Le Daim – critique

Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet. (Allociné)

Ce pitch nom de Dieu, je m’en lasse pas…
Les pitchs un peu fous, Quentin Dupieux nous y a habitués : celui du Daim remporte la palme, ex-aequo avec celui de Rubber (l’histoire d’un pneu engagé dans une vendetta).

Ça n’est pas la moindre des réussites du film que de parvenir à retranscrire cette folie de manière sensée, maîtrisée, implacable. On a souvent taxé le cinéma de Dupieux de « décalé », « barré » mais cette fois, plus que jamais (c’était déjà le cas dans Steak par exemple), la folie est avant tout ancrée dans le personnage principal.

Sur une base totalement absurde, Le Daim apparaît ainsi comme le film le plus « sage » de Dupieux.
« Totalement absurde » ? A voir : la fascination de Georges, le personnage principal, pour son blouson en daim made in Italy n’est finalement que l’aboutissement paroxystique  d’une obsession que nous avons toutes et tous eu un jour (l’obsession ou la fascination pour un vêtement). Il aime son blouson un peu plus que de raison finalement, c’est tout. Enfin, « c’est tout » : c’est le point de départ d’une dérive un tantinet moins raisonnable, ok, mais ce point de départ, on peut toutes et tous y adhérer je pense. L’identification au personnage se fait de manière aisée, immédiate même, ça joue grandement dans la réussite du film selon moi.

De même, ce saut dans l’inconnu effectué par Georges au début du film (il roule sans autre but que celui de laisser derrière lui sa vie d’avant), cette volonté de solitude (« vous allez rester un mois ici ? » lui demande le réceptionniste de cet hôtel paumé au fin fond des Pyrénées dans lequel il a atterri sans raison apparente; « ben, je veux être seul » lui répond Georges sur le ton de l’évidence), cette envie de revenir à un état solitaire, primitif voire animal fait partie des fantasmes masculins les plus répandus et les plus partagés : c’est le véritable sujet du Daim évidemment (voir par exemple cette belle scène au cours de laquelle Georges s’abreuve dans un cours d’eau, tel Jeremiah Johnson), fausse comédie absurde (on rit quand même souvent), vrai dérive mélancolique et touchante : la folie de Georges (Dujardin, formidable) ainsi que sa solitude, trouvent un écho dans celle(s) de Denise la barmaid/monteuse (Adèle Haenel, enfin sur un mode différent de ce à quoi elle nous a trop habitués).

Évidence encore mais difficile il me semble de ne pas l’évoquer, Le Daim comme auto-portrait… j’allais dire « en creux », de Quentin Dupieux mais non : il est honnête et frontal dans sa manière de dire à travers le personnage de Georges que ce qui compte pour lui, c’est de filmer, coûte que coûte, y compris si les moyens sont dérisoires, y compris s’il n’a pas de scenario (les détracteurs de Dupieux vont s’en donner à cœur joie). Voir encore cette scène, à la fois drôle et révélatrice, au cours de laquelle Georges se revendique « vrai » cinéaste (les détracteurs de Dupieux etc).

Ces réflexions un peu décousues pour dire avant tout que Le Daim est un film formidable, aussi drôle qu’étonnamment touchant et maîtrisé de bout en bout. Le meilleur de Quentin Dupieux pour moi, après l’inatteignable Steak, et la confirmation après le déjà très bon Au Poste ! que la France et un vernis plus mainstream lui vont très bien.

Critiques en vrac 3

Pas trop le temps d’aller au ciné en ce moment, pas trop le temps ni l’envie de me consacrer à Grande remise. Donc je fais vite.

Zombi Child

Autant j’ai des réserves, parfois importantes, concernant tous les films de Bonello que j’ai pu voir, autant je l’apprécie, lui. Je le trouve humble, intelligent, sensible et pour la 1ère fois, je retrouve toutes ces qualités dans un de ses films, sans trouver à y redire. Il y aurait beaucoup à dire en revanche sur l’intelligence de Zombi Child, sur la façon, notamment, dont Bonello se refuse à parler politique ou « grand sujet », préférant montrer sans rien commenter ni expliquer, sur sa manière sensible de filmer aussi bien l’adolescence dorée d’un pensionnat d’excellence que l’errance nocturne d’un zombi haïtien (magnifique photo en nuit américaine soit dit en passant), sur la façon dont il équilibre parfaitement film de genre et film d’auteur, LE challenge casse-gueule du cinéma français (et plus) ces dernières années. Et cette manière humble, juste, de filmer Haïti et les Haïtiens sans aucune condescendance, tentation folklorique, ni idéalisation… Superbe film.

Piranhas

Ca marche toujours ce genre de films… « Live fast, die young », ou plutôt « vivi veloce, muori giovane », fuite en avant/escalade de la délinquance, folklore pizza-gangsta, les ruelles de Naples en scooter, des tronches, des acteurs au naturel confondant, un soupçon de Romeo et Juliette, emballez, c’est pesé. Piranhas est à la fois malin et captivant : la « pieuvre », les rouages du crime organisé, non seulement on connait ça par cœur mais on l’a déjà vu, au même endroit, avec peu ou prou les mêmes personnages, dans Gomorra. Piranhas est davantage « fictionnalisé », en se focalisant clairement sur le personnage de Nicola, apprenti mafieux qui se rêve Robin des Bois du quartieri Spagnolo, amoureux sensible d’une jeunesse d’un quartier rival, et qui sera bien vite rattrapé par la réalité de la vie qu’il s’est choisie (?). Intéressant aussi la manière dont le film effleure l’homo-érotisme et l’homosexualité latentes à l’œuvre dans ces groupes de garçons/hommes surjouant la virilité et la toute puissance. Du classique donc mais solidement exécuté, et qui parvient à se démarquer au sein d’un genre très balisé. Content d’avoir pu le choper avant qu’il ne joue plus, je conseille.

Parasite

J’arrive un peu après la bataille donc je serai très concis : c’est très bien. Mais c’est seulement « très bien ». C’est pas extraordinaire, c’est pas une grosse claque. Sans doute aurait-il fallu le découvrir à Cannes, vierge de tout, de toutes les dithyrambes, de tous les petits indices disséminés ça et là, de toute la hype (justifiée, malgré tout) qui entoure le film. Là, même si le scénario est absolument remarquable (LE gros point fort du film selon moi), j’ai quand même eu le sentiment d’un film relativement prévisible dans ses enjeux et son déroulé si on connait un minimum le cinéma de Bong. Mais c’est super hein, pas de problème, la Palme, et le succès du film en salles, font bien plaisir. C’est même un film, et c’est fort de concilier les 2, très immédiat, très clair dans ses intentions, voire un peu bourrin (mais c’est parfait, c’est une farce), qui, à la réflexion et avec du recul, se révèle plus subtil et complexe qu’il n’y paraît. Et puis, en bout de course, sous la farce et la subversion, l’émotion. Donc c’est super.

Sibyl – critique

Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste. Rattrapée par le désir d’écrire, elle décide de quitter la plupart de ses patients. Alors qu’elle cherche l’inspiration, Margot, une jeune actrice en détresse, la supplie de la recevoir. En plein tournage, elle est enceinte de l’acteur principal… qui est en couple avec la réalisatrice du film. Tandis qu’elle lui expose son dilemme passionnel, Sibyl, fascinée, l’enregistre secrètement. La parole de sa patiente nourrit son roman et la replonge dans le tourbillon de son passé. Quand Margot implore Sibyl de la rejoindre à Stromboli pour la fin du tournage, tout s’accélère à une allure vertigineuse… (Allociné)

Lis ou relis bien le pitch.
On peut y ajouter sans spoiler grand chose qu’une fois sur Stromboli (sublime, forcément), Sibyl/Efira a une aventure avec l’amant (Ulliel) de sa patiente (Exarchopoulos). Et que « le tourbillon de son passé », c’est une relation passionnelle avec un type (Niels Schneider) qui l’a quittée quand il a appris qu’elle était enceinte de lui. Elle a donc élevé son enfant sans lui. Ah oui, Sibyl est alcoolique aussi, et elle a, récemment on le suppose, enterré sa mère, alcoolique elle aussi.

Purée, LA LOURDEUR… Déjà, ça (je veux dire, ce pitch hallucinant), mais quand on a vu les 2 précédents films de Justine Triet (La Bataille de Solférino et Victoria) et quand on sait qu’elle s’inspire énormément et directement de son vécu, on frise le malaise. Moi en tout cas.

Je me gourre peut-être, tout ça n’est peut-être « que » fiction et non auto-fiction (cf le discours liminaire tenu à Sibyl par le romancier Aurélien Bellanger dans le rôle de son éditeur) mais je suis sorti de la salle avec le sentiment d’un déballage de névroses trop intimes pour êtres fausses. Ça m’a mis mal à l’aise (cette dernière scène… brrr…).

Un mot quand même pour Virginie Efira, qui porte littéralement le film sur ses épaules : elle est remarquable mais là encore, cette performance extrême m’a mis un peu mal à l’aise. Je saurais pas l’expliquer davantage, c’est purement instinctif et subjectif. Moins exposé, Gaspard Ulliel est encore une fois impeccable (je l’aime de plus en plus lui). Adèle Exarchopoulos, comme de bien entendu, chouine abondamment (sans sauce bolognaise au coin des lèvres néanmoins). Mais là encore, les accents de vérité que va chercher Justine Triet frisent la cruauté selon moi : faire dire à son personnage (je parle de celui qu’interprète Exarchopoulos) qu’elle ne sera jamais reconnue par le milieu du cinéma à cause de ses origines, qu’on ne fait rien pousser sur de la merde… Bon.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce film, bien construit (pas évident avec ces différentes strates narratives, les flashbacks), mais dont les différentes strates s’apparentent pour moi davantage à un déballage de névroses intimes qu’à une véritable tentative de romanesque.

L’Adieu à la nuit – critique

Ca va bientôt faire 3 semaines que je suis pas allé au ciné, ça faisait très très longtemps que je n’avais pas vécu une telle période de disette… Evidemment, la traditionnelle et mollassonne programmation pré-Cannes n’y est pas pour rien. Gloria Bell ? Mouif… mais non. Mais vous êtes fous ? Oooooooooh non.
En lieu et place, je regarde et me passionne pour Game of Thrones évidemment… Et je me suis lancé dans le visionnage de 30 Rock, j’y consacrerai peut-être un billet.

Le seul film que j’avais vraiment envie de voir (Les Oiseaux de passage), je l’ai raté because life.
La franchise me pousse à avouer que je me suis tâté à aller conchier Nous finirons ensemble, juste pour le plaisir de m’énerver et d’en faire un billet mais je m’en tiens à ma résolution cinéma de 2019 : voir moins de merdes. Pas toujours facile, il me démange un peu celui-là… Heureusement, les sorties cannoises auront vite fait d’éloigner la tentation : Jarmusch ! Almodovar ! Les Dardenne ! Et je parle même pas de tout ce qui suivra (Tarantino, Dupieux, Mendonça Filho, Kechiche, Dumont, Bonello etc) et qui fait de cette édition 2019 une édition particulièrement excitante.

Dans ce quasi-marasme précèdent le Festival de Cannes surnage le film parfois maladroit mais touchant d’une valeur sûre du cinéma français : L’Adieu à la nuit d’André Téchiné.

Il y avait pourtant de quoi avoir peur : « Muriel est folle de joie de voir Alex, son petit-fils, qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada.  Intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu’il lui a menti. Alex se prépare à une autre vie. Muriel, bouleversée, doit réagir très vite… » (Allociné)

Alerte « sujet de société » : cette « autre vie » à laquelle Alex se prépare, c’est celle de combattant de Daesh puisque lui et sa petite amie prévoient de se rendre non pas au Canada comme ils l’ont annoncé à leur entourage, mais en Syrie.

Flippant sur le papier… Et de fait, L’Adieu à la nuit n’échappe pas à un didactisme très Envoyé Spécial dans la description de la jeunesse radicalisée.  Téchiné contextualise, filme avec le plus de frontalité et le moins de subjectivité possible, on sent qu’il veut éviter les facilités et considérations à l’emporte-pièce mais il n’évite pas une certaine lourdeur. La palme revenant sans mal à cet embarrassant montage alterné entre d’un côté, une séquence de repas joyeux et de l’autre, une réunion austère de salafistes hypnotisés par un imam radical.

Heureusement, en réalisateur sensible, Téchiné recentre rapidement son propos sur la relation entre le petit-fils et sa grand-mère et plus précisément sur la véritable lutte que celle-ci va mener pour prévenir le drame. D’abord incrédule puis combative et enfin désemparée (pour dire le moins), sa trajectoire permet au film de surnager et de finalement emporter la mise. Tout comme la Reine Catherine, bien plus convaincante et émouvante en mamie débordante d’amour que Kacey Mottet-Klein en jeune adulte déterminé.

L’Adieu à la nuit va bientôt disparaître des salles, supplanté par les sorties cannoises mais si vous en avez l’opportunité et le temps, pourquoi pas…

Blanche comme neige – critique

Claire, jeune femme d’une grande beauté, suscite l’irrépressible jalousie de sa belle-mère Maud, qui va jusqu’à préméditer son meurtre. Sauvée in extremis par un homme mystérieux qui la recueille dans sa ferme, Claire décide de rester dans ce village et va éveiller l’émoi de ses habitants… Un, deux, et bientôt sept hommes vont tomber sous son charme ! Pour elle, c’est le début d’une émancipation radicale, à la fois charnelle et sentimentale… (Allociné)

Il s’agit donc d’une d’une adaptation, ou d’une mise à jour, d’une réinterprétation, appelle ça comme tu veux, du conte de Blanche Neige. On y retrouve par conséquent une version contemporaine de la nanophile la plus célèbre du monde (Lou de Laâge), de la reine (Isabelle Huppert) et des 7 nains (Damien Bonnard x 2, il interprète des jumeaux, Jonathan Cohen, Vincent Macaigne, Benoît Poelvoorde, Pablo Pauly et Richard Fréchette). Certaines situations rappellent celles du conte, en plus de la trame principale. Voilà. C’est nul.

Enfin, « c’est nul »… Ca se regarde, en faisant preuve d’indulgence, essentiellement parce que
1. Lou de Laâge est très régulièrement à poil
2. les acteurs, notamment les 3 plus extravertis (Cohen, Poelvoorde et Macaigne) font leur petit numéro habituel et qu’ils le font bien
3. Lou de Laâge est très régulièrement à poil.

« Tchi es uneu gourmandeu toi hein »

Désolé mais bon, c’est d’une paresse… Ca se veut probablement un peu transgressif, j’ai par exemple lu quelque part qu’il s’agissait d’une version érotique du conte des frères Grimm, ou encore d’une « comédie coquine » (AU SECOURS) mais purée que c’est clicheteux, prévisible et bourgeois…
C’est pas désagréable ceci dit : j’ai une faiblesse coupable pour le cinéma français un peu bourgeois et pantouflard, pour ces films qui flirtent avec le cinéma de Chabrol sans arriver à la cheville de sa maîtrise, de son intelligence et encore moins de son caractère subversif et transgressif et qui ressemblent donc davantage à des téléfilms de luxe. J’ai l’impression que c’est le terrain sur lequel évolue souvent Anne Fontaine.

Qu’est ce qu’elle a fait de bien finalement, de vraiment bien je veux dire ? Nettoyage à sec ? Ca a plus de 20 ans… Mon pire cauchemar, avec, déjà, Poelvoorde et Huppert était pas mal… En faisant preuve d’une certaine indulgence là encore. Anne Fontaine tourne des films qui pourraient être des films du milieu (des films d’auteur populaires) mais dont le résultat n’aboutit qu’à des films au milieu, qui obtiennent tout juste la moyenne, parfois un peu plus, parfois un peu moins. Blanche comme Neige ne déroge pas à sa règle.

Mon inconnue – critique

Du jour au lendemain, Raphaël se retrouve plongé dans un monde où il n’a jamais rencontré Olivia, la femme de sa vie. 
Comment va-t-il s’y prendre pour reconquérir sa femme, devenue une parfaite inconnue ? (Allociné)

J’ignore ce qu’il en est du public mais la critique a ménagé un accueil très favorable à la-nouvelle-comédie-romantique-française-qu’on-sait-faire-comme-les-américains-maintenant-t’as-vu: c’est mérité. Mon Inconnue est une vraie bonne comédie romantique i.e. qui respecte le cahier des charges du genre tout en faisant preuve d’intelligence, d’à propos et de ce soupçon d’originalité qui lui permet de se distinguer. Très bien et très finement mené, le récit culmine dans une conclusion à la fois attendue et surprenante. C’est bieng.

C’est bieng mais si tu connais un peu le blog et le vieux con qui se cache derrière, t’as compris qu’y a un truc qui va pas. Et qui suis-je au fond pour te contredire ?

En effet, y a un truc qui va pas : dans « comédie romantique », y a « comédie » au sens littéraire et grec de « happy end » mais également à celui de « on a ri, MAIS ON A RI ! » Et justement, j’ai pas beaucoup ri moi. C’est fâcheux… Oui, ok, c’est mignon, le sidekick (Benjamin Lavherne) joue bien son rôle de sidekick et de comic relief mais j’ai trouvé ça trop mignon, trop propre. J’aurais aimé plus de mordant, de malice dans les vannes, les répliques entre les 2 potes, les inévitables situations embarrassantes dans lesquelles les personnages se trouvent parfois. Mon vrai comic relief est venue de Camille Lellouche, excellente en petite amie boulet.

A ce moment là, je me suis souvenu ce que je me suis dit quand j’ai vu défiler le générique à la charte graphique très Instagram : ça m’a un peu fait peur pour la suite. J’avais tort : le film vaut mieux que ça encore une fois, il est très réussi. Mais, malgré tout, il a un insupportable petit côté ta-bite-a-un-goût, édulcoré, vannes proprettes et inoffensives. J’allais dire que c’est un détail mais une comédie romantique devant laquelle je ris peu, c’est un petit peu embêtant quand même.

#nofilter #instalove #ilovecamarque #ilovemylife #weekenddereveavecmondoudoudamour

Bon, tant qu’on y est, je poursuis au rayon pinaillage : Joséphine Japy. Oh elle joue très bien, elle est mignonne comme tout, parfaite pour ce type de rôle mais simplement, ce nom, « Joséphine Japy » : j’y crois pas. Je visualise les cuirs un peu cheap Japa ou encore une marque de chaussures discount : « vos pieds sourient en Japy ! ». Je visualise la Halle aux Chaussures, pas une actrice craquante de comédie romantique. C’est qu’elle est incontestablement pendant 2h mais voilà, je suis superficiel et je bloque sur des détails. Mais à part ça, c’est très bien , allez voir le film.

Critiques en vrac 2

La flemme de rédiger des billets uniques sur chaque film vu.

Us

Autant j’avais trouvé Get out relativement drôle, maling, bien fichu (même si, au final, terriblement surévalué), autant j’ai trouvé celui-ci complètement raté. C’est bien simple, pour moi, rien ne fonctionne : ni le versant horrifique/slasher ni le versant « politique », totalement nébuleux. De mon point de vue, Jordan Peele s’est laissé piéger par les éloges reçus pour son 1er film et s’est donc embarqué dans un récit d’une ambition et d’une ampleur qu’il ne maîtrise pas. Que nous dit-il ici ? Un truc sur les masses laborieuses qui finiront un jour par prendre le pouvoir ? A moins qu’elles soient déjà parmi nous, infiltrées ? Je suis pas sûr… Et je m’en fous en vérité : j’ai (encore) perdu 2h de mon temps, ça m’a suffisamment gonflé pour que j’ai déjà rayé ce film de ma mémoire.

C’est ça l’amour

Un film proche de Nos batailles, substituant à l’arrière-fond soci(ét)al une étude plus proche de l’os des sentiments de son personnage principal (Bouli Lanners, superbe). C’est d’ailleurs lorsque le film fait quelques incursions un peu volontaristes et artificielles sur le terrain du sociétal que le film est le moins convaincant selon moi (la diatribe sur les difficultés des employés de la fonction publique ou le « message » pro-LGBT). Du coup, c’est sur la longueur que le film l’emporte, de la même manière que le personnage interprété par Bouli Lanners parvient à trouver nouvel un équilibre avec le temps. Le dernier tiers et la conclusion sont très émouvants.

Boy Erased

Alors ça c’est vraiment mauvais. On y trouve un intérêt, pendant une grosse moitié, devant son aspect documentaire, fasciné/révulsé que l’on est par la description de ce lieu pratiquant les conversion therapies : ni plus ni moins qu’un centre de lavages de cerveaux/torture psychologique (et/ou torture tout court) censé guérir de l’homosexualité (par la religion, bien sûr, le film se déroulant en Arkansas, état phare de la Bible Belt, ce regroupement d’états américains encore gouvernés par les préceptes chrétiens fondamentalistes). L’intrigue est située dans les années 2000 mais l’actualité nous rappelle chaque jour que cette Amérique réactionnaire, intolérante, ultra-religieuse (et homophobe au dernier degré donc) est bien vivante puisqu’elle est au pouvoir dans de nombreux états et, pour partie, à Washington. Donc ça, ça va, au moins on s’ennuie pas. Mais alors quand il s’agit de faire du cinéma, c’est terrible : ralentis, musique larmoyante, coups de force scénaristique putassiers et empruntés au pire de Vol au-dessus d’un nid de coucous ou du Cercle des poètes disparus, une horreur. Y a même Xavier Dolan dans un second rôle, c’est pour te dire. A noter enfin que Russel Crowe et Nicole Kidman (interprètes des parents du héros, lui-même joué par Lucas Hedges) ont préparé le film dans la symbiose la plus parfaite puisque le bide du premier a siphonné toute la masse graisseuse de la seconde. De la belle ouvrage.

La Lutte des classes

Ratage bis : comme pour le film ci-dessus, je m’y attendais… Certes, Michel Leclerc (réalisateur du Nom des Gens) soulève un problème aussi crucial que 2019 (celui de la mixité sociale, en gros) et il a le mérite d’apporter, parfois, un point de vue nuancé, voire pertinent. Mais il le fait à la truelle, de manière profondément caricaturale, donnant l’impression que le scenario a été écrit par les Têtes Raides, assistés de Lune et Albert, producteurs de quinoa dans une ferme alternative de Lozère.
Autre gros problème selon moi : Edouard Baer batteur de punk rock/gaucho/rebelle perpétuel, on y croit pas une seconde. Baer est un grand bourgeois, un dandy et le voir jouer les insurgés rentre-dedans sonne profondément faux. Il n’est pas un acteur de composition, ça ne fonctionne tout simplement pas. Après, oui, il a une belle complicité avec Leïla Bekhti, on sent bien qu’ils se connaissent par coeur.

Une intime conviction – critique

Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l’injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession. (Allociné)

On a beaucoup parlé, en ce début d’année, de L’Heure de la sortie, du Chant du loup et de Grâce à Dieu, 3 belles réussites, dans des genres et des styles différents, d’un cinéma français éclectique, exigeant et populaire à la fois. Marquent-ils un retour des « films du milieu », ces films à la fois grand public et d’auteur, des « films populaires à prétention artistique, dont le budget est moyen », pour reprendre les termes exacts de Pascale Ferran qui a contribué à populariser le terme ? Il faut l’espérer car je suis persuadé qu’il y a toujours un créneau, et donc un public pour des films qui ne sont ni des productions Marvel/des comédies lénifiantes, ni de véritables films d’auteur réservés à un circuit dédié et à un public averti. Je peux aussi bien apprécier un blockbuster hollywoodien qu’un film d’auteur japonais mais ma génération et moi avons grandi cinéphiliquement parlant avec ces films du milieu, notamment français j’y suis très attaché (je mets par exemple dans cette catégorie les films de Claude Chabrol récemment évoqués).

Tout ça pour dire qu’aux 3 films cités en préambule, il faut en ajouter un 4ème dont on a, j’ai l’impression, moins parlé. Est-ce parce qu’Une intime conviction, premier film d’Antoine Raimbault, est basé, au plus près, sur le second procès dont a fait l’objet Jacques Viguier, accusé d’avoir fait disparaître son épouse Suzanne, autrement dit sur un fait divers ? C’est le vernis Faites entrer l’accusé du film qui rebute un peu ?

Laurent Lucas is Jacques Viguier

C’est dommage… D’une parce que là où certains voient seulement un film basé sur un fait divers, le fait divers en question, fascinant et romanesque à souhait, aurait en d’autres temps (ou en d’autres contrées cinématographiques ?) fourni la matière à un polar passionnant et/ou à un thriller haletant…

Ainsi, ça n’est évidemment pas un hasard si, dès l’entame de ce second procès, Antoine Raimbault choisit de reprendre les propos du juge qui interroge Jacques Viguier sur les similitudes de son histoire avec un ou plusieurs films d’Hitchcock (professeur de droit, Viguier est également passionné de cinéma) : sa mise en scène, effectivement haletante, son discours sur la Justice, sur le storytelling, sur la place du spectateur, tout renvoie au cinéma du maître du suspense. Il faut ainsi revenir sur son idée géniale et qui a présidé à la conception du film : tout est véridique, tous les personnages sont réels, tous les propos prononcés ont été retranscrits le plus fidèlement possible, à l’exception de ceux du personnage de Nora (interprété par Marina Foïs) totalement fictif. Ce personnage, central, catalyseur des événements, c’est bien sûr le spectateur. Voir, encore une idée géniale, comment Nora se voit contrainte de suivre une audience cruciale pour la suite du procès, non plus depuis la salle comme elle a en pris l’habitude, mais depuis une petite salle attenante et donc… sur un écran.

Marina Foïs is Nora

Il y aurait encore beaucoup à dire sur la réussite éclatante d’un film qui, par sa maîtrise, la place qu’il accorde au spectateur et son côté rouleau-compresseur-sans-répit, m’a pas mal fait penser à Jusqu’à la garde, cet autre superbe film du milieu (il faudrait parler des acteurs aussi, tous remarquables).

Olivier Gourmet is Maître Dupond-Moretti

Un ami professeur de français et cinéphile sensible a dit tout ce que ce film possède de remarquable dans un superbe billet publié sur sa page Facebook. Il m’a autorisé à le partager ici, qu’il en soit à nouveau remercié. Et félicité car il dit mieux que je ne pourrais le faire ce qui fait d’Une intime conviction un des meilleurs films de ce début d’année. Il ne joue plus dans beaucoup de salles, dépêchez-vous d’aller le voir !

Merci Xavier donc, voici le lien vers son texte :

Critiques en vrac

Bon, ça aura duré 2 mois, c’est pas mal quand même. Mais voilà, la vie, l’envie, font que j’ai fini par un peu délaisser le blog et donc par laisser tomber la promesse que je m’étais faite de consacrer un billet à tous les films que je verrais en salle. A tous les films et à tous les livres puisque je me suis remis à lire avec avidité, c’est sans doute la meilleure décision que j’ai prise depuis que j’ai renoncé à m’inscrire dans une salle de sport.

Alors je vais faire ça viteuf, histoire de, malgré tout.

Grâce à Dieu

J’ai une relation compliquée avecle cinéma de François Ozon, dont j’aime beaucoup certains films, et dont certains autres me donnent envie de le dénoncer aux autorités compétentes (son précédent par exemple, le ridicule L’Amant double). Mais voilà, régulièrement, le mec calme tout le monde avec une œuvre… indiscutable j’ai envie de dire : Grâce à Dieu est de celles-là. C’est fort, car l’histoire l’est et qu’Ozon la raconte avec une rigueur quasi-documentaire, qu’on ne lui connaissait pas, et c’est fort, car il construit son film de manière géniale, en accordant toute son attention à un personnage (celui interprété par un Melvil Poupaud très « passion Barbour »), pour finalement le délaisser au profit d’un autre (Denis Ménochet), puis d’un 3ème (Swann Arlaud). Il le fait en douceur, dans un glissement harmonieux, sans que les 2 personnages occultés lorsque le 3ème apparaît n’aient quitté notre esprit, et sans que, une fois les 3 héros/victimes réunis, on ait jamais le sentiment d’une construction classique et un peu facile de film-choral.

Ecriture remarquable donc, pour un film qui au final est tout autant un équivalent français à Spotlight (le scandale mis à jour très factuellement) et Zodiac (l’obsession de la vérité qui ronge, le Mal qui gangrène plusieurs personnages), qu’une remarquable et sensible étude de caractères. C’est même un film assez parfait en vérité.

Le Chant du loup

Curieux film, à la fois prévisible et inattendu dans le paysage du cinéma français. Vrai film d’action sans action, ou presque, et sans psychologie (ouf), il semble surfer avec brio sur le succès et la réussite du Bureau des Légendes : oui, on peut rivaliser avec Hollywood sur le terrain du suspense haletant, du moment qu’on ne reste pas sur le même terrain et qu’on utilise d’autres armes. Une réussite donc, malgré quelques maladresses et une utilisation assez curieuse de la musique (la 1ère scène avec Mathieu Kassovitz…).

Celle que vous croyez

Je regrette de pas avoir davantage de temps ni d’envie à consacrer au blog car ce film mériterait un billet à part entière. Plus encore que Doubles vies, qui fait davantage pitié qu’autre chose à force de banale médiocrité, j’ai accueilli Celle que vous croyez comme mon premier vrai mauvais film de 2019. Une catastrophe de chaque seconde ou presque, de la graine de nanar, un nid à frissons de la honte, yeux roulés vers le ciel et soupirs exaspérés. J’ai failli me barrer au bout d’une demie-heure et comme souvent en pareil cas, j’ai eu tort de ne pas le faire. On parle quand même d’un film où le personnage interprété par Juliette Binoche
– tape « insta » dans Google parce qu’elle sait pas ce que c’est « insta »
– danse les yeux fermés
– se caresse dans sa voiture avec son « amant » à l’autre bout du fil

Tout ça dans la 1ère demie-heure hein. Costaud.

On a ri, mais on a ri !

Pour terminer, je note que les 2 seuls films de 2019 que je n’ai vraiment pas aimés jusqu’ici (Doubles vies et Celle que vous croyez donc), sont 2 films consacrés à notre monde moderne de nouvelles technologies/omniprésence des rézosociaux, sur lequel ils posent un regard aussi largué que bourré de lieux communs.

Claude Chabrol et moi

Le cycle consacré actuellement à Claude Chabrol par Arte (https://www.arte.tv/fr/videos/RC-017162/cycle-chabrol/) m’a donné envie de revenir sur l’un de mes cinéastes fétiches.

J’ai découvert les films de Claude Chabrol à la télévision, alors que j’étais encore enfant, ils font partie de mes premiers souvenirs cinématographiques. Je devais avoir 7-8 ans j’imagine. Des souvenirs durables : quelques plans tirés du magnifique Juste avant la nuit (d’ailleurs diffusé dans le cadre du cycle d’Arte), et notamment le visage pincé et tourmenté de Michel Bouquet dans l’allée qui mène à sa maison, m’avaient marqué. Logiquement, puisque ce sont surtout ses films de la fin des années 60 qui étaient diffusés, Stéphane Audran a fait partie de mes premiers émois cinématographiques (de même qu’Isabelle Huppert, découverte dans Violette Nozières).

Évidemment, à cet âge là, je ne comprenais rien à ce qui se tramait cinématographiquement parlant, et pas grand chose à ce qui se tramait tout court mais je me souviens parfaitement que j’ai tout de suite aimé ces films (Les Noces rouges, Juste avant la nuit, Les Biches, La Femme infidèle, Le Boucher). Le cadre provincial, français, me rappelait mon quotidien, je trouvais ça confortable, réconfortant. Sans réaliser, encore, que c’était précisément une composante essentielle du cinéma de Chabrol.
Et puis, même si là aussi j’aurais été bien en peine de mettre des mots dessus, je voyais bien qu’il s’intéressait à une catégorie bien spécifique de la population, « les riches » comme je les nommais à l’époque, et qu’il ne les montrait pas sous leur meilleur jour : le regard d’entomologiste ou de sociologue, la satire, m’échappaient bien sûr, mais je saisissais néanmoins qu’à travers ces histoires dramatiques de femmes/hommes adultères, de meurtres, de tromperies en tout genre, « les riches » n’apparaissaient pas à leur avantage. Ma famille et moi étions heureux pour autant que je sache, et nous n’étions pas pauvres à proprement parler car mes parents savaient cultiver la terre et élever des animaux. Nous étions heureux mais je n’étais pas aveugle pour autant et j’avais compris que mes parents étaient gaiement exploités, en tant que métayers, par une famille d’horribles nobliaux pétainistes du Pays Basque profond. Voir qu’un type faisait des films en se foutant un peu de la gueule de gens qui me rappelaient ces connards d’aristos, ça me plaisait.

Lorsque je me suis mis à m’intéresser plus sérieusement au cinéma, j’ai continué à regarder à la télévision et à aller voir en salles les films de Claude Chabrol. D’abord par habitude, par fidélité, ou nostalgie pour mon enfance heureuse sans doute; parce que le « confort » de ses films me renvoyait à mon propre confort de ses années là, mais aussi par goût, parce que ses films me plaisaient tout simplement, et parce que je commençais à comprendre pourquoi c’étaient des bons films. Je vais pas faire l’article de tout ce qui fait de Claude Chabrol un des plus grands réalisateurs français, il est reconnu à sa juste valeur depuis très longtemps. Le « confort » donc, d’un cinéma bourgeois en apparence mais profondément subversif, presque punk parfois, l’humour, la distance, la farce parfois, tout ça ça me parlait et ça me parle encore beaucoup. Le romantisme aussi, pudique, jamais lyrique, sous le vernis de l’observation goguenarde.

Le bouquin d’entretiens avec François Guérif est super et très éclairant: Chabrol y parle de manière très simple, intelligente et pédagogique de sa vie, et notamment de son enfance sous l’Occupation, de sa mise en scène et de ses choix, c’est une mine. J’ai pas encore vu le documentaire diffusé par Arte ces jours-ci, je vais le faire.

En tout cas, c’est sans doute avec Clint Eastwood le cinéaste dont j’ai vu le plus de films , puisque c’est quelqu’un qui tournait beaucoup et que j’ai pratiquement tout vu. Et j’aime tout, ou presque là aussi, y compris les films les plus tardifs tels que La Demoiselle d’honneur ou La Fille coupée en deux. Parmi ses films des années 90-2000, seul son dernier, Bellamy, celui avec Derpadieu, me laisse perplexe.

Mon favori est La Cérémonie, c’est un de mes films préférés. Parce qu’on y retrouve la quintessence de tout ce qui fait son cinéma (la province, la bourgeoisie provinciale, la subversion, la transgression, la vivacité d’esprit, l’humour etc) et parce que, comme dans Le Boucher par exemple, il y a ce petit quelque chose en plus qui distingue le film, le fait sortir du rang d’une filmographie pourtant solide, et qui l’élève au rang de chef d’oeuvre.

Ce petit quelque chose en plus, comme dans Le Boucher donc, c’est selon moi une tonalité doucement fantastique qui survient à un moment bien précis : lorsque juste après avoir tiré sur Jean-Pierre Cassel, Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert finissent leur tasse de chocolat et s’apprêtent à liquider les membres restant de la famille.

A ce moment précis, y a un plan absolument génial je trouve, une sorte de « jump cut fondu enchaîné » très doux sur les 2 actrices, d’autant plus remarquable qu’il est un peu incongru : Chabrol a ses petites signatures visuelles mais jamais rien d’aussi ostentatoire ni manifeste.

Grâce à ce plan là, irréel, Chabrol peut basculer dans cette conclusion incroyable, terrible, d’autant plus terrible qu’elle paraît absolument logique, sinon justifiée : oui, semble-t-il nous dire, ces braves bourgeois bretons, inoffensifs, cultivés, probablement progressistes, méritent de crever. Le visage incroyablement dur et déterminé de Sandrine Bonnaire, le son des coups de feu, puis des gâchettes, le son de l’opéra diffusé à la télévision, le « message » véhiculé par cette scène: c’est « absolument logique, sinon justifié », mais à ce moment-là donc, on est quasiment dans du fantastique, dans quelque chose qui n’est pas en quelque sorte, ou qui est mais qui ne devrait pas être. Une parenthèse, un fantasme presque, révolutionnaire: lorsque les 2 filles brisent le silence (« Ca va » dit Bonnaire; « On a bien fait » répond Huppert), le film, et la vie, reprennent leur cours. Elles paieront donc pour leur forfait. Génie de la mise en scène, génie de Claude Chabrol.

Enfin, voilà, je voulais juste parler un peu de ce grand monsieur qui compte beaucoup pour moi, et vous donner envie, qui sait, de voir et revoir ses films.