Commentaires sur Game of Thrones – suite et fin

Je suis donc arrivé au bout de mon marathon Game of Thrones. Me souviens plus ezactement quand j’ai commencé mais c’est allé vite. Très vite. J’ai enquillé nom de(s) (7) Dieu(x).

Quelques réflexions donc. J’essaie de pas spoiler mais bon…

J’ai fait un premier bilan au bout de 25 épisodes (il y en a 50 en tout) soit à la moitié de la saison 3. Evidemment, je ne savais pas que la fin de cette saison 3 marquait un tel tournant dans la série : l’épisode du « red wedding », inattendu, brutal, choquant même, marque la fin de GoT première version, un peu de la même manière que la confession de Don Draper à Betty à la fin de la saison 3 de Mad Men marquait une sorte de point de non retour.

Les Stark définitivement (?) hors circuit, la série n’est donc plus vraiment centrée, ou plus seulement, sur la lutte pour le pouvoir. Elle doit se réinventer.
Elle fait donc le choix de laisser de côté un fil rouge (Stark vs Lannister en résumant) pour assumer totalement une narration éclatée avec plusieurs protagonistes principaux, même si les Lannister demeurent au centre des débats, aussi bien niveau intra qu’extradiégétique.

J’aime bien cette réorientation : la série devient moins politique, moins shakespearienne si on peut dire et elle tend davantage vers le conte horrifique. J’aime ainsi beaucoup tout ce qui tourne autour des jeunes enfants Stark depuis qu’on les sait absolument livrés à eux-mêmes : la série joue à merveille sur le ressort de leur impossible réunion sans pour autant que cela confère à de la cruauté, à un jeu gratuit avec les nerfs du spectateur. Du coup, chacun d’eux vit sa propre série d’épreuves, son propre roman d’apprentissage, qui confine parfois à une descente aux enfers. Je pense évidemment à Sansa, ballottée et malmenée selon le bon vouloir de ses bourreaux successifs et désormais aux mains de ce qui ressemble quand même d’assez près à un ogre. En tout cas une saloperie de raclure intergalactique de très très haut niveau. Le mystère reste entier en revanche quant au destin du plus jeune, celui qui voyageait avec Bran et qui est partie avec la Sauvageonne. Il sent le come back kid à plein nez celui là.

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Tiens bon choupinette, la routourne finit toujours par tourner.

Question bad karma toujours, le parcours de Cersei se pose également un peu là lors de cette seconde partie. D’abord manipulatrice incestueuse, sa disgrâce la voit s’incarner en mater dolorosa trash puis en martyr expiatoire de tout Port-Royal voire de tout Westeros, voire de toute la gameofthronosphère : la séquence de son chemin de croix inversé (puisqu’il il s’achève sur le Golgotha rassurant du Donjon Rouge) est quand même très puissante…

C’est d’ailleurs sans doute dans sa radicalité que la série franchit le plus de paliers : les scènes violentes, parfois réellement spectaculaires, se multiplient (coucou Prince Oberyn); les scènes de violence psychologique marquent elles davantage encore les esprits : en vrac et parmi les plus marquantes pour moi, tout ce qui touche aux enfants Stark ou à Cersei Lannister donc mais aussi Reek ou Stannis Baratheon, sorte de pendant masculin de Cersei; je pense également à la scène véritablement glaçante du bordel au cours de laquelle Meryn, le soldat de la Garde royale qu’Arya Stark va tuer, choisit ses proies… Radical également mais dans la démarche cette fois, l’épisode intégralement dévolu à l’attaque du Mur par les Sauvageons puis celui du rapatriement de ces mêmes Sauvageons et de l’attaque surprise des White Walkers, qui n’ont rien à envier en termes d’intensité et de mise en scène à certains longs métrages. Disons, pour faire court, que Game of Thrones ne fait pas les choses à moitié. Et c’est évidemment pour ça que que c’est aussi bien et que ça marche aussi fort.

Un truc totalement anecdotique enfin, mais marrant. Le dénommé Daario Naharis alias le nouveau boy toy de Daenerys, ressemble à ça à la fin de la saison 3 :

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Et quand on le retrouve au début de la saison 4, tadaaaaaaaaaaam :

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C’est la première fois que je vois un truc de ce genre (remplacer un acteur par un autre pour interpréter le même personnage) dans une série qui ne soit pas une télé-novela. Ni les Feux de l’Amour. Je te parlerai des Feux de l’Amour un jour, tu verras. Mais ils ont bien fait de changer, le premier avait vraiment un physique insupportable.

Grosse régalade en somme, je regrette pas du tout de m’être lancé dans ce marathon. J’aurais du mal à placer Game of Thrones au même niveau que Lost, les Sopranos, Mad Men ou Curb Your Enthusiasm dans mon Pantheon personnel car la série me parle de manière moins intime mais en termes de qualité, c’est vraiment impeccable. Super hâte que la saison 6 démarre !

Pour conclure, mon top personnages, sérieusement chamboulé :

1 Jaime Lannister

J’ai posté mes premières impressions au moment précis où son personnage prenait un virage à la fois radical et naturel : son cynisme ne pouvait être que de façade, masquant forcément une âme romantique. Le mec arrive quand même à te faire chialer quand il se dévoilé à la fille qu’il a eu avec sa sœur. Costaud.

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Gossbo


2 Cersei Lannister

Cheveux longs/cheveux courts, robe de satin/robe de bure/pas de robe : cette femme est parfaite en toutes circonstances. J’aime. A part ça évidemment, c’est LA salope, c’est entendu. Mais d’après ce que suggère la bande-annonce de la saison 6, je pense qu’on a encore RIEN vu nom de Dieu.

Toi là sur la gauche, tu vas en chier ma pauvre.
Toi là sur la gauche, tu vas en chier à un moment donné, c’est sûr.

3. Jaqen H’Ghar

Ouh il me plaît lui… Il se passait toujours quelque chose quand il apparaissait parcimonieusement et maintenant qu’on le voit un petit peu plus, c’est encore mieux : qui est-il ? Quel est cet endroit exactement (dans lequel Arya Stark a trouvé refuge)? Que fait-il exactement de ce pouvoir extraordinaire ou que va-t-il en faire? Il soulève beaucoup de questions hyper excitantes.

Charisma level : 99
Charisma level : 99


4. Stannis Baratheon

Le Cersei masculin donc. Le mec qui a tout faux en tout cas, toujours. La scène du sacrifice de sa fille purée… Magnifique personnage de tragédie. Et puis je trouvais l’acteur excellent, super charismatique.

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Et une mauvaise décision de plus, une.


5. Ser Jorah

Là c’est mon côté fleur bleue et amateur de beautiful losers qui s’exprime évidemment.

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Tyrion Lannister, anciennement neumbeur ouane, disparaît du classement car moins présent, surtout dans la saison 5. Et puis il appartient finalement aux personnages dont le caractère et la personnalité évoluent peu. Bon, faut dire qu’il est assez irréprochable depuis le tout premier épisode.

Sinon, côté… euh… côté… comment dire… côté tu-m-as-compris, pas de grosse révélation. La série se calme vraiment là dessus à partir de la saison 3 (la fermeture du bordel de Lord Baelish y est pour beaucoup) et il n’y a guère plus que Carice Van Houten aka Lady Melisandre pour donner de sa personne.

Moi aussi je peux montrer des nichons sur mon blog de manière totalement gratuite
Moi aussi je peux montrer des nichons de manière totalement gratuite sur mon blog

Toujours un peu de mal avec Daenerys, à tout points de vue. On la quitte en fâcheuse position, et les quelques images la concernant dans la bande annonce de la saison 6 suggère que les auteurs se sont décidés à la sadiser en lieu et place de la pauvre Sansa. A voir. Et je réalise à ce moment précis que je viens de suggérer que ça me ferait plaisir qu’elle soit sadisée alors que pas du tout mais c’est trop tard, le mal est fait donc je vais vite mettre un terme à ce billet.

Reprise le 24 avril mes p’tits chatons !

Commentaires sur Game of Thrones

Je me suis donc lancé il y a quelques semaines dans le visionnage des 5 saisons de Game of Thrones. 5 saisons, 50 épisodes : j’en suis à la moitié, au 26ème pour être précis, soit le 3.06. J’avance vite.

Je devine ton front plissé et ta main sur le menton : pourquoi GoT (comme l’écrivent les geeks, avec un « o » minuscule surtout, trrrrrrèèèèèèès important le « o » minuscule), et pourquoi maintenant ?

J’ai pas pris la série à son démarrage et comme j’avais toujours d’autre trucs qui m’intéressaient davantage à regarder, j’ai donc accumulé 5 saisons de retards. Mais elle m’a toujours interpellé : sans être véritablement amateur et encore moins spécialiste, l’heroic fantasy est un genre pour lequel j’ai une certaine affection. Et puis je m’en cache pas, c’est un tel phénomène que je voulais voir de quoi il en retournait exactement. Me suis dit que le démarrage de la saison 6 serait ma deadline pour le rattrapage.

Je vais tâcher de pas spoiler.

Un truc déjà : Game of Thrones. Alors qu’il y en a qu’un de trône. De fer. Ca devrait être Games of Throne. C’est marrant hein ? Je suis sûr que t’as JAMAIS pensé ni lu ça nulle part.

Bon, pour l’instant, je ne suis pas déçu, au contraire : je trouve ça hyper prenant, bien écrit, bien interprété. Evidemment, le budget conséquent alloué au tournage de chaque épisode, ainsi que les superbes et nombreux décors naturels, aident beaucoup. Ca a de la gueule quoi même si parfois, on sent bien que les figurants font défaut et que la réalisation fait ce qu’elle peut pour masquer la misère (ça m’a principalement sauté aux yeux au cours de l’assaut de King’s Landing). Mais c’est pas Xena ni Kaamelott.
En revanche ça m’a pas mal fait penser à Rome (sexe + violence + intrigues intimes/politiques), et c’est un compliment car Rome, en plus d’être une excellente série, bénéficiait également d’une superbe direction artistique. J’utilise le passé composé car j’y pense moins maintenant que je suis bien immergé.

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OK ça en impose mais ça doit pas être super confortable

J’ai été pris dès le 1er épisode (qui, si tu t’en souviens, s’achève de manière assez spectaculaire) et à ma grande surprise je m’y suis vite retrouvé malgré le nombre conséquent d’information balancées. C’est à ce niveau-là que je trouve la série vraiment excellente, d’autant que c’était une petite crainte : elle arrive à multiplier les décors, les personnages, les familles, les enjeux, les intrigues sans qu’on se sente jamais largué. Montage et construction brillants. Équilibre parfait entre les différents enjeux/intrigues/personnages.
Bon et puis en fait, c’est pas si difficile à suivre que ça : on pourrait résumer GoT à la guerre entre 2 familles avec au milieu une petite blonde aux grandes aspirations. Pas grave si on retient pas toujours le nom d’un personnage secondaire, il finira bien par se faire trucider à un moment ou un autre de toutes façons.

Deux familles, donc : les Stark, nobles, vertueux, courageux, justes. Et chiants. Les Lannister : les pires pourritures que Westeros ait jamais portées. Un régal donc. Au milieu, enfin, un peu à part pour le moment, Daenerys et ses mini dragons, un peu en retrait mais qui monte en puissance, à mesure que ses mini dragons grandissent et qu’elle même prend de la gueule.

J’apprécie également beaucoup et ça c’est un truc que j’ignorais complètement, que les acteurs soient britanniques. J’ai pas vérifié dans le détail mais bon, ça saute aux yeux ou plutôt aux oreilles. Ca sent la Royal Shakespeare Company tout ça. Ah Jaime Lannister, ses sarcasmes chiadés et son accent du Sussex… A l’opposé, les Stark et leur accent de fermiers du Northumberland… Régalade.
J’aime aussi beaucoup les incursions, au compte-gouttes pour l’instant, du fantastique :  les dragons encore une fois, la première apparition des White Walkers, toute la mythologie qui entoure ce grand mur blanc et ce qui est censé se trouver de l’autre côté.

Avec tout ça, tu m’étonnes que ça cartonne dans le monde entier, auprès de toutes les générations : c’est violent, y a du cul (sur la 1ère saison, c’est parfois d’une gratuité qui frise le ridicule), y a de beaux mecs, de belles nanas, de beaux paysages, des beaux sentiments, en avant la zizique. C’est très addictif.

Pour conclure, mon top personnages :

1. Tyrion Lannister : Excellent personnage à la base, on lui donne un max de répliques géniales et il est évidemment super bien interprété. Au top du game depuis le 1er épisode et jusqu’au dernier vu (le 3.06 donc).

Hipster Tyrion
Hipster Tyrion

2. Jaime Lannister : N° 2 with a bullet car il était dans ceux que je conchiais (à peine moins que Joffrey) mais là justement, sur les 2 derniers épisodes vus, gros revirement… Un personnage qui s’annonce passionnant. Bon évidemment, si ça se trouve il se fait éventrer dans l’épisode suivant.

Homeless Jaime
Homeless Jaime

3. Tywin Lannister : Personnage super bien introduit : sur le tard, il bénéficie en outre de l’effet de surprise car il est à peine mentionné par sa progéniture. Une belle raclure évidemment mais putain de charisme le patriarche…

OK, je viens de m'auto-spoiler
OK, je viens de m’auto-spoiler

4. Lord Stark : je serais Sean Bean, entre ça et le Seigneur des Anneaux, je l’aurais un peu mauvaise quand même.

Un gars sympa mais à cheval sur certains principes
Un gars sympa mais à cheval sur certains principes

5. Jaqen H’Ghar : un personnage très secondaire qu’on ne reverra peut-être pas mais quand je parlais de l’excellence des incursions du fantastique et du surnaturel, voilà qui se pose un peu là.

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Je suis là, je suis plus là

Sinon j’ai un petit faible, que j’assume totalement, pour cette roulure de Cersei.

Cersei-Lannister
SILF

J’aimais bien Ros aussi, la prostituée rousse instrumentalisée par Lord Baelish. « Aimais », donc. ‘culé de Joffrey.
Et Lady Melisandre, interprétée par la toujours stimulante Carice Van Houten. Daenerys est très jolie bien sûr mais cette décoloration à la Lady Gaga, c’est pas possible.
Grande remise, le blog qui se recentre sur l’essentiel.

Je ferai sans doute un autre bilan une fois que j’aurai visionné la seconde moitié des épisodes.

Fargo – critique

« Lorne Malvo », tueur à gages et manipulateur hors-pair, verse le sang sur son passage. Notamment dans une petite ville du Minnesota, en émoi suite à quelques cadavres laissés ici et là. Très futée, l’adjointe Molly Solverson mène son enquête. Parviendra-t-elle à faire éclater la vérité ? (Allocine.fr)

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Chouette visuel promo

Fargo la série n’est pas une relecture du film des frères Coen. Elle n’en est pas non plus le prolongement. Ni le prologue. Ni complètement autre chose. Mais elle est aussi un peu tout celà à la fois et c’est bien là son problème : elle a constamment le cul entre 2 chaises, ne sachant pas véritablement où se situer (ou peut-être que si : peut-être que tout celà est entièrement voulu mais à ce moment là c’est raté à mon sens). Elle se résume à une sorte d’exercice de style, de variation autour des principaux motifs du film et ça la limite grandement.

Les 3 premiers épisodes sont relativement embarrassants : malgré une bonne réalisation/écriture/interprétation, ils multiplient les clins d’oeil ou références au film et on ne sait trop quoi en penser. Certaines scènes sont reproduites à l’identique, ou quasiment, je ne comprends pas. C’est vraiment too much, la série ferait mieux de se concentrer sur ce qu’elle essaie de construire (une intrigue tirée d’un fait divers assez proche). Même si le personnage de Billy Bob Thornton (aka Le Mal) n’est qu’un décalque de celui de Javier Bardem dans No Country for Old Men : froid, sauvage, absurde, existentiel, Coenien.

Ca se suit finalement, c’est du travail bien fait évidemment mais j’ai l’impression qu’en les empilant sans fond ni réelle maîtrise, dans un simple souci d’accumulation et de connivence avec le spectateur, la série révèle les tics des Coen dans ce qu’ils peuvent avoir de plus agaçant pour leurs détracteurs. Un genre de worst of, superficiel et volontariste, comme son titre : « Fargo » uniquement pour raccrocher les wagons, évoquer un univers déjà clairement identifié et familier, alors que la ville en elle-même n’a quasiment aucune importance dans l’intrigue (celle-ci se déroule à Bemidji mais forcément, ça sonne moins bien).

Mais ça se suit oui, jusqu’au bout et même si on se dit qu’il y avait quelque chose à faire de la place de la femme dans ce monde là (elles sont soit absentes soit mortes, quasi-systématiquement mais la série n’en fait rien évidemment), l’intrigue est suffisamment prenante pour qu’on aille sans trop de peine au bout des 10 épisodes.

Finalement, Fargo, la série, restera toujours dans cet espèce d’entre-deux qui l’empêche d’accéder à la 1ère division : plus longue, plus fouillée, elle existe déjà, elle s’appelle Breaking Bad. Plus courte, plus sèche, plus elliptique, elle existe aussi : c’est Fargo, le film des frères Coen.

Brooklyn Nine-Nine – critique

La vie au sein du commissariat de police de Brooklyn n’est pas de tout repos : une pléiade d’inspecteurs un poil loufoques doivent jongler entre leur mission de protéger et servir les habitants de la ville, leur vie personnelle et surtout celle du bureau. (Allociné.fr)

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Sous son apparence de sitcom anecdotique, Brooklyn Nine-Nine est une série plus subtile qu’il n’y paraît.

Premier bon point :  elle se révèle d’emblée très attachante. Les personnages sont tous bien typés et caractérisés, comme il se doit, et le casting formidablement agencé, comme il le faut. Factice (ie purement « professionnelle ») ou réelle, qu’importe : l’alchimie des acteurs fait véritablement plaisir à voir et leur plaisir à eux, palpable, est communicatif.
En tête et dans le premier rôle évidemment, le génial Andy Samberg (assis sur la photo). Fini le Saturday Night Live pour lui après de longues années de services et autant de sketches mémorables, entre parenthèses son groupe de rap parodique The Lonely Island, auteur de merveilles à reprendre à tue-tête telles que I Just Had Sex, Like a Boss, Threw It on the Ground, Boombox ou bien sûr l’indépassable Dick in a Box. Je pourrais en citer une bonne dizaine de plus. Big fan.

Samberg donc, apporte sans forcer son énergie, son charme rigolard et la touche neo-comédie US à une sitcom relativement sage. Mais c’est justement ce qui est très appréciable dans Brooklyn Nine-Nine : son humour bon enfant, fondamentalement gentil. On se vanne entre potes, on fait des blagues, on a de la répartie, et ce sont ces réparties elles-mêmes, drôles pour les personnages entre eux, qui se révèlent également drôles pour le spectateur. Zéro cynisme ou distance ironique donc, juste le plaisir de se marrer et de faire marrer. Les personnages sont des smartasses mais le regard des auteurs sur eux ne l’est pas du tout. Petit plus granderemisque : Samberg a le bon goût d’arborer dans de nombreux épisodes la superbe tenue blouson en cuir-chemise-cravate chère à notre Bébel national dans ses glorieuses années 70/80. Un gros plus même.

A la mi-saison, la série s’attaque à ce qui, on le devine dès le premier épisode, sera sa colonne vertébrale : l’inévitable et indispensable love-story entre les 2 personnages principaux. Je ne spoile pas, c’est un passage obligé, c’est annoncé dès le premier épisode, ce type de série ne peut tout simplement pas s’en passer. Du classique donc là encore mais qui fonctionne à merveille.

Brooklyn Nine-Nine n’est pas une grande sitcom, ça n’est de toutes façons que la 1ère saison donc on va attendre un peu avant de s’enflammer. C’est en tout cas une sitcom très vite addictive et foncièrement aimable. Elle pratique un humour potache, « familial » disons, sans pour autant laisser sur le côté les amateurs d’humour plus transgressif et trash. C’est suffisamment rare pour être signalé. Donc je signale. De rien, ça me fait plaisir.

True Detective – saison 1 – critique

Je ne vais pas revenir en profondeur sur une série qui a créé l’évènement et déjà été largement discutée un peu partout. Juste rapidement donner mon opinion et soulever un point que je trouve intéressant (= râler un peu comme j’ai pris l’habitude de le faire).

Tout d’abord : oui, mille fois oui, True Detective est une immense réussite. Décors, intrigue, réalisation (même réalisateur pour les 8 épisodes), interprétation, tout respire la classe, l’inspiration, le talent et le travail bien fait. Tout ça a déjà été dit un peu partout.

Si la plongée dans le bayou exhale un indispensable parfum de souffre, nous fait suffoquer, littéralement, elle demeure assez classique, voire convenue. Du beau boulot néanmoins. Deux choses retiennent véritablement l’attention il me semble. La narration, très habile, l’enchâssement des différentes périodes décrites et retranscrites à l’écran, qui crée le véritable suspens : la question, très rapidement, n’est pas de savoir qui a commis ces meurtres mais de savoir ce qu’il s’est passé entre les 2 détectives.
Ce qui m’amène évidemment à évoquer LE gros point fort selon moi de True Detective : c’est le propos qui me parait véritablement nouveau et digne d’intérêt (euphémisme). La noirceur, l’extrême acuité du regard du personnage de Rust Cohle (un Matthew McConaughey beau comme un Dieu, oh my God, sérieusement, quelle classe avec ses petites vestes en velours…), son regard franchement nihiliste sur la nature humaine… Pfiou, honnêtement, j’ai rarement vu ça à l’écran. Certaines tirades, extrêmement écrites, mais délivrées avec une maestria confondante, font déjà date. Avec bien sûr en contrepoint la dévotion du détective à sa tâche, son sacerdoce. Quel magnifique personnage. Et McConaughey encore une fois, quelle métamorphose ! Ce mec cachetonnait dans des rom-com pathétiques, il est aujourd’hui le meilleur acteur américain, pas moins.

True Detective - saison 1
Un seul bémol (SPOILER ALERT, je répète, SPOILER ALERT):  qu’est ce que c’est que cette conclusion (je parle là de la dernière minute) ??? C’est un peu comme si tout ce qui avait édifié auparavant se trouvait balayé d’un revers de la main. Curieux et vraiment dommage. Bon, je passe, je veux pas me gâcher le plaisir. Mais c’est un coup à tout foutre en l’air ça… FIN DU SPOILER.

Un dernier point : j’ai lu très régulièrement que True Detective ferait date car elle hisse la série au niveau du cinéma. Et ça, ça m’énerve un peu. Le medium série a-t-il réellement besoin de se hisser où que ce soit? Pourquoi toujours comparer avec le grand écran? On aime les séries précisément parce qu’elles ne sont pas du cinéma. Parce qu’elles prennent leur temps, parce qu’elles instaurent un rendez-vous régulier, parce que les phénomènes d’addiction et de profonde empathie qu’elles parviennent à créer n’appartiennent qu’à elles, tout simplement. Les Sopranos, 24, Seinfeld ou Lost au cinéma, ça tente quelqu’un? Pas moi en tout cas, pas le moins du monde.

True Detective s’annonce comme une future grande série, c’est déjà bien suffisant.

The IT Crowd – critique

Je n’ai pas eu la main très heureuse ces derniers temps dans mes choix de séries mais voici enfin une sitcom que j’ai aimée sans retenue. Je commençais à désespérer car si j’en parle après les autres, je l’ai également visionnée en dernier. Désolé mais je vais spoiler.

Chez Reynolds Industries, les hautes tours de l’entreprise sont remplies de beaux et heureux employés qui ne tarissent pas d’histoires de succès. Sauf ceux qui travaillent dans le sous-sol : le département du support informatique. Alors que leurs collègues évoluent dans un cadre magnifique, Jen, Roy et Moss doivent se contenter d’une cave sombre et horrible, et se battre pour en faire un environnement vivable… (Allociné.fr)

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Vais pas y aller par 4 chemins: oublie The Big Bang Theory, The IT Crowd est LA série geek définitive. Celle qui l’a d’ailleurs très probablement inspirée. Elle n’est évidemment pas que ça mais c’est la série que tout bon rôliste/informaticien/programmeur etc se doit d’avoir vue. Et ils l’ont vue : j’ai pu le vérifier puisque je travaille tous les jours avec un grand nombre d’entre eux. Rhaaa punaise, ça me démange de parler de mon boulot de temps en temps d’ailleurs… J’en aurais des trucs rigolos et/ou édifiants à raconter mais c’est un peu risky business pour un blogueur aussi famous international playboy que moi.

Passé un superbe générique 8-bits, le plus intéressant à la fois graphiquement et musicalement vu depuis un bon moment, pas mal de gags et ressorts comiques reposent donc sur la confrontation entre Roy et Moss, les geeks (Roy, le gentil nounours irlandais Chris O’Dowd, geek branché, tout en t-shirts à slogans sarcastiques, fan de Guided by Voices; Moss, le nerd absolu, extrêmement intelligent mais inadapté à la vie de tous les jours, vit évidemment chez sa mère, génialement incarné par un Richard Ayoade au délicieux et irréprochable phrasé suprêmement british; la série baigne d’ailleurs dans une anglicité totale, j’adore; je sais que tu te poses la question donc j’y réponds: Chris O’Dowd, c’est le flic choupinou de Mes meilleures amies et le mari-éclair de la pseudo Joanna Newsom de Girls, Richard Aoyade jouait lui dans l’excellent Voisins du 3ème type; oui cette parenthèse est horriblement longue, toutes mes excuses) ; les geeks d’un côté donc et la nouvelle recrue, Jen, de l’autre (Katherine Parkinson, très bien elle aussi, belle capacité à oublier son ego pour aller dans le ridicule et l’excès mais c’est évidemment le duo de garçons qui tient la vedette) qui n’y connait absolument rien en informatique : génial épisode ou pour une présentation au cours de laquelle elle entend bien marquer quelques points et enfin quitter ce sous-sol déprimant où on l’a confinée, elle se voit confier par les garçons une mystérieuse boîte extrêmement précieuse, rien moins qu’Internet…

L’univers geek, ok.

L’enfer de l’entreprise et de l’open space aussi. On pense inévitablement à The Office et si The IT Crowd n’a ni le réalisme glaçant, ni le mordant (ni le génie, il faut dire ce qui est) du chef d’oeuvre de Ricky Gervais, elle parvient néanmoins à évoquer et retranscrire par petites touches l’aliénation et l’absurdité fondamentales des entreprises 2.0.

Ca déjà, ça m’aurait comblé. Mais la plus grande qualité de la série réside encore ailleurs. Elle SAIT qu’elle a à faire à au public le plus scrutateur, intransigeant et difficile qui soit (celui des geeks), elle SAIT qu’elle vient après The Office. Donc elle ne cède jamais à la facilité et elle déjoue merveilleusement les attentes.

La potentielle catch phrase dont son public aurait été trop ravi de disposer (lorsqu’il répond au téléphone, face au problème d’ordinateur exposé par son interlocuteur, Roy commence invariablement par un las « Have you tried turning it off and on again? »), elle la flingue au bout de 2 épisodes. Roy finira d’ailleurs par avouer au détour d’une scène qu’il a en a vraiment marre de ce boulot où il répète toujours la même phrase. OK, on a compris, pas de catch phrase donc.

Idem pour l’inévitable intrigue sentimentale, l’ingrédient indispensable à toute bonne sitcom qui se respecte. Indispensable, mon cul oui : il ne se passera absolument rien entre Roy et Jen. RIEN. 

Flinguer un personnage essentiel ? OK, pas de problème : le patron de Reynold Industries, personnage pourtant marquant et source d’excellentes intrigues, gags et répliques, disparaît purement et simplement en début de saison 2. Son remplaçant, son fils (à droite sur la photo), le surpasse : queutard, fêtard, vulgaire, magouilleur, peut-être meurtrier et surtout totalement idiot, il a la particularité de toujours s’exprimer, y compris lorsque ce qu’il exprime est d’une totale inconséquence, avec un phrasé d’une théâtralité digne de la Royal Shakespeare Company. Irrésistible.

Le seul défaut de The IT Crowd en fait, c’est sa brièveté.  4 saisons de 6 épisodes chacune seulement, 24 épisodes donc, soit le même nombre qu’une seule saison de sitcom américaine moyenne, ça passe en un clin d’oeil et on en aurait voulu beaucoup plus. Mais c’était sans doute le prix à payer pour que la série ne devienne pas une caricature d’elle-même, prisonnière de ses gimmicks et procédés. C’est sans doute également le signe que les personnes qui étaient aux manettes avaient une idée bien précise de ce qu’elles voulaient faire, qu’elles ne voulaient céder à aucun compromis et c’est tout à leur honneur.
En tout cas c’était la grosse régalade, vraiment une super série, un super kif (j’ai même dit « kif », c’est dire) je sais que je la reverrai.

Je vais quand même commencer par regarder l’épisode « spécial » d’1h30 diffusé il y a peu et censé mettre un terme définitif à la série. J’ai hâte !

It’s Always Sunny in Philadelphia – saison 8

It’s always sunny in Philadelphia -saison 8 ou Consommation culturelle au XXIème siècle : un symptôme ou L’enfer des séries.

Impossible de me défaire de cette pensée: me suis tapé 8 saisons d’une série qu’au final je déteste. J’essaie de me rassurer en me disant qu’il y a eu de bons moments, que certaines saisons comportaient moins de 10 épisodes. Mais le constat reste le même. L’enfer des séries putain…

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Trois amis propriétaires d’un bar doivent s’efforcent de surmonter les problèmes en évitant que le travail ne prenne le pas sur leur amitié (Allocine.fr)

Alors déjà ils sont 4 puisqu’il y a une nana, et assez rapidement 5 avec l’addition de Danny de Vito (en cours de saison 2 il me semble). Et je suis dubitatif quand à l’utilisation du terme « amitié » pour qualifier leur relation mais c’est justement l’un des thèmes abordés par la série.

D’emblée, il est évident qu’elle joue sur un terrain subversif/politiquement incorrect/misanthrope: le « gang » comme il se nomme lui-même, est odieux avec tout le monde, y compris voire surtout ses propres membres, fait feu de tout bois (handicapés, nazisme), ne recule devant rien. C’est ce qui a valu à la série le surnom de neo-Seinfeld. C’est précisément ce qui m’a fait m’intéresser à elle. Mais putain, on en est loin.

2 problèmes majeurs:
– dans « humour noir », il y a « humour »; ils l’ont oublié trop souvent.
Seinfeld est passionnant parce que derrière la petitesse, la misanthropie des personnages principaux il y a des névroses et un mal être constants qui touchent à l’universel.
Ici, tout est totalement gratuit : les personnages sont justes des trous du cul, qui se comportent comme des trous du cul. Point barre.

Une lueur d’espoir au cours des 2 premières saisons (tu noteras que là, je me suis déjà tapé 2 saisons en trouvant ça à chier…) : le personnage de Charlie, le seul à la fois un peu humain et véritablement borderline.  A la limite de la clochardisation, quasiment alcoolique, sniffeur de colle, psychotique, il est dans le même temps très attachant car plein de fantaisie et d’enthousiasme. C’est le bouffon du show, au sens premier du terme, le personnage le plus extraverti, le plus drôle mais aussi le plus poreux aux névroses et profonds dysfonctionnements entourant le gang. Son interprète, Charlie Day, fait un boulot génial: il se livre vraiment, il force le respect.

Saison 3, puis 4 et toujours le même constat: de bonnes choses (bah oui, quand même…), des choses insupportables, indéfendables même j’ai envie de dire. Souvent dans le même épisode. Mais je continue car il y a indéniablement quelque chose. Ou alors je VEUX qu’il y ait quelque chose, je peux pas croire que tout ça soit vain nom de Dieu.
Je trouve ainsi que la série instille assez bien un certain malaise: pas par les situations, les intrigues ou les dialogues comme le souhaiteraient les auteurs mais par les décors, une atmosphère générale. Le pub qu’ils tiennent est glauquissime; sa clientèle est glauquissime; que dire du mode de vie de Charlie et de son appart?!?! Ca ça fonctionne vraiment très bien : on est à la frange du quart monde, quelque chose qu’on voit très rarement dans une série US, encore moins dans une comédie.

En revanche, la où le bat blesse vraiment, c’est que les auteurs, qui sont également les 3 acteurs principaux (les 3 trentenaires sur le photo), ont l’air aussi prétentieux et arrogants que leurs avatars fictionnels: ils produisent, écrivent parfois réalisent les épisodes (et les interprètent donc). Or ils n’ont clairement pas les épaules ni le talent pour tout assumer. Hasard ou réalité scientifique? Seul Charlie Day, le plus doué, et de très loin, commence à apparaître dans des films (Comment tuer son boss, récemment Pacific Rim); les 2 autres: que dalle. Je les ai jamais vus nulle part, ni devant, ni derrière la caméra. Pas une surprise : ils sont mauvais comme des cochons.

Bon, toujours est-il qu’à partir de la saison 5, la série a vraiment fait un bond en avant selon moi en confiant justement davantage ses rênes à des personnes extérieures (me semble-t-il tout du moins), et surtout en laissant un peu de côte son cynisme forcené pour se concentrer sur la bêtise et les édifiants projets de ses héros. Ca gagne à la fois en fantaisie et en drôlerie, je suis presqu’entièrement convaincu.
Malgré une baisse de régime en saison 7, je me dis que c’est une série que je vais désormais suivre « en live » (j’ai visionné tout ça au printemps 2012, je pouvais donc démarrer la saison 8 en temps réel à partir de septembre de la même année).

Chose que je n’ai finalement pas faite, je viens juste de me l’enquiller.
Et là, l’horreur AB-SO-LUE. J’ignore si c’est la série qui a changé, ou si c’est moi qui n’était plus « dedans », ayant rompu un processus d’immersion parfois trompeur mais j’ai trouvé cette saison d’une nullité abyssale. Une saison qui opère un retour aux sources en quelque sorte, au cynisme le plus crasse, à la misanthropie la plus gratuite et puérile. Voilà, c’est ça au final It’s always sunny in Philadelphia : ça se voudrait misanthrope comme du Larry David mais c’est juste aussi con et puéril qu’un adolescent en pleine crise de puberté.

8 saisons de cette merde, purée… Là c’est bon, la saison 9 qui vient de démarrer, ça sera sans moi.

Girls – saisons 1 et 2 – critique

girls
Girls, au cas où tu serais pas au courant, c’est un peu LA grosse affaire de 2012-2013 en matière de (nouvelles) séries. Le quotidien sentimentalo-professionnel de 4 jeunes new-yorkaises, pour faire court.

C’est un peu LA série de la génération Y (tiens à ce sujet, j’ai lu il y a peu que ma génération, autrement dit celle des personnes nées entre 68 et 78, coincée entre la génération X et la génération Y donc, n’avait tout simplement pas de nom. C’est cool, j’avais déjà l’impression qu’on avait pas trop de place ni de statut IRL, ça confirme en quelque sorte. C’en est presque réconfortant. Pardon pour la parenthèse perso mais c’est mon blog et c’est un article sur Girls, j’ai donc plus que jamais le droit de me plaindre de mes malheurs à moi que j’ai. Quoi que je raconte, j’atteindrai jamais qu’un modeste 4 sur l’échelle de Lena Dunham, qui je le rappelle, grimpe jusqu’à 60.)
Bon, Girls donc, LA série qui (re)définit les contours d’un féminisme 2.0, LA série qui file un coup de vieux à toutes les autres séries (aux autres comédies proto-générationnelles en tout cas).

« Objectivement », on est dans le haut du panier, c’est évident. C’est supérieurement filmé, mis en scène, éclairé (sublime photo, vraiment). Dialogué aussi, même si l’un des problèmes c’est précisément la nature de ce qu’on fait dire aux acteurs. Un peu embêtant ça, tu avoueras.

LE problème néanmoins, c’est Lena Dunham.
Elle écrit, produit, réalise, interprète, à seulement 24 ans, c’est super. J’dis pas, c’est bien pour elle. Mais merde… Quel égocentrisme! Quel narcissisme! C’est sidérant… Jamais vu ça, vraiment. C’est parfois courageux, certes (l’épisode des tocs), mais putain, pourquoi les seuls personnages qui amorcent le début d’un semblant de remise en cause des héroïnes, et pourraient donc apporter un contrepoids, être source de « tensions » sur le plan dramaturgique et narratif, sont-ils aussi vite tués dans l’oeuf ou ridiculisés (à noter que même ridiculisé, Chris O’Dowd est toujours aussi choupinou)? Pourquoi appeler la série Girls quand tout ce qui intéresse manifestement Dunham c’est son personnage à elle qu’elle a écrit elle et qu’elle interprète? Elle. Mince, Jerry Seinfeld a appelé sa série Seinfeld et il a pourtant fait preuve de nettement plus de générosité envers tout le reste du casting. Honnêtement, je serais les 3 autres nanas de la série, je l’aurais vraiment mauvaise.

Je précise: on n’est pas ici dans l’égocentrisme de Woody Allen ou Larry David, on est véritablement dans ce que j’ai perçu comme étant un pur déballage narcissique et profondément égo(t)iste. Les névroses intimes de Jerry, Larry ou Woody ont toujours une visée, et une portée puisqu’ils ont du talent, universelle. Ca n’est absolument pas le cas ici et non je te vois venir, ça n’est pas parce que je ne suis pas une une new-yorkaise de 25 ans que ça ne me touche pas. Je ne suis pas non plus un juif new-yorkais de 35 ans en veste, sneakers et nuque longue, ni un cinquantenaire grisonnant et chauve vivant à LA.

C’est d’autant plus rageant qu’il y a du talent, c’est indéniable. Mais c’est d’un tel nombrilisme que je me suis demandé à plusieurs reprises si Lena Dunham serait un jour capable de parler d’autre chose que d’elle ou en tout cas de le faire de manière un peu moins frontale, un peu plus centrifuge et un peu moins centripète. OK elle est encore jeune mais je me pose sérieusement la question.

Allez, stop: Girls, du talent oui, mais absolument IN-SU-PPOR-TABLE.

Wilfred – saison 3 – critique

J’ai regardé quelques sitcoms ces dernières semaines, je m’en vais te raconter tout ça plus ou moins succinctement (plutôt plus que moins).

Je démarre donc avec la saison 3 de la version US de Wilfred (le show est australien à la base)

Wilfred_saison_3
Le pitch, rapidos: « Les gens voient Wilfred comme un chien. Ryan voit Wilfred comme un homme déguisé en chien. Wilfred est l’alter-ego de Ryan. Il lui permet de sortir de sa coquille, lui qui est si peu sûr de lui et si introverti… » (Allocine.fr)

« Alter-ego », c’est vite dit… C’est évidemment LA question de la série: qui est vraiment Wilfred? Existe-t-il seulement? N’est-il qu’une projection mentale de Ryan (Elijah « Frodon » Wood)? Blablabli blablablu? Tu vois l’idée.

J’avais beaucoup aimé les 2 premières saisons. Dans Wilfred, on est clairement sur le terrain de la neo-comédie US, transgression et humour trash à tous les étages. C’est très drôle dans un registre de Didier à l’américaine, agrémenté de toilet humour: c’est vraiment pour moi. Le petit plus produit de la série c’est son étrangeté et son atmosphère angoissante savamment dosée: elle débute quand même par la tentative de suicide d’Elijah Wood (qui déploie par ailleurs dans chaque épisode une superbe garde-robe de hipster californien)… Ce chien aux réflexes de chien mais au comportement, à la parole et à l’aspect de slacker trententaire, en soi, ça peut déjà être assez inquiétant. Parallèlement à la question de la nature (ou de l’existence même) de Wilfred, la série aborde de manière certes superficielle mais assez fine les thèmes de la dépression, de l’instabilité mentale et psychologique voire de la folie.

Le problème, qui était déjà en germe au cours de la saison 2 et qui est exposé de manière tellement flagrante qu’elle en devient embarrassante dans cette saison 3, c’est que les auteurs ne savent manifestement pas où ils vont. La réponse à LA question du show, ils ne l’ont très probablement pas. Comment expliquer autrement ces tâtonnements, ces pistes ouvertes puis abandonnées aussitôt, ce cliffhanger artificiel qui donne l’impression que Ryan vient d’arriver sur l’île des naufragés de Lost? N’importe quoi…
On essaie alors de se raccrocher au côté potache de la série mais là aussi, c’est très décevant: ça tourne en rond, c’est prévisible, bon, quand est-ce que ça s’arrête, j’ai 5 autres séries sur le feu, plus celles en cours mais comment je vais faire nom de Dieu, COMMENT JE VAIS FAIRE???

La saison 4 sera la dernière et c’est une bonne nouvelle. Au vu de cette saison 3, on a néanmoins le droit de nourrir certaines inquiétudes quant à sa qualité.

Breaking Bad – la fin

Je ne comptais rien écrire là-dessus tant les analyses et commentaires se multiplient un peu partout depuis lundi mais justement, certaines récurrences me poussent à réagir quand même brièvement.
Il va sans dire que ça spoile un peu.

breaking_bad_series_finale
Si j’en crois quelques personnes donc (qui semblent finalement assez nombreuses), le series finale de Breaking Bad serait « un peu décevant ». Déficit de « surprises » ou même de « tension » qu’ils disent. Allons bon… ALLONS BON. Non mais sérieux… Ouate ze phoque?!

Évidemment, niveau « surprises », « tensions », « émotion », difficile de surpasser l’antépénultième épisode, Ozymandias le bien nommé, véritable chef d’œuvre télévisuel taillé pour la postérité (et la postérité en l’occurrence, elle se limite pas à 5 ou 10 ans; va falloir s’accrocher pour qu’un épisode de série se hisse à un tel niveau de perfection). Big balls on Vince Gilligan, tellement sûr de lui et de sa création, qu’il nous balance son climax absolu 2 épisodes avant la conclusion définitive. Chapeau mec.

Alors quoi, la véritable surprise, c’est qu’il n’y a pas de surprise? C’est plus subtil que ça évidemment.

Même si, oui, on pourrait dire que la surprise c’est qu’il n’y en a pas: l’épisode s’évertue à conclure toutes les storylines, ou à dire adieu à tous les personnages, d’une manière assez conventionnelle, propre à satisfaire les fans (Badger! Skinny Pete! Ah les cons, ça faisait plaisir de les revoir!).
Et alors? C’est aussi ça une série, aussi unique et singulière soit-elle : honorer un cahier des charges commun, ce qui souvent inclut céder à un certain sentimentalisme. Rien de plus touchant et noble lorsque c’est fait dignement et avec sincérité. On peut même se permettre un mignon petit suspense à 2 balles, lorsque la précision de la mise en scène fait qu’il fonctionne quand même pleinement (« Mmmm, je me demande vraiment si Walter va réussir à se saisir des clés de voiture qu’on lui as ôtées dis donc… »)

Mais une surprise il y en a une et de taille, même si le final de l’avant-dernier épisode nous y avait en fait préparé: le retour de Walter White. Définitif, sans ambigüité. Exit Heisenberg. Exit le crâne rasé et ce bouc pseudo-méphistophélique. Exit le pork pie hat, qu’il a d’ailleurs voulu revêtir de manière grotesque dans l’avant-dernier épisode. Felina (le titre de ce tout dernier épisode, anagramme de « finale ») nous ramène mais également semble nous révéler tellement il semblait loin, Walter White tel qu’on l’a aimé et tel qu’on a toujours espéré le revoir: génialement intelligent, fier mais terriblement humain et touchant. Ses adieux, à Skyler, à Flynn, à Holly, à Jesse, sont tous déchirants car il a enfin tombé le masque.

Dès lors, cette surprenante séquence de conclusion, à la fois un peu ironique et d’un total premier degré, qui nous dit que Breaking Bad finalement, c’était une histoire d’amour entre un homme et la création de sa vie. Comme toujours dans la série, elle est d’une imparable évidence, a posteriori: durant 5 saisons, Gilligan nous a constamment troué le cul avec des rebondissements qu’on aurait du voir venir tellement ils tombaient sous le sens (LA marque de fabrique de Breaking Bad sur le plan feuilletonesque), la conclusion ne pouvait pas déroger à la règle.

Alors voilà, Breaking Bad c’est l’histoire d’un prof de chimie un peu frustré qui découvre un jour qu’il a un cancer et qui pour subvenir aux besoins de sa petite famille après sa mort programmée, se met à fabriquer et dealer de la méthamphétamine. Et il y prend goût parce qu’il est doué. Il ADORE ça même. Il ne trouvera la paix que lorsqu’il l’assumera enfin.

Je ne parlerai même pas du fait d’utiliser une chanson d’un de mes groupes fétiches pour illustrer cette grande scène d’épiphanie et d’auto-réconciliation quasi mystique.
En tout cas c’est ça une grande série, et un grand final: plusieurs saisons de rebondissements, d’empathie patiemment cristallisée autour d’un ou plusieurs personnages qui semblent trouver leur justification dans quelques minutes parfaites, quelques instants de grâce.

Un dernier mot: souvent après les moments forts de la série (et il y en a eu! ooooooooooooooh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii), j’ai pensé à Vince Gilligan. Ce gentil geekounet toujours souriant, l’air vraiment abordable et sympathique. A-t-il parfois conscience de la valeur de ce qu’il a accompli? Arrive-t-il parfois à se poser et à se dire « ah ben ouais, là dis donc c’est pas mal, j’ai bien bossé »? Évidemment on est loin de se l’imaginer en Heisenberg des showrunners, melonneux et bourré d’orgueil. Mais quand même, il a le droit d’être un peu fier merde! J’espère qu’il l’est en tout cas parce ce qu’il a accompli est d’une intégrité, d’une intelligence, d’une humanité absolument incroyables.

Allez, c’est dur mais il va falloir tourner la page. Comme le dit le gros serveur hawaïen dans Sans Sarah, rien ne va, « It’s like the Sopranos: it’s over. Find another show. »