L’Adieu à la nuit – critique

Ca va bientôt faire 3 semaines que je suis pas allé au ciné, ça faisait très très longtemps que je n’avais pas vécu une telle période de disette… Evidemment, la traditionnelle et mollassonne programmation pré-Cannes n’y est pas pour rien. Gloria Bell ? Mouif… mais non. Mais vous êtes fous ? Oooooooooh non.
En lieu et place, je regarde et me passionne pour Game of Thrones évidemment… Et je me suis lancé dans le visionnage de 30 Rock, j’y consacrerai peut-être un billet.

Le seul film que j’avais vraiment envie de voir (Les Oiseaux de passage), je l’ai raté because life.
La franchise me pousse à avouer que je me suis tâté à aller conchier Nous finirons ensemble, juste pour le plaisir de m’énerver et d’en faire un billet mais je m’en tiens à ma résolution cinéma de 2019 : voir moins de merdes. Pas toujours facile, il me démange un peu celui-là… Heureusement, les sorties cannoises auront vite fait d’éloigner la tentation : Jarmusch ! Almodovar ! Les Dardenne ! Et je parle même pas de tout ce qui suivra (Tarantino, Dupieux, Mendonça Filho, Kechiche, Dumont, Bonello etc) et qui fait de cette édition 2019 une édition particulièrement excitante.

Dans ce quasi-marasme précèdent le Festival de Cannes surnage le film parfois maladroit mais touchant d’une valeur sûre du cinéma français : L’Adieu à la nuit d’André Téchiné.

Il y avait pourtant de quoi avoir peur : « Muriel est folle de joie de voir Alex, son petit-fils, qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada.  Intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu’il lui a menti. Alex se prépare à une autre vie. Muriel, bouleversée, doit réagir très vite… » (Allociné)

Alerte « sujet de société » : cette « autre vie » à laquelle Alex se prépare, c’est celle de combattant de Daesh puisque lui et sa petite amie prévoient de se rendre non pas au Canada comme ils l’ont annoncé à leur entourage, mais en Syrie.

Flippant sur le papier… Et de fait, L’Adieu à la nuit n’échappe pas à un didactisme très Envoyé Spécial dans la description de la jeunesse radicalisée.  Téchiné contextualise, filme avec le plus de frontalité et le moins de subjectivité possible, on sent qu’il veut éviter les facilités et considérations à l’emporte-pièce mais il n’évite pas une certaine lourdeur. La palme revenant sans mal à cet embarrassant montage alterné entre d’un côté, une séquence de repas joyeux et de l’autre, une réunion austère de salafistes hypnotisés par un imam radical.

Heureusement, en réalisateur sensible, Téchiné recentre rapidement son propos sur la relation entre le petit-fils et sa grand-mère et plus précisément sur la véritable lutte que celle-ci va mener pour prévenir le drame. D’abord incrédule puis combative et enfin désemparée (pour dire le moins), sa trajectoire permet au film de surnager et de finalement emporter la mise. Tout comme la Reine Catherine, bien plus convaincante et émouvante en mamie débordante d’amour que Kacey Mottet-Klein en jeune adulte déterminé.

L’Adieu à la nuit va bientôt disparaître des salles, supplanté par les sorties cannoises mais si vous en avez l’opportunité et le temps, pourquoi pas…

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