Top 10 cinéma 2018

Les daubes, ici, les semi-daubes, ici, les « ça passe », ici et les « super! » ici.

10. Les Indestructibles 2

Qu’est-ce que c’est bien fichu, bien rythmé, intelligent, drôle, mignon… Ils devraient en faire une vraie franchise et en sortir un tous les 2 ou 3 ans, comme pour Mission: Impossible, ça serait génial.

 

9. Jusqu’à la garde

Va falloir que je le revoie pour trancher car plus le temps passe et plus il perd des places: j’ai d’abord été très impressionné par l’écriture et la mise en scène, précises, intelligentes et implacables, par les acteurs, Denis Ménochet et Léa Drucker en tête évidemment, mais pas que (les enfants, les parents) et par ce dernier acte irrespirable vers lequel tout ce qui précède est tendu (au sens propre bien sûr). Mais… Ce dernier acte précisément, ou plutôt un de ses aspects, à travers quelques plans, me chiffonne: l’impression un peu gênante de n’être plus au cinéma mais devant la télé et un spot de prévention contre les violences conjugales. Il me semble que le film aurait très bien pu s’en dispenser pour faire passer le message. Je chipote peut-être, je sais pas. Faut que je le revoie…

 

8. Mission: Impossible – Fallout

“I’m really sorry. Excuse me”: Ethan Hunt va s’excuser une bonne dizaine de fois durant les 2h30 que dure Mission: Impossible – Fallout . Auprès de ses collègues et amis, auprès de son ex, de sa future, des personnes assistant aux funérailles qu’il est contraint de perturber. 5ème volet de ses aventures, déjà et c’est donc le temps des excuses, des conséquences. Du solde de tout compte ? On verra bien, tout est possible vu la manière dont le film s’achève. Mais si tel était le cas, MI – Fallout, serait encore plus jubilatoire et satisfaisant qu’il ne l’est déjà. Une véritable apothéose, qui va plus loin en termes d’action et de spectacle que tous ses prédécesseurs, tout en revenant aux fondamentaux de la franchise (le volet réalisé par De Palma) et donc de la série. Quel pied bordel !

 

7. Call me by your name

On avait loué, dans Brokeback Mountain, la nature universelle et universaliste du récit, le fait qu’il s’agissait avant tout d’une histoire d’amour et non d’une histoire d’amour homosexuelle. C’est bien pourtant parce qu’il s’agissait d’une relation homosexuelle que l’histoire des 2 amants virait au tragique… Dans Call me by your name jamais la question de l’orientation sexuelle des 2 principaux protagonistes n’est abordée ni encore moins remise en cause : ni dans le cercle des proches, ni dans « la société ». Il fait beau, tout est beau, tous sont beaux, ils parlent du Beau etc. La tragédie d’Elio et Oliver est belle et douce. Elle s’achèvera comme on imagine s’achever l’été dans la campagne lombarde, bellement et doucement. Mais ça n’en est pas moins une tragédie… Très envie de le revoir celui-là aussi, d’autant qu’il y aura une suite.

 

6. Une Affaire de famille

J’ai d’énormes lacunes en cinéma asiatique, c’était donc mon premier film de Kore-Eda. Il semble y avoir une certaine unanimité sur le fait qu’il ne s’agit pas de son meilleur film, voire qu’il est un peu paresseux : faut vite que je me fasse ses meilleurs alors (unanimité là aussi sur Still Moving) parce que j’ai trouvé ça absolument magnifique. Pas une once de gras, le placement de caméra juste, la coupure juste, tout le temps. Magnifique. Même lorsque le film change de ton dans son dernier quart, avec une mise en scène et une direction d’acteurs sensiblement différents, le mec a tout juste. Pardon pour l’analogie mais c’est la 1ère qui m’est venue à l’esprit : j’avais l’impression de voir jouer Toni Kroos, soit le mec que tu vois pas, qui dribble pas, qui tacle pas, qui finit le match sans se décoiffer mais avec la meilleure feuille de stats des 22 acteurs. Magnifique.

 

5. L’Île aux chiens

Sur le strict plan de la direction artistique, c’est le plus beau film de l’année avec Phantom Thread : évidemment, Wes Anderson a trouvé un terrain de jeu parfait au Japon, pays de la préciosité, du rite, de la tradition. Et, encore une fois, dans le prolongement du Grand Hôtel Budapest, cette méticulosité extrême se justifie pleinement car elle crée un contraste prononcé avec le fond : c’est sans doute son film le plus violent, n’hésitant pas à aborder, de manière étonnamment frontale, des thèmes très lourds. J’aime beaucoup la critique de So Film donc je m’en tiendrai là.

 

4. Mes Provinciales

Un film qui tente, et parvient, à encapsuler la tragédie essentielle de la Jeunesse, et donc, le Romantisme. Une merveille. Ici.

 

3. Mektoub my love: canto uno

Ca fait plusieurs semaines que je me creuse la tête sur ce film, et je n’arrive pas, du tout, et très sincèrement, à en dire quoi que ce soit d’intéressant (si tant est que j’ai dit des choses intéressantes jusqu’ici mais tu vois ce que je veux dire). Sinon des lieux communs: « sensoriel », « immersif », « solaire » etc, tout ce qu’on peut lire partout au sujet du film. C’est sans doute ça finalement : « sensoriel », « immersif », « solaire ». Et donc après quasiment 3h de « sensoriel », « immersif », « solaire », Kechiche trouve encore le moyen de surprendre en tissant un lien avec le cinéma de Rohmer. Mais c’est une évidence ça aussi.

 

2. Phantom Thread

Un summum d’élégance et de subversion espiègle. Ici.

 

1. Under the Silver Lake

Pour situer mon niveau d’appréciation, ça faisait des années que j’étais pas allé revoir une nouveauté en salles (Mulholland Drive, comme un fait exprès). Et c’était encore mieux la 2ème fois: étrangement, j’ai moins intellectualisé que la 1ère fois et je me suis cette fois véritablement laissé porter par l’intrigue. Je me suis vraiment régalé. 2 fois donc, et de manière différente. J’en parle plus en détail ici.

Top 10 cinéma 2014

Je préfère te prévenir même si tu le remarqueras très bien tout seul : ça sent la fatigue.

10. A most wanted man

Je lui préfère The American, précédent film d’Anton Corbjin également adapté d’un roman de John le Carré, pour son caractère plus intimiste voire minimaliste, pour le côté « italiano » du film, pour les Abruzzes, pour Clooney. Et bien sûr pour la sublime Violante « bonjour madame » Placido. A Most Wanted Man est un film plus « global », plus « mondialisé », plus manifestement ambitieux : son propos est de tenter de cerner en quoi, pour les services d’espionnage des plus grandes puissances occidentales, le 11 septembre 2001 a irrémédiablement changé la donne. Il le fait de très belle manière, très élégante, sans maniérisme ni manichéisme, avec beaucoup de justesse, d’intelligence et d’à propos. Corbijn choisit encore un cadre inhabituel et relativement peu utilisé au cinéma auparavant, la ville de Hambourg, après le petit village de Castelvecchio dans les Abruzzes donc. Et une nouvelle fois, il choisit d’aborder son histoire, aussi potentiellement lourde et ambitieuse soit-elle, sous l’angle de l’histoire d’un homme, seul, de son caractère trop humain justement et de son drame personnel. Que ce personnage soit interprété pour sa dernière apparition à l’écran il me semble, par l’excellent et regretté Philip Seymour Hoffman, le rend bien évidemment encore plus émouvant.

RIP
RIP


9. Wrong cops

Il s’agit a priori d’une « récréation » pour Quentin Dupieux, avant son gros projet, Reality, sur lequel il bosse depuis plusieurs années il me semble. Il s’agit également d’un retour à la « comédie » pure après la tentative meta complètement foirée (détestable même) de Rubber. Et c’est peu dire que c’est jubilatoire : des petits films comme ça, supposément bâclés, tournés à la va-vite, on en redemande. De la part de Quentin Dupieux hein, pas Luc Besson. Super bo aussi, évidemment, genre de best of de Mr Oizo : ses disques, toujours passionnants, sont parfois à la limite du supportable (pour moi en tout cas); celui-ci est irrésistible et fait figure de porte d’entrée idéale.

Marylin Manson joue très bien la comédie.
Marylin Manson joue très bien la comédie.


8. Une nouvelle amie

Bénéficie peut-être de l’atout fraîcheur puisqu’il est sorti en fin d’année mais non, je crois pas : c’est un très JF (Joli Film), un excellent FF (Film Français, tourné à l’étranger de surcroît, en l’occurrence au Canada) et un film QFA (Qualité Française Auteuriste) exemplaire. Le grand chelem. Pas sûr que ce soit un FT en revanche (Film Télérama), je parie qu’ils ont trouvé ça trop kitsch ou trop populaire. J’en parle succinctement ici. Accessoirement, il s’agit du 3ème film featuring Anaïs Demoustier, définitivement le Petit Chou Grande Remise 2014.

Ils sont censés avoir le même âge, c'est quand même un peu gros.
Ils sont censés avoir le même âge, c’est quand même un peu gros.


7. La planète des singes : l’affrontement

Le blockbuster de l’année, tout simplement : spectaculaire et intelligent à la fois, il divertit et fait réfléchir, impressionne et questionne dans un même élan. Techniquement, c’est assez incroyable même si c’est évidemment accessoire : j’ignore si le choix de n’utiliser que des acteurs relativement  peu connus ou « modestes » (le plus célèbre étant Gary Oldman, pas vraiment une superstar hollywoodienne) relève d’un choix purement artistique et/ou économique mais il permet de laisser la vedette aux singes, beaux, émouvants, effrayants, sauvages, humains, bien sûr. Sur le fond, ce que dit le film sur la nature humaine, le pouvoir et son exercice, loin de tout manichéisme, angélisme ou à l’inverse cynisme, simplement avec lucidité et peut-être un certain fatalisme, me semble passionnant.

Un homme, un vrai.
Un homme, un vrai.


6. Gaby Baby Doll

J’ai revu les Coquillettes et j’en suis toujours aussi fan. Gaby Baby Doll, « vrai » film en comparaison (au sens de « plus traditionnel »), perd sans doute en spontanéité et punkitude ce qu’il gagne en ampleur, profondeur et émotion. Mais la manière dont il le gagne est absolument magnifique : il s’agit ni plus ni moins d’une réinvention du conte de fées traditionnel avec cette fois un prince éploré et une princesse charmante. Doucement subversif donc, drôle et émouvant. Très émouvant même.

J'aimerais bien savoir s'il s'agit d'une vraie ou d'une fausse barbe
J’aimerais bien savoir s’il s’agit d’une vraie ou d’une fausse barbe


5. 22 Jump Street

Bon, ça c’est moins émouvant, c’est sûr. Mais quel pied putain… Ces 2 mecs (Phil Lord et Chris Miller) sont vraiment très brillants… C’est eux qui ont réalisé La Grande Aventure Lego aussi cette année, mince ! Costauds les mecs… Si le 1er (Lego movie donc) repose sur une connaissance et une utilisation sans faille de la culture pop la plus pointue et fédératrice à la fois, sans une once de démagogie ni de putasserie, celui-ci fonctionne sur une connaissance et une utilisation sans faille… du 1er volet (21 Jump Street donc), dont il est, au plan près, le remake absolument conscient, délibéré et constamment amusé. Aussi brillant au premier qu’au second degré, le film met également, et à nouveau, en lumière, l’incroyable alchimie entre Jonah Hill, pilier de la neo-comédie US, et Channing Tatum, ex-pilier des Chippendales. Y a une espèce d’osmose improbable entre les 2, assortie d’une émulation, et d’une complicité évidemment, évidentes, qui fait tout bêtement plaisir à voir.

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Fucking geniuses


4. Jacky au royaume des filles

J’en parle ici. J’en profite pour signaler que cette année, Riad Sattouf a également publié un nouvel ouvrage, L’Arabe du Futur (ce titre, déjà), absolument génial et indispensable. Cette BD, très différente de ce film, associée à lui, donne l’impression qu’il est en train d’atteindre une sorte de plénitude artistique et surtout, qu’il a encore beaucoup de films et livres grandioses, et différents les uns des autres, en lui. Enfin, j’en sais rien, peut-être que j’interprète complètement mais en tout cas j’ai hâte de découvrir ce qu’il nous réserve pour la suite, quel que soit le support.

L'instant Sopalin
Instant Sopalin


3. Tonnerre

Ici. Très envie de le revoir, ce qui est en général très bon signe. Vincent Macaigne, sorte de Patrick Dewaere de la génération Y (dans ce film en tout cas), y atteint de nouveaux sommets.

Comment ne pas aimer ce mec ?
Comment ne pas aimer ce mec ?


2. Dumb and Dumber De

Je me souviens très bien du jour où j’ai vu pour la 1ère fois Le Mépris. Peau d’Âne, Mulholland Drive aussi. Sueurs Froides, Le bon, la brute et le truand, 2001 l’odyssée de l’espace, Les Moissons du Ciel. Et Dumb and Dumber : un samedi matin, réveillé beaucoup trop tôt à mon goût de ma nuit d’étudiant glandeur et donc déjà posté à 9h du matin devant Canal Plus, en quête d’un film devant lequel prendre mon petit-déjeuner. Et là : Le Mépris. Peau d’Âne. Mulholland Drive, Sueurs Froides, Le bon, la brute et le truand, 2001 l’odyssée de l’espace, Les Moissons du Ciel. Pas moins. Une révélation. Une épiphanie. « Ah mais on peut faire ce genre de films? Avec cet humour là? ». Je m’en suis pas remis : TOUTE la comédie que j’aime aujourd’hui, et tu commences à savoir à quel point j’aime la comédie, vient de là.
Alors très exactement 20 ans après, quoi ? La joie, immense, à l’annonce de la mise en chantier de ce 2ème volet des aventures d’Harry et Lloyd, suivie aussitôt de la crainte évidemment : est-ce qu’ils (les Farrelly, Jim Carrey, Jeff Daniels) sont pas trop vieux maintenant ? Est-ce que cet humour n’a pas été enterré par sa géniale progéniture (la galaxie Apatow) ? Est-ce qu’ils ne vont pas jouer que sur la nostalgie du 1er volet ? Réponse, dans l’ordre : non, non et non. Dumb and Dumber De est tout simplement miraculeux : comme si le projet avait bénéficié d’un alignement de planètes, d’un état de grâce, d’une conjonction optimale d’ondes positives. Je n’en dirai pas plus : j’ai envie de citer 50 gags/répliques mais je n’en ferai rien pour ne rien dévoiler. Simplement, et c’était ma plus grosse crainte, les gags les plus débiles sont vraiment débiles (et drôles), les gags les plus élaborés sont vraiment génialement élaborés (et drôles), les gags les plus trash sont vraiment trash (et drôles), les clins d’oeil au 1er volet, à la fois parcimonieux et jubilatoires, en nombre pile poil suffisant, toujours traités de la plus belle des manières (le coup de la fourgonette-chien nom de Dieu MAIS QUELS PUTAINS DE GENIES). L’émotion, réelle, à la fois orchestrée et pudique, en prime. Émotion de retrouver ces 2 couillons ultimes 20 ans après, émotion de revoir les Farrelly au meilleur de leur forme, émotion de constater avec quel talent et quelle intelligence ils ont traité ce projet sacrément casse-gueule, émotion d’une histoire plus « profonde » qu’il n’y parait (le bonus par rapport au 1er volet) qui ne touchera donc pas uniquement les fans de la 1ère heure. Jim Carrey, totalement déchaîné, (re)trouve là son meilleur rôle depuis un bail. Jeff Daniels, plus en retrait, est génial lui aussi. Peter et Bobby Farrelly, merci, merci, merci. AESD ❤

Toutes les scènes sur la route sont absolument gé-nia-les
Toutes les scènes sur la route sont absolument gé-nia-les


1. The Grand Budapest Hotel

Eh oui, je suis prévisible. Mais j’ai d’autant plus envie d’aimer et défendre ce film qu’il n’a pas fait l’unanimité. En effet, pour beaucoup, de plus en plus nombreux, Wes Anderson ferait TOUJOURS le même film et ça commencerait à bien faire justement. Attention, gros scoop : la réponse est oui, il fait toujours le même film. Dingue. Comme Brian de Palma (pour prendre un exemple contrastant à l’extrême) ou comme les High Llamas, qui eux enregistrent toujours le même disque (pour prendre un exemple un peu plus approprié). Mais comme toujours, ceux qui savent, savent. Qu’il s’agit là de son film le plus raffiné, le plus élégant, le plus précieux. Mon Dieu quelle merveille. Cet homme, Wes Anderson, possède un goût absolument infaillible (et je m’y connais). Non mais quelle élégance encore récemment pour la cérémonie des Golden Globes ! Musique, costumes, décors, accessoires, dialogues : c’est toujours absolument délicieux et c’est l’épitomé du style Grande remise si tant est qu’il y en ait un (enfin, I wish…). Et cette préciosité, ce raffinement, ce souci du détail, n’ont jamais été aussi justifiés qu’ici, dans cette magnifique histoire de transmission (comme TOUJOURS chez lui, oui, tout à fait) et ce manifeste sincère et désabusé à la fois pour un monde plus beau. Dire des choses aussi profondes, aussi essentielles et les dire avec une telle élégance, une telle pudeur, m’a, une nouvelle fois, bouleversé.
« To be frank, I think his world had vanished long before he ever entered it – but, I will say: he certainly sustained the illusion with a marvelous grace ».

Tristesse Club – critique

Si vous aimez les jeux de pistes, les vieilles Porsche, les soeurs qui n’en sont pas, les pères pas vraiment morts, les lacs et leurs secrets: bienvenue au club. (Allocine.fr)

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L’histoire c’est plus précisément celle de Léon (Laurent Lafitte) et Bruno (Vincent Macaigne) 2 frères qui ont la surprise de faire la connaissance de Chloé, celle qui prétend être leur demie-soeur (Ludivine Sagnier), aux funérailles de leur père.

Il ne t’aura pas échappé que je n’ai pas parlé cinéma depuis un moment. J’ai bien vu quelques flims mais je n’avais aucune envie d’en dire quoi que ce soit : parce qu’ils n’étaient pas très bons (Godzilla, The Homesman) ou parce qu’ils ne m’inspirent pas grand chose malgré leurs nombreuses qualités (La Chambre Bleue, Pas Son Genre).
Tristesse club est sans doute celui qui m’a le plus enthousiasmé. C’est aussi le plus granderemisesque, il fallait que j’en dise quelques mots.

L’intrigue/le décor du film puise de manière assez transparente dans 2 films qui me sont chers, 2 films qui eux aussi traitent de la quête d’un père absent ou défaillant : La Famille Tenembaum de Wes Anderson d’un côté, Tout feu, tout flamme de Jean-Paul Rappeneau de l’autre.
Dans les 2, un père flamboyant, plein de panache, coureur de jupons, magouilleur, menteur, absent, défaillant donc. Le film de Wes Anderson semble être l’influence la plus évidente: Tristesse Club parle ainsi d’une fratrie aux liens distendus par la faute d’un géniteur avec lequel il va falloir renouer d’une manière ou d’une autre. Par ailleurs, Laurent Lafitte interprète un ex-champion de tennis à la carrière stoppée en plein vol, exactement comme Ritchie Tenembaum.
L’influence de Tout feu tout flamme semble peut-être un peu moins évidente mais Vincent Mariette, le réalisateur, situe le coeur de son intrigue (et la grande majorité de ses scènes) dans un hôtel abandonné en bord de lac, comme dans le final du film de Rappeneau.

Bon, c’est juste pour donner une idée et si ça se trouve ces similitudes ont été relevées par tout le monde mais je ne lis plus les critiques de films depuis un bail.
Quoi qu’il en soit Tristesse Club se démarque très bien de ces 2 films et trouve rapidement son ton : celui, en train de s’affirmer, d’une néo-comédie française ambitieuse, lettrée sans être élitiste, populaire sans pour autant faire de concessions. Normal dès lors d’y retrouver un Vincent Macaigne toujours aussi impeccable ou un Laurent Lafitte vraiment tout terrain, aussi bon dans des comédies plus grand publics (le mignon De l’autre côté du périph’) qu’ici donc. L’alchimie entre les 2 acteurs, indispensable puisqu’ils interprètent 2 frères aux relations qu’on devine très vite compliquées, saute aux yeux. Ludivine Sagnier, un peu en retrait, est très bien elle aussi.

Le film n’est pas exempt de quelques petites longueurs ou maladresses (notamment l’histoire de la machine fabriquée par le père, dont on sent bien que Mariette hésite à en faire quelque chose de symbolique mais sans trop l’appuyer par peur d’être trop lourd, et qui donc au final n’en fait rien) mais l’ensemble est très drôle, touchant et malin (les potentielles et évidentes péripéties de l’intrigue rapidement désamorcées).

Encore une bonne comédie française donc et ça fait bien plaisir ma foi.

Comédie, mode d’emploi – critique

Comme convenu, quelques mots sur cette lecture récente. Grande remise, le blog qui tient ses promesses de campagne.

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Je ne reviendrai pas sur l’importance qu’à pris Judd Apatow (au sens large : lui, ses productions, celles et ceux qui gravitent autour) pour moi ces 10 dernières années, je crois que c’est suffisamment clair si tu lis un minimum ce blog. Lui et Wes Anderson : en gros, c’est ça le cinéma pour moi aujourd’hui. Absolument.

Lecture très intéressante.
En guise de préambule, Burdeau se fend d’un texte analytique limpide et bien senti. Pas plus, pas moins.
Comédie, mode d’emploi retranscrit en fait son entrevue avec le maître de la neo-comédie américaine. Il porte très bien son titre : l’auteur a bien pris soin de rester concentré sur son sujet ou en tout cas de ne garder que ce qui s’y rattachait directement. Ainsi, la vie personnelle n’est évoquée qu’à travers l’enfance ou les années de formation : Apatow insiste bien sur le fait que l’humour était une passion pas un passe-temps (il est notoirement réputé pour n’avoir manqué aucun épisode de Saturday Night Live et en connaitre certains par cœur).

Pour le reste, pas ou peu de révélations mais une réflexion à la fois pragmatique et instructive sur sa condition de funny man professionnel : producteur et réalisateur de comédies, gag man, découvreur de talents etc. C’est chouette.
A noter néanmoins qu’il précise bien, et c’est tout à son honneur, que s’il y a évidemment apporté sa touche, la série Freaks and Geeks, souvent considérée comme l’acte fondateur de la geste apatowienne (on y voit pour la première fois à l’écran James Franco, Seth Rogen Jason Segel, Martin Starr et bien d’autres, dans une chronique mélancolique des années lycée), est une pure création du très sous-estimé Paul Feig (réalisateur du sublime Mes meilleures amies).

Ca se lit donc tout seul  et si ça n’est pas révolutionnaire, c’est indispensable à qui s’intéresse de près aux comédies américaines de ces 10-15 dernières années.

Ca en revanche :

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je l’ai attaqué mais je l’ai rendu à la bibliothèque : impossible à lire en 2 semaines (pour moi en tout cas). C’est passionnant mais incroyablement dense. Je l’achèterai donc et le dégusterai tranquillement sur une longue période.
Seulement voilà, le truc c’est que si je l’achète, je SAIS que je le laisserai dormir des mois voire des années dans un coin (véridique,  j’ai plein de bouquins comme ça) : c’est maladif, je n’arrive pas à lire un bouquin que j’ai à disposition quand je le souhaite. Reste la solution de l’emprunter à plusieurs reprises et à différentes périodes tu me diras, ça peut marcher ça…

Bon, je lance une évaluation et je fais un graphique pour m’aider à prendre une décision là-dessus, je te tiens au courant. Bisous.

Frances Ha – critique

Deux BFF new-yorkaises font l’apprentissage de la life ensemble, et surtout séparément. Et je te prie de croire que c’est pas facile-facile tous les jours, même avec un I-Phone 5 dans les mains.

Voilà, en gros, pour le pitch.

Frances Ha appartient à la veine la plus démonstrative de Noah Baumbach aka la face cachée de Wes Anderson (il a co-écrit La famille Tenembaum et Fantastic Mr Fox). Sa face verbeuse, intellectuelle et new-yorkaise donc.

Sa veine la plus humble (et la plus intéressante selon moi, t’avais compris hein petit coquin) il l’a exploitée dans les très réussis Les Berkman se séparent et Greenberg. Entre les deux, il a réalisé une espèce de cauchemar de caricature de film indé US, Margot at the Wedding, genre de bergmannerie édifiante: Nicole Kidman s’y crêpait le chignon avec Jennifer Jason Leigh sur l’île de Nantucket ou Martha’s Vineyard, j’ai pas très bien saisi, un ghetto insulaire pour milliardaires de la côte Est quoi qu’il en soit. Nicole y était évidemment brune et pas très maquillée. C’est quand même incroyable qu’on en soit encore réduit à ce genre de procédé pour la caractérisation et l’incarnation d’un personnage, y compris dans ce genre de films, censés se situer un peu au-dessus de ça. C’est du niveau d’une Katie Holmes que le simple port de lunettes à grosses montures doit suffire à transformer en avocate crédible dans le 1er Batman de Nolan.

Sans atteindre le niveau de pédanterie de son précédent film, Frances Ha fait preuve d’une même volonté de s’approprier un lourd héritage (ici la Nouvelle Vague et les Woody Allen période Manhattan/Annie Hall) mais le fait avec énormément de maladresse. Paradoxalement, j’ai pensé à Sophie Letourneur qui elle parvient à se faire « la voix de sa génération » avec légèreté, second degré, inventivité et pertinence : c’était pour mieux me faire mal car on est ici davantage du côté de l’inconséquence et de l’égocentrisme de Girls, la série de Lena Dunham, dont le film semble un couasi spin-off, pour ne pas dire remake. C’est pas insupportable mais c’est vraiment très paresseux. Et puis la séquence « je suis presque à la rue mais je me paie un weekend à Paris sur un coup de tête », à un moment faut arrêter les conneries.

Evidemment, une bouteille de San Pellegrino sur la table (soupir)
Evidemment, une bouteille de San Pellegrino sur la table (soupir)

Autre problème nuisant à la vraisemblance de l’ensemble selon moi (et ne viens pas me dire que je m’attarde sur des détails sans importances: ces films-là jouent à fond sur l’identification générationnelle et donc, le réalisme, la vraisemblance) : le mec avec qui la copine de Frances sort, et qui est censé être un gros beauf type frat boy. Il est complètement IMPENSABLE que cette nana plutôt intello, intolérante et exigeante telle qu’elle nous est présentée, sorte avec un mec de ce genre. Ou alors, de deux choses l’une: 1. elle est en fait aussi conne et superficielle que lui 2. le mec n’est pas si con et superficiel que ça. Sachant qu’il n’est pas forcément montré très à son avantage, j’en ai tiré la conclusion qui s’imposait… Autant pour la sympathie que la nana est censée provoquer donc.

Enfin, le « clin d’oeil » à Carax n’en est pas un: c’est carrément un emprunt, une copie conforme. Les ricains trouvent peut-être ça super cool parce qu’ils n’ont pas vu Mauvais sang et qu’ils ne se doutent donc de rien mais moi ça me fait un peu de peine qu’un mec intelligent, érudit et sensible (malgré tout) que Baumbach en soit réduit à ça.

Grosse déception donc, pour ce film que j’attendais de voir avec impatience tant il avait tout pour me plaire a priori. J’espère que Baumbach va à nouveau réussir à redresser la barre.

Les coquillettes

les coquillettes - sophie letourneur
Film de l’année pour l’instant, haut la main. Rien à foutre si j’en ai vu que 3 ½, je pourrais en être à 52 que la conclusion serait la même.

A la nécessaire adhésion subjective, à l’empathie, que dis-je à l’identification extrême qui se noue ici (il s’agit là d’un film qui me parle autant que peuvent le faire Sébastien Tellier, Wes Anderson, Judd Apatow ou Raul Gonzalez Blanco) s’ajoute l’impression de voir se déployer de vrais, de beaux artifices de cinéma.

En effet, sous couvert de comédie parisiano-parisianiste, Letourneur fait preuve d’une maîtrise dans la mise en scène des dialogues et du récit absolument dingue. Paroles échangées, paroles rapportées, rapports de paroles échangées, sms, sms rapportés, histoires racontées, histoires qu’on se raconte à soi-même : tout ici se mêle avec une facilité et une fluidité déconcertantes. Les personnages sont croquées avec une précision et une justesse folles, parfois au détour d’un simple mot ou d’une simple attitude. Il est d’ailleurs, et bien évidemment, beaucoup question de détails: de ces mots, gestes ou actes parfois insignifiants, « joués » dans un cadre festif propice à la déréalisation, et qui semblent parés du pouvoir de « changer le cours de notre existence » pour paraphraser la réalisatrice.
Les 3 filles bien sûr, sont épatantes, chacune dans un registre très différent. J’ai particulièrement aimé Letourneur, personnage à la fois le plus touchant et le plus drôle (la cristallisation sur Louis Garrel, running gag génial et drôlissime).

C’est vraiment super quand le cinéma te donne ça. C’est con à dire parce que c’est une évidence mais « le cinéma c’est ce qui rend la vie plus belle que le cinéma » et tu ressors gonflé à bloc après un tel film.
Je n’ai maintenant qu’une envie : me ruer sur La vie au ranch et  Le marin masqué. Et bien évidemment, ajouter Sophie Letourneur à ma liste d’amis sur Facebook.

Top films 2012 – 2ème partie, les winners

Eh oui mon vieux, que veux-tu, les tops c’est comme la vie: il y a des perdants et il y a des gagnants.

Ci-dessous, mes films préférés parmi ceux que j’ai vu au cours de l’année écoulée. Et comme ils sont winners jusqu’au bout de la pellicule (ho ho!) je leur ai choisi une belle photo tirée d’eux pour les illustrer. Eux.

19 – Peace, love et plus si affinités

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Un titre français débile pour une comédie relativement moyenne mais que veux-tu, c’est mon gros péché mignon. Ici, Paul Rudd, l’acteur-le-plus-sympa-du-monde et Jennifer Aniston (on l’aime tous elle aussi même si elle ressemble un peu trop à son oncle) forment un couple de new-yorkais qui cède à la tentation communautaire. C’est cousu de fil blanc (lui, moteur de l’initiative, va vite déchanter, elle, d’abord réticente, va s’y abandonner; le gourou qui trahit la communauté; l’égoïsme des babos), ça tombe parfois à plat mais je suis très (trop) bon public pour ce genre de films dès lors que quelques gags/scènes/répliques me font éclater de rire et que le casting est réussi.

18 – Thérèse Desqueyroux

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Je me dis qu’il serait bien plus bas dans mon top si j’avais vu davantage de films mais c’est pas si sûr… Oui c’est plan-plan, oui ça frise l’académisme, oui c’est Gilles Lellouche (qui ne démérite pas non plus) mais Miller transmet assez bien la sensation de claustrophobie, de mollesse étouffante de la bourgeoisie landaise, la nature foncièrement anxiogène du roman de Mauriac. Donc c’est plutôt pas mal, voire pas mal du tout et j’ai passé un bon-mauvais moment.

17 – Ted

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Dans le haut du panier mais c’est une déception. J’avais presqu’envie d’écrire une « franche déception »: j’en attendais beaucoup car sur le papier, c’était vraiment calibré pour moi. Malheureusement, malgré une super mise en place, malgré quelques gags/répliques formidables, le film n’arrive pas à rester sur le fil et à ne pas verser à de trop nombreuses reprises dans la vulgarité/la misogynie/le conformisme. Dommage, donc.

16 – Take Shelter

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Bon film, indéniablement, mais un peu surestimé. Je n’ai rien d’autre à en dire, ça veut sans doute tout dire.

15 – Astérix et Obélix au Service secret de sa Majesté

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Grande remise, le blog qui classe le dernier Astérix devant Holy Motors, Camille redouble et Take Shelter. Et qui le pense!
Le film de Tirard est non seulement une très belle réussite sur le plan de la direction artistique (c’est suffisamment rare en France pour être souligné), mais il tire en plus un excellent profit de ses 2 choix les plus tranchés: Edouard Baer en Astérix (il fait bien entendu du Edouard Baer mais il le fait ici avec une fraîcheur évidente) + un scénario basé sur 2 des meilleurs albums de la série, qui comptent également parmi mes préférés, Astérix chez les Bretons et Astérix et les Normands. C’est joli, c’est mignon, c’est drôle (pas super drôle non plus mais on sourit tout du long), le casting est nickel: c’était une des bonnes surprises de l’année.

14 – Radiostars

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Encore un film totalement surclassé mais j’assume: ca n’a pas le talent de ses ambitions (grosso modo les bromances de la neo-comédie US), Cornillac n’a rien à faire là-dedans, y a de grosses, très grosses maladresses mais y a aussi de très bons gags/répliques et de très bons moments (tout le long passage avec le rappeur même si ça se termine en hallucinante pub pour McDo, la saucinette, la scène dans la boîte de nuit en Province « c’est con t’as raté Dr Alban ») qui me rendent l’ensemble sympathique. Je regrette que ce film, qui malgré tout tente quelque chose dans l’univers pantouflard de la comédie française, ait fait un four. La BO est signée d’un de mes chouchous Rob, le morceau principal est sublime et on entend même West Coast de Coconut Records. Tout ça suffit à mon bonheur.

13 – Our Idiot Brother

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Joli film indé qui aurait pu être caricatural (hippies, hipsters et bobos new-yorkais à tire-larigot) mais qui adopte pile-poil la bonne distance. Un film cousin de Peace, love.. en quelque sorte mais si le premier est dans la farce et la caricature, celui-ci serait davantage dans la chronique tendre. C’est quand même dingue le capital sympathie dont dispose Paul Rudd, il est génial ce mec. Alors dans un rôle de proto-Dude naïf et un peu concon, n’en parlons pas. On a presque envie de davantage le câliner lui que son son beau golden retriever, Willie Nelson (le nom du chien dans le film). Sinon à part ça y a Elizabeth Banks, Rashida Jones et Zooey Deschanel qui jouent dedans. OK.

12 – American Pie 4

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Avec le temps, je suis devenu un énorme fan du premier épisode dont je connais par cœur et cite régulièrement bon nombre de répliques. En vf bien sûr, je l’ai jamais vu et je VEUX ABSOLUMENT PAS le voir en vo : « pur Arabicaca », « il s’agit manifestement d’un Piero della Francesca », « maman de Stifler… » suivi d’un râle de plaisir etc. Il s’agit en plus, de mémoire, de la première occurrence, je ne dirai pas invention, de l’acronyme « MILF », rien que pour ça (encore une parenthèse: j’ai du récemment expliquer à une collègue ce qu’était une MILF… en 2013… et après on dit que j’ai un chouette boulot, j’te jure…). Je suis donc allé voir avec motivation ce 4ème volet réunissant le casting originel et nostalgie mise à part, j’ai été très agréablement surpris, j’ai beaucoup ri. C’est essentiellement gras et y a donc du mauvais gras bien sûr mais  y a davantage de bon gras donc c’est chouette. Et Sean William Scott donne vraiment de sa personne, il force le respect.

11 – 5 ans de réflexion

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C’est bien mais c’est presque trop bien. J’entends par là qu’il manque peut-être un grain de folie voire quelques moments faibles, qui conféreraient au film un aspect un peu plus rugueux, un peu moins lisse… Ca manque à la fois de très bons gags et de moments réellement émouvants, comme on pouvait en avoir dans Sans Sarah, rien ne va, dont le film pourrait être la suite. Mais après tout, ça n’était peut-être pas l’objectif initial, peut-être les auteurs se situaient-ils délibérément sur le terrain de la chronique conjugale douce-amère… Auquel cas c’est une très belle réussite car c’est extrêmement bien écrit. T’as vu j’ai même pas parlé d’Alison Brie.

10- Moi, député

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Je l’ai évidemment adoré avant de l’avoir vu et je n’ai pas été déçu. Si la satire politique fonctionne parfaitement (on tient là un de ces films au cours duquel on peut se dire sans trop de risques et avec un léger frisson que « la fiction ne dépassera jamais la réalité », dé-délocalisation comprise), ce qu’on retient avant tout, ce sont évidemment les gags, énormes, culottés, outranciers, géniaux. Celui-ci comporte mon préféré de l’année, la beigne au chien de The Artist. Galifianakis est génial en freak white trash précieux et psycho-rigide, Ferrell trouve encore de nouvelles variations sur le personnage dont on peut dire qu’il l’a complètement réinventé tellement il l’a fait sien, celui de l’Abruti Congénital.

9- Voisins du 3ème type

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« Aaaaaaallez, encore une comédie US… ». Et c’est pas fini. On peut parler de passion à ce niveau-là, j’en suis conscient. C’est ma Nouvelle Vague à moi que veux-tu (je le pense en plus).
Voisins du 3ème type a divisé même les amateurs du genre, c’est un mystère. C’est le côté SF qui rebute? Je ne comprends pas. On s’en fout de l’intrigue… Car le film est un pur produit de l’école Apatow : ici ce qui compte c’est de discuter avec les gens qu’on aime. Le personnage-clé est ainsi celui de Vince Vaughn, faux beauf, vrai gentil: il s’en fout lui au fond de chasser l’alien ou de protéger le quartier; il veut bien faire plaisir à Ben Stiller du moment que ça signifie passer du temps ensemble en sifflant quelques bières. Ce sont les meilleures scènes du film, celles où il ne se passe absolument rien, où les dialogues s’étirent jusqu’à l’épuisement, créant une sensation de douce euphorie, concomitante du groupe, de la communauté. Le groupe, la bande, les amis, rendent plus fort. C’est très joli, très touchant. En plus d’être très drôle évidemment.

8 – La taupe

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Critiques hyper élogieuses, avis spectateurs très mitigés (« soporifique… alambiqué… étouffant… chiant »). Comme souvent, la vérité se situe sans doute au miyeu mais j’ai beaucoup aimé. Pendant la séance, c’est vrai, il faut un peu s’accrocher: l’intrigue n’est pas si compliquée que ça mais le montage, les ellipses, les dialogues un peu cryptiques (superbes dialogues dans une langue anglaise des plus soignée) prennent un malin plaisir à brouiller les pistes. Un peu trop, et c’est dommage. Mais formellement, c’est une splendeur. L’action se situe en 1973, qui est comme chacun sait, la plus belle des années, et pour peu qu’on ait comme moi un faible pour l’esthétique tout en tons brunâtres/orangés et les textures cosy de l’époque, c’est un délice. Découpage, mouvements de caméra, interprétation, décors, costumes (un festival de costumes en tweed) tout concourt à créer une atmosphère à la fois suprêmement élégante, feutrée, paranoïaque et étouffante: les personnages semblent dans l’impossibilité concrète de vivre ou se mouvoir à l’air libre (sinon pour mourir), ils sont tous des taupes (l’agent « reconverti » en professeur vivra d’ailleurs dans une caravane, comme pour reproduire les conditions d’enfermement de son ancienne activité), écrasés par la bureaucratie, la hiérarchie, le poids des responsabilités, les jeux de dupes. Vraiment remarquable et après Morse, que je ne n’avais que moyennement apprécié mais dont je reconnais les nombreuses qualités, une confirmation qu’Alfredson est un réal à suivre de près.

7 – Skyfall

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Des amis très chers et aux goûts très sûrs ont tenté, avec conviction, de me faire changer d’avis via des arguments tout à fait recevables. Je les ai écoutés, je les ai entendus. J’ai douté, j’ai fléchi même… J’ai vécu des heures sombres, j’ai traversé de sales moments: je vais pas te mentir, ça n’a pas été facile tous les jours. Mais je m’en suis sorti et je peux le clamer aujourd’hui haut et fort: j’aime Skyfall.

6 – Cherchez Hortense

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Je n’ai pas grand chose à en dire: c’est très péteux, très cultureux, très bourgeois, très français, assez agaçant j’imagine, voire indéfendable pour pas mal de monde mais j’ai adoré. J’aime beaucoup Bacri et il trouve ici un de ses meilleurs rôles. Chacune de ses confrontations avec Claude Rich, insupportable mandarin mitterandien, est un régal. Et puis sous le vernis Film Qualité France Culture, il y a de vraies propositions et de vrais « sentiments » de cinéma (injustice, rébellion, exaltation amoureuse).

5 – Populaire

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Il se passe un truc en France depuis quelques années. On a juste 30 ans de retard mais c’est pas grave, ça arrive lentement mais sûrement. Ca n’a l’air de rien mais c’est énorme: le grand public français est en train de découvrir ce qu’est la pop culture. La pop culture, c’est Radiostars et ses références californiennes, Astérix et ses références britonnes (une BD en plus) mais c’est aussi les Gordini, Roger Tallon, les Stinky Toys, les montres Lip ou Elli & Jacno. C’est ce qu’on voit dans Populaire, le bien nommé. Qui aurait même pu s’appeler Pop… Des couleurs… de la légèreté… une certaine élégance… une volonté d’universalisme (la pop culture n’est pas la culture de masse: plaire à tout le monde signifie également plaire aux plus élitistes).
Bon, je m’égare, pour dire que Populaire est fondamentalement un film pop que ça soit par son accessibilité, sa légèreté (de façade bien sûr), sa direction artistique etc. Quels décors mes aïeux, quels costumes! C’est précis, c’est chiadé et surtout ça transpire le plus grand dénominateur commun, sans démagogie, sans nivellement par le bas. Il y a dans Populaire des références au cinéma de Papa de Gilles Grangier mais aussi à Hitchcock, Clouzot ou Jacques Demy (entre autres). Ca brasse large et surtout, ça brasse juste. Quand en plus tout ça est enrobé d’une intrigue maline, virevoltante, pétrie de sentiments nobles et purs, difficile de lutter. Deborah François est adorable et après l’Arnacoeur, c’est la 2ème fois consécutive que je trouve Romain Duris quasiment craquant, c’est vraiment qu’il s’agit d’un film à part… Un délice, vraiment. En plus la BO est co-signée par Rob (qu’on retrouve également au générique de Radiostars, comme par hasard…) et on voit même Bill Trumendous à la fin! TOP 5, eh ouais mon pote!

4 – Une vie meilleure

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« Putain, ENFIN un vrai bon film dans son top de merde! »
Eh oh ça va, pas besoin d’être insultant non plus… Sache pour ta gouverne que mon top me plaît beaucoup et qu’il serait en bonne place dans mon top de tops.
Mais oui, Une vie meilleure est un vrai bon film et ça fait plaisir de retrouver Cédric Khan à son meilleur niveau, celui de Roberto Succo. Les 2 films sont d’ailleurs assez proches : dans les 2 cas, cette sensation étouffante et haletante de fuite en avant effrénée (pour Succo), de descente aux enfers sans fin (pour celui-ci) : on a le sentiment que ça ne s’arrêtera jamais, on se croirait dans 24.
Ca m’a également fait penser à L’Enfant des Dardenne: dans les 2 cas, la matière sociale n’est jamais utilisée à des fins purement discursives, psychologiques et encore moins lacrymales bien entendu, elle sert à élaborer une vraie fiction de cinéma, avec ses rebondissements, son suspens qui te prend aux tripes. Enfin, après mon coming-out Duris, je suis prêt à le verbaliser: dans un vrai bon film, avec un vrai personnage superbement écrit, Guillaume Canet peut être un super acteur.

3 – Wrong

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Après le gros ratage Rubber, Dupieux rectifie le tir. S’il n’atteint pas le niveau des fulgurances freaky-hype de Steak (« bottine »), il ajoute dans Wrong un ingrédient qu’on n’attendait peut-être pas chez lui: l’émotion. C’est génial. C’est hyper précis esthétiquement. C’est flippant. C’est drôle. Et c’est donc désormais émouvant.

2 – Baby-sitter malgré lui

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La voilà la grande comédie US de l’année et évidemment, elle n’a bénéficié que d’une sortie technique. The Sitter (titre original) relève de l’évidence: il faut le voir, rire et être ému, point.

1 – Moonrise Kingdom

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Loin, très loin devant les autres, une évidence là encore. Je suis trop paresseux pour me lancer dans une véritable analyse, qui de toute manière me semble totalement superflue tellement tout est limpide, évident encore. Je n’ai pas non plus envie, je l’avoue, de me lancer dans une explication des raisons pour lesquelles les films de Wes Anderson me parlent et me touchent autant. Disons que je mets ses films sur le même plan que Pet Sounds, Hawaii ou Village Green Preservation Society (exemples évidemment pas du tout choisis au hasard). Voilà.

Le chanteur décalé

Putain qu’est-ce que j’ai horreur de cet adjectif ! Dès qu’un film, un disque, un artiste sort un peu des rails, n’entre dans aucune catégorie aisément identifiable (et Dieu sait si en France, on aime mettre les gens dans des cases, avec des étiquettes. Mais où est la liberté de créer, de penser, d’entreprendre dans ce pays? Hein?) , on y a droit : « Ouais j’adore les films de Wes Anderson, son univers un peu décalé… Ouais c’est trop un guedin Katerine, j’adore ce genre de mecs un peu décalés ».
Tu noteras qu’une œuvre/un artiste « décalé » l’est nécessairement « un peu » : on sait tellement pas ce que ça signifie qu’on prend des pincettes, des fois qu’on dise une connerie… Ben oui, tu m’étonnes : « décalé » ça veut dire quoi exactement ? « Décalé » par rapport à quoi, à qui ? Ca me met hors de moi (I mean it). Le seul emploi acceptable du mot « décalé », le voici : « Ronaldo a superbement décalé Özil sur la droite ».

Ca m’énerve d’autant plus que la plupart du temps, l’adjectif est employé pour désigner quelque chose ou quelqu’un dont je ne pourrai précisément pas me sentir plus proche, quelque chose ou quelqu’un qui m’est on ne peut plus cher. Je n’aurais aucun problème à me sentir moi aussi « décalé » mais le mot, s’il est systématiquement employé pour désigner quelque chose qui échappe à son utilisateur, est également toujours paré d’une connotation un peu péjorative. Quelqu’un de « décalé » est quelqu’un d’un peu anormal, du moins en marge… Alors suis-je moi-même à ce point en marge par voie de conséquence ? Je n’en ai pourtant pas l’impression.

Si je parle de ça aujourd’hui c’est que cette semaine au boulot, une collègue a qualifié Sébastien Tellier de «chanteur décalé ». Elle l’a d’abord qualifié de « bizarre », un peu « taré » puis face à mon indignation et à ma révolte (j’ai mis ma non-participation au repas de Noël de la boîte dans la balance)  m’a supplié d’une petite voix de reconnaître « qu’il fait quand même un peu chanteur décalé quoi… ».

Non.

Mille fois non.*

Je me suis senti insulté car j’ai justement senti récemment, et plus que jamais, une grande fraternité d’esprit avec Séb.

J’avais déjà ressenti ça pour Katerine lorsqu’il avait été l’invité de la Méthode Cauet à la sortie de Robots après tout. Les autres invités pouffaient de rire à chacune de ses réponses (et dans la Méthode Cauet, les invités se nommaient souvent Clara Morgane, Philippe Lellouche, Mickael Vendetta et Cachou): il était la curiosité de l’assemblée, le freak, le benêt, l’idiot du village. Chacune de ses réponses aux questions de l’animateur-goret me paraissaient pourtant incroyablement spirituelles, justes, clairvoyantes. J’avais devant mes yeux un type dont je sentais qu’on partageait une même sensibilité, des mêmes références… Un type intrinsèquement, profondément normal, au sens « équilibré » et positif du terme. Ce moment m’avait rendu à la fois très heureux et très triste.

Un mec normal.
Un mec normal.

Concernant Sébastien Tellier, le moment a eu lieu durant son concert il y a quelques semaines. Un concert hallucinant de près de 2h30, durant lequel, il ne s’est pas contenté d’interpréter à la perfection les chansons de My God Is Blue et de Sexuality ( + La Ritournelle, évidemment, quel putain de beau clip nom de Dieu) : il a également livré un spectacle de stand up de haute-volée.
Entre chaque titre, parfois au milieu d’une chanson, il nous livrait ses réflexions, ses fulgurances, incroyablement drôles et pertinentes : Dany Boon, Lance Armstrong, la prononciation du mot « match » (que d’aucuns prononcent « mash »), les Juifs, le sexe, les toulousains, U2, les Roms (il était, de son propre aveu, très branché « ethnies » ce soir là), Michael Jackson, Lionel Jospin en 81, tout y est passé.

C’était merveilleux.

Bien sûr, je savais tout ça : je l’écoute, l’apprécie et l’admire depuis L’Incroyable Vérité, je l’avais déjà vu à 2 reprises sur scène, il fait partie de mes héros. Mais ce soir là, l’osmose était parfaite: j’avais envie de le prendre dans mes bras, de lui faire des bisous et de le remercier de me représenter aussi fidèlement, aussi brillamment surtout. Y avait absolument rien de « décalé » dans sa prestation, au contraire : tout me paraissait faire sens, tout ce qu’il disait me paraissait participer d’une logique imparable, d’autant plus évidente, qu’elle était la mienne.

Un autre mec normal.
Un autre mec normal.

Tu vois l’idée je pense et tu y réfléchiras désormais à 2 fois avant d’employer l’Adjectif Que l’On N’Utilise Pas.

Je reviens un peu sur le concert quand même : y avait trop de passages mémorables pour les relater ici, trop de punchlines et de fulgurances pour les reproduire ou même les retenir, malheureusement. Il y a notamment eu un moment de grâce sur Roche, qui pour moi résumait parfaitement sa prestation et que je tiens à raconter : Tellier s’assied derrière son piano électrique, le morceau démarre, sublime évidemment, c’est l’un de ses meilleurs ; on rêve tous de Biarritz en été, on est tous amoureuses de Sébastien. Et là bim, il stoppe le morceau en plein milieu pour se lancer dans un énième monologue drôlatique. Puis le reprend à l’endroit même où il s’était arrêté, comme si de rien n’était, aussi brutalement qu’il l’avait interrompu quelques minutes auparavant. Il crée un moment magique, prend le risque de le briser, mais en fait non car il est drôle et spirituel, et le recrée sans coup férir, nous y replonge le plus naturellement du monde. Génial, au sens propre du terme.

*(je rassure néanmoins les délégués syndicaux et autres membres de CE de mon lectorat: j’irai quand même au repas de Noël, je ne peux décemment pas les priver de ma présence)

Bienvenue

Tu sais que Big Star tire son nom d’une chaîne de supermarchés de Memphis. Et tu as beau l’avoir entendue 600 fois, l’intro de Feel te colle toujours des frissons quand elle retentit.

Tu penses que Village Green Preservation Society des Kinks ou Ogdens’ Nut Gone Flake des Small Faces mettent la pâtée à Sergeant Pepper’s Lonely Heart’s Club Band des Beatles.

LA grande question pour toi c’est pas « Stones ou Beatles ? » mais « Beatles ou Beach Boys ? ». Voire même « Beach Boys ou sunshine pop ? »

Ton âge d’or : la Californie fin 60’s-début 70’s. La bande son : You Know I’ve Found a Way de Sagittarius ou Everybody Knows This Is Nowhere de Neil Young.

Le rock français ? Non : la POP française : Phoenix, Air, Burgalat, Tellier, Rob, Katerine.

Tu milites pour que Fous d’Irène, 40 ans toujours puceau et Supergrave figurent au programme des études de cinéma.

Tu connais ces noms-là : Laure Guibert, Aurélien Wiik, Monia, Martine Sarcey.

Les invités de ton dîner idéal : Will Ferrell, Wes Anderson, Jerry Seinfeld, Sébastien Tellier, Zooey Deschanel et non Gandhi, Jésus Christ, Karl Marx, Marie Curie.

Tu continues à aller voir des films mais à quelques exceptions près, ce qui t’as le plus enthousiasmé ces dernières années, tu l’as vu sur l’écran de ton PC : Mad Men, Breaking Bad, Eastbound & Down.

Tu condamnerais volontiers à la peine de mort les gens qui disent Real DE Madrid et non Real Madrid. Par ailleurs, tu as envoyé un courrier au Vatican pour que Casillas soit canonisé et OFFICIELLEMENT renommé San Iker.

Si tu te retrouves dans au moins une des affirmations ci-dessus, tu es ici chez toi. Si tu as tout coché, tu es mon clone et c’est un tout petit peu flippant.

Si en revanche tu n’as rien compris à tout ce qui précède : pas de problème, je recherche un maximum de visiteurs.

Quoiqu’il en soit, et qui que tu sois, bienvenue, je t’envoie

Personne n’est parfait.