Top cinéma 2018 – Non

Suite du top ciné avec des films dont certains auraient pu, voire dû, figurer dans le flop. Consultable ici.

The Passenger

Prototype du film-du-dimanche-soir-sur-TF1. C’est nul sur tous les plans (scénario, action, dialogues) mais on passerait presqu’un bon moment pour peu qu’on sache dès le départ où on a mis les pieds. Ou LE pied, de préférence le gauche. C’est presque un nanar en fait. De là à le mettre dans la catégorie des « oui », faut quand même pas déconner non plus.

J’espère qu’ils lui ont filé un peu plus que ça car il paie de sa personne.

 

Le Grand jeu

Sur le coup, nul mais plaisant (j’en parle ici). Avec quelques mois de recul, simplement nul. Un peu péteux en plus alors que le film n’a rien à dire et le dit mal. C’était quand son dernier bon film à la Chastain ?

 

Predator

Celui-là j’ai vraiment hésité à le mettre dans mon flop tellement je l’ai trouvé naze. De Shane Black, scénariste bénéficiant d’une aura, voire d’un culte totalement incompréhensible voire injustifié selon moi, je n’aime vraiment que Last Action Hero au final. Et comme par hasard, il raconte que c’est son scenario qui lui a le plus échappé… Bon, tout ça pour dire que dans les années 80, passe encore, quand t’as 12 ans, pourquoi pas, mais en 2018, et passé 12 ans donc, un type qui trouve super cool, au premier degré, de montrer des mecs bien burnés qui s’appellent Nebraska enchaîner les clopes et balancer des répliques nanardesques en pensant qu’elles sont super cool: NON. C’est mal branlé en plus, comme si le film avait été remonté 15 fois pour essayer de le faire tenir debout (il me semble avoir lu que c’était le cas en fait).

Violents les gilets jaunes ricains.

 

Red Sparrow

Ici.

 

Carnage chez les Muppets

Je le sentais plutôt bien dans un registre post-neo-comédie trash (sic) mais c’est raté. C’est pas catastrophique non plus, ça se regarde (d’autant que c’est très court, 1h15) mais ça a le défaut classique de ce type de comédies : ça cherche à choquer avec de chercher à faire rire. C’est même pas vulgaire (c’est grossier en revanche, très même, c’est donc pas DU TOUT pour les enfants), c’est juste qu’on a vraiment le sentiment un peu triste que les mecs (auteurs) s’imaginent que plus de drogue, de sexe, de foutre, de tout, vont suffire à déclencher l’hilarité. C’est dommage car le pitch est plutôt pas mal (les humains et les muppets vivent ensemble, les muppets étant souvent considérés comme des citoyens de seconde catégorie) et que le film réunit 2 des meilleurs talents comiques féminins actuels, Melissa MacCarthy et Maya Rudolph. Sans surprise, leurs scènes sont les meilleures. Enfin, preuve ultime qu’on a à faire à une comédie poussive qui a conscience de l’être : on a droit en conclusion à 10 minutes de générique/making of/bêtisier. Triste.

La réponse est: oui, on lui voit la touffe.

 

Game Night

Ici.

 

Blackkklansman

On s’ennuie pas, c’est bien fichu (même si assez hénaurme passée la base de faits réels dont le film s’inspire) mais qu’est-ce que c’est lourd et didactique nom de Dieu… Est-ce qu’on voit trop le film avec notre regard d’Européen, forcément plus distanc(i)é ? Je sais pas: si on compare avec un film comme Detroit par exemple, qui lui aussi « défend » la cause noire (je synthétise volontairement), ça fait vraiment mal pour Blackkklansman. Et pour Spike Lee.

Et pour John David Washington qui souffre de la comparaison avec les autres acteurs du film.

 

Ready Player One

Hyper jouissif pendant une demie-heure puis je me suis franchement fait chier. J’en garde rien du tout et je sais pas quoi en dire de plus.

 

En eaux troubles

C’est nul mais c’est gentiment nul : c’est un nanar. Avec un scenario cousu de fil blanc : le trauma initial, le héros-spécialiste-meilleur-au-monde-vous-trouverez-pas-mieux-que-ce-sale-fils-de-pute qui lâche l’affaire et préfère aller siffler des binouzes en Thaïlande, la mission-suicide-que-lui-seul-peut-réussir-vous-trouverez-pas-mieux-que-ce-sale-fils-de-pute, des punchlines débiles (« t’es p’têtre un fils de pute mais t’es pas un trouillard »). Et des « cascades » abracadabrantesques: vous n’allez pas croire ce qui arrive à cet homme confronté à un requin (spoiler: on n’y croit pas en effet). Jason Statham joue comme un pied (qui sent mauvais en plus), la bo devient orientalisante lorsque Li Bingbing ou son père apparaissent, bref, tout va pour le mieux dans le plus manichéen des mondes. Dommage que le studio ait affadi le film après les premières projections tests, on aurait pu avoir droit à un truc beaucoup plus gore et donc jubilatoire. Ou, à l’inverse, avec un peu plus de jem’enfoutisme, à un nanar bien fendard.

« We’re gonna need a bigger chopper »

 

Veronica

J’ai pas passé un mauvais moment mais c’est trop plat, trop conventionnel. Le film ne décolle jamais du scenario qui lui-même colle au plus près au fait divers à l’origine du film. C’est louable car l’histoire est troublante mais c’est aussi sa limite. Après, le contexte, l’environnement sont bien transposés: les cinéastes espagnols (comédies, polars, drames, peu importe) ont toujours un truc pour filmer et retranscrire le quotidien de la classe moyenne ou populaire, via la direction artistique et le registre de langage.

 

Don’t worry, he won’t get far on foot

On s’est beaucoup aimés. Alors quand ça a commencé à se gâter, j’ai essayé de m’accrocher, j’ai voulu continuer à y croire. J’arrivais pas à m’y résoudre alors j’ai passé l’éponge quand la raison me commandais de la jeter (Nos Souvenirs, que je me suis forcé à sauver un tant soit peu malgré l’évidence de sa nullité). Mais là, plus d’excuses, il faut se rendre à l’évidence : RIP Gus Van Sant.

Jonah Hill est très bien en revanche, comme toujours

 

Le 15h17 pour Paris

L’un des films qui s’est fait dézinguer le plus violemment cette année, tous azimuts. Alors oui, c’est nul, évidemment mais 1. vous avez pas vu Brillantissime 2. non mais je déconne pas, vous avez pas vu Brillantissime. Je crois qu’il faut prendre ce film pour ce qu’il est : une manière pour Clint d’aller au bout du bout de la démarche empruntée ces dernières années, qui consiste à filmer des histoires vraies au plus près. Ici donc, en faisant jouer leur propre rôle aux 4 gus qui ont réussi à déjouer une tuerie dans l’Eurostar. Le reste, soit le film qu’il doit élaborer à partir de ça, il s’en cogne, et ça se voit. C’est bien là le problème évidemment, sachant, en sus, que les 4 gus en question ne sont pas des acteurs et jouent comme des patates. Bon, c’est pas grave, il a toujours fonctionné comme ça Clint : des films traités par dessus la jambe et d’autres où il se sort vraiment les doigts. Si on en juge par son intense bande-annonce, son prochain, The Mule, s’annonce grandiose.

 

Comme des rois

Ca fait du bien parfois de voir des films simples, sans prétention, humbles, intelligents etc etc. Des jolis films. Mais ça fait parfois bien chier aussi : qu’est-ce que c’est plat, lisse, sage…Envie de secouer tout ça, ces personnages, ces dialogues, envie un peu bête certes d’entendre des « putain », « merde », « enculé » pour, peut-être, hisser le film au-delà du niveau d’un téléfilm appliqué.

J’espère qu’ils leur ont filé encore moins que ça

 

Cro Man

Déception. Voire grosse déception, tant je suis fan de toutes les productions Aardman. Techniquement irréprochable évidemment, le film est moins « joli » que d’ordinaire. Bon, ça c’est normal : il se déroule comme son nom le suggère durant la Préhistoire. Exit donc la traditionnelle débauche de détails pour anglophiles dont je suis très friand. Non, c’est surtout l’intrigue et son développement, beaucoup trop convenus, qui déçoivent : une banale histoire de parias défiés par les nantis, et qui vont se révéler, se transcender etc etc. Trop facile: ces gars là sont capables de tellement mieux…

 

Les Heures sombres

Un téléfilm BBC de luxe, sans intérêt. Ou un seul: tenter de reconnaître Gary Oldman sous les kilos de maquillage avec lesquels on a plâtré son visage. Pas facile. Dans le genre, mieux vaut mater la série The Crown, aussi cossue et meringuée mais vraiment belle, elle.

Sans déconner, c’est vraiment pas facile.

 

La Forme de l’eau

Encensé de manière assez incompréhensible par la critique (et primé à Venise, on croit rêver), le film a été, par un phénomène de balancier assez naturel, ou en tout cas compréhensible lui, exagérément descendu par l’Internationale Geek. OK, c’est nul mais ça va, pas de quoi s’énerver non plus. Vous avez vu Brillantissime ?

#42 SuperGrave

Evan et Seth sont deux amis pas très futés qui ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Pourtant, il va bien falloir qu’ils apprennent, parce que cette année, ils sont inscrits dans deux universités différentes ! Evan est craquant, plutôt intelligent et constamment terrifié par la vie – et les filles en particulier. De son côté, Seth parle trop, ne tient pas en place et s’intéresse vraiment beaucoup à tous les aspects de la reproduction humaine… Pour ces deux-là, il est temps d’affronter l’existence, les filles et leur destin, mais pour cela, ils doivent d’abord survivre à cette nuit fatidique, leur première nuit, celle qui vous excite, vous terrifie et dont vous vous souviendrez toute votre vie ! (Allociné)

Il y a souvent 2 films dans les meilleures comédies contemporaines, qui à la fois dialoguent et pourraient faire l’objet de 2 films séparés. C’est un schéma somme toute assez classique (celui de l’arc narratif principal et de l’arc narratif secondaire) mais il est souvent utilisé par Judd Apatow et ses acolytes.

Dans 40 ans toujours puceau, il y a tout ce qui tourne autour du magasin et de ses employés (interprétés par Seth Rogen, Paul Rudd etc) dont Steve Carrell, le héros du film, fait partie. Et il y a sa propre histoire à lui, à partir du moment où il rencontre Catherine Keener. Dans Mes meilleures amies, il y  a d’un côté la préparation du mariage, et de l’autre l’histoire naissante entre Kristen Wiig et Chris O’Dowd. Dans le génial Sans Sarah, rien ne va ! (qui a longtemps fait partie de mon top et que j’ai éjecté in extremis faute de « place »), il y a d’un côté tout ce qui a trait aux vacances et à la vie de l’hôtel hawaiien dans lequel se rend Jason Segel, le héros, (Paul Rudd, encore lui, en prof de surf complètement débile, Jonah Hill en serveur intrusif, le couple de jeunes mariés etc), et de l’autre la trajectoire de Jason Segel à proprement parler (le deuil de son couple avec Kirsten Bell, la naissance de son histoire avec Mila Kunis).

Dans SuperGrave, Superbad en vo (pas mal le titre français, c’est suffisamment rare pour une comédie américaine pour être signalé), on a pas vraiment le même schéma : le film est vraiment centré sur la relation des 2 héros, Mac Lovin/Christopher Mintz-Plasse interprètant le classique sidekick. Et pourtant on a, de fait, pendant une bonne moitié du film, 2 arcs narratifs quasiment indépendants l’un de l’autre, quasiment 2 films séparés en vérité: Seth/Jonah Hill et Evan/Michael Cera d’un côté, Mac Lovin de l’autre. Ils se retrouvent bien à un moment pendant leur folle nuit mais seront à nouveau séparés, jusqu’à la fin. Et ça mine de rien c’est un parti pris fort et un choix de scénario assez risqué. Ca demande une intelligence d’écriture et une science du montage remarquables pour arriver à les gérer et à donner une cohérence à l’ensemble.

Bon, ça n’est qu’une des nombreuses qualités de ce film absolument génial, celle qui m’a sauté aux yeux lors de mon dernier visionnage. SuperGrave, c’est LA comédie définitive sur l’adolescence et l’adieu à l’enfance, traduit à l’écran par cette géniale idée de mise en scène (la caméra embarquée avec Jonah Hill sur l’escalator qui descend et fait petit à petit disparaître l’image de Michael Cera). Ca honnêtement, c’est du même niveau que le bruit du train à la fin de Pet Sounds, c’est aussi juste et poignant…

Seth Rogen et son binôme Evan Goldberg, co-auteurs du scénario, ont évidemment beaucoup mis de leur propre relation et de leurs propres souvenirs dans ce film (les 2 héros se prénomment Seth et Evan faut-il le rappeler), c’est leur création la plus personnelle et la plus aboutie. Mais il faut aussi saluer le travail du subtil Greg Mottola , réalisateur par ailleurs du très mélancolique Adventureland, autre teenage film remarquable, et du chouette Paul avec Simon Pegg et Nick Frost, qui a su traduire leurs partis-pris (les 2 films séparés dont je parlais plus haut) et trouver de brillantes idées de mise en scène (l’escalator).

Même si le film est absolument culte et désormais reconnu comme une réussite majeure de la neo-comédie, je suis sûr que vous êtes encore nombreux à vous arrêter à cette vilaine tag line « On veut du cul ! » sur l’affiche.
C’est dommage car même si elle n’est pas complètement erronée (les héros veulent bien du cul au cours de l’une de leurs dernières soirées de lycéens), elle est réductrice: encore une fois, SuperGrave est l’un des plus beaux films qui soient sur l’amitié et le passage à l’âge adulte. Un film intelligent qui contourne les clichés du teen movie, notamment ceux de la sacro-sainte scène de la première fois, à la quelle il se confronte non pas une mais deux fois, de manière totalement différente dans les deux cas, mais avec la même honnêteté et sensibilité.

Avec, comme dans Les beaux gosses, des adolescents qui ressemblent à de vrais adolescents : capables de parler de cul de manière totalement désinhibée en public (la géniale scène du supermarché au début), absolument terrifiés, au sens propre, lorsqu’ils sont confrontés à l’objet de leur obsession ainsi qu’au monde des adultes (la fête dans laquelle Seth et Evan se retrouvent).
Accessoirement, s’il ne fallait en garder qu’une (comédie), ça serait peut-être celle-là…

Sausage Party – critique

Une petite saucisse s’embarque dans une dangereuse quête pour découvrir les origines de son existence…(Allociné)

C’est pas tant pour « découvrir les origines de son existence » que sa finalité. Détail.

Jusqu’à la semaine dernière, ce film était attendu en tant que nouveau projet du duo Seth RogenEvan Goldberg (Supergrave, Le Frelon vert, This Is the End etc etc) réunissant la fine fleur de la comédie américaine contemporaine : Rogen lui-même, Kristen Wiig, James FrancoBill Hader, Jonah Hill, Danny McBride, Paul Rudd, Michael Cera, Nick Kroll (de la série The League, dans laquelle Seth Rogen tient un petit rôle récurrent). Costaud. Avec en prime et en ce qui concerne les extérieurs-à-cette-grande-famille Salma Hayek et Edward Norton par exemple. C’était la promesse à la fois d’un projet différent pour toute cette dream team, puisque Sausage Party est un film d’animation, et d’un film d’animation différent, puisque très clairement destiné aux adultes. En France, il est d’ailleurs interdit aux moins de 12 ans.

sausageparty5

Et c’est là que cette histoire prend elle aussi une tournure différente puisque les dégénérés de la Manif pour tous ont fait de Sausage Party leur nouvelle cible : ils se sont mis en tête de lui faire retirer son visa d’exploitation (via l’association Promouvoir), après La Vie d’Adèle ou Antichrist de Lars Von Trier par exemple.

On voit bien ce qui peut défriser ces abrutis : c’est grossier (très), délirant (très), on voit de la drogue (ça va plus loin que ça encore mais je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler), c’est même sans doute pornographique selon leur grille de lecture.
Ce qu’ils sont trop débiles et coincés pour comprendre évidemment, c’est que le film (qui ne plaira pas à tout le monde, c’est sûr, mais là n’est pas la question) n’est pas simplement une pochade hénaurme et iconoclaste : il diffuse en parallèle un joli message de tolérance, il plaide pour la différence, la jouissance sans entraves, sans l’entrave de croyances infondées surtout (et je passe sur le message anti-consumériste). Et ça évidemment, ça les fait chier. En plus de voir un champignon sucer une betterave (littéralement) ou une saucisse prendre simultanément un bun (enfin, « une » bun, puisqu’il est doublé par Kristen Wiig) et un pain pita je veux dire. Littéralement là aussi.

C’est donc un film à voir en connaissance de cause (pour adultes effectivement), que je conseille vivement aux fans de la neo-comédie américaine, tendance team Apatow, puisqu’il est très drôle en plus d’être malin.
D’ailleurs, c’est drôle là aussi, le film (qui est sorti aux Etats-Unis en août dernier) anticipe avec plusieurs mois d’avance, et en le disant quasiment mot pour mot, la « morale » qui est ressortie de l’échec des Démocrates et de l’élection de Donald Trump, à savoir qu’il ne suffit pas de répéter avec virulence à ses opposants qu’ils ont tort voire qu’ils sont idiots : il faut proposer une alternative « positive », générer de l’espoir. C’est la conclusion à laquelle parvient le héros du film. Une saucisse donc. Créée par des keumiques. Qui ont compris ce qu’Hillary Clinton et son armée de communicants sur-diplômés ont pas été foutus de comprendre.

La session de rattrapage 6

Je continue mon petit récap de quelques « vieux » films (ie non 2015) vus ou revus ces derniers mois.

Papa Was Not a Rolling Stone

papa-was-not-a-rolling-stone
Bon ben c’est pas fameux… Une chronique de la vie en cité dans les années 80, mélange improbable de Tout ce qui brille (duo de filles et désirs d’évasion), Stars 80 (nostalgie des tubes français des années 80, notamment Goldman) et humour early-Jamel Debbouze (j’en peux plus de ce comique langagier nom de Dieu). Starring Aure Atika, Marc Lavoine et Sylvie Testud. Cameo de Monsieur Kamel Ouali. Faut-il que je développe davantage ? J’ai fait la vaisselle pendant la dernière demie-heure.

Mes meilleurs copains

Photo chopée sur le site de la revue Challenges, c'est génial.
Photo chopée sur le site de la revue Challenges, c’est génial.

Revu ce désormais classique de la comédie française. « Désormais » car il me semble que le film n’avait pas très bien marché à sa sortie et qu’il a conquis son public sur le tard, à la faveur des diffusions télé. Il s’agit de la dernière vraie réussite du duo PoiréClavier : après ça ils feront L’Opération Corned-Beef et les Visiteurs et ça sera plus jamais pareil.
Mes meilleurs copains fait figure de solde de tout compte : il se base notoirement sur les souvenirs et la propre expérience de Jean-Marie Poiré en tant que musicien au début des années 70. Nostalgique et vachard à la fois, lucide donc et en tout cas jamais passéiste, il constitue à ce titre un exemple assez unique en France, ce pays où plus qu’ailleurs semble-t-il, « c’était mieux avant ».
Il constitue aussi, pour la troupe du Splendid, une tentative de renouvellement dont on peut regretter qu’elle n’ait pas été prolongée : exit Lhermitte et (quasiment) Marie-Anne Chazel, place à des nouveaux (Gérard Lanvin, Philippe Khorsand, Jean-Pierre Bacri).
C’est enfin une des comédies françaises que je connais le mieux, avec des répliques qui peuvent sortir n’importe quand, n’importe comment : « Libérez Billy the Kid », « Quoi, tu dînes pas avec Nanette?? Putain, ça craint! », « J’vais m’faire un grand jus avec ces super fruits », « Mais pas du tout enfin, le type est roux! ». Inépuisable.

Wet Hot American Summer

screen-shot-2015-01-10-at-12-39-55-pm
J’ai voulu voir le film original avant d’enchaîner avec la série Netflix sortie cet été (dont je parlerai sans doute pas donc juste dire qu’elle est super).
Complètement inconnu en France, il a acquis aux Etats-Unis et au fil des années une telle aura que certains le considèrent comme précurseur des comédies sorties ces 10 dernières années. Il a en tout cas mis le pied à l’étrier ou sous les feux des projecteurs un grand nombre d’actrices et acteurs devenus célèbres ces dernières années : Christopher Meloni, Paul Rudd, Amy Poehler, Bradley Cooper, Elizabeth Banks pour n’en citer que quelques uns. David Wain, son réalisateur, a quant à lui signé les très plaisants Les grands frères et Peace, Love et plus si affinités.
On voit bien ce qui a tant pu séduire le public américain et certains critiques : totalement en roue libre (à la fois délibérément et faute d’un budget décent), Wet Hot American Summer fait le lien entre l’humour absurde des comédies ZAZ (les Y a-t-il..?) et l’école Apatow qui allait s’affirmer au milieu de la décennie (trash + grande humanité, pour faire court). Un registre humoristique à la fois absurde, burlesque, complètement navrant et très fin à la fois, (très fin parce que complètement navrant), d’une grande tendresse pour tous ses personnages. Très plaisant donc même s’il serait très exagéré de classer le film dans les indispensables du genre.

22 Jump Street

22-jump-street
J’ai déjà eu envie de revoir ce fleuron de ce que j’ai envie de considérer comme de la post-neo-comédie (ça devient compliqué là) tellement ça va vite, loin et fort. Vraiment génial.

Le Loup de Wall Street

le_loup_de_wall_street
Je vais pas m’appesantir, tout a été dit. Grand film, grand Scorsese, qui prend tout le monde à contre-pied en ne complétant pas le dyptique Les Affranchis / Casino par un 3ème film sur la mafia à proprement parler mais de manière détournée, en désignant sans ambiguïté les vrais gangsters et salopards de l’Amérique et du monde moderne. A la fois extrêmement drôle et effrayant (ce dernier plan, écho à celui de l’arrivée des clients à la fin de Casino), il est évidemment et malheureusement plus que jamais d’actualité. A montrer dans toutes les écoles de commerce à tous les petits cons apprentis gros enculays.

Top 10 cinéma 2014

Je préfère te prévenir même si tu le remarqueras très bien tout seul : ça sent la fatigue.

10. A most wanted man

Je lui préfère The American, précédent film d’Anton Corbjin également adapté d’un roman de John le Carré, pour son caractère plus intimiste voire minimaliste, pour le côté « italiano » du film, pour les Abruzzes, pour Clooney. Et bien sûr pour la sublime Violante « bonjour madame » Placido. A Most Wanted Man est un film plus « global », plus « mondialisé », plus manifestement ambitieux : son propos est de tenter de cerner en quoi, pour les services d’espionnage des plus grandes puissances occidentales, le 11 septembre 2001 a irrémédiablement changé la donne. Il le fait de très belle manière, très élégante, sans maniérisme ni manichéisme, avec beaucoup de justesse, d’intelligence et d’à propos. Corbijn choisit encore un cadre inhabituel et relativement peu utilisé au cinéma auparavant, la ville de Hambourg, après le petit village de Castelvecchio dans les Abruzzes donc. Et une nouvelle fois, il choisit d’aborder son histoire, aussi potentiellement lourde et ambitieuse soit-elle, sous l’angle de l’histoire d’un homme, seul, de son caractère trop humain justement et de son drame personnel. Que ce personnage soit interprété pour sa dernière apparition à l’écran il me semble, par l’excellent et regretté Philip Seymour Hoffman, le rend bien évidemment encore plus émouvant.

RIP
RIP


9. Wrong cops

Il s’agit a priori d’une « récréation » pour Quentin Dupieux, avant son gros projet, Reality, sur lequel il bosse depuis plusieurs années il me semble. Il s’agit également d’un retour à la « comédie » pure après la tentative meta complètement foirée (détestable même) de Rubber. Et c’est peu dire que c’est jubilatoire : des petits films comme ça, supposément bâclés, tournés à la va-vite, on en redemande. De la part de Quentin Dupieux hein, pas Luc Besson. Super bo aussi, évidemment, genre de best of de Mr Oizo : ses disques, toujours passionnants, sont parfois à la limite du supportable (pour moi en tout cas); celui-ci est irrésistible et fait figure de porte d’entrée idéale.

Marylin Manson joue très bien la comédie.
Marylin Manson joue très bien la comédie.


8. Une nouvelle amie

Bénéficie peut-être de l’atout fraîcheur puisqu’il est sorti en fin d’année mais non, je crois pas : c’est un très JF (Joli Film), un excellent FF (Film Français, tourné à l’étranger de surcroît, en l’occurrence au Canada) et un film QFA (Qualité Française Auteuriste) exemplaire. Le grand chelem. Pas sûr que ce soit un FT en revanche (Film Télérama), je parie qu’ils ont trouvé ça trop kitsch ou trop populaire. J’en parle succinctement ici. Accessoirement, il s’agit du 3ème film featuring Anaïs Demoustier, définitivement le Petit Chou Grande Remise 2014.

Ils sont censés avoir le même âge, c'est quand même un peu gros.
Ils sont censés avoir le même âge, c’est quand même un peu gros.


7. La planète des singes : l’affrontement

Le blockbuster de l’année, tout simplement : spectaculaire et intelligent à la fois, il divertit et fait réfléchir, impressionne et questionne dans un même élan. Techniquement, c’est assez incroyable même si c’est évidemment accessoire : j’ignore si le choix de n’utiliser que des acteurs relativement  peu connus ou « modestes » (le plus célèbre étant Gary Oldman, pas vraiment une superstar hollywoodienne) relève d’un choix purement artistique et/ou économique mais il permet de laisser la vedette aux singes, beaux, émouvants, effrayants, sauvages, humains, bien sûr. Sur le fond, ce que dit le film sur la nature humaine, le pouvoir et son exercice, loin de tout manichéisme, angélisme ou à l’inverse cynisme, simplement avec lucidité et peut-être un certain fatalisme, me semble passionnant.

Un homme, un vrai.
Un homme, un vrai.


6. Gaby Baby Doll

J’ai revu les Coquillettes et j’en suis toujours aussi fan. Gaby Baby Doll, « vrai » film en comparaison (au sens de « plus traditionnel »), perd sans doute en spontanéité et punkitude ce qu’il gagne en ampleur, profondeur et émotion. Mais la manière dont il le gagne est absolument magnifique : il s’agit ni plus ni moins d’une réinvention du conte de fées traditionnel avec cette fois un prince éploré et une princesse charmante. Doucement subversif donc, drôle et émouvant. Très émouvant même.

J'aimerais bien savoir s'il s'agit d'une vraie ou d'une fausse barbe
J’aimerais bien savoir s’il s’agit d’une vraie ou d’une fausse barbe


5. 22 Jump Street

Bon, ça c’est moins émouvant, c’est sûr. Mais quel pied putain… Ces 2 mecs (Phil Lord et Chris Miller) sont vraiment très brillants… C’est eux qui ont réalisé La Grande Aventure Lego aussi cette année, mince ! Costauds les mecs… Si le 1er (Lego movie donc) repose sur une connaissance et une utilisation sans faille de la culture pop la plus pointue et fédératrice à la fois, sans une once de démagogie ni de putasserie, celui-ci fonctionne sur une connaissance et une utilisation sans faille… du 1er volet (21 Jump Street donc), dont il est, au plan près, le remake absolument conscient, délibéré et constamment amusé. Aussi brillant au premier qu’au second degré, le film met également, et à nouveau, en lumière, l’incroyable alchimie entre Jonah Hill, pilier de la neo-comédie US, et Channing Tatum, ex-pilier des Chippendales. Y a une espèce d’osmose improbable entre les 2, assortie d’une émulation, et d’une complicité évidemment, évidentes, qui fait tout bêtement plaisir à voir.

22-Jump-Street-Hill-Tatum
Fucking geniuses


4. Jacky au royaume des filles

J’en parle ici. J’en profite pour signaler que cette année, Riad Sattouf a également publié un nouvel ouvrage, L’Arabe du Futur (ce titre, déjà), absolument génial et indispensable. Cette BD, très différente de ce film, associée à lui, donne l’impression qu’il est en train d’atteindre une sorte de plénitude artistique et surtout, qu’il a encore beaucoup de films et livres grandioses, et différents les uns des autres, en lui. Enfin, j’en sais rien, peut-être que j’interprète complètement mais en tout cas j’ai hâte de découvrir ce qu’il nous réserve pour la suite, quel que soit le support.

L'instant Sopalin
Instant Sopalin


3. Tonnerre

Ici. Très envie de le revoir, ce qui est en général très bon signe. Vincent Macaigne, sorte de Patrick Dewaere de la génération Y (dans ce film en tout cas), y atteint de nouveaux sommets.

Comment ne pas aimer ce mec ?
Comment ne pas aimer ce mec ?


2. Dumb and Dumber De

Je me souviens très bien du jour où j’ai vu pour la 1ère fois Le Mépris. Peau d’Âne, Mulholland Drive aussi. Sueurs Froides, Le bon, la brute et le truand, 2001 l’odyssée de l’espace, Les Moissons du Ciel. Et Dumb and Dumber : un samedi matin, réveillé beaucoup trop tôt à mon goût de ma nuit d’étudiant glandeur et donc déjà posté à 9h du matin devant Canal Plus, en quête d’un film devant lequel prendre mon petit-déjeuner. Et là : Le Mépris. Peau d’Âne. Mulholland Drive, Sueurs Froides, Le bon, la brute et le truand, 2001 l’odyssée de l’espace, Les Moissons du Ciel. Pas moins. Une révélation. Une épiphanie. « Ah mais on peut faire ce genre de films? Avec cet humour là? ». Je m’en suis pas remis : TOUTE la comédie que j’aime aujourd’hui, et tu commences à savoir à quel point j’aime la comédie, vient de là.
Alors très exactement 20 ans après, quoi ? La joie, immense, à l’annonce de la mise en chantier de ce 2ème volet des aventures d’Harry et Lloyd, suivie aussitôt de la crainte évidemment : est-ce qu’ils (les Farrelly, Jim Carrey, Jeff Daniels) sont pas trop vieux maintenant ? Est-ce que cet humour n’a pas été enterré par sa géniale progéniture (la galaxie Apatow) ? Est-ce qu’ils ne vont pas jouer que sur la nostalgie du 1er volet ? Réponse, dans l’ordre : non, non et non. Dumb and Dumber De est tout simplement miraculeux : comme si le projet avait bénéficié d’un alignement de planètes, d’un état de grâce, d’une conjonction optimale d’ondes positives. Je n’en dirai pas plus : j’ai envie de citer 50 gags/répliques mais je n’en ferai rien pour ne rien dévoiler. Simplement, et c’était ma plus grosse crainte, les gags les plus débiles sont vraiment débiles (et drôles), les gags les plus élaborés sont vraiment génialement élaborés (et drôles), les gags les plus trash sont vraiment trash (et drôles), les clins d’oeil au 1er volet, à la fois parcimonieux et jubilatoires, en nombre pile poil suffisant, toujours traités de la plus belle des manières (le coup de la fourgonette-chien nom de Dieu MAIS QUELS PUTAINS DE GENIES). L’émotion, réelle, à la fois orchestrée et pudique, en prime. Émotion de retrouver ces 2 couillons ultimes 20 ans après, émotion de revoir les Farrelly au meilleur de leur forme, émotion de constater avec quel talent et quelle intelligence ils ont traité ce projet sacrément casse-gueule, émotion d’une histoire plus « profonde » qu’il n’y parait (le bonus par rapport au 1er volet) qui ne touchera donc pas uniquement les fans de la 1ère heure. Jim Carrey, totalement déchaîné, (re)trouve là son meilleur rôle depuis un bail. Jeff Daniels, plus en retrait, est génial lui aussi. Peter et Bobby Farrelly, merci, merci, merci. AESD ❤

Toutes les scènes sur la route sont absolument gé-nia-les
Toutes les scènes sur la route sont absolument gé-nia-les


1. The Grand Budapest Hotel

Eh oui, je suis prévisible. Mais j’ai d’autant plus envie d’aimer et défendre ce film qu’il n’a pas fait l’unanimité. En effet, pour beaucoup, de plus en plus nombreux, Wes Anderson ferait TOUJOURS le même film et ça commencerait à bien faire justement. Attention, gros scoop : la réponse est oui, il fait toujours le même film. Dingue. Comme Brian de Palma (pour prendre un exemple contrastant à l’extrême) ou comme les High Llamas, qui eux enregistrent toujours le même disque (pour prendre un exemple un peu plus approprié). Mais comme toujours, ceux qui savent, savent. Qu’il s’agit là de son film le plus raffiné, le plus élégant, le plus précieux. Mon Dieu quelle merveille. Cet homme, Wes Anderson, possède un goût absolument infaillible (et je m’y connais). Non mais quelle élégance encore récemment pour la cérémonie des Golden Globes ! Musique, costumes, décors, accessoires, dialogues : c’est toujours absolument délicieux et c’est l’épitomé du style Grande remise si tant est qu’il y en ait un (enfin, I wish…). Et cette préciosité, ce raffinement, ce souci du détail, n’ont jamais été aussi justifiés qu’ici, dans cette magnifique histoire de transmission (comme TOUJOURS chez lui, oui, tout à fait) et ce manifeste sincère et désabusé à la fois pour un monde plus beau. Dire des choses aussi profondes, aussi essentielles et les dire avec une telle élégance, une telle pudeur, m’a, une nouvelle fois, bouleversé.
« To be frank, I think his world had vanished long before he ever entered it – but, I will say: he certainly sustained the illusion with a marvelous grace ».

C’est la fin – This is the end – critique

Une fois n’est pas coutume je ne parlerai pas de 2 films que je n’ai pas aimés et pourtant vus ce weekend (Machete Kills et La vie d’Adèle), pour m’attarder sur celui qui m’a réellement enthousiasmé.

Bon allez, quelques mots puisque t’insistes: dans le 1er, Rodriguez s’est « vendu » en quelque sorte, gonflant artificiellement son budget et son intrigue mais retombant irrémédiablement à plat alors que le premier volet charmait parce qu’il collait justement avec candeur et sincérité à une esthétique série Z absolument réjouissante. Un film grindhouse, ça marche quand c’est un vrai film grindhouse : le gonfler aux hormones n’a pas de sens.
Et le 2ème, quoique « bon », m’a déçu car pour la 1ère fois, j’ai trouvé Kechiche caricatural, maîtrisant mal son sujet (les discussions sur et la description du monde de l’art: au secours) et surtout ne faisant reposer son film que sur des ressorts empathiques forcément subjectifs (pas que j’en ai rien à foutre d’Adèle au final mais pas loin…).

Allez, C’est la finThis is the end.

This-Is-The-EndInvités à une fête chez James Franco, Seth Rogen, Jonah Hill et leurs amis sont témoins de l’Apocalypse. (Allociné.fr)

Si tu me connais un peu et/ou si tu suis un peu Grande remise, tu sais que ce film là fait nécessairement partie de mes 2 films les plus attendus cette année (le second étant bien sûr Anchorman 2).

J’ai adoré et trouvé que c’était un film non seulement extrêmement drôle (c’est ce qu’on lui demande avant tout) mais également très intéressant d’un point de vue « théorique ».

Sa seule limite à mon avis: difficile d’en profiter pleinement si on n’est pas vraiment familier du travail des 6 principaux protagonistes. C’est pas du domaine de la private joke (même s’il y en a certainement énormément mais, par définition, impossible de les repérer) mais qui n’a pas vu Pineapple Express, Eastbound and Down, Votre majesté, Trop belle! etc etc (vais pas tous les citer) aura du mal, sinon à adhérer, en tout cas à profiter pleinement des nombreuses auto-références.

1ère bonne idée: laisser autant de place à Jay Baruchel (le petit maigrichon) et Craig Robinson (le gros black). Moins connus que leurs désormais illustres collègues de rigoulade, ils ne sont pas moins talentueux et ça fait très plaisir qu’il leur soit enfin octroyé des rôles aussi conséquents dans un film de ce type.

2ème bonne idée: c’est VRAIMENT l’Apocalypse. La fin du monde quoi. La toute première partie est absolument hilarante: c’est la mégateuf chez James Franco et tout le monde joue de son image avec un plaisir non dissimulé. Rhianna fait la gueule et fout une baffe à un Michael Cera le nez dans la poudreuse, Emma Watson et Craig Robinson traitent Jay Baruchel de hipster (« You do seem to hate a lot of things and the bottom of your pants are awfully tight »), James Franco s’enlise dans son amour pour l’art contemporain (et pour Seth Rogen…) etc. Tout ça est extrêmement drôle mais ça ne dure qu’un gros quart d’heure : Rogen et son compère d’écriture/réalisation Evan Goldberg sont trop malins pour ignorer qu’ils ne peuvent pas faire reposer leur film uniquement là-dessus. Donc, Apocalypse. Qui fournit dès lors des ressorts comiques extérieurs à l’auto-dérision et à l’auto-référence et devient source de tensions dramatiques, de rebondissements  intéressants. Ca crée un scénario, tout simplement.

Pour le reste: on peut souvent lire que le film est complaisant, prétentieux, qu’il se limite à un « délire de potes » auto-satisfaits et égocentriques (déjà l’emploi du mot « délire » est passible de poursuites graves sur Grande remise, il faut le savoir). C’est tout le contraire justement : comme indiqué un peu plus haut, 2 des 3 rôles principaux sont tenus par les moins connus de la bande. Suis peut-être un peu de parti pris mais je trouve que c’est généreux.
Ensuite, et surtout, parce que les acteurs, jouant donc leur propre rôle ou plutôt leur caricature, une vision distordue d’eux-mêmes (distordue par leur propre regard amusé sans doute, par celui que nous avons sur eux très certainement aussi), ne se contentent pas de jouer la carte de l’auto-dérision: à mi-parcours, lorsque la « situation » se révèle vraiment critique (c’est VRAIMENT l’Apocalypse je te dis), les vannes et dialogues se font de plus en plus trash et les masques tombent, révélant des types d’une lâcheté, d’une bassesse, d’une méchanceté, assez effrayantes. Le malaise n’est pas loin : il ne s’agit plus seulement de « jouer avec son image » comme on a coutume de dire, on frise carrément le masochisme. James Franco est l’artiste de la bande mais il est superficiel et surtout, totalement débile; Jonah Hill fait preuve d’une obséquiosité exacerbée plus que suspecte, Danny McBride est 1000 fois plus veule, vicieux et crade que son doppelganger Kenny Powers etc.

C’est la fin, c’est aussi la fin d’une époque probablement. La suite nous le dira. Mais il serait étonnant qu’après un tel acte à la fois célébratoire et, quasiment, suicidaire, la petite bande continue ensemble et dans ce même registre. Là encore, Rogen et Goldberg poussent le « film de potes » dans ses derniers retranchements, littéralement à son point de non-retour. Et ils le font, attention, signe fort, pour la première fois sans leur mentor Judd Apatow. C’est la fin (ou This is the end, qui sonne comme une réponse au This is 40 d’Apatow) a vraiment des allures de solde de tout compte et adopte la politique de la terre brûle: c’est l’Apocalypse dehors et dedans. Après ça, il va falloir reconstruire. D’ailleurs dans la toute première scène du film, Rogen se fait interpeler par un passant sur le mode « Hey Seth Rogen! Alors tu vas encore jouer le même rôle ou tu vas enfin devenir acteur? ». Difficile de faire plus explicite. Il serait en tout cas extrêmement étonnant que tout ce petit monde continue sur le même mode, comme si ce film n’avait pas existé.

C’est enfin, comme toujours dans la neo-comédie US, un film d’une extrême générosité, totalement dénué de cynisme: oui c’est très cruel, non le malaise n’est jamais très loin mais C’est la fin, quasiment un remake de Supergrave finalement, est avant tout une célébration de la camaraderie et de l’amitié. Et quand ils s’agit de célébrer, les mecs savent y faire. Donc: final en apothéose, super premier degré, super mignon.

Je suis sorti de là galvanisé, me remémorant les répliques et situations les plus drôles, avec aussitôt l’envie de les revoir; l’envie aussi d’être avec les gens que j’aime, de rire et d’être bon avec eux. La neo-comédie US a fait de la générosité une véritable profession de foi et This is the end, film-testament du genre peut-être, ne déroge pas à la règle.
Merci les gars, du fond du cœur et à très vite j’espère, où que ce soit.

La session de rattrapage

Des films que je voulais voir depuis longtemps ou qui m’ont fait de l’oeil au video-club pendant que je cherchais des films que je voulais voir depuis longtemps.
Oui, je sais ce que tu penses: je loue des DVDs. C’est comme ça. Je suis trop flemmard pour paramétrer mes appareils afin de regarder sur ma TV ce que j’ai téléch acheté en ligne et les DVDs que j’achète… bah certains sont dans leur emballage depuis plus de 2 ans. C’est idiot mais c’est comme ça j’te dis.

Voici donc ce que j’ai regardé dernièrement :

Une soirée d’enfer – Take Me Home Tonight

une soirée d'enfer-take me home tonight
Genre de mix entre Une nuit au Roxbury (pour la bo et l’ambiance nostalgiques), Supergrave (pour la romance, le duo grande gueule/geek, gros/maigre) et les comédies de John Hughes. Mais ça ne fonctionne pas vraiment. On dit parfois à propos d’un joueur décevant au cours d’un match qu’il a « joué avec le frein à main » pour signifier qu’il était comme bridé, qu’il n’a pas réussi à se lâcher. C’est très exactement le sentiment que ce film m’a laissé : la fête n’est pas assez folle, la romance n’est pas assez émouvante, les gags ne sont pas assez drôles etc. Ca se regarde gentiment ceci dit (parce que je suis trop bon public pour ce genre de films) mais c’est très mineur et dispensable.

21 Jump Street

21-Jump-Street-2012-Jonah-Hill-Channing-Tatum
Alors là oui ! C’est d’autant plus chouette que si le film se place évidemment d’emblée dans la lignée de la meilleure néo-comédie US, il arrive également à trouver sa petite musique à lui, avec un recul et un second degré permanents dont on avait un peu perdu l’habitude. On est presque dans de la post-néo-comédie. La présence au générique de Dave, le jeune frère de James Franco, est à ce titre révélatrice et symbolique. Jonah Hill est vraiment génial. On le savait mais putain, quel talent…

The Descendants

The-Descendants-george-clooney
Contre toute attente, j’ai beaucoup aimé, pour ne pas dire plus.

« Contre tout attente » parce que je n’apprécie pas beaucoup Alexander Payne, même si je lui reconnais un certain talent d’observateur de la classe moyenne quadra/quinqua. Mais pour moi il est une sorte de Coen bros sans le goût pour l’absurde ni le vertige métaphysique. Comprendre, au final, un type condescendant et assez désagréable qui se croit plus malin que tout et tout le monde, plus particulièrement ses personnages.
Ca démarre d’ailleurs comme je le craignais : il cadre ou coupe toujours ses plans de manière à ce que les protagonistes soient ridicules ou pathétiques. Et puis une scène en particulier (le dialogue en pleine nuit entre Clooney et le copain de sa fille) change la donne et fait basculer le film du côté du premier degré pur et de l’émotion. Il est ensuite étonnant de constater que Payne ne faiblit pas et que, sans jamais verser dans le sentimentalisme, il ose l’émotion. Mais non, il ne faiblit pas, jamais et tient son sujet jusqu’au bout. Ce personnage veuf cocufié n’est ainsi plus ridicule ou pathétique mais touchant.
Au final c’est, je pense, son meilleur film. Il m’a en tout cas beaucoup ému. Il m’a également rappelé que je souhaitais depuis longtemps m’initier à la musique traditionnelle hawaïenne : je m’y suis mis via la très belle bande originale et j’ai découvert des choses magnifiques dont je parlerai sans doute dans un autre billet.

The Big Year

the-big-year-owen-wilson-steve-martin-jack-black
Très joli film ayant pour héros 3 ornithologues lancés dans une big year, soit une année civile durant laquelle ils vont chacun tâcher de comptabiliser le plus d’espèces d’oiseaux différentes en parcourant les États-Unis en long, en large et en travers.
C’est très fin, très subtil, très élégant. Encore meilleur que le précédent film du réal, le très sous-estimé Marley et moi, qui sous une apparence de comédie bêbête (arf), disait déjà des choses très justes sur le couple, la famille, les frustrations qu’ils génèrent potentiellement, l’accomplissement personnel. Excellent film, vraiment.