Critiques en vrac 3

Pas trop le temps d’aller au ciné en ce moment, pas trop le temps ni l’envie de me consacrer à Grande remise. Donc je fais vite.

Zombi Child

Autant j’ai des réserves, parfois importantes, concernant tous les films de Bonello que j’ai pu voir, autant je l’apprécie, lui. Je le trouve humble, intelligent, sensible et pour la 1ère fois, je retrouve toutes ces qualités dans un de ses films, sans trouver à y redire. Il y aurait beaucoup à dire en revanche sur l’intelligence de Zombi Child, sur la façon, notamment, dont Bonello se refuse à parler politique ou « grand sujet », préférant montrer sans rien commenter ni expliquer, sur sa manière sensible de filmer aussi bien l’adolescence dorée d’un pensionnat d’excellence que l’errance nocturne d’un zombi haïtien (magnifique photo en nuit américaine soit dit en passant), sur la façon dont il équilibre parfaitement film de genre et film d’auteur, LE challenge casse-gueule du cinéma français (et plus) ces dernières années. Et cette manière humble, juste, de filmer Haïti et les Haïtiens sans aucune condescendance, tentation folklorique, ni idéalisation… Superbe film.

Piranhas

Ca marche toujours ce genre de films… « Live fast, die young », ou plutôt « vivi veloce, muori giovane », fuite en avant/escalade de la délinquance, folklore pizza-gangsta, les ruelles de Naples en scooter, des tronches, des acteurs au naturel confondant, un soupçon de Romeo et Juliette, emballez, c’est pesé. Piranhas est à la fois malin et captivant : la « pieuvre », les rouages du crime organisé, non seulement on connait ça par cœur mais on l’a déjà vu, au même endroit, avec peu ou prou les mêmes personnages, dans Gomorra. Piranhas est davantage « fictionnalisé », en se focalisant clairement sur le personnage de Nicola, apprenti mafieux qui se rêve Robin des Bois du quartieri Spagnolo, amoureux sensible d’une jeunesse d’un quartier rival, et qui sera bien vite rattrapé par la réalité de la vie qu’il s’est choisie (?). Intéressant aussi la manière dont le film effleure l’homo-érotisme et l’homosexualité latentes à l’œuvre dans ces groupes de garçons/hommes surjouant la virilité et la toute puissance. Du classique donc mais solidement exécuté, et qui parvient à se démarquer au sein d’un genre très balisé. Content d’avoir pu le choper avant qu’il ne joue plus, je conseille.

Parasite

J’arrive un peu après la bataille donc je serai très concis : c’est très bien. Mais c’est seulement « très bien ». C’est pas extraordinaire, c’est pas une grosse claque. Sans doute aurait-il fallu le découvrir à Cannes, vierge de tout, de toutes les dithyrambes, de tous les petits indices disséminés ça et là, de toute la hype (justifiée, malgré tout) qui entoure le film. Là, même si le scénario est absolument remarquable (LE gros point fort du film selon moi), j’ai quand même eu le sentiment d’un film relativement prévisible dans ses enjeux et son déroulé si on connait un minimum le cinéma de Bong. Mais c’est super hein, pas de problème, la Palme, et le succès du film en salles, font bien plaisir. C’est même un film, et c’est fort de concilier les 2, très immédiat, très clair dans ses intentions, voire un peu bourrin (mais c’est parfait, c’est une farce), qui, à la réflexion et avec du recul, se révèle plus subtil et complexe qu’il n’y paraît. Et puis, en bout de course, sous la farce et la subversion, l’émotion. Donc c’est super.

Sibyl – critique

Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste. Rattrapée par le désir d’écrire, elle décide de quitter la plupart de ses patients. Alors qu’elle cherche l’inspiration, Margot, une jeune actrice en détresse, la supplie de la recevoir. En plein tournage, elle est enceinte de l’acteur principal… qui est en couple avec la réalisatrice du film. Tandis qu’elle lui expose son dilemme passionnel, Sibyl, fascinée, l’enregistre secrètement. La parole de sa patiente nourrit son roman et la replonge dans le tourbillon de son passé. Quand Margot implore Sibyl de la rejoindre à Stromboli pour la fin du tournage, tout s’accélère à une allure vertigineuse… (Allociné)

Lis ou relis bien le pitch.
On peut y ajouter sans spoiler grand chose qu’une fois sur Stromboli (sublime, forcément), Sibyl/Efira a une aventure avec l’amant (Ulliel) de sa patiente (Exarchopoulos). Et que « le tourbillon de son passé », c’est une relation passionnelle avec un type (Niels Schneider) qui l’a quittée quand il a appris qu’elle était enceinte de lui. Elle a donc élevé son enfant sans lui. Ah oui, Sibyl est alcoolique aussi, et elle a, récemment on le suppose, enterré sa mère, alcoolique elle aussi.

Purée, LA LOURDEUR… Déjà, ça (je veux dire, ce pitch hallucinant), mais quand on a vu les 2 précédents films de Justine Triet (La Bataille de Solférino et Victoria) et quand on sait qu’elle s’inspire énormément et directement de son vécu, on frise le malaise. Moi en tout cas.

Je me gourre peut-être, tout ça n’est peut-être « que » fiction et non auto-fiction (cf le discours liminaire tenu à Sibyl par le romancier Aurélien Bellanger dans le rôle de son éditeur) mais je suis sorti de la salle avec le sentiment d’un déballage de névroses trop intimes pour êtres fausses. Ça m’a mis mal à l’aise (cette dernière scène… brrr…).

Un mot quand même pour Virginie Efira, qui porte littéralement le film sur ses épaules : elle est remarquable mais là encore, cette performance extrême m’a mis un peu mal à l’aise. Je saurais pas l’expliquer davantage, c’est purement instinctif et subjectif. Moins exposé, Gaspard Ulliel est encore une fois impeccable (je l’aime de plus en plus lui). Adèle Exarchopoulos, comme de bien entendu, chouine abondamment (sans sauce bolognaise au coin des lèvres néanmoins). Mais là encore, les accents de vérité que va chercher Justine Triet frisent la cruauté selon moi : faire dire à son personnage (je parle de celui qu’interprète Exarchopoulos) qu’elle ne sera jamais reconnue par le milieu du cinéma à cause de ses origines, qu’on ne fait rien pousser sur de la merde… Bon.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce film, bien construit (pas évident avec ces différentes strates narratives, les flashbacks), mais dont les différentes strates s’apparentent pour moi davantage à un déballage de névroses intimes qu’à une véritable tentative de romanesque.

Happy Birthdead 2 You – critique

Alors que Tree pensait s’être définitivement débarrassée de celle qui voulait sa mort et qu’elle file le parfait amour avec Carter, elle se retrouve projetée dans une dimension parallèle à notre monde. Elle doit désormais affronter des fantômes de son passé et de nouveaux ennemis… (Allociné)

Happy Birthdead avait été une des bonnes surprises de 2017 : sans prétention, drôle, malin, intelligent même, on avait là un film qui l’air de rien, parvenait à une fusion quasi-parfaite du slasher et d’Un jour sans fin. Film sans doute hyper rentable, une suite était à prévoir.

Et quand on voit le résultat, on peut légitimement se demander si la suite n’avait pas été en réalité prévue dès le départ. Voire même si elle n’a pas été tournée EN MEME TEMPS que le 1. Ce qui, contrairement aux apparences, n’est pas du tout une critique. Au contraire : Happy Birthdead 2 You (habile) déploie la même énergie, le même enthousiasme, la même douce euphorie que son premier volet. Avec une intrigue bien nawak comme il faut, bien torchée-en-2-2-entre-2-partis-de-jeux-videos : après être tombée dans une boucle temporelle dans laquelle elle se faisait tuer à la fin de chaque journée, Tree retombe dans une boucle temporelle dans laquelle elle se fait tuer à la fin de chaque journée, dans une dimension parallèle. Gaspar Noé nous aurait pondu un truc aussi paresseux, j’aurais pas eu de mots assez durs mais il est bien trop prétentieux pour accoucher d’un truc aussi couillon.

Je vais être honnête : je suis moins enthousiaste cette fois qu’après le 1. Essentiellement parce qu’Happy Birthdead 2 You ne bénéficie plus de l’effet de surprise mais aussi, tout connement, parce que les 2 films se suivent de très près (moins de 2 ans entre les 2).

Je pinaille : le 2 est aussi fun, couillon et malin (oui, encore, mais c’est l’adjectif qui qualifie le mieux le film selon moi) que le 1. Avec en outre une petite pointe d’émotion supplémentaire, via le dilemme auquel est confrontée Tree (sans trop vouloir spoiler, elle revit cette fois la même journée dans un monde dans lequel sa mère est toujours vivante), et la réponse, intelligente, que le film y apporte.

C’est vraiment une chouette franchise, foncez si vous avez aimé le 1. Oui, une « franchise » : sans surprise, le 3 est probablement en route (soyez pas un connard qui se barre dès que le générique de fin commence, c’est tout ce que j’ai à dire). En route ou déjà tourné ?

L’Heure de la sortie – critique

Lorsque Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint Joseph il décèle, chez les 3e 1, une hostilité diffuse et une violence sourde. Est-ce parce que leur professeur de français vient de se jeter par la fenêtre en plein cours ? Parce qu’ils sont une classe pilote d’enfants surdoués ? Parce qu’ils semblent terrifiés par la menace écologique et avoir perdu tout espoir en l’avenir ? De la curiosité à l’obsession, Pierre va tenter de percer leur secret… (Allociné)

Sébastien Marnier s’est révélé en 2016 avec un impeccable Irréprochable : ancrage réalistico-contemporain (le personnage interprété par Marina Foïs perdait son boulot parisien et se voyait contrainte de retourner au bercail, en province), tension psychologique (une Marina Foïs inquiétante), atmosphère proto-fantastique diffuse (globalement), facture soignée (Zombie Zombie pour la bande originale), un coup de maître pour un coup d’essai. A la fois opaque (elle ne dévoile rien de l’intrigue ni des enjeux) et transparente (on comprend tout de suite qu’on aura droit aux mêmes ingrédients que dans Irréprochable), la bande annonce de L’Heure de la sortie m’a sacrément fait envie (et oui, j’arrête avec les parenthèses).

Et je n’ai pas été déçu : oubliées les quelques menues réserves relevées à la fin de la séance, je ne retiens qu’un film maîtrisé de bout en bout, profondément immersif, accessible sans concessions (pour autant que je sache). On pourrait dire en guise de synthèse ou d’introduction, que L’Heure de la sortie est à la fois la copie conforme et le miroir inversé d’Irréprochable : la forme est déjà clairement identifiable mais cette fois, le spectateur est guidé vers l’autre point de vue, celui de l’observateur. Comme si, dans Irréprochable, on avait suivi Jérémie Elkaïm plutôt que Marina Foïs.

Ici encore, c’est l’écriture qui impressionne avant tout, notamment celle du personnage interprété par un excellent Laurent Lafitte : sa sexualité, sa confession (on peut le supposer), ses névroses, sont esquissées sans jamais être appuyées, dans le but non seulement de brosser un personnage, créer des (fausses) pistes sur lesquelles engager le spectateur mais surtout de trouver une cohérence dont la « plénitude » se révélera dans la conclusion. Et là évidemment je n’en dirai pas davantage.

On peut certes reprocher quelques facilités, notamment avant le dernier acte, dans la matérialisation de la parano du personnage de Laurent Lafitte. Certes. Mais ce sont des détails. Ce dernier acte justement, délivre le climax promis, d’autant plus excitant qu’on pourrait le qualifier de double.  Et là évidemment blablabla.

Difficile de parler de ce film sans rien spoiler du tout… En tout cas, moi j’ai du mal à le faire. Le 1er acte, l’exposition, particulièrement savoureuse et souvent drôle, mérite elle aussi d’être découverte aussi vierge d’information que possible. J’ajouterai donc simplement que si les 2 réalisations de Sébastien Marnier impressionnent autant par leur maîtrise que par leur unité, L’Heure de la sortie offre le petit bonus indispensable à un 2ème film digne de ce nom: la marque d’une évolution, un signe que le gars en a encore sous la pédale, en agrégeant à son récit intime un propos plus sociétal, des résonances avec l’actualité.

Mais, définitivement, je n’en dirai pas davantage: allez simplement le voir.

Undercover: Une histoire vraie – critique

À Détroit, dans les années 80, au plus fort de la guerre contre l’épidémie de crack, voici l’histoire vraie d’un père d’origine modeste, Richard Wershe, et de son fils, Rick Jr., un adolescent qui fut informateur pour le compte du FBI, avant de devenir lui-même trafiquant de drogue, et qui, abandonné par ceux qui l’avaient utilisé, fut condamné à finir ses jours en prison. (Allociné)

Le titre original est White Boy Rick, et il est nettement plus digeste que argument fatigant de la sacro-sainte histoire vraie mis en avant dans le titre français. Heureusement, le film en a d’autres (arguments) à faire valoir.

« White Boy Rick« , c’est un gamin de 15 ans, déscolarisé, qui passe ses journées avec Rick Sr, son daron (Matthew McConaughey, moustache/mullet white trash de toutes beautés) refourgueur d’armes à feux à la petite semaine. Rick (junior) se retrouve très vite acoquiné avec les membres, Noirs, des gangs de Detroit, d’où le surnom dont il se retrouve affublé.
Ca c’est la 1ère partie du film, la meilleure : les rues délabrées de Detroit, la galère, les combines, l’exaltation et l’euphorie de l’argent facile et de son corollaire (les filles, les fringues, les soirées en boîte). On a déjà vu/lu ça 1000 fois mais rien à dire, on y est, ça transpire la vraisemblance et on y croit, tout simplement.

Après ça se gâte un petit peu. Rien de grave mais… on a déjà vu/lu ça 1000 fois : « la galère, les combines, l’exaltation et l’euphorie de l’argent facile et de son corollaire » blablabla. C’est pas désagréable, et le film peut se targuer d’une authenticité appréciable, sinon essentielle, dans ce type de récit. Je ne parle pas du fatigant et facile baizdeu oneu trou stori mais des décors, dialogues, interprètes, de ces petits détails qui font qu’on y est, encore une fois. McConau en fait des caisses, il est en voie de DeNiroisation avancée (toujours les mêmes mimiques, toujours les mêmes ficelles) mais ça l’effectue (« il joue trop bien, c’est abusé »: mon voisin à casquette, hypnotisé pendant tout le film, à sa copine nettement moins concentrée), et les 2 acteurs qui jouent ses enfants (Richie Merritt et Bel Powley), excellents, bénéficient en outre d’un bonus visages-frais-et-nouveaux. Le casting en général, curieux et disparate (2 gamins relativement inconnus donc, McConau, Bruce Dern, Jennifer Jason Leigh et une Piper Laurie méconnaissable) est l’un des gros points forts du film.

Il manque pourtant à Undercover un point de vue plus affirmé (malgré une noirceur étonnante et un réalisme très cru), autre chose qu’un déroulé prévisible des étapes attendues de ce type de récit, pour le hisser au-dessus de l’honnête polar. Un point de vue tout court d’ailleurs, sur la situation de Detroit par exemple, ou le système judiciaire américain puisque c’est cette direction que prend le récit dans son denier quart. Yann Demange, le réalisateur (français) a beau citer Serpico (que le personnage de McConaughey regarde à la télé) et faire porter à white boy Rick la même veste de l’armée qu’arborait à plusieurs reprises Al Pacino dans le film de Lumet, on en est loin… Mais son film, aussi mineur soit-il, ne commet pas d’impair et son découpage, certes sans prise de risques, est efficace. « Ca se regarde bien » donc. C’est déjà pas mal je suppose.

L’Amour est une fête – avant-première Gaumont Wilson

Paris, 1982. Patrons d’un peep show, Le Mirodrome, criblés de dettes, Franck et Serge ont l’idée de produire des petits films pornographiques avec leurs danseuses pour relancer leur établissement. Le succès est au rendez-vous et ne tarde pas à attirer l’attention de leurs concurrents. Un soir, des hommes cagoulés détruisent le Mirodrome. Ruinés, Franck et Serge sont contraints de faire affaire avec leurs rivaux. Mais ce que ces derniers ignorent, c’est que nos deux « entrepreneurs » sont des enquêteurs chargés de procéder à un coup de filet dans le business du « X » parisien. C’est le début d’une aventure dans le cinéma pornographique du début des années quatre-vingt qui va les entraîner loin. Très loin…(Allociné)

On le sait, les films sont rarement tournés dans l’ordre de leur scenario. Et il est encore plus rare que ce dernier se développe ou soit modifié au cours du tournage. Pourtant, j’ai eu cette sensation (complètement erronée donc, surtout connaissant un type aussi expérimenté et rompu aux règles cinématographiques que Cédric Anger) lors de la projection de L’Amour est une fête.
D’abord un peu entre 2 eaux, ou plutôt entre 2 genres (polar et comédie) et entre 2 humeurs (morose et débonnaire), le film choisit peu à peu son camp, comme s’il se laissait contaminer par les ondes positives qu’il diffuse, pour avancer franchement vers la lumière (au sens propre, tu comprendras quand tu auras vu le film). C’est tout le talent du réalisateur bien sûr, également auteur du scénario comme toujours, que d’avoir su mettre en place une telle progression et ménager une forme de suspense quant à nos attentes et à notre réception de son film : on peut légitimement penser au terme de son 1er tiers que le film va s’engager sur un chemin tortueux, en tout cas plus sombre que ce à quoi on pouvait s’attendre. Et puis pas du tout, donc.

Virage à 180° donc, ou presque, pour Cédric Anger, après 3 premiers films graves et notamment un précédent, La prochaine fois je viserai le cœur, très étouffant : L’Amour est une fête est une comédie, au sens propre.

Sur le fond, c’est un très joli et touchant hommage au monde du cinéma porno d’antan, comprendre d’avant le numérique, internet et les scènes tournées à la chaîne dans des chambres d’hôtel de Budapest. Un monde dans lequel il était, c’est ce qu’on dit en tout cas, et qu’on nous raconte volontiers, encore possible de s’amuser et d’apporter un certain soin, un certain savoir-faire aux films produits (réalisateurs cinéphiles, scénarios un peu écrits, utilisation de la pellicule, acteurs et actrices nourrissant encore l’espoir de passer du X au cinéma traditionnel). Hommage aussi touchant que sincère, également incarné via le caméo de 2 des stars de l’époque, Alban Ceray et Marylin Jess (les Vrais savent). Voir, aussi, la belle affiche du film, sensuelle et 70s. C’est le côté Boogie Nights du film (mais ça s’arrête là pour les similitudes, Anger s’en expliquera d’ailleurs très bien).

J’ai des réserves, notamment sur l’aspect purement comique du film (j’ai pas toujours trouvé ça très drôle, et le fait d’avoir vu le film dans une salle pleine et très enthousiaste dès les toutes 1ères secondes, un contexte très « avant-première » donc, se révèle souvent encore plus trompeur ; je pense notamment à toute la séquence du retour de Gilles Lellouche auprès de sa famille que j’ai trouvée franchement embarrassante), mais c’est un film tendre et touchant, nourri d’une certaine mélancolie et d’une petite dose de nostalgie, sans pour autant verser dans le passéisme, infusant une douce euphorie, un sentiment positif. A ranger dans la catégorie film-sourire-aux-lèvres.

L’équipe du film s’est déplacée en nombre pour le défendre : sur la photo ci-dessous, et de gauche à droite, les actrices Camille Razat, Elisa Bachir Bey et… Valeria Nicov ? j’ai oublié de qui il s’agissait…; le réalisateur Cédric Anger; et les acteurs Xavier Alcan et Gilles Lellouche. Mention spéciale d’ailleurs pour tout le casting féminin, très sexy, et filmé de façon appropriée par Anger, sans une once de vulgarité ou de putasserie.

Guillaume Canet n’était pas du voyage, au grand dam d’une large partie féminine et trentenaire du public, manifestement en attente. Elles se sont consolées avec Lellouche, aussi sympathique et vanneur qu’on l’imagine.
Marrant d’avoir enchaîné 2 AP en 3 jours : sur le coup, j’ai trouvé Mathieu Sapin confus et plat pour parler de son film (Le Poulain), avec le recul, les prises de parole de Cédric Anger se s’ont révélées encore plus cruelles pour lui. D’abord critique aux Cahiers du cinéma, puis scénariste (notamment pour Xavier Beauvois, acteur dans L’Amour est fête et génial dans le rôle d’un réalisateur de films porno), Anger a beaucoup de recul sur son métier, son film et il en parle très bien.
Séance de questions-réponses un peu courte faute, étrangement, de questions de la part du public d’autant que la salle était pleine, c’est dommage de pas en avoir profité : j’ai évidemment pensé à plein de questions SUPER intéressantes à peine sorti de la salle. Mais chouette soirée donc, et un film que je conseille.

Game Night – critique

Pour pimenter leur vie de couple, Max et Annie animent un jeu une nuit par semaine. Cette fois ils comptent sur Brooks, le frère charismatique de Max, pour organiser une super soirée à thème autour du polar, avec vrais faux malfrats et agents fédéraux ! Brooks a même prévu de se faire enlever…. sauf qu’il reste introuvable. En tentant de résoudre l’énigme, nos joueurs invétérés commencent à comprendre qu’ils se sont peut-être trompés sur toute la ligne. De fausse piste en rebondissement, ils n’ont plus aucun point de repère et ne savent plus s’il s’agit encore d’un jeu… ou pas. Cette nuit risque bien d’être la plus délirante – et la plus dangereuse – de toute leur carrière de joueurs… (Allociné)

Déception : Game Night est régulièrement vantée comme la meilleure comédie de l’année mais j’ai trouvé pour ma part qu’elle révélait une impasse, celle de la comédie américaine actuelle, après des années fastes.

Le pitch est malin et bien développé, suivant le principe de l’effet boule de neige : une fois la machinerie lancée (Kyle « FILF » Chandler se fait enlever non pas par des gens de l’agence qui organise la game night, mais par de vrais méchants à qui il doit du fric), les scènes et les situations s’enchaînent sans temps mort, bien rythmées, bien montées, parfois réellement surprenantes. Et on sait l’importance du rythme et du montage dans une comédie.

Le hic pour moi c’est que l’humour ne repose quasiment que sur le seul principe du commentaire sarcastique, à tout moment, quelle que soit la situation. Même, voire surtout lorsqu’elle est dramatique. Les personnages, très rapidement croqués et grossièrement caractérisés (le couple de winners forcenés, le dragueur, la cougar etc) ne bénéficient d’aucun développement: ils ont simplement tous une forte propension à se vanner les uns les autres avec le même mordant.

Ce que met en branle et ce que montre Game Night (mais du coup c’est pas inintéressant dans ce que ça révèle sur 2018) c’est un humour, et un monde donc, de smartasses, de gens qui ont toujours la répartie qui tue (ou censée tuer) et qui n’existent qu’à travers leur regard amusé et distancé sur les événements et sur les autres. Un humour dérivé d’internet et des conversations à distance (encore), qui ne connaît pas le drame de l’esprit de l’escalier puisque, séparés des autres par un écran, de téléphone ou d’ordinateur, on bénéficie toujours du confort du temps, du recul, pour la réflexion, la réécriture.

Alors certes, ça fait parfois mouche (ou souvent, selon notre sensibilité), et ce registre humoristique a été popularisé par des gens (Judd Apatow et sa bande) et des œuvres (les séries New Girl et The League sur des modes pourtant très différents) parfois brillantes voire géniales.  Mais lorsqu’il est systématisé comme ici, on (en tout cas « je ») frôle l’overdose et ça révèle selon moi une certaine paresse. D’écriture avant tout, mais aussi de rapport au monde, et aux autres.

J’extrapole peut-être, et je suis sans doute un peu sévère car, encore une fois, c’est vraiment bien fichu en termes de mécanique et régulièrement drôle mais ce constat, celui de personnages et par extension, d’un monde, qui ne sait plus vivre les événements de manière naturelle, constat qui n’est pas nouveau, certes, m’a un peu déprimé.

Under the Silver Lake – critique

À Los Angeles, Sam, 33 ans, sans emploi, rêve de célébrité. Lorsque Sarah, une jeune et énigmatique voisine, se volatilise brusquement, Sam se lance à sa recherche et entreprend alors une enquête obsessionnelle surréaliste à travers la ville. Elle le fera plonger jusque dans les profondeurs les plus ténébreuses de la Cité des Anges, où il devra élucider disparitions et meurtres mystérieux sur fond de scandales et de conspirations. (Allocine)

A chaud (je l’ai vu hier), et sachant que c’est un film-labyrinthe, ou un film-oignon, dont il faut (ou plutôt dont « on peut », si on le souhaite), enlever pas mal de couches avant d’atteindre son cœur, ou son essence, mais, encore une fois, libre à chacun de le faire puisqu’on peut tout aussi bien se laisser porter sans chercher à comprendre le pourquoi du comment, un film dense en tout cas, un film qu’il faut laisser décanter un minimum, à chaud donc, petite calotte. Calotette. Plus belle mise en scène de l’année en tout cas, avec le Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, qui a dû quitter son Los Angeles natal et fétiche pour lâcher un peu la bride à son cinéma de petit maître.

Tout juste sorti du succès critique (mérité) de It Follows, David Robert Mitchell s’est lui à l’inverse jeté à corps perdu dans Los Angeles, sa mythologie, sa topographie, sa faune. Comme sur l’affiche, il accompagne son personnage sous les eaux mystérieuses du Silver Lake (dans le district du même nom, résidence actuelle de hipsters, célébrités et membres de la communauté LGBT) pour toucher non pas le fond mais les palmiers emblématiques de la ville. Il/elle coule, et nous avec, vers le cœur de Los Angeles en quelque sorte…
Dès les premières minutes, Under the Silver Lake s’impose donc comme un nouveau film-somme et emblématique de la cité des anges, à l’image de ceux auxquels il se réfère constamment. Et que je ne citerai pas tellement la liste serait interminable…

C’est sans doute ce qui m’a le plus impressionné dans le film: j’ai rarement vu une oeuvre alignant aussi consciencieusement les références et les citations, les accumulant soit par la bande, soit par du name-dropping pur et dur, parvenir malgré tout à trouver son propre ton, absolument singulier. Non mais merde, je vais quand même le dire: le mec (David Robert Mitchell donc) parvient à créer un espèce de gigantesque mash up hitchocko-de palmo-polansko-altmano-lynchien (et j’en passe énormément donc) avec une aisance et une fluidité hallucinantes (le rythme est nonchalant, enveloppant). Un film de fétichiste, pour les fétichistes, qui réussit pourtant à créer un nombre incalculable d’images fortes, à la puissance d’évocation assez dingue. Allez, je vais le dire: à ce niveau là (la puissance d’évocation, la croyance dans l’image), ces dernières années, je retiendrai ce film et la saison 3 de Twin Peaks (je les mets pas sur un pied d’égalité, calme toi, je parle simplement de cet aspect là bien précis).

Under the Silver Lake remplit donc pleinement son cahier des charges « film de pop culture sur la pop culture ». La pop (culture), cet immense entreprise de recyclage permanent, cet éternel champ d’emprunts et de répétition, qui réussit pourtant comme par enchantement à se renouveler et à investir de nouveaux domaines, à trouver de nouvelles formes singulières ou de nouveaux chantres, de nouveaux souffles. Le film saisit et retranscrit ça de manière remarquable.

Mais ce film, aussi beau ou aussi pop soit-il, n’est pas qu’un imagier pour geek ou cinéphile hardcore.
En effet, Under the Silver Lake… bah rien du tout, je préfère ne rien dire. Ou pas grand chose : tu auras lu, peut-être, ou deviné, d’après la bande annonce, que l’intrigue est, peu ou prou, celle d’une enquête qui mène son héros de cercle interlope en personnage excentrique (Andrew Garfield, qu’on a d’abord un peu de mal à imaginer en glandeur t-shirt/slim/Converse mais qui se révèle impeccable, comme toujours), le plongeant dans un Los Angeles qui tiendrait à la fois du Grand Nulle Part (Ellroy) et de Mulholland Drive, du Hollywood de l’Âge d’or et de celui plus azimuté de notre époque. Voir à ce titre la fantastique bande originale de Richard Vreeland aka Disasterpeace, qui elle aussi parvient à conjuguer classicisme et modernité, nous emportant dans des océans de corde tantôt romanesques, tantôt angoissants (coucou Bernard Herrmann). Tout ça est vrai, mais c’est plus que ça (heureusement).

Éminemment contemporain dans sa capacité à la fois à formaliser et à théoriser la pop culture donc, Under the Silver Lake parvient également à saisir le monde de 2018 dans sa dimension à la fois ultra-technologique mais également païenne et décadente, voire apocalyptique: lors d’une soirée un personnage mentionne , une auteur de série prodige (elle a 12 ans…) qui selon lui, est celle qui saisit le mieux le zeitgeist, l’air du temps. David Robert Mitchell n’a plus 12 ans depuis longtemps mais il reste un jeune cinéaste (c’est son 3ème film seulement) et le clin d’oeil m’a paru évident. Difficile d’en dire plus là aussi, je préfère que tu vois le film vierge de tout.

J’étais à la fois très excité, très désireux de le voir ce film mais j’y croyais pas complètement: je pensais la marche trop haute pour David Robert Mitchell (Fenêtre sur cour + Le privé + Le grand sommeil + Mulholland Drive +… +…+ ad lib, vraiment?). Mais non, il est bon le con…
A chaud, encore, il me manque une pointe de romantisme, de romanesque, d’émotion tout simplement pour hisser Under the Silver Lake tout en haut de mon top 2018 mais le film parvient à fasciner, à imprimer durablement la rétine. Qu’est ce que ça fait du bien une telle croyance dans le Cinéma…

L’Homme qui tua Don Quichotte – critique

Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout? (Allociné)

Le carton qui ouvre L’Homme qui tua Don Quichotte (je n’ai pas son contenu exact en tête mais en gros: « et après plus de 25 ans, nous y voilà enfin blablabla ») n’augure rien de bon : manière de s’enlever la pression pour la transférer sur les spectateurs (« rendez-vous compte, plus de 25 ans! Gardez bien ça à l’esprit lorsqu’il s’agira de juger le film »), il opère une sorte de chantage affectif assez minable qui m’a bien gonflé. Déjà.

Après… bah, j’ai vite été fixé. Dès les premières minutes en vérité. Du coup j’ai eu plus de 2h pour essayer de me souvenir quand j’avais passé un aussi sale moment dans une salle de ciné : en vain. Honnêtement, je m’en souviens pas. Peut-être Holy Motors et encore. 6 ans et environ 400 films donc.

OK, j’ai jamais été un grand amateur du cinéma de Terry Gilliam dont je sauverais simplement le travail avec les Monty Pythons et, à la limite, Brazil. A la limite. Parce que ça a dû prendre un sacré coup de vieux.

Tout ça pour dire que je ne sauve rien non plus, ou presque, de L’Homme qui tua Don Quichotte,  l’une des plus célèbres arlésiennes du cinéma (qui n’en est donc plus une).

OK, le duo Adam Driver/Jonathan Pryce joue le jeu à fond, se donne bien du mal et s’en tire avec les honneurs. Mais autour d’eux… C’est d’une complaisance, d’une laideur (qu’est-ce que c’est laid nom de Dieu !), d’une facilité sidérantes sur le motif de la réalité et de la fiction qui s’entremêlent jusqu’à la gerbe plus soif. Et qu’on ne vienne pas me parler « d’énergie, de formidable enthousiasme à filmer, de joie de créer » comme j’ai pu le lire chez celles et ceux qui défendent le film : y a aussi beaucoup « d’énergie, de formidable enthousiasme à filmer, de joie de créer » dans les premiers films ratés et irregardables de tous les aspirants cinéastes de la planète. Au niveau desquels je situerais donc L’Homme qui tua Don Quichotte qui restera pour moi comme un énorme ratage et une matérialisation parfaite et définitive de l’expression « tout ça pour ça ».

Sinon j’ai également vu En guerre: médiocre et d’une facilité désespérante lui aussi, il réussit la prouesse, dans son court épilogue, de franchir plusieurs paliers, pour atteindre celui de l’abjection. Costaud.

Death Wish – critique

Quand il ne sauve pas des vies, Paul Kersey, chirurgien urgentiste, mène une vie de rêve, en famille, dans les beaux quartiers de Chicago… Jusqu’au jour où tout bascule. Sa femme est sauvagement tuée lors d’un cambriolage qui tourne mal… Sa fille de 18 ans est plongée dans le coma. Face à la lenteur de l’enquête, il se lance dans une chasse à l’homme sans merci. (Allociné)

Passée la question, non avenue pour cause de réponse trop évidente, du pourquoi un remake de Death Wish en 2018 (parce qu’Hollywood ne sais plus faire que 3 choses, sequeler, prequeler et remaker, voilà pourquoi), la question qu’on est en droit de se poser est « comment ? » : le débat sur les armes à feu et sur le travail de la police, concomitant de celui de l’auto-justice qui préside le film, n’a sans doute jamais été aussi vif aux Etats-Unis, notamment après que les survivants lycéens de la tuerie de Parkland en Floride s’en sont saisi de manière aussi courageuse qu’énergique. Et cette question, traitée, même en creux, par un réalisateur tel qu’Eli Roth, on est en droit d’avoir un peu peur, ou du moins de se méfier. J’ai rien contre lui, même si j’aurais plutôt tendance à le trouver assez puéril, m’enfin, c’est pas le type le plus responsable ni subtil qui soit a priori pour s’emparer d’un tel film et d’un tel sujet.

Quant au pourquoi je suis allé voir ça en pleine période de sorties cannoises : tu veux quand même pas que j’aille voir le dernier Christophe Honoré ? Soyons sérieux.

« Go ahead Christophe, make my day »

Death Wish 2018 donc : passée une ouverture brillante, bien tendue comme il faut (un flic fonce dans le trafic dense de Chicago pour emmener son coéquipier gravement blessé aux urgences) qui pose d’emblée une intéressante question morale (pas de spoiler), le film garde cette même ligne et ce même niveau: à la fois prenant et stimulant, il se révèle étrangement… subtil, je sais pas, mais en tout cas loin d’être con.

Attention: on n’est pas dans un film à thèse (et heureusement) et la position d’Eli Roth quant à la question centrale du film (a-t-on raison, lorsque la police se montre impuissante, de prendre les choses en main et de se faire justice soi-même?) reste en suspens sinon plutôt ambiguë. On peut toutefois accorder à Death Wish une résolution maligne qui lui permet de botter en touche sans avoir pour autant l’air de refuser de répondre à la question.

Quoiqu’il en soit, et même si le film reste un divertissement, Eli Roth (et son scénariste Joe Carnahan) disent et montrent des choses pertinentes sur notre époque, sur l’atmosphère actuelle aux USA et plus particulièrement sur la façon dont les media et les réseaux sociaux s’emparent de ce type d’histoires et de débat. Bien senti.
Voir aussi comment est traitée la, cruciale donc, question des armes à feu, de leur possession et de leur acquisition, à travers le personnage interprété par Bruce Willis, sa position et son évolution à ce sujet dans le film (même si là encore, Eli Roth préserve une certaine ambiguïté, pour ne pas dire plus, mais c’est pour ainsi dire indispensable dans un bon vigilante movie).

Dans le pur aspect « divertissement », Death Wish donne également le change, même si le scénario a du mal à s’écarter d’un sentier forcément et doublement balisé : par l’appartenance à un sous-genre bien précis, le vigilante movie donc, et par sa nature de remake. Il faut donc chercher la subversion dans des petites annotations de sale gosse (la publicité pour le magasin d’armes à feu, l’écran télé lorsque Willis pénètre chez le receleur, etc.) mais aussi dans les dialogues, le montage et le style braillards, impurs d’Eli Roth, dont on sent à chaque instant qu’il est issu du cinéma bis (même, voire surtout dans les scènes classiques et convenues du bonheur familial de la toute première partie).

Un mot enfin sur le beau personnage du frère de Bruce Willis, interprété par le toujours excellent Vincent d’Onofrio (private Whale dans Full Metal Jacket), qui apporte une petite touche émouvante et naturaliste à la fois. Et un mot bien sûr sur Bruce lui-même, toujours minimaliste, impeccable, dont le corps lourd et vieillissant est parfaitement approprié et utilisé.

Je comprends pas que Death Wish se fasse démonter de partout : j’ai vraiment passé un bon moment devant un film à la fois divertissant et loin d’être con, alors que je n’en attendais pas grand chose. Bonne surprise donc.