#6 Les Beaux Gosses

19104712

Hervé, 14 ans, est un ado moyen. Débordé par ses pulsions, ingrat physiquement et moyennement malin, il vit seul avec sa mère.
Au collège, il s’en sort à peu près, entouré par ses bons copains.
Sortir avec une fille, voilà qui mobilise toute sa pensée. Hélas, dans ce domaine, il accumule râteau sur râteau, sans toutefois se démonter.
Un jour, sans très bien comprendre comment, il se retrouve dans la situation de plaire à Aurore, l’une des plus jolies filles de sa classe.
Malgré des avances de plus en plus évidentes, Hervé, un peu nigaud, ne se rend compte de rien.
Quand enfin il en prend conscience, Aurore refuse de sortir avec lui. Puis, sans prévenir, elle se jette dans ses bras.
Enfin, il sort avec une fille !
Grand amateur de branlettes et de films X, Camel, son meilleur ami, convainc Hervé d’essayer de coucher avec sa copine.
Devant son copain, Hervé se vante de sa virilité, mais quand il est avec Aurore, c’est une autre affaire… (Allocine)

Premier film français de mon top (spoiler : y a que des films américains et français) et un parfait représentant de ce regain de vitalité dans la comédie française dont je parlais dans mon premier billet.

Si le teen movie est ce genre américanissime qui paraît totalement inexportable, Les Beaux Gosses est la géniale exception qui confirme la règle : on parle souvent à son sujet de « Supergrave à la française » et c’est très juste. Les similitudes sont très nombreuses, sans qu’on puisse néanmoins jamais suspecter Sattouf de plagiat.

Car ce qui fait la véritable réussite du film, c’est le « à la française » : loin de vouloir singer les modèles états-uniens donc, Riad Sattouf a l’intelligence de ne garder pour point commun que le fond (les personnages d’ados, l’obsession pour le cul, le bouleversement provoqué par la première romance), la forme étant irrémédiablement made in province (le film a été tourné à Rennes). Ici les ados ne sont pas (tous) cools, pas (tous) beaux, pas (tous) dotés d’une brillante répartie et n’arborent pas tous les marques les plus voyantes de l’american way of life. Hervé, le héros, vit dans une HLM. Camel, son meilleur pote, utilise le catalogue de La Redoute comme support principal de ses fantasmes/branlettes etc. C’est indubitablement français mais ça reste en même temps suffisamment vague. C’est ce qui participe grandement à l’ancrage réaliste du film, et à son pouvoir d’identification : Les Beaux Gosses a été tourné à Rennes mais ça n’est jamais mentionné ni visible : les décors, en dehors du lycée, sont ceux d’une banlieue et d’une ville anonymes. De même, difficile de situer la période : on évoque 50 cents ok (et Jean-Luc Reichmann), mais quelle année exactement, on n’en sait rien. Tout est un peu délavé, un peu grisâtre, un peu glauque. Comme le monde vu à travers les yeux d’un ado, celui que nous voyions lorsque nous avions 15 ans, et ce qu’elle que soit l’époque et la région dans laquelle nous habitions, le monde des Beaux Gosses n’est pas très beau.

Rétrospectivement, on a l’impression que le succès du film à complètement galvanisé Riad Sattouf : il a ensuite réalisé le tout aussi génial Jacky au royaume des filles, dans un registre totalement différent, et il a également sorti les 2 sublimes premiers volumes de L’Arabe du Futur, son magnus opus, qui raconte son enfance et son double héritage culturel (la Bretagne de sa mère, la Syrie de son père). Le 3ème tome (il y en aura 5 en tout) sort d’ailleurs dans pile-poil un mois.

Pour en revenir au cinéma, c’est peu dire qu’après 2 premiers films aussi drôles, subversifs et réussis, j’attends la suite avec impatience.

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