Alain, la quarantaine, dirige une célèbre maison d’édition, où son ami Léonard, écrivain bohème publie ses romans. La femme d’Alain, Séléna, est la star d’une série télé populaire et Valérie, compagne de Leonard, assiste vaillamment un homme politique. Bien qu’ils soient amis de longue date, Alain s’apprête à refuser le nouveau manuscrit de Léonard… Les relations entre les deux couples, plus entrelacées qu’il n’y paraît, vont se compliquer. (Allociné)
Crise des gilets jaunes, réchauffement climatique, montée du populisme : Olivier Assayas n’élude aucun sujet qui fâche et livre un brûlot incendiaire, un film coup de poing, un uppercut dans la tronche du cinéma français.
Blague à part, je n’aime pas beaucoup Olivier Assayas (et pas beaucoup plus son frère rock critic, Mishka, mais c’est pas le sujet). Je trouve son cinéma appliqué, laborieux même, sans réel talent et donc sans intérêt. Je trouve qu’il n’a jamais rien à dire en vérité, et qu’il le dit mal. Bien sûr, comme tout le monde, il n’est pas à l’abri de la faute de bon goût, et certains de ses films se regardent sans déplaisir (Irma Vep, Demonlover). S’il m’agace autant au fond, c’est que je lui en veux d’être devenu l’incarnation la plus accomplie du cliché tenace que se plaisent à entretenir les contempteurs d’un cinéma français qui, selon eux, ne saurait être que verbeux, chichiteux, parisianiste, bourgeois.
Doubles vies, son dernier film, ne va pas arranger son cas et ceux qui, les pauvres, n’ont jamais pu sentir Rohmer, Truffaut ou Rivette, parleront volontiers d’un film destiné à un public de « gauchiasse boboïsante ».
Je ne rentrerai évidemment pas dans ce débat, qui n’en est d’ailleurs pas un, mais sur un strict plan cinématographique, c’est du pur Assayas: appliqué, laborieux, sans réel talent et (presque) sans intérêt.
Le presque, c’est l’un des volets de ce film double, celui de la comédie sentimentale. Oh, rien de fulgurant, encore moins d’inédit mais une classique histoire d’adultère entre couples amis, servie par une bonne distribution (avec un petit bémol pour Nora Hamzawi mais à sa décharge, pas facile d’exister face à 3 acteurs aussi aguerris et installés que Binoche, Canet et Macaigne).
Le second volet de Doubles vies, celui consacré à une réflexion autour des enjeux contemporains de l’édition, en particulier ceux liés à l’édition numérique, est édifiant. Un catalogue de clichés, de lieux communs, débités lors d’interminables tunnels de dialogues qu’on jurerait compilés à partir d’articles de L’Obs / Libération / Télérama sur le sujet. Et dire qu’Assayas passe pour un cinéaste-clairvoyant-sur-le-sujet-des-nouvelles-technologies… Idem lorsqu’il se hasarde sur le terrain de la création, avec une belle enfilade de clichés, encore, sur la fiction, l’auto-fiction, la réalité qui inspire les romanciers, la violation de l’intimité etc. Clichés éculés en plus. LE gag du film: le personnage interprété par Vincent Macaigne raconte dans son dernier bouquin s’être fait sucer lors d’une séance du Ruban blanc d’Haneke, alors que dans la réalité, il s’agissait de Star Wars, la Menace fantôme. On sent qu’Assayas sent qu’il tient un truc, qu’il s’amuse de sa pseudo-audace, que ça l’excite même peut-être. Misère… De manière générale, les tentatives d’humour sont assez pathétiques, avec toujours cette impression que sa bite (à l’humour) a un goût, qu’il aimerait bien mais qu’il ose pas. Ou qu’il ne sait pas, tout simplement.
Lorsqu’il se hasarde sur le terrain de la politique, Assayas vise (un peu) plus juste, en se reposant sur le personnage touchant et moins manichéen qu’il n’y parait de prime abord interprété par Nora Hamzawi. Là encore, rien de fantastique mais on échappe (un peu) aux lieux communs, à la condamnation des politiques cyniques et de leurs porte-flingues sans états d’âme. C’est peu, mais au vu des considérations servies par ailleurs, il faut s’en contenter.
Tu m’as donné envie de le voir
________________________________
C’était pas le but mais j’ai la même réaction quand je lis une critique incendiaire 😉