Le Daim – critique

Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, ont un projet. (Allociné)

Ce pitch nom de Dieu, je m’en lasse pas…
Les pitchs un peu fous, Quentin Dupieux nous y a habitués : celui du Daim remporte la palme, ex-aequo avec celui de Rubber (l’histoire d’un pneu engagé dans une vendetta).

Ça n’est pas la moindre des réussites du film que de parvenir à retranscrire cette folie de manière sensée, maîtrisée, implacable. On a souvent taxé le cinéma de Dupieux de « décalé », « barré » mais cette fois, plus que jamais (c’était déjà le cas dans Steak par exemple), la folie est avant tout ancrée dans le personnage principal.

Sur une base totalement absurde, Le Daim apparaît ainsi comme le film le plus « sage » de Dupieux.
« Totalement absurde » ? A voir : la fascination de Georges, le personnage principal, pour son blouson en daim made in Italy n’est finalement que l’aboutissement paroxystique  d’une obsession que nous avons toutes et tous eu un jour (l’obsession ou la fascination pour un vêtement). Il aime son blouson un peu plus que de raison finalement, c’est tout. Enfin, « c’est tout » : c’est le point de départ d’une dérive un tantinet moins raisonnable, ok, mais ce point de départ, on peut toutes et tous y adhérer je pense. L’identification au personnage se fait de manière aisée, immédiate même, ça joue grandement dans la réussite du film selon moi.

De même, ce saut dans l’inconnu effectué par Georges au début du film (il roule sans autre but que celui de laisser derrière lui sa vie d’avant), cette volonté de solitude (« vous allez rester un mois ici ? » lui demande le réceptionniste de cet hôtel paumé au fin fond des Pyrénées dans lequel il a atterri sans raison apparente; « ben, je veux être seul » lui répond Georges sur le ton de l’évidence), cette envie de revenir à un état solitaire, primitif voire animal fait partie des fantasmes masculins les plus répandus et les plus partagés : c’est le véritable sujet du Daim évidemment (voir par exemple cette belle scène au cours de laquelle Georges s’abreuve dans un cours d’eau, tel Jeremiah Johnson), fausse comédie absurde (on rit quand même souvent), vrai dérive mélancolique et touchante : la folie de Georges (Dujardin, formidable) ainsi que sa solitude, trouvent un écho dans celle(s) de Denise la barmaid/monteuse (Adèle Haenel, enfin sur un mode différent de ce à quoi elle nous a trop habitués).

Évidence encore mais difficile il me semble de ne pas l’évoquer, Le Daim comme auto-portrait… j’allais dire « en creux », de Quentin Dupieux mais non : il est honnête et frontal dans sa manière de dire à travers le personnage de Georges que ce qui compte pour lui, c’est de filmer, coûte que coûte, y compris si les moyens sont dérisoires, y compris s’il n’a pas de scenario (les détracteurs de Dupieux vont s’en donner à cœur joie). Voir encore cette scène, à la fois drôle et révélatrice, au cours de laquelle Georges se revendique « vrai » cinéaste (les détracteurs de Dupieux etc).

Ces réflexions un peu décousues pour dire avant tout que Le Daim est un film formidable, aussi drôle qu’étonnamment touchant et maîtrisé de bout en bout. Le meilleur de Quentin Dupieux pour moi, après l’inatteignable Steak, et la confirmation après le déjà très bon Au Poste ! que la France et un vernis plus mainstream lui vont très bien.

Top cinéma 2018 – OUI !

Toujours dans le désordre, des films qui m’ont plutôt enthousiasmé. Les daubes, ici, les semi-daubes, ici, les ça-passe, ici.

Hérédité

Palme Grande remise de la flippe 2018. Et comme je dis toujours, la flippe, c’est comme la rigoulade : ce qui marche sur moi marchera pas forcément sur toi, et inversement. En l’occurrence, les histoires de démon, de possession, de sorcière, de sabbat, je marche à fond. Au delà de ça, je trouve le film intéressant, quoiqu’un peu trop volontariste, dans sa volonté d’adopter une forme un peu plus auteuriste (que le tout-venant du genre horrifique). Mais putain, la dernière scène (dans la cabane en bois) m’a valu 3-4 réveils nocturnes pas hyper rassurés.

 

Astérix: Le Secret de la potion magique

J’ai presqu’envie de dire que c’est un petit miracle. Sur la forme, c’est une réussite : l’animation trouve un bel équilibre entre volumes ronds et moelleux et « simples » aplats de couleurs. Très joli. Sur le fond, en l’occurrence l’histoire, les gags, les vannes, puisque c’est là-dessus qu’on va juger un volet d’Astérix (film ou BD), c’est TRÈS réussi. Un peu comme Chabat avec son Mission Cléopâtre, Astier (et Clichy) réussi(ssen)t à respecter l’esprit de Goscinny tout en apportant sa(leur) touche personnelle. Mieux : il s’agit ici d’une histoire originale, aux allures de modèle du genre, qui coche toutes les bonnes cases.

 

Un Amour impossible

C’est un peu trop littéral, voire un peu trop téléfilmesque, et la nana qui joue Christine Angot adulte est un peu trop dans l’imitation scolaire (= on a l’impression à chaque instant qu’elle va dégoupiller, sortir de l’écran et nous coller une baffe). Mais la fidélité au texte trouve toute sa justification puisque c’est précisément de la verbalisation que viennent la « révélation » et l’analyse. Bon, et puis je ne connaissais pas le bouquin, la « révélation » donc, m’a complètement surpris et un peu retourné. Ca sent le César pour Virgine Efira, au moins la nomination.

 

Tout le monde debout

Ca fait des années que je répète que Franck Dubosc est un comédien formidable et qu’il n’a pas les rôles qu’il mérite. Preuve qu’il est pas con, il doit en avoir conscience donc il a fini par écrire et réaliser son propre film. Et c’est un bon film, à la fois drôle (parfois très) et touchant, dans lequel il fait ce qu’il sait faire le mieux : le séducteur meloneux tourné en ridicule. Futur film idéal du dimanche soir sur TF1, à voir et à revoir.

 

Pentagon Papers

Ca pantoufle sévère mais dans de la vraie bonne charentaise : contrairement à Ready Player One, Pentagon Papers appartient à la veine Fordienne de Spielberg. Limpidité de la narration + (fluidité de la mise en scène – virtuosité tape-à-l’oeil)  x ensemble cast en acier trempé + humanisme inattaquable = du velours. Côtelé.

 

Wonder Wheel

J’aime beaucoup ce que dit Jean-Michel Frodon sur le film, mais aussi sur la façon dont nous sommes désormais amenés à recevoir les films de Woody Allen. C’est ici. Ma critique à moi à la sortie du film, c’est ici.

 

Dans la brume

Belle tentative de film catastrophe à la française, avec Romain Duris dans le rôle du sauveur à la place de Tom Cruise. Ca manque cruellement de moyens et l’ingéniosité déployée pour masquer cet état de faits montre vite ses limites. Car on n’est pas dans un vrai petit film à la La Nuit a dévoré le monde, qui fait délibérément le choix du minimalisme: on est ici dans un récit populaire et fédérateur, avec des scènes au caractère spectaculaire assumé… qui font parfois un peu pschitt. Mais l’énergie et le talent du duo d’acteurs (Romain Duris donc et Olga « bonjour Madame » Kurylenko) porte le film de belle manière.

 

Death Wish

Une des bonnes surprises de cette année et le prototype du film que je reverrai avec beaucoup de plaisir quand je tomberai dessus par hasard sur W9 ou C8. Ici.

 

Overlord

Série B toujours, quoique de luxe. On prend des acteurs inconnus, ou presque, et on met tout le pognon-de-dingue dans les décors/costumes/effets spéciaux/etc. Maling. Et ça marche, comprendre, ça l’effectue niveau décors/costumes/effets spéciaux/etc. Outre le côté jouissif de l’entreprise, ce qui est appréciable dans Overlord c’est qu’on ne peut jamais remettre en cause le regard porté par les auteurs et le réalisateur sur le nazisme et ses atrocités : dangereux a priori de faire une série B, un truc « fun » a priori aussi, avec des Nazis et au sujet des expériences pratiquées par ceux-ci sur le corps humain… C’est ce qui me faisait un peu peur en tout cas en entrant dans la salle. Mais non, les Nazis sont toujours d’immondes fdp et si le film est bien fun il ne flirte jamais ni d’aucune manière que ce soit avec la légèreté sur cet aspect là.

 

Jurassic World

Bonne surprise, puisque je n’avais pas du tout aimé le précédent volet, tout en scènes d’actions sans âme et mollets disgracieux (ceux de Bryce Dallas Howard). Pas con, Juan Antonio Bayona lui a 1. demandé de mettre un fute 2. fait le forcing pour parvenir à injecter sa touche personnelle dans ce qui aurait pu rester une grosse machine digitalisée. Ce qui nous vaut un dernier acte magnifique, au cours duquel le méchant dino se mue en grand méchant loup des terreurs nocturnes, chassant ses proies enfantines jusque dans leur lit dans un vaste manoir gothique.

 

Volontaire

Qu’est-ce qui a poussé Hélène Fillières à réaliser un tel film, ayant pour cadre la Marine Nationale, et pour héroïne une jeune fille sur-diplômée qui décide du jour au lendemain, et contre l’avis de sa famille, de s’y engager ? Curieux choix… Et curieux film, qui sous un vernis téléfilmesque, aborde plusieurs sujets graves voire potentiellement explosifs (l’identité sexuelle, le déterminisme social et de genre, le patriotisme) mais le fait de manière subtile. D’aucuns diraient superficielle : peut-être mais ça me va car j’aime pas les films à message ou à thèse. Belle écriture donc pour un film froid en surface, mais seulement en surface, à l’image du personnage interprété avec la rigidité (et l’élégance) idoine par Lambert Wilson. Belle performance également de la jolie Diane Rouxel toute en insolence tranquille… et en volonté farouche.

 

La Prière

Cédric Kahn fait partie de ces cinéastes français un peu à part, affiliés à aucune chapelle en particulier (celle de Pialat s’il fallait vraiment lui en attribuer une), associés à aucun acteur ou actrice fétiche, malgré le fait qu’il réalise depuis près de 30 ans. La Prière ne déroge pas à la (sa) règle : il prend à nouveau le risque de changer de registre, en s’intéressant cette fois à une petite communauté religieuse d’anciens toxicos-délinquants-personnes en marge, décrite à travers la trajectoire de l’un d’eux. Son habituel naturalisme brutal se teinte cette fois d’une certaine sagesse, d’une sérénité nouvelle. Un beau film, tout simplement, qui évite avec élégance pathos, prosélytisme, angélisme et complaisance. Tous les écueils dans lesquels il aurait pu tomber en somme. C’est fort l’air de rien.

 

Ant Man et la Guêpe

Le film s’est fait descendre par un peu tout le monde et je ne comprends pas pourquoi: c’est la copie conforme du premier. Qu’on le trouve paresseux, à la limite… Je crois qu’il y a pas mal de snobisme geek là dedans (du snogeesme? Je tente de lancer des trucs): le 1er a été écrit et devait être réalisé par Edgar Wright, héros de la geekosphère. Wright s’est fait débarquer assez rapidement mais le film a gardé l’aura de son auteur maudit. Ici, aucune trace de Wright: le film se fait descendre. Pourtant c’est toujours aussi drôle, enlevé, joyeux. Émouvant: un Marvel qui fait primer les enjeux intimes avant la survie de l’humanité, ça fait du bien. Paul Rudd est toujours le mec le plus sympa du monde. Michael Peña l’un des plus redoutables scene stealers actuels. Walton Goggins le fdp le plus suave au Sud de Savannah. Michael Douglas = la classe hollywoodienne. Y a une blague sur Morrissey et sa fan base mexicaine. Y a Evangeline Lilly. Y a Evangeline Lilly ET Michelle Pfeiffer. Non mais oh, sans déconner, il vous faut quoi de plus ?!?!

 

Paul Sanchez est revenu !

L’un des OVNI français de l’année. C’est d’ailleurs peut-être sa limite: c’est un film prévisible dans son imprévisibilité, dans ce mélange des genres a priori impossible mais naturel et décomplexé. En ce sens, c’est un film très 2018, peut-être trop, mais il est l’oeuvre d’une précurseur en la matière, la géniale Patricia Mazuy. Cinéaste aussi singulière que rare, elle y démontre à nouveau qu’il y a elle et les autres: western, burlesque, polar, elle ne choisit pas et fait en permanence s’accoupler les 3 genres avec une audace un peu espiègle, et surtout, je me répète, très naturelle.

 

Un couteau dans le coeur

Beau film, imparfait, mais beau parce qu’imparfait, et un vrai OVNI pour le coup. Lettre d’amour aux artisans du cinéma, notamment bis et au giallo en particulier, il est troué de fulgurances romantico-gore que le bon goût qualifierait de kitsch. Même la prestation calamiteuse de la toujours calamiteuse Vanessa Paradis n’est pas parvenue à gâcher mon plaisir, ce qui n’est pas peu dire. Nicolas Maury est génial en acteur-réalisateur de pornos gay.

 

Au poste !

Sur le coup, ça m’a déçu: le « twist » de fin (faute d’un meilleur terme, et je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler) m’a paru très convenu, un peu facile en tout cas de la part de Quentin Dupieux, qui nous l’avait déjà servi (motus). Mais avec le recul… bah, c’est ce qui au cœur de son cinéma finalement donc ok, ça marche. Et puis avec le recul, c’est tout simplement un des films qui me restera cette année et je n’en retiens, sans me forcer, que les aspects positifs: les brillants dialogues et situations, la photo derrickienne, la direction artistique retro-sans forcer etc.

 

Nos Batailles

Un film assez irréprochable dans le genre (social/naturaliste/humaniste, le genre qu’on aime dézinguer quand on dit qu’on n’aime pas le cinéma français), et même assez audacieux dans sa manière d’entremêler, et de traiter avec la même justesse, le drame social et le drame familial. Tous les acteurs sont formidables, Romain Duris en tête. Ca sent la consécration aux Césars pour lui.

 

A genoux les gars

Un genre d’Esquive radical, de marivaudage extrême, dans lequel une petite beurette grande gueule et rigolote (et un peu fatigante aussi) doit trouver le moyen de se venger des 2 lascars qui les ont (très) salement manipulées elle et sa sœur. Un film éminemment 2018 donc, co-écrit par des auteurs en herbe (les 2 actrices) et interprété par des… acteurs en herbe également. Il faut donc composer avec un certain amateurisme, qui nous le rend au centuple niveau énergie et fraîcheur, pour porter un « discours » (j’utilise des guillemets car on est heureusement pas dans un film à thèse ni ouvertement militant) espiègle, intelligent et, donc, nécessaire.

 

Dogman

Un film un peu passé inaperçu j’ai l’impression, sans doute desservi par une sortie estivale. Comme dans Gomorra, c’est d’abord le décor qui saisit: incroyable de se dire que cette station balnéaire aux allures d’immense squat délabré ou de ville fantôme se trouve dans l’un des plus beaux pays du monde, et l’un des plus riches d’Europe (malgré tout). Dogman, c’est ensuite une galerie de gueules/personnages hauts en couleur avec en tête le dogman lui-même et son invraisemblable tronche d’olvidado napolitain. Moins documentaire et donc moins saisissant que Gomorra (même si tiré d’un fait divers), Dogman séduit essentiellement via ce personnage pathétique au sens propre du terme, forcément touchant. Et donc, son interprète, Marcello Fonte, est génial.

 

Mademoiselle de Joncquières

C’était marrant de voir ce film après Shéhérazade: je ne les ai pas vu directement l’un après l’autre ni le même weekend, c’eut été trop brutal, mais je les ai enchaînés en salle. Quoiqu’il en soit dans les 2, le langage tient un rôle essentiel. Il est même central dans celui de Mouret puisque c’est lui qui dicte les actions des personnages, les gestes des acteurs, leurs mouvements dans le cadre et le cadre en lui-même. C’est un film exemplaire à ce niveau-là, et un délice de tous les instants, porté par un duo d’acteurs magnifique. Il frise le top 10 de très près celui-là.

 

En liberté !

Ici

 

Guy

Si on m’avait dit que ma comédie française préférée et même l’un des meilleurs films de l’année, en tout cas l’un des plus touchants, serait signé Alex Lutz… Palme Grande remise 2018 de la chiale.

#40 Steak

En 2016, la mode et les critères de beauté ont beaucoup changé. Une nouvelle tendance fait des ravages chez les jeunes : le lifting du visage. Georges, un jeune diplômé récemment lifté, profite des vacances d’été pour s’intégrer aux « Chivers », une bande de caïds liftés à l’extrême. Blaise, un loser rejeté et ex ami d’enfance de Georges, aimerait lui aussi faire parti de la bande… (Allociné)

Et là, en lisant le résumé d’Allociné, je réalise avec stupeur que le film est censé se dérouler en 2016…
Son aspect « dystopique » est un des trucs qui me fascine le plus : c’est le futur, clairement (plus maintenant donc…), c’est une société occidentale, clairement aussi, mais si ça ressemble à une France hyper américanisée, ça ne l’est peut-être pas non plus. En réalité le film a été tourné au Canada.

Je déteste utiliser cette expression souvent galvaudée mais je n’en vois pas d’autres : Steak est un véritable OVNI cinématographique, un truc rarement vu sur un écran en France, encore moins dans le registre de la comédie. Difficile même avec du recul de situer le film ou de le rattacher à des références bien précises : ça commence par une scène qui pourrait être tirée de La 7ème compagnie et tout de suite… ça dévie. Finalement, et c’est ce qui fait de Steak une aussi belle réussite évidemment et un film aussi génial, on s’en fout : il est suffisamment fort pour qu’il soit inutile de devoir le rattacher à quoi que ce soit.

Gros, gros bide évidemment, mais on est quand même un certain nombre à avoir été durablement conquis et marqués par ce qui reste le meilleur film de Quentin Dupieux et une des meilleures comédies françaises de ces 10-15 dernières années: la discussion sur le nouvel humour, les Chivers, « le dernier arrivé est fan de Phil Collins« , cette scène incroyable au cours de laquelle les Chivers s’adonnent à une activité aussi absurde que mystérieuse mêlant base-ball et calcul mental… Pour utiliser à nouveau un qualificatif galvaudé, Steak est le prototype du film culte.

Ceux, nombreux, qui n’ont pas accroché, n’y vont pas non plus de main morte. Extraits (via Allociné encore; je cite pas les auteurs, ils peuvent aisément être retrouvés sur la fiche du film):

« J’ai rarement vu un film aussi mauvais ! Mettons de côté le profond ennui qu’il a provoqué chez moi. Le scénario est mauvais, l’interprétation également, bref, une horreur ! Je le déconseille à tous, sans exception ! »

« Ce film marque vraiment à vie,pas pour son succès,bien au contraire,pour sa qualité qui en un mot se résume à : CATASTROPHIQUE. J’ai eu la malchance d’aller voir ce film étant petite,je n’ai absolument rien compris ni du sens du film ni de son scénario ( s’il y’en a vraiment un…).Ce film fait penser,aux nombreux films surréalistes que l’on peut nous montrer en cours d’art,à la différence qu’ici il n’y a rien d’artistique.On devrait nominé ce film comme un des pires de l’histoire du film français,c’est une honte à l’histoire du cinéma.On se demande si le réalisateur n’aurait pas été sous l’emprise d’alcool ou de drogues fortes lors de sa réalisation tellement c’est absurde.Je m’étonne même de voir comment certains ont pu donner plus de une étoile à ce film. En quelques mots: A VRAIMENT EVITER! »

« faut-il avoir un QI de 20 pour aimé ce film ? ou peut être juste avoir 5 ans et demi… c’est nul et sans intérêt destiné a un publique de débile profond ,on dit que les meilleurs blagues sont les plus courtes et bien dans le genre ce film en est une vraiment trop longue qui fait perdre sont temps au spectateurs.Un navet ,je dirais même un concombre…pour faire dans le style du film,si vous avez de l’argent a jeter par les fenêtres,jetez- le par les fenêtres sa vaudra toujours mieux que de regarder ce genre d’insulte au cinéma comique français. »

« Oh mon dieu, j’adore ces 2 la, je suis fan de leurs films mais la… Cause indefandable, peut etre le pire film que j’ai jamais vu, incroyable ! Je recommanderais meme aux gens d’aller le voir, car c’est hallucination, sans doute un film pour extra terrestre, je ne vois pas d’autre explication. »

Ce dernier a raison : il faut voir Steak, un film « extra-terrestre ».

Top 10 cinéma 2014

Je préfère te prévenir même si tu le remarqueras très bien tout seul : ça sent la fatigue.

10. A most wanted man

Je lui préfère The American, précédent film d’Anton Corbjin également adapté d’un roman de John le Carré, pour son caractère plus intimiste voire minimaliste, pour le côté « italiano » du film, pour les Abruzzes, pour Clooney. Et bien sûr pour la sublime Violante « bonjour madame » Placido. A Most Wanted Man est un film plus « global », plus « mondialisé », plus manifestement ambitieux : son propos est de tenter de cerner en quoi, pour les services d’espionnage des plus grandes puissances occidentales, le 11 septembre 2001 a irrémédiablement changé la donne. Il le fait de très belle manière, très élégante, sans maniérisme ni manichéisme, avec beaucoup de justesse, d’intelligence et d’à propos. Corbijn choisit encore un cadre inhabituel et relativement peu utilisé au cinéma auparavant, la ville de Hambourg, après le petit village de Castelvecchio dans les Abruzzes donc. Et une nouvelle fois, il choisit d’aborder son histoire, aussi potentiellement lourde et ambitieuse soit-elle, sous l’angle de l’histoire d’un homme, seul, de son caractère trop humain justement et de son drame personnel. Que ce personnage soit interprété pour sa dernière apparition à l’écran il me semble, par l’excellent et regretté Philip Seymour Hoffman, le rend bien évidemment encore plus émouvant.

RIP
RIP


9. Wrong cops

Il s’agit a priori d’une « récréation » pour Quentin Dupieux, avant son gros projet, Reality, sur lequel il bosse depuis plusieurs années il me semble. Il s’agit également d’un retour à la « comédie » pure après la tentative meta complètement foirée (détestable même) de Rubber. Et c’est peu dire que c’est jubilatoire : des petits films comme ça, supposément bâclés, tournés à la va-vite, on en redemande. De la part de Quentin Dupieux hein, pas Luc Besson. Super bo aussi, évidemment, genre de best of de Mr Oizo : ses disques, toujours passionnants, sont parfois à la limite du supportable (pour moi en tout cas); celui-ci est irrésistible et fait figure de porte d’entrée idéale.

Marylin Manson joue très bien la comédie.
Marylin Manson joue très bien la comédie.


8. Une nouvelle amie

Bénéficie peut-être de l’atout fraîcheur puisqu’il est sorti en fin d’année mais non, je crois pas : c’est un très JF (Joli Film), un excellent FF (Film Français, tourné à l’étranger de surcroît, en l’occurrence au Canada) et un film QFA (Qualité Française Auteuriste) exemplaire. Le grand chelem. Pas sûr que ce soit un FT en revanche (Film Télérama), je parie qu’ils ont trouvé ça trop kitsch ou trop populaire. J’en parle succinctement ici. Accessoirement, il s’agit du 3ème film featuring Anaïs Demoustier, définitivement le Petit Chou Grande Remise 2014.

Ils sont censés avoir le même âge, c'est quand même un peu gros.
Ils sont censés avoir le même âge, c’est quand même un peu gros.


7. La planète des singes : l’affrontement

Le blockbuster de l’année, tout simplement : spectaculaire et intelligent à la fois, il divertit et fait réfléchir, impressionne et questionne dans un même élan. Techniquement, c’est assez incroyable même si c’est évidemment accessoire : j’ignore si le choix de n’utiliser que des acteurs relativement  peu connus ou « modestes » (le plus célèbre étant Gary Oldman, pas vraiment une superstar hollywoodienne) relève d’un choix purement artistique et/ou économique mais il permet de laisser la vedette aux singes, beaux, émouvants, effrayants, sauvages, humains, bien sûr. Sur le fond, ce que dit le film sur la nature humaine, le pouvoir et son exercice, loin de tout manichéisme, angélisme ou à l’inverse cynisme, simplement avec lucidité et peut-être un certain fatalisme, me semble passionnant.

Un homme, un vrai.
Un homme, un vrai.


6. Gaby Baby Doll

J’ai revu les Coquillettes et j’en suis toujours aussi fan. Gaby Baby Doll, « vrai » film en comparaison (au sens de « plus traditionnel »), perd sans doute en spontanéité et punkitude ce qu’il gagne en ampleur, profondeur et émotion. Mais la manière dont il le gagne est absolument magnifique : il s’agit ni plus ni moins d’une réinvention du conte de fées traditionnel avec cette fois un prince éploré et une princesse charmante. Doucement subversif donc, drôle et émouvant. Très émouvant même.

J'aimerais bien savoir s'il s'agit d'une vraie ou d'une fausse barbe
J’aimerais bien savoir s’il s’agit d’une vraie ou d’une fausse barbe


5. 22 Jump Street

Bon, ça c’est moins émouvant, c’est sûr. Mais quel pied putain… Ces 2 mecs (Phil Lord et Chris Miller) sont vraiment très brillants… C’est eux qui ont réalisé La Grande Aventure Lego aussi cette année, mince ! Costauds les mecs… Si le 1er (Lego movie donc) repose sur une connaissance et une utilisation sans faille de la culture pop la plus pointue et fédératrice à la fois, sans une once de démagogie ni de putasserie, celui-ci fonctionne sur une connaissance et une utilisation sans faille… du 1er volet (21 Jump Street donc), dont il est, au plan près, le remake absolument conscient, délibéré et constamment amusé. Aussi brillant au premier qu’au second degré, le film met également, et à nouveau, en lumière, l’incroyable alchimie entre Jonah Hill, pilier de la neo-comédie US, et Channing Tatum, ex-pilier des Chippendales. Y a une espèce d’osmose improbable entre les 2, assortie d’une émulation, et d’une complicité évidemment, évidentes, qui fait tout bêtement plaisir à voir.

22-Jump-Street-Hill-Tatum
Fucking geniuses


4. Jacky au royaume des filles

J’en parle ici. J’en profite pour signaler que cette année, Riad Sattouf a également publié un nouvel ouvrage, L’Arabe du Futur (ce titre, déjà), absolument génial et indispensable. Cette BD, très différente de ce film, associée à lui, donne l’impression qu’il est en train d’atteindre une sorte de plénitude artistique et surtout, qu’il a encore beaucoup de films et livres grandioses, et différents les uns des autres, en lui. Enfin, j’en sais rien, peut-être que j’interprète complètement mais en tout cas j’ai hâte de découvrir ce qu’il nous réserve pour la suite, quel que soit le support.

L'instant Sopalin
Instant Sopalin


3. Tonnerre

Ici. Très envie de le revoir, ce qui est en général très bon signe. Vincent Macaigne, sorte de Patrick Dewaere de la génération Y (dans ce film en tout cas), y atteint de nouveaux sommets.

Comment ne pas aimer ce mec ?
Comment ne pas aimer ce mec ?


2. Dumb and Dumber De

Je me souviens très bien du jour où j’ai vu pour la 1ère fois Le Mépris. Peau d’Âne, Mulholland Drive aussi. Sueurs Froides, Le bon, la brute et le truand, 2001 l’odyssée de l’espace, Les Moissons du Ciel. Et Dumb and Dumber : un samedi matin, réveillé beaucoup trop tôt à mon goût de ma nuit d’étudiant glandeur et donc déjà posté à 9h du matin devant Canal Plus, en quête d’un film devant lequel prendre mon petit-déjeuner. Et là : Le Mépris. Peau d’Âne. Mulholland Drive, Sueurs Froides, Le bon, la brute et le truand, 2001 l’odyssée de l’espace, Les Moissons du Ciel. Pas moins. Une révélation. Une épiphanie. « Ah mais on peut faire ce genre de films? Avec cet humour là? ». Je m’en suis pas remis : TOUTE la comédie que j’aime aujourd’hui, et tu commences à savoir à quel point j’aime la comédie, vient de là.
Alors très exactement 20 ans après, quoi ? La joie, immense, à l’annonce de la mise en chantier de ce 2ème volet des aventures d’Harry et Lloyd, suivie aussitôt de la crainte évidemment : est-ce qu’ils (les Farrelly, Jim Carrey, Jeff Daniels) sont pas trop vieux maintenant ? Est-ce que cet humour n’a pas été enterré par sa géniale progéniture (la galaxie Apatow) ? Est-ce qu’ils ne vont pas jouer que sur la nostalgie du 1er volet ? Réponse, dans l’ordre : non, non et non. Dumb and Dumber De est tout simplement miraculeux : comme si le projet avait bénéficié d’un alignement de planètes, d’un état de grâce, d’une conjonction optimale d’ondes positives. Je n’en dirai pas plus : j’ai envie de citer 50 gags/répliques mais je n’en ferai rien pour ne rien dévoiler. Simplement, et c’était ma plus grosse crainte, les gags les plus débiles sont vraiment débiles (et drôles), les gags les plus élaborés sont vraiment génialement élaborés (et drôles), les gags les plus trash sont vraiment trash (et drôles), les clins d’oeil au 1er volet, à la fois parcimonieux et jubilatoires, en nombre pile poil suffisant, toujours traités de la plus belle des manières (le coup de la fourgonette-chien nom de Dieu MAIS QUELS PUTAINS DE GENIES). L’émotion, réelle, à la fois orchestrée et pudique, en prime. Émotion de retrouver ces 2 couillons ultimes 20 ans après, émotion de revoir les Farrelly au meilleur de leur forme, émotion de constater avec quel talent et quelle intelligence ils ont traité ce projet sacrément casse-gueule, émotion d’une histoire plus « profonde » qu’il n’y parait (le bonus par rapport au 1er volet) qui ne touchera donc pas uniquement les fans de la 1ère heure. Jim Carrey, totalement déchaîné, (re)trouve là son meilleur rôle depuis un bail. Jeff Daniels, plus en retrait, est génial lui aussi. Peter et Bobby Farrelly, merci, merci, merci. AESD ❤

Toutes les scènes sur la route sont absolument gé-nia-les
Toutes les scènes sur la route sont absolument gé-nia-les


1. The Grand Budapest Hotel

Eh oui, je suis prévisible. Mais j’ai d’autant plus envie d’aimer et défendre ce film qu’il n’a pas fait l’unanimité. En effet, pour beaucoup, de plus en plus nombreux, Wes Anderson ferait TOUJOURS le même film et ça commencerait à bien faire justement. Attention, gros scoop : la réponse est oui, il fait toujours le même film. Dingue. Comme Brian de Palma (pour prendre un exemple contrastant à l’extrême) ou comme les High Llamas, qui eux enregistrent toujours le même disque (pour prendre un exemple un peu plus approprié). Mais comme toujours, ceux qui savent, savent. Qu’il s’agit là de son film le plus raffiné, le plus élégant, le plus précieux. Mon Dieu quelle merveille. Cet homme, Wes Anderson, possède un goût absolument infaillible (et je m’y connais). Non mais quelle élégance encore récemment pour la cérémonie des Golden Globes ! Musique, costumes, décors, accessoires, dialogues : c’est toujours absolument délicieux et c’est l’épitomé du style Grande remise si tant est qu’il y en ait un (enfin, I wish…). Et cette préciosité, ce raffinement, ce souci du détail, n’ont jamais été aussi justifiés qu’ici, dans cette magnifique histoire de transmission (comme TOUJOURS chez lui, oui, tout à fait) et ce manifeste sincère et désabusé à la fois pour un monde plus beau. Dire des choses aussi profondes, aussi essentielles et les dire avec une telle élégance, une telle pudeur, m’a, une nouvelle fois, bouleversé.
« To be frank, I think his world had vanished long before he ever entered it – but, I will say: he certainly sustained the illusion with a marvelous grace ».