#11 La Cité de la Peur

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Je suis pas un inconditionnel de ce film, il devrait pas être dans ce classement. Je le trouve drôle, parfois très, mais paaaaaaaaaaas non pluuuuuuuuuuuuus… La Carioca, « prenez un chewing gum Emile », tout ça, bon…
J’ai quand même été agréablement surpris quand je l’ai revu y a pas si longtemps : ça n’avait pas trop vieilli et j’ai été sensible à de nouveaux petits trucs qui m’ont bien fait marrer. Le « Vous avez pensé à l’amener à l’Aquasplash? » lancé par le flic à Chabat par exemple, m’a davantage fait rire que ce qui suit immédiatement (Farrugia qui vomit parce qu’il est « hyper content »). Bon, de l’écrire (« Farrugia vomit parce qu’il est hyper content »), ça me fait sourire quand même.

Brrrrrrrrrreeeeeeeeef.

Je le mets dans ce classement parce que les Nuls. Et les Nuls, ça a vraiment été une révolution pour moi et je pense pas mal de gens de ma génération.

J’ai fait partie, enfin, ma famille, des premiers abonnés de Canal Plus; ça devait être début 1985 (la chaîne ayant été lancée fin 1984). Ca n’a l’air de rien maintenant, encore moins depuis que la chaîne ne ressemble plus qu’à l’ombre du pipi de son chien, mais à l’époque, c’était un événement et j’avais réellement le sentiment de faire partie d’une caste de privilégiés : des films en exclusivité (des films sortis au ciné il y a A PEINE 1 an t’imagines??), le championnat de France de football, la NBA (gros choc la NBA aussi, avec les matches de la triplette Michael JordanLarry BirdMagic Johnson), Canal Plus, c’était vraiment la télé telle qu’on l’avait jamais vue. Là je rappelle pour enfoncer le clou que jusqu’à ce qu’elle débarque, on n’avait droit qu’à 3 chaînes.

Et puis il y avait les émissions en clair. Du costaud là aussi car elles devaient être suffisamment pertinentes, impertinentes, drôles, uniques pour inciter les gens à en demander plus, et donc, à s’abonner. Et la locomotive des premières années, avant que Nulle Part Ailleurs ne devienne ce fleuron de la télévision française, cette machine de guerre, à innovations, à séquences cultes et à emmagasiner les nouveaux abonnés, c’était les Nuls. Et les Nuls, à la télévision française, en 1987, année de la création d’Objectif Nul, étaient uniques. En tout cas ça me faisait marrer comme rien d’autre auparavant : j’avais l’impression de voir un truc vraiment neuf et qui appuyait toujours sur mes bons boutons (l’absurde, le référentiel, le pipi-caca etc).  Ok, ok, Coluche, Desproges, le Petit rapporteur que sais-je, j’en passe et des meilleurs mais
1. ce mélange d’humour absurde anglo-saxon à la Monty Pythons, d’humour scato, de parodies ciné/télé, je pense pas que ça existait auparavant en France, et en tout cas, en 1987, ça n’existait pas
et 2. peut-être plus important encore, les Nuls, étant neufs, je pouvais donc me les approprier. De la même manière que les ados des 70s ce sont appropriés T-Rex et pas Eddie Cochran ou ceux des 90s Oasis ou Blur et non les Beatles. Parce que c’était des artistes de leur génération, pas celle de leurs parents ou de leurs grand frères ou grandes soeurs. C’est hyper important ça dans le processus d’identification et d’appropriation d’un style, d’un groupe ou d’artistes qui aident à se forger et à se construire.

J’ai donc immédiatement accroché à Objectif Nul. Et j’ai aimé les Nuls comme j’ai pu aimer un groupe de rock qui me parlait intimement. J’avais vraiment l’impression de voir des mecs (et une nana) complètements fous et libres, osant et réussissant absolument tout et, je me répète, qui me parlaient comme personne. Évidemment par la suite, on remonte le fil des influences : on remonte aux Monty Pythons, aux ZAZ, au Saturday Night Live, comme je suis remonté à Gainsbourg, à Jean-Claude Vannier, à François de Roubaix grâce à Air par exemple.
Mais j’avais 14 ans et les Nuls c’était là, tout de suite. J’aimais Chabat ou Carette comme mes chanteurs favoris, la seule différence, par rapport aux Smiths par exemple, c’est qu’eux me faisaient marrer (oui on peut dire ça je crois : les Nuls m’ont davantage fait marrer que les Smiths).

A partir d’Objectif Nul j’ai donc tout, absolument tout suivi avec passion et assiduité, jusqu’à participer, en tant qu’invité-concurrent, à leur dernier véritable projet collectif, leur émission de radio sur Europe 1 (le Zouzouk, au cours de la saison 1994-1995). Je parle même pas des expressions ou sketchs connus par cœur, que je citais absolument tout le temps à tort et à travers avec tout le monde, et que je peux encore citer encore aujourd’hui. Je crois que le moment est venu de faire des excuses à ma famille et à mes proches pour ces plus de 25 ans de « l’a pô compris », de « je suis pas un enculeur de maman » ou de « dans les rizières de Saïgon, y a le nuoc-mâm qui sent la merrrrrrrrde, oui » par exemple.

Je garde toujours beaucoup de tendresse pour Dominique Farrugia malgré son droitisme rampant, pour Chantal Lauby, malgré son penchant pour les gros navets, pour Alain Chabat malgré son jeu d’acteur désastreux (y a du mieux quand même ces dernières années, cf Les gamins ou Réalité). Et pour Bruno Carette dont je ne sais pas quoi dire de plus intelligent que le convenu et sempiternel « il est parti trop vite » tellement la formule lui semble malheureusement destinée. Jean Meyrand putain, LA RUE LEPIC.

Quel putain de génie…

Donc voilà, La cité de la peur, c’est pas ma comédie française préférée, c’est même pas ce que les Nuls ont fait de mieux selon moi (L’Emission quand même, quel pied nom de Dieu !) mais les Nuls + moi = AESD.

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