Alors évidemment, les Beatles, Brian Wilson, Neil Young, Ray Davies, Bowie… Évidemment. Mais au final, je me demande si ça serait pas Harry Nilsson. Oui oui, tout à fait, t’as bien lu. Harry Nilsson. Le meilleur. L’Élu.
Non mais sérieusement… Il écrivait, jouait, arrangeait, interprétait. Et quelle voix nom de Dieu ! D’une pureté… Pour citer le grand Général Spontz, « sa voix est limpide… comme du cristal ». La voix mais aussi les talents d’interprète : sur Together par exemple, son flow, la conviction, la passion même qu’il met dans sa performance, convoient à merveille le flot de passions ou à l’inverse les creux d’une histoire d’amour, de l’histoire d’un couple. Chef d’oeuvre ! Souvent, comme sur ce titre justement, il double sa voix : Elliott Smith, sur lequel il aura une énorme influence (ils ont même une certaine ressemblance physique je trouve), utilisera souvent le même procédé.
Non mais sérieusement, il avait TOUT bon sang. La distance et l’empathie, parfois en même temps (« years ago I knew a man, he was my mother’s biggest fan » en ouverture de l’album et de Daddy’s Song ; sachant que son père a abandonné le foyer familial alors qu’il avait 3 ans…), l’immédiateté mélodique et la virtuosité.
Bon, évidemment, pas très rock tout ça. Pas rock DU TOUT même : on est davantage du côté du music-hall, du cabaret, de la variété américaine, de la bossa-nova (le sublime Wailing of the Willow), de la pop dans ce qu’elle a de plus élégant, de raffiné et de désuet que du boogie.
Il était selon moi un génie et c’est quelqu’un que je place au même niveau qu’un Brian Wilson ou un Paul Mac Cartney.
LE point positif de la dématérialisation de la musique et de l’ère de l’internet (pour résumer), c’est que tout, ou presque, étant accessible en un clic, ou presque, on ne compte plus les artistes ou groupes qui ont enfin accédé à une plus large audience et ont pu être (re)découverts ou réhabilités. Pourtant, j’ai la nette impression qu’Harry Nilsson ne fait pas partie de ceux là, qu’est encore largement ignoré et/ou méconnu et je n’arrive pas à comprendre pourquoi tant son génie encore une fois, relève selon moi de la plus grande évidence…
Et en même temps, l’un des points négatifs de la dématérialisation de la musique et de l’ère de l’internet, c’est que tout étant désormais accessible à tout le monde, les poches de résistance, les fenêtres de snobisme, les secrets bien gardés sont de plus en plus rares pour les music geeks toujours désireux de garder pour eux LE groupe ou LE chanteur dont eux seuls ont su reconnaître le génie. Harry Nilsson en fait partie il me semble, et si je regrette qu’il soit encore un artiste trop confidentiel, notamment en Europe, quelque part ça me réjouit aussi.
Sinon, Aerial Ballet car c’est objectivement son meilleur album et que c’est ici qu’on peut y entendre 2 des plus belles chansons du monde: Everybody’s Talkin’ et One. Quelle classe bon sang. Le titre de l’album fait référence à ses grands-parents suédois qui présentaient un numéro de ballet aérien dans un cirque : Nilsson était ce qu’on avait coutume d’appeler un « enfant de la balle », il a par exemple travaillé très jeune au Paramount Theatre de Los Angeles, ancêtre de nos multiplexes actuels. Cet album (et les 2 suivants) me fait le même effet que le premier album de Big Star : l’évidence, l’épiphanie, l’impression d’avoir découvert la pierre philosophale à chaque fois, après toutes ces années.
HARRY NILSSON mesdames messieurs.
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