Quarts de finale Ligue des Champions 2014-2015

Ils sont les meilleurs
Sie sind die Besten
These are the champions

Die Meister
Die Besten
Les grandes équipes
The champions

Je m’en lasse pas. Le morceau de musique classique préféré de Karim Benzema (true story).

En guise de préambule, si tu veux rigoler un bon coup et te foutre de ma gueule, tu peux jeter un oeil à ma nalyse pré 8èmes de finale. Grande remise, le blog numéro 1 sur les pronostics.

Atletico Madrid – Real Madrid

Comme ça va vite… Fin 2014, le Real était absolument intouchable, effrayant toute l’Europe du football. Certains évoquaient même la possibilité d’un contrat à vie pour Carlo Ancelotti… Aujourd’hui, après un terrible passage à vide en janvier-février (dû à l’absence, notamment, de la paire PepeRamos. Varane est super doué et prometteur mais va falloir se calmer, il n’est encore « que » prometteur, il lui reste beaucoup à apprendre), l’équipe semble en reconstruction et manque de confiance/repères. Le match à Barcelone a néanmoins montré de très belles choses (défaite très injuste) mais voilà, alors qu’on aborde le money time, tout semble à refaire ou presque. On évoque même un départ d’Ancelotti pour Manchester City… Quoiqu’il en soit, ça va un peu mieux : le retour en forme de Luka Modric, le Johan Guetta des Balkans, est essentiel. C’est LUI l’équilibre de l’équipe.
Côté Atletico en revanche, c’est d’une constance assez hallucinante : oh, ils se ratent bien sur un match ou 2 par-ci, par-là (comme ce weekend à Malaga d’ailleurs), mais une telle intensité, une telle envie et une telle qualité sur une 2ème saison d’affilée, c’est bluffant. Bravo à eux et à leur gourou, Diego Simeone, pour lequel les joueurs semblent prêts à tout sacrifier. C’est LA bête noire du Real sur les 2 dernières saisons, ils leur ont collé une danse monumentale début février (4-0, score flatteur pour le Real). J’ai peur. Très peur.

Paris Saint Germain – Barcelone

Oui, ça va vraiment très vite… Fin 2014, Luis Enrique était sur un siège éjectable. Aujourd’hui, l’attaque du Barca (Keen VHannibal Lecter-un expert comptable, pour mémoire) foutrait la trouille aux avocats de Sarkozy eux-mêmes, qui sont pourtant blindés.
Et le PSG… Bah, je me suis tellement planté en ce qui concerne leur confrontation face à Chelsea que je m’autorise plus aucune opinion. Ils m’ont fait vibrer ces cons !
Ceci étant, le match retour sera la 8ème confrontation entre les 2 équipes depuis 2 saisons, la 4ème celle-ci : les limites, déjà constatées évidemment, de cette formule « fermée » de la Champion’s League.

Juventus Turin – AS Monaco

Après l’élimination d’Arsenal, tous les observateurs s’accordent à donner de bonnes chances à cette belle équipe d’exilés fiscaux mais… Mais c’est oublier un peu vite que face aux londoniens, au match aller, les monégasques ont eu énormément de réussite, transformant 3 fois autant d’occasions, et ont serré très fort les fesses au match retour, faisant littéralement sous eux à chaque attaque des Wenger boys.
Et puis, même si Pogba est absent (il est si énorme que ça ce mec? Sérieux? J’attends pour ma part de le voir évoluer dans un vrai championnat l’année prochaine), c’est mettre de côté un peu vite que la Juve cette année c’est toujours Buffon, Pirlo, un Tevez en feu et un Morata en constante progression : le Real dispose d’une option de rachat « préférentielle » du joueur à l’issue de la saison prochaine. S’il continue sur sa lancée actuelle, il sera rapatrié à Bernabeu, ça fait pas un pli.
Belle confrontation en perspective en tout cas, avec un soutien inconditionnel de Grande remise pour la thune chelou contre la classe ouvrière. La base.

FC Porto – Bayern Munich

Non content d’avoir violé le Chakhtior Donetsk lors des 8èmes, le Bayern bénéficie du tirage dont tout le monde rêvait. Quelqu’un pour douter de leur passage en douceur ? Pas moi en tout cas : avec un Real en perte de vitesse et un Barca sans doute encore trop fragile défensivement, le Bayern est désormais LE favori de cette édition 2014-2015 de la Ligue des Champions. Je vois mal qui pourrait empêcher Xabi Alonso de soulever un 3ème trophée avec un 3ème club différent, même si ça me fait mal de l’admettre.

So Foot – Hors série Best of Tactique

L’achat du So Foot mensuel fait partie de mes petits plaisirs. « Grands », pour être totalement honnête. D’ailleurs je me suis toujours pas abonné après toutes ces années (je suis lecteur depuis le numéro 5) car je trouve plus jouissif d’aller l’acheter chez le buraliste que de le recevoir dans ma boîte aux lettres. Et le soir venu, se mettre au lit pour bouquiner le dernier So Foot, mmmmmmh, c’est bon ça.
Au-delà de cette évocation personnelle, je considère que ce magazine a révolutionné non seulement la presse sportive, mais la presse tout court comme ont pu le faire Les Inrockuptibles dans les années 90. J’ai hâte de découvrir leur magazine de société, So Ciety, prévu pour ce printemps.

Chaque fin d’année, So Foot sort un hors série qui, sous un angle thématique, compile mais également enrichit des articles/entrevues déjà parus.
Cet hiver, après le best of « Culture », « Supporters » ou « Faits divers » des années précédentes, on a donc droit à un spécial « Tactique ». Or, si l’on vante souvent, et à juste titre, le « style » So Foot, à la fois pointu et déconnant, passionné et ironique, avec des sujets sur des joueurs un peu looseux, marginaux ou complétement tarés, avec des coming out footballistiques de cultureux justement, c’est lorsque le magazine s’est consacré au jeu lui-même, en s’intéressant à ses principaux théoriciens, qu’il a réellement laissé son empreinte selon moi.
Ainsi, les entretiens avec Coco Suaudeau, Arrigo Sacchi, Jorge Valdano… ou, à l’autre bout de l’échelle, Raymond Domenech, quel pied bordel ! Ah Raymond… Qui nous explique quel joueur de tête phénoménal peut être… Sydney Govou, et qui insiste, catégorique, sur le fait que seule la volonté sépare Jérémy Toulalan de… Xabi Alonso. On retrouve bien entendu ici ces entretiens in extenso, souvent agrémentés de nouvelles photos et de leurs désormais quasiment mythiques légendes rigolotes.

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Parmi les « inédits » de ce best of, quelques extraits de causerie d’avant-match : celle, très dispensable puisque tout le monde la connait par cœur, d’Aimé Jacquet pendant la coupe du monde 98 (celle où il demande à Pirès de « muscler son jeu »), celle de Luis Aragones avant la finale de l’Euro 2008 où il suggère à ses joueurs de faire dégoupiller Schweinteinsger (qui ne prendra même pas un jaune au final), celle, superbe, de Guardiola avant le ArsenalBayern Munich de l’an dernier (2-0 pour les würste).

Et puis il y a celle, totalement hallucinante, de Mourinho avant le BarcaReal de la demi-finale retour de ligue des champions 2011. M’en suis toujours pas remis et je ne résiste pas à l’envie de la retranscrire ici. Pour rappel, le Real a perdu le mach aller 2-0 à Bernabeu :

« On va faire un match tranquille. On va les attendre. Il faut défendre près de la surface et maintenir notre bloc très bas pour faire un 0-0. En finissant le match sur ce score là, on pourra accuser les arbitres d’avoir fait basculer la qualification lors du match aller… A Barcelone, nous avons trois options : il y en a deux qui sont impossibles et une seule qui est possible. L’option possible c’est que nous soyons éliminés sur un score serré. L’une des deux options impossibles serait que l’on encaisse une avalanche de buts. C’est quelque chose qu’il faut éviter à tout prix si on veut rejeter la faute sur les arbitres. Il ne faut pas que ça arrive. l’autre option impossible, c’est la qualification. Il faut qu’on essaie de préserver un 0-0 mais si d’aventure on se qualifiait, ça serait parfait. »

(Ah ben ouais, ça serait pas mal ouais. « Si d’aventure ». NON MAIS J’HALLUCINE. Pardon, je te laisse lire tranquille. Mais putain c’est incroyable ce truc).

« Il faut qu’on finisse le match avec le score le plus serré possible afin de rejeter la faute sur les arbitres : c’est notre priorité. Un 2-1, un 1-0, un nul me vont, pour que je puisse dire que les arbitres nous ont volé au Bernabeu. Le Real Madrid a engagé les meilleurs avocats du monde. Je sais de source sûre qu’après les demi-finales, Alves va prendre deux matches de suspension à cause de tout son théâtre et que Busquets va en prendre cinq pour racisme. Et le grand Pep… Il se croit très grand celui-là… Bah il va prendre deux matches de suspension. Peut-être même qu’il va en prendre trois, juste parce que c’est le chef d’une troupe de théâtre. Je peux vous l’assurer. C’est pour cela qu’il faut réussir à finir le match sur un score serré. Si c’est le cas, j’irai en conférence de presse pour dire que nous avons perdu la qualif au Bernabeu. Tous les medias seront avec moi et véhiculeront l’idée qu’on s’est fait voler. En revanche, s’ils nous mettent une correction, on sera la risée du football mondial parce que le lendemain toute la presse dira : « Où sont les arbitres Mourinho? Où sont les arbitres, joueurs du Real Madrid? » On doit lutter pour montrer à tout le monde le vrai visage d’une troupe qui se targue de produire du beau jeu. Il faut qu’on lutte pour que la terre entière sache que ces beaux garçons du monde du football jouent de manière sale, parce que c’est réellement ce qu’ils font. Regardez Alves, Busquets… Comment peut-on démontrer qu’ils jouent salement? En finissant le match sur un score serré. »

On sait Mourinho paranoïaque et mesquin devant les medias. On pense qu’il joue un rôle, qu’il y a là du second degré, une certaine distance ironique, que c’est en grande partie de la comédie. En fait pas du tout : il est sans doute encore pire en privé et avec ses joueurs.

Carletto, je t’aime.

Tirage au sort 8ème de finales Ligue des Champions 2015

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Aaaaaaaaah, c’est bon ça !
Allez, un petit débrief rapido du tirage au sort des 8èmes de finale, tranquilou bilou, ça mange pas de pain.

FC Bâle – FC Porto
Aka l’affiche dont tout le monde se branle aka un quart de finale tranquille pour leur prochain adversaire aka… Rien d’autre. On s’en fout de ce match.

Paris Saint Germain – Chelsea
C’est un grand classique des media français mais c’est toujours aussi cocasse de contempler les anciens exégètes du PSG changer de position du tout au tout en l’espace de quelques heures (même pas 2, soit la durée du match Barcelone-PSG de la semaine dernière) et ne pas avoir de mots assez durs pour l’équipe parisienne. Alors que soyons sérieux 2 minutes : qui a pu croire un seul instant qu’une équipe dont 2 des cadres sont d’anciens remplaçants du Barca (Maxwell et Thiago Motta) pouvait rivaliser face au Real, au Bayern, à l’Atletico, à la Juve, à Man City etc. Et à Chelsea, évidemment, que je tiens pour un demi-finaliste quasi certain. Font peur cette année ces cons…

Manchester City – Barcelone
Man City c’était « el bombo » comme disent les espagnols, soit l’épouvantail du tirage au sort. Une équipe à l’effectif chaque année plus impressionnant, emmenée par un technicien hors pair (Manuel Pellegrini; j’ai encore honte de la manière dégueulasse dont il a été viré du Real) et qui a enfin réussi à passer la phase de poules. Maintenant que la malédiction est brisée, tout est possible. Je suis évidemment RAVI de cette confrontation même si le match retour au Camp Nou risque de peser lourd.

Bayer Leverkusen – Atletico Madrid
Leverkusen c’est quand même un club sponsorisé (voire fondé il me semble) par un mastodonte de l’industrie pharmaceutique et ça, ça m’a toujours fait un peu flipper. Avec un logo d’aspirine sur le maillot, ces aspirines que je prenait diluées dans un peu d’eau et une petite cuillère quand j’étais petit. Brrrr… Atletico donc, tranquille. Belle saison des colchoneros l’air de rien, malgré un effectif pas mal renouvelé.

Juventus Turin – Borussia Dortmund
il faut savoir que la Juve est un club que j’exècre du plus profond de mon âme (top 3 des clubs honnis : 1 Juventus 2 Bayern Munich 3 Manchester United. Le Barca est hors catégorie : c’est la Nemesis.) Tirage a priori hyper favorable pour eux, Dortmund est au fond du trou, de manière assez inexplicable. Mais les matchs auront lieu en février, avec un retour dans un des stades les plus chauds d’Europe… Bah, n’importe quoi :  c’est plié, la Juve est l’un des gros outsiders de cette compétition.

Chakhtior Donetsk – Bayern Munich
Non affrontement total : le Bayern marche sur l’eau en ce moment, continuera de marcher sur l’eau en février, en mars, en avril. En mai ? J’espère pas mais c’est l’un des 3 grands favoris de cette édition pour moi.

Arsenal – Monaco
Intéressant ça… Très intéressant :  une équipe qui n’a pas grand chose pour elle (Monaco) avec son effectif en bois, son public de hooligans en blazers et pulls sur les épaules, son entraîneur portugais au physique de carreleur… portugais, son non-style porté en étendard (« chiant à jouer » c’est pas un style) mais une grosse solidité défensive et une bonne tête d’invité surprise face à une équipe de pseudos cadors au mental en mousse et à la tronche d’éternelles victimes expiatoires. Serré donc selon moi et une confrontation que j’ai hâte de suivre.

Schalke 04 – Real Madrid
« Chalqueunoumfir » comme on dit quand on veut faire comprendre qu’on a fait allemand LV2, face à LE favori de cette édition (avec le Bayern et Chelsea donc). Le Real cette année c’est près de 4 buts par matchs (55 buts marqués en 15 matchs de championnat), 20 victoires d’affilée toutes compétitions confondues (série en cours), 25 buts en 15 journées de Liga pour CR7, une qualité technique hors du commun, des phases de jeu d’un autre monde, un Pepe stratosphérique qui n’a pas pris un seul carton jaune cette saison, un James Rodriguez hyper soyeux, un Isco iniestien, un Toni Kroos taille kommandänt qui a déjà fait oublier Xabi Alonso (attention au burn out quand même), un Benzema super classe etc etc etc. Je me régale. Tout autre « résultat » dans cette compétition qu’une finale serait une énorme déception.

« Xabi se va al Bayern »

La vie d’un supporter est davantage faite de souffrance et de déceptions que de joie et de satisfactions, c’est entendu. C’est également le cas en dehors de la compétition, pendant la période des transferts par exemple.
L’autre soir par exemple, j’allume mon pc, je vais sur Marca (L’Equipe espagnol pour faire court) et là je bloque, complètement ébahi, sur le gros titre qui barre la page d’accueil du site : « Xabi se va al Bayern« .

Putain de bordel de merde, pour un transfert surprise… Barbe rousse… Pas toi bordel…

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Déjà l’an dernier, j’avais eu du mal à digérer le départ de Mesut Özil pour d’Arsenal. Mais là c’est bien pire : Xabi Alonso c’était un des emblèmes du Real, un des chouchous des supporters. Un joueur qui a mis du temps à signer alors qu’il était écrit qu’il jouerait un jour à Madrid puisqu’il en avait très tôt émis le souhait et que le club le voulait. Et qui, quand il a finalement rejoint les merengues, est devenu un patron, un joueur clé. Accessoirement un mec super classe, fin et intelligent, cultivé, amateur de polars hard boiled et de pop anglaise. Un basque. Un barbu. Un joueur Grande remise quoi. Fais chier putain…

Il avait signé une prolongation de contrat en début d’année en plus ! Il semblait vouloir retourner en Premier League (Mourinho lui faisait du gringue pour qu’il signe à Chelsea) mais il avait finalement prolongé au Real au grand soulagement de tous -club et supporters. Faut dire qu’il avait encore démontré qu’il était indispensable : le Real d’Ancelotti s’est mis à vraiment tourner et faire peur quand il est revenu de blessure et que son entente avec Modric a commencé à fonctionner. Lui, présence physique, jeu long (et petits coups de pute, faut dire ce qui est), le Croate harcèlement, crochets et jeu court, c’était un duo parfait, absolument parfait.

Son départ est assez incompréhensible. Evidemment, il a du voir d’un mauvais oeil l’arrivée du génial Toni Kroos mais enfin, c’est long une saison, y a de place pour tout le monde et c’est de Khedira dont Ancelotti ne voulait plus. Non vraiment…
Et puis ce qui fait mal c’est qu’il signe au Bayern qui est quand même LE ennemi du Real en Europe (avec la Juve). Qu’il reparte à Liverpool ou même qu’il signe finalement à Chelsea, j’aurais pu le comprendre : il s’est complètement épanoui, à la fois footballistiquement et personnellement, en Angleterre. Mais le Bayern putain…

Je crois que c’est ça le pire dans une vie de supporter :  c’est pas d’être déçu par les résultats de ton équipe de coeur, ça c’est quasiment ton quotidien. C’est de voir partir un de ses joueurs favoris pour l’un des ses clubs honnis. Parce que tu sais que tu as beau détester ce club de toutes tes forces et de toutes ton âme, ta haine sera désormais un tantinet atténuée par la présence de ton chouchou. Ca te gâche ton plaisir en somme.
Alors voilà, Xabi Alonso va au Bayern et ça me fait vraiment chier.

Le premier jour du reste de ta vie

La Ligue 1 a repris hier soir, soit moins d’un mois après la fin de la coupe du monde.

Mais comme à chaque fois après la fin d’un Mondial ou d’un Euro, c’est à la fois trop tôt et trop tard. Tu ne ressens pas suffisamment la sensation de manque pour te ruer sur le match de reprise même si 3 semaines ou un mois sans foot du tout, après tous ces matches engloutis, c’est long bordel.

Tu n’es pas si impatient que ça, tu es même un peu gêné parce que tu sais pertinemment que passer de l’exotisme euphorisant d’un Colombie-Japon, de l’intensité d’un Pays Bas-Argentine, de la folie pure d’un Allemagne-Brésil à… Reims-PSG, bon.

Pourtant le match était agréable à suivre : des buts (4 au total), des stars (Ibra, Cavani, Pastore etc), des footballeurs-à-l-ancienne-qui-s-arrachent-face-aux-védettes-surpayées (Deveaux, Signorino), du suspense en fin de match avec 2 occasion énormes pour les parisiens, un Jean-Luc Vasseur (l’entraîneur de Reims) complètement trempé au bout de 20 minutes dans son costard et qui revient en seconde mi-temps… dans son même costard. Mais… t’y étais pas vraiment, tu t’en foutais à moitié. Le football au mois d’août quoi.

Bonjour, je m'appelle Mickael Tacalfred et je me passe de commentaires.
Bonjour, je m’appelle Mickael Tacalfred et je me passe de commentaires.

Il va falloir un peu de temps pour s’ajuster : oui, le supporter monte graduellement en intérêt et en passion au diapason des grosses écuries qui elles montent peu à peu en intensité et en qualité.

Hier, c’était donc le lancement officiel de la nouvelle saison de foot et comme chaque année à cette époque, je me dis que j’en ai rien à carrer, que je vais à peine prendre connaissance des résultats si j’y pense, que c’est pas plus mal comme ça au fond. Ouais. On en reparlera dans quelques semaines…

Jogo bonito – fin

Je vais me répéter mais c’est fou le nombre de nouveaux visiteurs que je peux avoir depuis mes 2 derniers articles foot. Je crois que je vais redéfinir la ligne éditoriale de ce blog et le renommer Grande remise du plat du pied.

L’Allemagne donc. C’est bieng.

purée, l'envergure de Neuer...
purée, l’envergure de Neuer…

C’était l’équipe la plus séduisante sur la longueur, la plus régulière et bien sûr la plus blitzkrieg avec cette demie-finale totalement hallucinante.

Jamais en mal de formules chocs, la presse espagnole a parlé après le 7-1 infligé au Brésil de victoire du « tiki-taken », version teutonne du tiki-taka ibérique. Formule choc mais formule assez juste finalement : Joachim Löw le sélectionneur allemand n’a jamais caché l’admiration que lui inspirait la Roja ni l’inspiration qu’elle avait  constitué pour sa propre équipe.
Il a finalement réussi sa greffe au cours de cette compétition : un football joué à terre, à base de passes courtes et redoublées, technique donc mais reposant également sur les qualités éternelles de verticalité et puissance physique du football allemand. Un football absolument parfait quelque part, qui a trouvé son expression la plus fulgurante lors de ces incroyables 7 minutes au cours desquelles Kroos, Khedira and co ont démonté la défense brésilienne en enfilant 4 buts coup sur coup.

Un football patient également, sûr de son fait et qui ne panique pas lorsque les choses ne vont pas aussi vite/bien qu’on le souhaiterait.
Ainsi la finale m’a un peu rappelé celle de 2010 avec une Allemagne/Espagne globalement dominatrice et plus « méritante » mais toujours sous la menace d’une Argentine/Hollande aux coups de poignard chirurgicaux. Avec les gentils qui gagnent à la fin, dans la seconde partie de la prolongation. Et Götze dans le rôle d’Iniesta.
A chacun sa photo virale quand même.

Le héros de la finale 2010:

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Le héros de la finale 2014:

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Aujourd’hui, comme toujours quand ça se termine, je suis un peu triste d’autant plus que c’était une très belle coupe du monde. Je reste aussi sur la frustration de n’avoir pas pu vibrer pour mes favoris comme je l’aurais souhaité. Mais 2 ans ça passe vite et dans 2 ans, ça se passe en France !

Bon 14 juillet à tous et à toutes.

Jogo bonito – suite

Je vais être honnête :  je pensais en rester là avec le foot et la coupe du monde mais depuis que j’ai posté ce billet il y a 10 jours, le nombre de visiteurs de Grande remise est monté en flèche. Étonnamment, la coupe du monde de football au Brésil semble générer davantage de requêtes que Tristesse club ou le premier album de Jason Falkner. Par ailleurs, quelqu’un est arrivé sur ce blog en tapant « Antoine Griezmann hipster » dans Google et ça évidemment, ça me ravit. Et ça m’encourage à récidiver. J’veux du click.

Alors un court bilan de la 2ème phase avant les demies-finales de mardi et mercredi : comme convenu, et comme toujours, après le feu d’artifice du 1er tour, les matches sont peu à peu devenus plus tendus, plus fermés, enjeu oblige. Les 8èmes de finale ont néanmoins encore réservé de grands moments, les quarts un peu moins.

Surtout, après avoir mis la main sur le 1er tour, les nations sud-américaines sont un peu rentrées dans le rang : on ne retrouve finalement dans le dernier carré « que » les attendues Brésil et Argentine. Le tirage au sort initial ne m’a jamais semblé avoir eu une telle influence sur le résultat final : le Mexique, le Chili, l’Uruguay dans une moindre mesure et la Colombie (qui a quand même atteint les quarts, c’est très bien) auraient tous les 4 mérité de poursuivre l’aventure un tour supplémentaire. J’y ajouterai l’Algérie, auteur d’un match fantastique contre l’Allemagne et les Etats-Unis, sortis du groupe de la mort avec brio, qui tombent sur l’un des gros outsiders de la compétition, la Belgique.

En corollaire, on se rend également compte que comme toujours là encore, la condition et la préparation physiques jouent un rôle prépondérant :  les « petites » équipes (les mêmes que ci-dessus) n’ont pas le « coffre » nécessaire à des prétendants aux quarts ou demies-finales. C’est cruel mais prévisible.

« Tout est bien qui finit bien » doit on se dire à la FIFA : Brésil-Allemagne, Argentine-Pays-Bas, soit quatre anciens finalistes/vainqueurs, 2 anciennes finales même (2002 pour la première, 1978 pour la seconde), c’est parfait. Pour eux. Moi ça m’emmerde un peu, j’y aurais bien vu la Colombie à la place d’un Brésil chiant comme la mort (heureusement que ce taré de David Luiz est là pour faire le pestacle) et une Belgique complètement anesthésiée par une Argentine plus italienne que jamais (« bordel, vous la jouez cette touche oui ?!?! » Sans déconner ils m’ont rendu malades à jouer la montre au bout du 1er quart d’heure).

L’évocation de ce dernier mach me donne logiquement l’occasion de relever que le contraste entre les matches de 18h, soit 13h heure locale, et ceux de 21h ou 22h, s’est montré beaucoup trop important au fur et à mesure que la compétition avançait : d’un côté des joueurs aux semelles de plomb, sans vivacité, sans souffle (France-Allemagne, Belgique-Argentine), de l’autre des rencontres tout simplement « normales » à ce niveau, intenses, engagées, sans temps morts (Brésil-Colombie, Pays-Bas-Costa Rica). On sait bien que le football est davantage suivi en Europe et que c’est la raison de la programmation des matches à cet horaire aberrant (c’était déjà le cas en 1994 pour la coupe du monde organisée par les Etats-Unis) mais je suis sûr que les amateurs de football seraient prêts à veiller pendant un mois au profit d’un spectacle de meilleure qualité. Même si cette année, franchement, on a pas à se plaindre à ce niveau là.

2 petites choses que tu n’auras peut-être pas relevées pour terminer sur une note cocasse et décalée, avec le sourire.

Quand James Rodriguez a tiré son péno face au Brésil :
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HOLY SHIIIIIIIIIIIIIIIIT
Et il est resté sur son bras un moment, même après qu’il a marqué !

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Et enfin, grand moment de solitude pour Cillessen, le gardien néerlandais, évidemment éclipsé par son remplaçant Tim Krul et le génial coup de poker de Louis Van Gaal avant la séance de tirs aux buts face au Costa Rica. Wow. Pov’ gars.

Jogo bonito

J’ai poussé mon petit coup de gueule mais ça y est, c’est bon, comme prévu je suis à fond et la compétition me le rend bien : elle est superbe. Des surprises, du suspense, des stades pleins, du beau jeu, de grossières erreurs d’arbitrage, des salopards invraisemblables, des buts, des buts, des buuuuuuuuuuuuuuuuuts!!!!

J’ai raté pas mal de matchs mais je suis pas mécontent de moi (quand t’as suivi de bout en bout Iran-Nigeria, on peut dire de toi que tu as fait le job).

Je te propose donc un petit bilan granderemisesque de fin de premier tour. Parce qu’on ne reverra plus certaines équipes, ni certains joueurs. Parce que la fin du premier tour de la coupe du monde de foot, c’est un peu le retour à la vraie vie, cette belle saloperie. Parce que dès demain, c’est les 8èmes de finale et que ça rigole plus.

Le plus beau maillot
Sans surprise, les anglais sont encore au top.

hayward10_1_2947138bSans fioritures, près du corps sans être moulant, col en V tout sobre (important le col dans un maillot de foot, TRÈS important), marqué par la poids de l’Histoire, probablement approuvé par Saint George, la Reine, Churchill et James Bond réunis. Et puis ces Three Lions sur l’écusson, y a pas à chier, ça l’effectue.

La coupe de cheveux la plus pourrie
On va pas se mentir, c’est, après les maillots, l’un des sujets les plus discutés dans la confrérie des footeux. Y a gros match évidemment tant le footballeur professionnel parvient à se surpasser de manière exponentielle dans le mauvais goût. Je serais tenté de décerner une palme collective à une équipe de France qui atteint des sommets cette année avec une variété assez remarquable dans les looks improbables : la coupe dite « du raton laveur » tient encore la corde, celle, très « Leni Riefenstahl likes this » arborée par Giroud, Griezmann et Debuchy ne cesse de me fasciner, Sagna est encore là et Cabella, l’appelé de la dernière heure, abat de nouvelles barrières. Ils sont au-dessus des portugais, c’est dire. Ils ont même influencé les portugais puisque Cristiano Ronaldo, une sommité dans l’univers footballistico-capillaire (on parle quand même là d’un type qui lors du dernier Euro a changé de coiffure A LA MI-TEMPS d’un match), a lui aussi adopté la coupe « rasé sur les côtés, long et gominé sur le dessus ».
Mais cette année, j’attribue ma palme à l’argentin Palacio

43375_rodrigo_palacio_jpg239bedf0996fdeb06edd1955c5cf72e3Cet hommage aux punks à chiens de Rennes, Aurillac et Buenos Aires est absolument irrecevable sur Grande remise.

La plus belle coupe de cheveux
Ca c’est difficile aussi mais parce que cette fois, il n’y a pas énormément de candidats. Au mieux, la coupe de cheveux de footballeur est sobre donc pas folichonne. En bon vieux con, ma palme va donc aux touffasses vintage, celles de Marcelo, Willian ou David Luiz (Willian a vraiment une bonne tête) et donc logiquement au maître incontesté de l’afro, Marouane Fellaini

Marouane-Fellaini-of-Belgium-looks-onJ’adore ce joueur en plus : je n’ai toujours pas compris quel était son véritable poste mais bien que lent et lourd, il se trouve toujours au bon endroit, au bon moment, tant en position offensive que défensive.

Le plus beau but
Très subjectif encore évidemment. Il y a eu plein de très beaux buts mais pour moi, un beau but c’est avant tout une belle action ou au minimum une belle passe, plutôt qu’un exploit individuel. Du coup j’ai un gros faible pour le premier but de Suarez contre l’Angleterre : Cavani qui temporise juste ce qu’il faut pour envoyer ce petit centre piqué, Suarez qui frappe en reculant, juste ce qu’il faut pour lober Joe Hart, je m’en lasse pas.

Le public le plus chaud
Difficile à dire en n’étant pas sur place évidemment mais j’ai été très impressionné par la ferveur du public chilien dans le match contre l’Espagne. Bon il me semble qu’ils ont sans doute montré un peu trop de ferveur car un bon nombre a « forcé » les portes du stade à cette occasion mais enfin, dans les gradins c’était assez hallucinant.
En dehors du stade, toujours impressionnant aussi de voir les marées orange devant les écrans géants des Pays-Bas ou rouges devant ceux de Belgique. Des publics qui n’attendent pas que leur équipe enchaine 2 bons résultats pour la pousser à fond, SI TU VOIS CE QUE JE VEUX DIRE.

Le plan le plus WTF
Au cours d’Argentine-Iran, sur le ralenti d’un coup franc de Messi, un spectateur se retourne lentement vers la caméra et sourit. Evidemment, c’est devenu un meme. En live j’ai totalement halluciné devant ma télé, croyant à une mise en scène, d’autant que la caméra suit lentement le mec. Génial.

Le pire consultant
Youri Djorkaeff (TF1)

Youri-Djorkaeff-dans-la-team-de-TF1_max1024x768Qu’il ne sache pas aligner 3 mots n’est pas très grave, je pense qu’on peut pas en vouloir à un mec qui laisse tomber les études (ou presque) à l’adolescence, de ne pas parfaitement maîtriser le français. En revanche, qu’il n’ait absolument aucun recul sur le jeu, les joueurs, aucune capacité d’analyse technique ou tactique est plus ennuyeux. Il est pas méchant, plutôt sympathique même mais il est très pénible à écouter le Youri

Le meilleur consultant
Omar Da Fonseca (Bein sports)

80649-largeLe mec qui enfonce Thierry Roland question chauvinisme :  il faut l’entendre au moins une fois commenter un match de l’Argentine, son pays d’origine et de coeur. Le journaliste qui l’accompagne (j’ai oublié son nom) est plié de rire la moitié du temps, et on le comprend. En plus j’adore son accent et son français approximatif mais toujours très imagé et juste, au final.

L’emballement inattendu
Costa Rica

7DEDB4C3-C707-440B-9BAB-37FD981D8871_mw1024_s_nIls m’avaient déjà bien plu lors d’une précédente édition (2006 il me semble). Rapides, techniques, joueurs, intelligents, ils sont vraiment très agréables à suivre. Et en plus ils ont tapé l’Italie. Que demander de plus ?

Le plus beau moment
J’ai adoré la joie et l’émotion sincères et spontanées de Luis Suarez sur le banc après sa sortie du terrain face à l’Angleterre. Le mec est peut-être le meilleur avant-centre du monde, il plante des buts comme il respire, il fait peur à tous les défenseurs de la planète, il est l’une plus grosses pourritures actuelles sur un terrain de foot mais à cet instant là, il a 9 ans.

Luis-Suarez_2942603bCohérent en plus le gars : comme un gamin de 9 ans, il mord ses adversaires et joue hyper bien la comédie. Benzema est bien chaud, Messi au rendez-vous, Neymar supersonique mais le héros de cette coupe du monde pour l’instant, c’est lui.

La plus grosse lose
La palme revient ex-aequo aux Pays-Bas et au Chili, incapables de battre décemment l’Australie. Bande de losers. 3-0 c’est un minimum, merde.

Le vieux con

En ce moment j’écoute au moins une fois par jour le merveilleux nouvel album de Sébastien Tellier, L’Aventura. C’est un disque sur lequel il dit avoir voulu réinventer son enfance, qui se serait déroulée au Brésil. « Enfance, Brésil« : je pense que c’est ça qui m’a donné envie de taper ces quelques lignes même si le sujet me taraude depuis longtemps.

Le foot aussi, c’est le Brésil mais surtout l’enfance. Je ne connais personne qui aime réellement, viscéralement le foot en y venant à l’âge adulte ou même à l’adolescence : ça se joue entre 5 et 10 ans selon moi.

Après, ça va très vite. Ca arrive très vite. On a beau lutter, culpabiliser, se flageller, on y arrive plus tôt que tard. Même si on ne met pas forcément de mots dessus et qu’on n’en est pas conscient, on finit rapidement par se dire que « le foot, c’était mieux avant ».
C’était pas mieux parce qu’on était enfant ou plus jeune, qu’on avait la vie devant soi et toutes ces erreurs non encore commises à éviter ou à commettre à nouveau, c’était mieux avant parce que… c’était mieux, tout simplement. Parce que les joueurs ressemblaient à des mecs normaux et pas à des candidats des Anges de la télé-réalité ou à des décathloniens, parce qu’on pouvait avoir droit à un Real Madrid-Naples en 16ème de finale de la Coupe des Champions, parce que les ballons ressemblaient à des ballons de foot, en cuir, noir et blanc, pas à des sphères hyper technologiques peinturlurées à la va-vite par un graphiste surpayé.

Il faut lutter pour continuer à aimer le foot, c’est pas facile tous les jours. Il reste heureusement des bribes de jeu ou d’humanité qu’on chérit et qu’on cajole amoureusement. On s’accroche aux Iniesta, Özil, Pirlo, à la folle saison de l’Atletico Madrid cette année, à celle du Borussia Dortmund l’an dernier, aux Balotelli ou Barton dans un autre registre, pour ne pas définitivement sombrer dans l’aigreur ou pire, dans le rugby (plutôt crever nom de Dieu. PLUTÔT CREVER).

A 3 jours de ce que tous les media nous vendent comme « la plus belle des coupes du monde », c’est particulièrement pas évident. Blatter, la FIFA, le Qatar, la bêtise, très décevante, des déclarations de Platini sur les revendications sociales de nombreux brésiliens et j’en passe… C’est triste.

Mais ce qui me file vraiment le bourdon, c’est un évènement qui a finalement été peu commenté il me semble, preuve qu’il est dans la logique des choses : personne ou presque ne s’en est véritablement ému. Or, pour la première fois depuis… toujours? tous les matches de la coupe du monde ne seront pas diffusés sur une chaîne gratuite : 34 matches sur TF1, le reste (34 matches également) sur Bein sports.

Alors CA, ça me fait vraiment mais vraiment chier putain. J’ai l’impression que c’est le coup fatal porté au foot qu’on aime, au foot de quand on était petits.
Finies ces journées de dingue durant le premier tour où tu t’enquillais 3 matches dans la journée, près de 5 heures de foot. Où tu avais l’impression au bout de quelques jours que c’était ça la vie, du foot et rien d’autre ou presque. Où tu avais le sentiment que ta vie précisément, n’avait plus de sens lorsqu’à l’amorce des 8èmes de finale tu n’avais plus droit, horreur absolue, qu’à 2 matches par jour. Je parle même pas de l’issue des 8èmes ou… pardon j’ai un peu de mal à l’écrire… à l’issue des 8èmes, pour la première fois depuis 2 semaines, tu te retrouvais à vivre des journées sans aucun match… La déprime totale…
En somme, la coupe du monde la plus discutée (on ne compte plus les émissions de débrief, de commentaire sur les matches, à la télé ou à la radio) sera également la moins vue.

Alors bien sûr, les Espagne-Pays Bas, Angleterre-Italie, les matchs du Brésil, de l’équipe de France, seront diffusés et tout le monde pourra les voir gratuitement.
Mais merde, une coupe du monde s’est aussi le droit et le bonheur rentrer un peu plus tôt du boulot pour s’exciter de manière disproportionnée devant un Iran-Nigéria ou, en pleine léthargie d’un weekend du mois de juin, de se faire chier comme un rat mort devant un Japon-Grèce

Oh je serai devant mon poste pour les matches diffusés (ou devant mon pc), pas de problèmes, et je vais encore me mettre dans des états pas possibles pour les matches de la Roja, je vais avoir des frissons de plaisir devant une passe de Götze, un raté de Robben ou un dribble de Neymar, ce petit con mais merde… La part de ce à quoi on peut encore s’accrocher quand on aime le foot se réduit chaque année un peu plus et ça me fout les boules.

Alors oui, on en arrive là, à notre corps défendant : « le foot, c’était mieux avant », quand on pouvait voir tous les matches de la coupe du monde à la télé. C’est Jean-Louis Murat qui comme souvent a parfaitement résumé la chose dans une interview à So Foot :  « Dites bien que j’ai un discours de vieux con mais qu’on est obligé d’en arriver là. Et que ça me fait chier. »

Mais je serai là, évidemment. La coupe du monde, au BrésilLa Roja, la Belgique, la Bosnie, l’Allemagne, la Colombie, l’Argentine, le Ghana, une équipe de France potentiellement séduisante : ça va être bien, j’en suis sûr. Jeudi soir, Brésil-Croatie en ouverture, vendredi soir Espagne-Pays Bas, « mon » ouverture. Ca va être bien !

Fever Pitch

Mon histoire avec le Real a débuté le 04 novembre 1987.

Je ne dis pas « mon histoire d’amour » car tu sais aussi bien que Nick Hornby et moi qu’il y a tout autant, sinon davantage de douleur et de souffrance là-dedans que de l’amour à proprement parler. En tout cas je m’en sors plutôt bien, je pourrai être supporter de l’Atletico ou du Stade Rennais (encore que, supporter de l’Atletico c’est pas si mal depuis 3-4 ans). Je pourrais même, qui sait, supporter Barcelone… Non mais t’imagines? J’en ai des frissons d’effroi…

Sauf que non, c’est le Real Madrid, et c’est donc très précisément le 04 novembre 1987 que tout s’est joué.

Jusque-là, je DETESTAIS ce club. Par pur esprit de contradiction : ma famille supportait le Real Madrid, il fallait donc que je me trouve d’autres favoris. Aussi simple que ça. Je me souviens pourtant avoir vibré dans mon lit en écoutant en douce à la radio les exploits de Camacho, Santillana ou encore Juanito, auteurs d’exploits incroyables en défunte coupe de l’UEFA notamment (l’ancêtre de la Ligue Europa), inversant plusieurs éliminatoires très mal engagées : victoire 6-1 contre Anderlecht après avoir perdu 4-1 à l’aller par exemple. Dingue ! C’est ainsi au cours de ces années là qu’est né le mythe madrilène de la remontada ainsi que celui d’el espiritu de Juanito, d’après l’état d’esprit bagarreur du premier numero 7 légendaire du Real (avant Butragueño et Raul). Mais je me forçais à contenir mon enthousiasme, je ne voulais pas le montrer. Petit con.
J’adorais sans restriction les allemands en revanche (au début des années 80, c’est les allemands qui étaient au top, et quand on est petit, on supporte les vainqueurs), et je te le dis sans détour : Séville, 1982, France-RFA, j’ai sauté de joie quand les blancs (déjà…) sont revenus au score. Un vrai petit con, vraiment.

Pour en revenir à Nick Hornby, et contrairement à ce qu’il explique si finement dans Fever Pitch, le Real ne s’est donc pas imposé à moi sans raison, comme un fait établi (auquel cas je les aurai supporté dès que j’avais l’âge de m’intéresser à ces choses là, par pur atavisme familial) : il s’est imposé à moi par la puissance de son expression footballistique.

Ce jour-là donc, le 04 novembre 1987, les merengues affrontent le FC Porto en 1/8ème de finale retour de la Coupe des Champions. Le match aller s’est soldé par un 2-1 ric-rac, les guesh sont champions d’Europe en titre, autant dire que le Real n’est pas vraiment en ballotage favorable. Mais ça je m’en fous : je m’installe pour regarder un « gros » match, pas pour vibrer pour l’une ou l’autre des 2 équipes.
Sauf que là c’est le choc. C’est Pet Sounds, Walden, Vertigo. Sous mes yeux, le football. Le Football mon vieux.

Les 11 coupables
Je l’ai encore ce maillot!

Porto marque dès la 22ème minute. A la mi-temps, les guesh sont donc qualifiés. Tout se joue en 2ème période, à l’entrée de Paco Llorente, joueur à l’allure un peu pataude, totalement inconstant, éternel espoir, déception permanente mais capable de fulgurances terrassantes sur son aile gauche. Ce soir-là, il fait l’amour à l’arrière-droit portugais pendant 45 minutes et nous gratifie d’un festival de crochets, de passements de jambes (putain, celui qu’il accomplit sur le but qui amène le 1-1 m’a hanté pendant des années), de débordements en tout genre.
Pour la faire courte, en 2ème mi-temps donc, c’est la leçon : 11 footballeurs atteignent une sorte d’extase collective qui décuple, centuple leur pourtant immense talent individuel. Le doublé du Real est inscrit par celui qui deviendra pour toujours mon héros footballistique absolu, Jose Miguel Gonzalez Martin del Campo, dit « Michel » (oui, LE Michel entraîneur de l’OM et tu vas me faire le plaisir de prononcer son nom « Mitchell ». Tout comme on dit Real Madrid et pas Real de Madrid). Cette 2ème mi-temps, c’est un choc esthétique pur et simple : les arabesques dessinées par les trajectoires de ces petites figures blanches sur fond vert s’impriment à jamais sur ma rétine. J’en suis ému aux larmes. Et je bascule, irrémédiablement.
Cette année là, le Real accomplit un superbe parcours mais se fait sortir salement par un très sale PSV Eindhoven en demi-finale (le même PSV qui avait sorti Bordeaux en quarts, avec notamment l’agression préméditée du poète Ronald Koeman sur Gentil Gana). Cette génération dorée, celle de la quinta del Buitre, ne sera jamais championne d’Europe. Mon plus gros chagrin de supporter, ex-aequo avec la finale de Roland-Garros perdue par McEnroe face à Lendl en 1984.

29 ans que ça dure cette histoire…
C’est complètement con, totalement absurde. Je sais tout ça, tu penses bien… Mais ce soir, je serai encore comme un couillon devant mon écran, à me lever toutes les 3 minutes comme si j’étais sur le banc de touche, et à gueuler comme un connard pour que 11 types en blancs viennent à bout de 11 types en bleu (tu sais bien toi, qu’il FAUT gueuler pour que ça passe). Pour assister, peut-être, comme en 2000, à un geste de ce genre (l’un de mes plus beaux moments de supporter ce match-là). Pour espérer qu’encore une fois, le très gâté et aristocrate public du Bernabeu entre en fusion comme il sait le faire lors des grands rendez-vous, lors de ces remontadas impossibles qui ont émaillé les épopées européennes des blancs. Pour que le Real Madrid élimine Manchester City en 1/2 finale retour de la Ligue des Champions.