être exempte de lourdeurs, longueurs, facilités voire complaisances, Budapest est une comédie qui réserve régulièrement de très bons gags/moments/répliques. Pas tout à fait le véhicule hétéro-beauf redouté donc.
Pas tout à fait mais un peu quand même : Payet (qui a co-écrit le film et devait le réaliser à la base; c’est finalement, et étonnamment Xavier Gens, réalisateur notamment de Hitman, qui s’y est collé) explique à son issue avoir voulu raconter une success story française et ça n’est évidemment pas un hasard s’il a choisi l’histoire des 2 fondateurs de Crazy Nights (rebaptisé en « Crazy Trips » dans le film) plutôt que celle de Michel et Augustin (comme il lui a été suggéré par une spectatrice). Il l’a dit lui-même avec humour et honnêteté, les conflits et enjeux au centre du projet de 2 gars qui montent ce type d’entreprise sont un poil plus intéressants que ceux de 2 types qui se demandent avant tout s’il faut rajouter du beurre ou du chocolat dans leurs cookies.
Donc Budapest se met en mode success story et ne remet pas vraiment en cause le fait que les mecs se fassent du blé en alimentant les fantasmes à base de putes de l’Est (disons les choses comme elles sont) de jeunes mecs en mal de sensation fortes ( ?) … mais un peu malgré tout : c’est là que le film se montre plus fin que ce qu’on peut légitimement craindre à la lecture de son pitch et en voyant sa bande annonce. En effet, cette dernière occulte notamment les personnages des 2 compagnes des héros (excellentes Alice Belaidi et Alix Poisson, interprètes des épouses de Manu Payet et Jonathan Cohen respectivement). Elles apportent constamment un contrepoint aussi salutaire que pertinent, révélateur du fait que les auteurs et le réalisateur ne sont pas dupes ni complices. D’ailleurs, au bout du compte, Budapest ne joue finalement pas tant que ça sur les clichés des bonnasses-du-Danube et c’est évidemment à mettre à son crédit. Voir également la peinture assez fine de l’évolution, en parallèle des 2 couples (même si celle du couple Cohen/Poisson n’échappe pas à certains clichés justement).
J’aurais bien aimé leur poser la question ceci dit, pour avoir le fin mot de l’histoire (au-delà du fait que c’est sans doute un bon terreau pour une comédie, ils en pensent quoi au fond des EVGs de ce genre?), j’étais dans les starting-blocks mais j’étais évidemment pas le seul, tous les spectateurs qui le souhaitaient n’ont pas pu avoir la parole, loin s’en faut.
Ceci étant, fin de la parenthèse fond-du-film: ça reste une pure comédie et dans ce registre seul, Budapest réserve de très bons moments dus notamment à l’abattage, à la complicité évidente et au talent de ses 3 interprètes principaux, encore eux. Comme dans Radiostars ou Situation amoureuse c’est compliqué, autres comédies auxquelles Payet a largement contribué et dans le registre desquelles Budapest se situe par bien des aspects, on sent le mec vraiment à l’aise dans les scènes à 2 ou 3 qui racontent l’amitié, la complicité, à base de petits détails anodins, de petites annotations qui mises bout à bout créent un ton et font la valeur de son écriture. Enfin, tout ça pour dire que le mec a du talent, c’est évident, et qu’il a trouvé en Jonathan Cohen et Monsieur Poulpe (dans un registre davantage électron libre) des partenaires de jeu idéaux.
Bonne surprise donc même si je conseillerais pas le film à tout le monde: c’est parfois très cru, de manière très naturelle d’ailleurs, encore un bon point, mais du coup ça plaira évidemment pas à tout le monde.
Après la séance, Manu Payet et Monsieur Poulpe se sont livrés au traditionnel exercice des questions-réponses avec le public : malgré la lassitude de fin de tournée (qu’ils ont eux-mêmes confessée), ils n’en ont rien laissé paraître et se sont montrés égaux à l’image qu’on peut avoir d’eux à savoir disponibles, drôles, alertes. Ils nous ont même gratifié d’un mini-sketch sur le mode vrai-faux incident en direct live, très drôle. Questions sur le film pour faire gagner quelques cadeaux, vannage des spectateurs, auto-vannage, ils ont fait le show et c’était aussi réussi qu’agréable.
Après 45 bonnes minutes, ils se sont livrés au désormais traditionnel exercice des selfies avec le public. Très pros sans en avoir l’air là aussi.
Chouette soirée donc.
J’ai honte. J’ai rapidement quitté la salle (au bout de 30 minutes quand même…) mais j’ai honte.
Qu’est-ce qui m’a pris bon sang ? Il faisait beau en plus, j’aurais pu faire 1000 choses plus intéressantes comme, je sais pas, aller manger une glace, m’aérer, aller manger une glace, attaquer l’un des 12 bouquins empilés près de mon lit et qui attendent d’être ouverts depuis plusieurs années pour certains, aller manger une glace ou même boire un litre de Destop. Ou aller manger une glace. Mais non, je me suis dit que ça serait une bonne idée d’aller voir ce truc. Sans doute parce que j’avais été agréablement surpris par le ton et l’énergie des Kaïra, parce que j’avais lu 2-3 avis positifs qui m’ont laissé croire que, peut-être, éventuellement, je pourrais, qui sait, passer un moment pas trop dégueulasse. Tu parles…
Déjà faut partir du principe que dépoussiérage de la franchise, mon cul oui : Taxi, que ça soit réalisé par Besson, Gastambide ou Tarkovski, c’est fondamentalement un truc pour fans de voiture qui font tut-tut, vroum-vroum et qui se rentrent dedans sur fond de musique débile. Déjà.
Après… bah après, c’est tout simplement le truc le plus bête, laid et vulgaire que j’ai vu depuis très, très longtemps. Mal écrit, mal joué, mal branlé. Jamais drôle. Insupportable. Après, si du vomi sur une voiture, du vomi DANS une voiture (variante !), de la merde de chien balancée sur des élus ça te fait rire (tout ça brut bien sûr, sans prendre la peine de construire un gag ou une situation, pourquoi se faire chier?), fonce. Et qu’on me sorte pas l’argument du politiquement incorrect : les nains, les gros(ses), très bien, pourquoi pas, mais Gastambide est juste un bourrin qui flatte les plus bas instincts de son public et citer les Farrelly dans ce billet, même pour le remettre à sa place, serait lui faire trop d’honneur. En même temps, un type qui a une tronche d’acteur porno, on aurait dû se méfier.
30 minutes m’ont donc suffi mais c’était déjà 30 minutes de trop évidemment.
En sortant j’ai fait pénitence : 4 Godard, 3 Straub, 8 Dreyer. Mais j’ai toujours honte : je vais me retirer quelques jours dans un monastère tibétain pour faire le point avec moi-même et me reconstruire.
Rien ne va plus à l’approche du réveillon : les 92 000 lutins chargés de fabriquer les cadeaux des enfants tombent tous malades en même temps ! C’est un coup dur pour Santa (Claus), plus connu sous le nom de Père Noël… il n’a pas le choix : il doit se rendre d’urgence sur Terre avec ses rennes pour chercher un remède. À son arrivée, il devra trouver des alliés pour l’aider à sauver la magie de Noël. (Allocine)
Au bout du compte, et même si tout ce qu’il a fait ne restera pas dans les annales, je réalise qu’Alain Chabat fait partie des membres de la périlleuse catégorie « héros de mes jeunes années » qui ont très bien vieilli. Peut-être pas aussi bien que Clint Eastwood mais mieux que Morrissey par exemple.
Même si on comprend bien qu’il s’agit d’un « film pour enfants », j’avoue, j’ai ri en voyant la bande-annonce de son nouveau film, Santa & Cie. Du coup, j’ai pas hésité quand j’ai vu qu’il venait le présenter à Toulouse en compagnie de son interprète principal, Pio Marmaï, un type/acteur que j’apprécie également beaucoup. Le type qui vous parle lui, est quand même un type qui fait partie des premiers téléspectateurs/fans d’Objectif: Nul et qui tire encore une fierté un peu conne du souvenir de sa participation en tant que candidat au dernier projet collectif des Nuls, le Zouzouk, sur Europe 1. Les Nuls et moi, j’en ai parlé ici.
J’arrive 20 bonnes minutes avant le début de la séance et la salle est déjà quasiment pleine. Mais les organisateurs ont triché: d’abord prévue dans la plus grande salle du complexe, la séance a été transférée dans une autre nettement plus modeste.
Santa & Cie, le film d’abord : tout à fait conforme à ce que suggère la bande-annonce, c’est une chouette comédie familiale, plutôt destinée aux enfants/jeunes ados, mais avec un quota de bonnes vannes suffisant pour que les parents/fans historiques des Nuls y trouvent leur compte.
J’avoue, encore, j’ai eu très peur au début : chez le Père Noël (interprété par Chabat donc), dans des décors très Grinch/Elf/Charlie et la Chocolaterie, on a droit à un festival de répliques/jeu de mots un peu bébé sur le thème de Noël, du genre « faut se sortir les doigts de la hotte », « t’es beau comme un traîneau », « vous me faites tous skier!! », « lutin! » à la place de « putain » etc. J’avais du mal d’autant que la salle surjouait l’enthousiasme (un peu la règle dans les avants-premières) : une salle qui rit fort lorsque s’affiche « D’après une histoire vraie » après le générique d’intro, elle surjoue, y a pas débat.
Et puis suite à une tuile susceptible de remettre en cause la livraison de jouets à tous les nenfants, le Père Noël se retrouve à Paris, rencontre le personnage de Thomas (Pio Marmaï) et sa petite famille, et là le film décolle. Il est bien fichu, bien rythmé, malin, mignon et surtout, ne s’adresse plus qu’aux seuls enfants.
Toujours aussi généreux, Chabat laisse beaucoup de place à ses comparses (Marmai mais aussi Golshifteh Farahani, interprète de son épouse, ou Johann Dionnet, qui joue son frère) et à des cameos ou seconds rôles plus que sympathiques: le fidèle Jean-Pierre Bacri, Patrick Timsit, Thomas VDB mais surtout David Marsais et Grégoire Ludig aka le Palmashow, qui, non contents de voler toutes les scènes dans lesquelles ils apparaissent, volent quasiment le film.
Chouette comédie donc, qui devrait faire un petit carton.
Santa & Cie, la rencontre ensuite : à l’issue de la projection, Alain Chabat et Pio Marmaï se sont donc prêté au petit jeu des questions-réponses avec le public. Accueillis très chaleureusement, ils ont assuré le spectacle avec un professionnalisme jamais visible et une bonne humeur manifeste, notamment Pio Marmaï, très en verve et très drôle.
Alain Chabat nous a ainsi appris que le film que nous venions de voir n’était en réalité pas la version définitive (il l’a estimée à 95%), en raison de petits ajustements nécessaires sur les effets spéciaux (rien remarqué) et le mixage (là en revanche oui, mais rien de gênant). Il a l’air vraiment cool ce mec, il m’a fait la même impression que lorsque je l’avais rencontré pour l’émission de radio des Nuls: doux et attentif. En plus d’être naturellement drôle évidemment.
Pio Marmaï lui nous a confessé, à ma grande surprise et déception je dois bien l’avouer, que Cédric Klapisch faisait partie de son top 3 des meilleurs réalisateurs avec lesquels il avait travaillé (en compagnie de Chabat, évidemment, il allait pas le laisser de côté, et de Pierre Salvadori, pour un film à sortir en mars 2018). Il s’est vraiment mis le public dans la poche (si tant est que ça fut nécessaire) avec des interventions très drôles et pleines d’à propos. Il est un peu râblé mais beau et charmant, il doit choper le salaud: y avait gros moyen avec ma voisine qui a fait tout son possible pour se faire remarquer (on était plein centre au 2ème rang), qui en a fait des caisses quand elle a posé une question et qui s’est ruée sur lui pour une photo à l’issue de la rencontre.
Sinon, il faut croire que le public de l’AP de Marie-Francine faisait exception car comme pour le film de Klapisch, on a eu droit à des questions pertinentes et/ou sympathiques pendant une généreuse demie-heure.
L’inévitable fun fact de la soirée est survenu en conclusion lorsqu’un spectateur s’est tcharrément levé pour poser sa question, puis s’est tcharrément invité sur scène, puis a tcharrément pris Chabat dans ses bras, puis tcharrément Pio Marmaï, dans ce qui était tcharrément (?) une espèce de sketch très gênant et très pas drôle destiné à le mettre en valeur (il a dit être comédien). Personne savait trop où se foutre et là encore, Marmaï, qui en menait pas large devant une stage invasion manifestement pas prévue, a fait preuve de ses qualités de showman pour désamorcer la situation.
Très bonne et sympathique soirée donc, je pense qu’on est pas nombreux à avoir pensé le contraire. Y a même moyen que j’aille revoir le film à sa sortie le 6 décembre. Tcharrément.