J’ai réalisé, en essayant de faire un bilan de tous les films que j’avais vus en 2016, que je n’avais pas grand chose à dire sur le ventre mou de mon top, à savoir les films que j’avais plutôt apprécié, ou pas trop, que je n’avais ni détesté ni beaucoup aimé. Elvis & Nixon, Quand on a 17 ans, Premier contact, Café Society, Grimsby, Jason Bourne, The Witch, Victoria (titres pris totalement au hasard et auxquels il faut en rajouter une trentaine) sont des films qui m’ont procuré plus ou moins de plaisir, que j’ai trouvés plus ou moins intéressants ou plaisants mais quelques mois/semaines après les avoir vus, je n’ai rien ou presque à en dire. Rien qui me semble digne d’intérêt en tout cas.
Donc cette année, je vais me contenter de parler dans un premier temps des films que j’ai trouvé très mauvais puis de ceux que j’ai beaucoup aimé : y en a beaucoup, c’est une très bonne année pour moi. C’est pas à moi de me prononcer sur l’intérêt de ce que j’ai à en dire mais eux ont en tout cas suscité des commentaires, réflexions, réactions que j’ai envie de partager. Le livre de la jungle, Money Monster ou Tout pour être heureux, en revanche et pour citer d’autres films du ventre mou, je me souviens parfois à peine que je les ai vus…
Brrrrrreeeeeeeeeeeeef.
Je commence donc par les films que j’ai trouvés vraiment à chier et/ou que j’ai détestés, pour des raisons diverses et variés et qui n’appartiennent souvent qu’à moi. Dans le désordre.
Pattaya
C’est presqu’une déception : je pensais pas voir un fleuron de la comédie contemporaine mais j’avais été agréablement surpris par les Kaira, plus fin et enlevé que ce à quoi je m’attendais. Pattaya n’est pas une suite mais c’est le deuxième film de Franck Gastambide et il est lui aussi fortement marqué « banlieue », avec encore un duo de cailleras en vedette. Le film fonce allègrement dans tous les écueils et chausses-trappes du sequel : trop de pognon / mal dépensé (ici dans un tournage exotique et une multiplication inutile de décors) / public brossé dans le sens du poil (l’esprit caillera, pour faire court et stigmatisant) / des guests (Ramzy, Gad Elmaleh) / surenchère d’effets (plus crade, plus choquant) etc etc. Du coup c’est vulgaire, à tous les niveaux, sur le fond et sur la forme. Rien ne fonctionne pour moi, j’ai eu beaucoup de mal à aller jusqu’au bout. Peu après, on a appris que Gastambide serait aux manettes d’un nouveau volet de Taxi : y a pas de hasard, jamais.

Encore heureux
Sur le papier, un beau casting (Edouard Baer, Sandrine Kiberlain, Bulle Ogier). Sur l’écran, une véritable catastrophe: ça se veut subversif ou « décalé », c’est d’un conformisme affligeant. Surtout, les acteurs, tous excellents en général, provoquent l’embarras. Parce que mal dirigés, mauvais dialogues. Quand j’ai vu que Nicolas Bedos était crédité au scenario (ou aux dialogues, je sais plus et j’ai la flemme de vérifier), je me suis dit que bon-sang-mais-c’est-bien-sûr-c’est-logique et que le monde avait beau élire Trump et nous enlever Bowie, Cohen et Prince la même année, il tournait encore un tout petit peu rond. Ce mec, Nicolas Bedos, n’a aucun talent, je comprends pas comment il peut continuer à exister… Enfin si, je comprends mais ça va finir par se voir à un moment non, tout fils de qu’il est ? C’est vraiment une plaie, je le déteste. Et par « plaie » j’entends « grosse merde ».
Saint Amour
Que ça soit du cinéma par et pour les punks à chiens, c’est une chose : comme on dit quand on veut pas dévoiler le fond de sa pensée afin de ne pas froisser son interlocuteur, « tous les goûts sont dans la nature ». Ce qui me rend Saint Amour profondément détestable, c’est son incroyable prétention : ça y est, c’est acté apparemment (ils étaient même invité sur France Culture), Kervern et Délépine font de l’Art. Ils sont des Auteurs. Donc ils auteurisent méchamment. C’est plus seulement de la comédie, ça a du sens, ça offre une vision du monde. A travers les yeux d’un punk à chiens donc.
Des nouvelles de la planète Mars
Remake à peine déguisé du 1er film de Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien), avec François Damiens dans le rôle du salaryman/père de famille terne et mort à l’intérieur (à la place de Laurent Lucas), et Vincent Macaigne dans le rôle du trublion borderline qui vient faire péter tout ça (à la place de Sergi Lopez). Cette fois ça ne fonctionne pas du tout : c’est pas un navet, c’est pas un nanard, c’est pas détestable, c’est simplement très mauvais. Tout est surligné, sur-signifié, paraît forcé, artificiel. Le film est court mais j’ai eu beaucoup, beaucoup de mal à aller jusqu’au bout : un signe qui ne trompe pas.

The Neon Demon
Pendant 1h30, je trouvais ça juste chiant mais ça allait à peu près. Joliment nul quoi même si cette esthétique ne me touche absolument pas. Et puis quand Elle Fanning va chercher refuge chez son amie maquilleuse (l’hétéro-beauferie du truc mon Dieu…), ça bascule dans le grotesque et le ridicule. Pourquoi pas là encore : un film esthétisant et « ambient » qui change brusquement de tonalité et vire au gore sans crier gare, je suis pas contre. Ce qui me gêne c’est le caractère profondément basique de ce que dit le film. Comment peut-on en être encore à ce niveau de pseudo-subversion en 2016 ? Comment peut-on créer un objet aussi signifiant pour délivrer un message aussi ras les pâquerettes (« la mode, ben c’est un univers vraiment méchant méchant qui se repaît de chair fraîche ») ? The Neon Demon figure dans plein de tops de fin d’année de très bonne tenue, pour moi c’est LA baudruche de l’année.
La chute de Londres
Un homme à la hauteur
Au bout d’un quart d’heure environ, je me suis mis à penser à un précédent calvaire de séance, un des pires films vus dans ma vie: La confusion des sentiments. Bon, ça n’a absolument rien à voir et ça n’a pas été aussi pénible à regarder mais c’est révélateur… Laurent Tirard n’est pas un mauvais bougre en plus, on sent qu’il sent que c’est hyper casse-gueule mais qu’il a quand même envie de relever ce gros défi et c’est tout à son honneur. Mais très vite on pense à ce que les Farrelly par exemple auraient fait d’un tel pitch parce que lui rate à peu près tout. Tout le temps. Et pas qu’un peu encore… Frissons de la honte et de la gêne, tout le temps. Et la bo putain, c’est chaud : Antony and the Johnsons, Cat Power. Cat Power bordel, The Greatest, en 2016, après qu’on l’a déjà entendu dans 4587 films et 36595 émissions de télé auparavant. Non mais sans déconner les mecs, bossez un peu, merde !

War Dogs
Médecin de campagne
Une pub Herta améliorée, déguisée pour plaire aux lecteurs de Télérama ( = avec des morceaux de gauche dedans). Peux pas en dire beaucoup plus, je m’y suis tellement fait chier que je l’ai totalement rayé de ma mémoire. Je sais juste que j’ai trouvé ça très mauvais et très loin du bienveillant, énergique et stimulant Hippocrate, précédent film du réalisateur.
Bridget Jones Baby
C’est vraiment à chier. Mais genre, vraiment. Le pire truc vu cette année je pense. Pire encore que le film lui-même : une salle bien garnie de personnes de tous âges qui riaient de bon cœur apparemment. Autant je peux comprendre le succès des comédies droitisantes à la Camping, autant là c’est la perplexité la plus absolue.

The Revenant
Green Room
Un survival mettant en scène un groupe de punk rock pris pour cible par des neo-nazis. Déjà faut passer outre le fait que le groupe, manifestement composé d’anars, accepte d’aller jouer en toute connaissance de cause dans une salle tenue et fréquentée par des fachos. Pas par provocation ou nihilisme, non : le plus sérieusement du monde, parce qu’ils ont besoin d’argent. Après faut passer outre le filtre photo verdâtre permanent (ça s’appelle Green room, T’AS COMPRIS ?!?!). Enfin, faut passer outre le fait que c’est morne, plat, atone, ni fait, ni à faire, ni tout à fait gore, ni tout à faire sérieux, ni tout à fait série B, encore moins subversif évidemment : ça fait un peu beaucoup.
Retour chez ma mère / Camping 3
Quand on me demande pourquoi et comment je peux me taper des trucs dont je sais d’avance qu’ils sont horribles, je réponds invariablement que c’est important de voir des mauvais films de temps en temps car c’est très dur de réaliser un bon film. Du coup, non seulement les mauvais mettent en valeur les bons mais ils permettent aussi de voir ce qu’il ne faut pas faire/ce qu’il faut faire pour que ça fonctionne.
Et parmi les mauvais films, je privilégie les comédies françaises à succès par rapport à des blockbusters américains par exemple car outre mon attachement au genre, et l’espoir, malgré tout, de tomber sur une bonne surprise, ils sont souvent un bon indicateur sociétal : là par exemple, et comme avec Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? il y a 2 ans, ou encore l’immmmmmoooooonde Barbecue du même Eric Lavaine (le réalisateur de Retour chez ma mère), on est face à 2 bons gros téléfilms de droite, bien pantouflards, bien démagos, bien France 2016. C’est triste et ça fait flipper en même temps. Triste aussi de constater que le génie comique de Franck Dubosc (je répète: Le. Génie. Comique. De. Franck. Dubosc), l’un des rares acteurs comiques français à se donner sans calcul et sans songer aux possibles répercussions sur son fan club, n’ait encore à ce jour jamais été exploité. Le mec mérite un bon rôle dans un bon film.
Ceci étant, 2017 promet à la comédie décomplexée de franchir un nouveau palier grâce au nouveau film de Philippe de Chauveron, véritable petit maître du genre:
Ca devait s’appeler Si vo plé (sans déconner…), ça sera finalement A bras ouverts. Les miens en tombent.
Dernière précision, mais non des moindres : ça sort 2 semaines avant le 1er tour des présidentielles. Et après on dit que j’exagère…