Katerine – Odyssud, Blagnac

Quelques mots sur le très beau concert donné par un des grands héros granderemisesques, Katerine (dont j’ai déjà parlé ici, ici et même ici) mardi soir à Blagnac.

Blagnac, c’est la proche banlieue de Toulouse. Banlieue cossue : c’est là que siègent les usines et bureaux d’Airbus et de diverses autres sociétés du secteur aéronautique ou aérospatial. Odyssud, la salle de spectacle de la commune est donc un lieu cossu lui aussi, à l’image de cette neo-bourgeoisie d’ingénieurs, techniciens qualifiés et chefs de projets en tous genre qui forment une bonne partie de la population de la ville. C’est une salle confortable.
Public très hétéroclite : des jeunes, des vieux, des au-milieu, des enfants, des mecs, des filles, c’est très mélangé sans qu’aucune catégorie ne domine de manière écrasante (ok, peut-être celle des au-milieu i.e. celle de la génération de Katerine qui se trouve être aussi la mienne).

La salle et la scène sont plongées dans le noir : Katerine apparaît déambulant dans les premiers rangs, identifiable et repérable à la seule couronne de lumière qu’il a sur la tête. Il monte sur scène, rejoint par la pianiste Dana Ciocarlie. Ils sont tous deux vêtus comme dans un conte de fées un peu loufoque : on peut légitimement penser au Peau d’Âne de Jacques Demy.

J'ai pas trouvé mais fait moi confiance : il y avait du Jean Marais en roi dans Peau d'âne
J’ai pas trouvé mieux comme photo mais fait moi confiance : il y avait du Jean Marais en roi dans Peau d’âne

Tout le concert (piano-voix donc, avec quelques bruitages additionnels sur quelques titres) sera conforme à cette amorce à la fois drôle, absurde, poétique et élégante. Toujours aussi généreux, Katerine se livre avec une grande intensité et la fausse impudeur qu’on lui connait désormais : il donne une vraie performance au sens théâtral du terme et on comprend définitivement qu’il est devenu un vrai et bon comédien (les films dans lesquels il est apparu, Gaz de France et La Tour de contrôle infernale par exemple cette année, le démontraient déjà). Les titres du dernier album (Katerine : le film) prennent chair, ceux du génial Philippe Katerine passent brillamment le test impitoyable du traitement piano-voix. Si j’étais un connard de publicitaire, web-marketeux ou je-bosse-dans-la-comm de merde (coucou si vous me lisez), je dirais qu’il « raconte une histoire, tu vois », toujours plus intime et organique : la paternité, la filiation, l’héritage mais aussi l’aliénation du quotidien, autant de thèmes qui lui sont chers et qui sont ici déroulés via une setlist et une véritable mise en scène des plus précises sous l’apparent dilettantisme.

Le visuel "officiel" de la tournée
Le visuel « officiel » de la tournée

Quel bonheur aussi d’entendre des titres connus par cœur et dont on n’attendait plus rien de nouveau (c’est la 5ème fois que je le voyais sur scène), être réinventés par un traitement inédit et contre toute attente des plus adapté  (Patati Patata!, 20.04.2005 ie « Marine Le Pen« , Poulet N°728120). Superbe.

Enfin, il y a tout simplement Philippe Katerine lui-même, ou Philippe Blanchard, on ne sait plus très bien : drôle, intelligent, sensible, généreux, touchant. Il livre sur cette tournée et pendant près de 2h une sorte de spectacle total, à la fois musical et théâtral, un tour de chant plus qu’un véritable concert, hors normes, avec, je me répète, une vraie performance d’interprète (il chante merveilleusement bien) mais aussi de comédien. Superbe, vraiment.

Le concert s’achève à la seule lueur d’une bougie sur Moment parfait et il l’est véritablement. Bravo Philippe et merci  ❤

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