Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l’injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession. (Allociné)
On a beaucoup parlé, en ce début d’année, de L’Heure de la sortie, du Chant du loup et de Grâce à Dieu, 3 belles réussites, dans des genres et des styles différents, d’un cinéma français éclectique, exigeant et populaire à la fois. Marquent-ils un retour des « films du milieu », ces films à la fois grand public et d’auteur, des « films populaires à prétention artistique, dont le budget est moyen », pour reprendre les termes exacts de Pascale Ferran qui a contribué à populariser le terme ? Il faut l’espérer car je suis persuadé qu’il y a toujours un créneau, et donc un public pour des films qui ne sont ni des productions Marvel/des comédies lénifiantes, ni de véritables films d’auteur réservés à un circuit dédié et à un public averti. Je peux aussi bien apprécier un blockbuster hollywoodien qu’un film d’auteur japonais mais ma génération et moi avons grandi cinéphiliquement parlant avec ces films du milieu, notamment français j’y suis très attaché (je mets par exemple dans cette catégorie les films de Claude Chabrol récemment évoqués).
Tout ça pour dire qu’aux 3 films cités en préambule, il faut en ajouter un 4ème dont on a, j’ai l’impression, moins parlé. Est-ce parce qu’Une intime conviction, premier film d’Antoine Raimbault, est basé, au plus près, sur le second procès dont a fait l’objet Jacques Viguier, accusé d’avoir fait disparaître son épouse Suzanne, autrement dit sur un fait divers ? C’est le vernis Faites entrer l’accusé du film qui rebute un peu ?

C’est dommage… D’une parce que là où certains voient seulement un film basé sur un fait divers, le fait divers en question, fascinant et romanesque à souhait, aurait en d’autres temps (ou en d’autres contrées cinématographiques ?) fourni la matière à un polar passionnant et/ou à un thriller haletant…
Ainsi, ça n’est évidemment pas un hasard si, dès l’entame de ce second procès, Antoine Raimbault choisit de reprendre les propos du juge qui interroge Jacques Viguier sur les similitudes de son histoire avec un ou plusieurs films d’Hitchcock (professeur de droit, Viguier est également passionné de cinéma) : sa mise en scène, effectivement haletante, son discours sur la Justice, sur le storytelling, sur la place du spectateur, tout renvoie au cinéma du maître du suspense. Il faut ainsi revenir sur son idée géniale et qui a présidé à la conception du film : tout est véridique, tous les personnages sont réels, tous les propos prononcés ont été retranscrits le plus fidèlement possible, à l’exception de ceux du personnage de Nora (interprété par Marina Foïs) totalement fictif. Ce personnage, central, catalyseur des événements, c’est bien sûr le spectateur. Voir, encore une idée géniale, comment Nora se voit contrainte de suivre une audience cruciale pour la suite du procès, non plus depuis la salle comme elle a en pris l’habitude, mais depuis une petite salle attenante et donc… sur un écran.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur la réussite éclatante d’un film qui, par sa maîtrise, la place qu’il accorde au spectateur et son côté rouleau-compresseur-sans-répit, m’a pas mal fait penser à Jusqu’à la garde, cet autre superbe film du milieu (il faudrait parler des acteurs aussi, tous remarquables).

Un ami professeur de français et cinéphile sensible a dit tout ce que ce film possède de remarquable dans un superbe billet publié sur sa page Facebook. Il m’a autorisé à le partager ici, qu’il en soit à nouveau remercié. Et félicité car il dit mieux que je ne pourrais le faire ce qui fait d’Une intime conviction un des meilleurs films de ce début d’année. Il ne joue plus dans beaucoup de salles, dépêchez-vous d’aller le voir !
Merci Xavier donc, voici le lien vers son texte :