Hier soir j’ai un peu regardé le spectacle de Gad Elmaleh et Kev Adams sur M6. « Un peu » seulement parce qu’évidemment c’était édifiant. Mais vraiment : il faut le voir pour le croire. Je n’en dirai pas plus, ça sert à rien. Ca a au moins eu le mérite de rappeler ce billet à mon bon souvenir : je pensais l’avoir posté avant de me rendre compte qu’il était toujours dans mes brouillons.
Ce que je fais en général, c’est que je rédige mon billet et quand j’estime qu’il est publiable, je programme sa publication de manière automatique. Parfois j’oublie de vérifier qu’un article a bien été publié, là j’ai dû commettre une bourde, l’article s’est pas publié, j’ai pas vérifié voilà quoi. Je te raconte ça parce que je sais que tu es friand de ce type d’anecdotes sur les coulisses du show-business et du monde de paillettes auquel Grande remise te donne un fugace avant-goût.
Donc voici :
Je ne suis jamais allé au théâtre en dehors des traditionnelles sorties scolaires et c’est seulement la deuxième fois que j’allais assister au spectacle d’un humoriste (le premier était Patrick Timsit pour son retour sur scène il y a 7 ans). Ah non putain… 3ème fois en réalité… J’avais vu Michel Leeb enfant… La guêpe, l’Africain, l’Asiatique. Putain… J’ai froid tout d’un coup… Bon, on va dire que c’était seulement la 2ème fois ok ?
Chris Esquerre donc alias l’Oasis alias l’Elu alias le seul comique français que je sauverai lorsque l’heure du Jugement de Ricky Gervais et Louis CK aura sonnée. Outre son registre humoristique, j’apprécie particulièrement la façon dont il mène sa carrière, avec modestie, sans surexposition. Il le dit lui-même, il n’est pas de ces comiques drôles sur commande (ou « supposés être drôles sur commande » pour être plus juste) qu’on invite à loisir sur tous les plateaux de toutes les émissions de toutes les chaînes. Il n’est pas du tout dans le commentaire politique ou d’actualité (pénible tradition franco-française), il a des lettres, c’est évident, et, chose très appréciable, il ne se sent pas obligé de nous le faire savoir toutes les 30 secondes (coucou Gaspard Proust). Il a un style et un univers bien délimités qui sont de pures créations, il fait son truc (sur scène, sur France Inter ou sur Canal +, avec sa géniale mini-série Importantissime) et basta.
Première fois à la Comédie de Toulouse également, joli petit théâtre de 300 places environ (à vue de nez). Premier rang.
Si j’ai bien compris, le spectacle que Chris Esquerre joue sur scène (et qui n’a pas de titre : le mec est décidément d’une sobriété absolue) est le même depuis plusieurs années. Il y interprète son « rôle » favori, celui d’une sorte de coach au melon intersidéral, au cours de ce qui ressemble à une conférence (paper board, tablette et support d’images sur grand écran). Il a travaillé pendant plusieurs années dans une grande société (aux ressources humaines il me semble), il puise toujours l’essentiel de son inspiration dans le ridicule essentiel et dans l’absurde infini du milieu entrepreneurial.
Ainsi, l’ouverture du spectacle est absolument géniale : il s’y présente lui-même et présente le déroulement de la soirée à venir, comme il présenterait une conférence à une assemblée de cadres sup donc. 5-10 minutes de rire non-stop, vraiment. J’avais pas ri autant depuis… pfiou, plus longtemps que ça encore. Ca devenait presque gênant pour mes voisins.
Puis ça retombe un peu ou plutôt, ça reprend un rythme un peu plus normal, à mesure que la séance de coaching s’appuie sur son second socle de compétences : les publications et magazines improbables (et réels bien entendu). Je ne pensais pas que le spectacle reposait autant là dessus (c’est ce grâce à quoi il s’est fait connaître lors d’une revue de presse mémorable dans les premières années de la Nouvelle Edition période Bruce Lee Toussaint) et je ne dirais pas que ça m’a un peu déçu mais… Disons que ces fameux magazines sont « naturellement » drôles : Le cuisinier en collectivité, Yorkshire magazine etc, c’est tellement improbable que oui, forcément, c’est drôle. Parfois, l’utilisation qu’il en fait rend la chose encore plus drôle, parfois il est simplement dans le commentaire de ce qu’il nous expose.
Bon, je chipote un peu… C’était vraiment très bien, voire plus encore et désolé, je vais me répéter, il est tellement unique dans le paysage des humoristes français actuels que ce sont vraiment des réserves très légères. Je suis super content de l’avoir vu sur scène en tout cas. Son second spectacle est prêt si j’en juge par une récente publication Facebook, il le jouera en décembre au Théâtre du Rond Point. IM-MAN-QUABLE.
Méga-classe Chris Esquerre. il n’y a pas mieux depuis que Dieudonné n’est plus drôle. « Importantissime » whaou, tous vu! et la revue de presse des journaux improbables…mais vrais…. Les yeux grands ouverts encore, rien que d’y penser!