Avengers : Endgame – critique

Thanos ayant anéanti la moitié de l’univers, les Avengers restants resserrent les rangs dans ce vingt-deuxième film des Studios Marvel, grande conclusion d’un des chapitres de l’Univers Cinématographique Marvel. (Allocine)

Wow, le pitch officiel est carrément la feuille de route du studio… Flippant mais rien de plus logique finalement puisque les Avengers et les films Marvel sont devenus des produits à part entière, réduisant l’aspect cinéma à la portion congrue.

Ça y est j’enfonce une porte ouverte. Et je fais que commencer… Mais bon, que dire qui n’ait déjà été dit au sujet de LE film événement du moment ? Et que dire que je n’aie déjà dit dans mon billet sur Infinity War ?

Donc, oui, tout ce que vous avez pu lire ou entendre sur Endgame est vrai: ça dure 3h (un peu moins en vrai), c’est une forme de conclusion des 21 films MCU précédents, y a pas de petite pastille post générique (vous pouvez donc vous barrer dès que les lumières se rallument et gagner 10 minutes sur le soulagement de votre vessie) et Brie Larson/Captain Marvel change de coiffure en cours de route (un bon vieux look de soccer mom aussi incompréhensible qu’indéfendable).

J’aurais également pu mentionner la coupe de footballeur de Jérémy Renner, à l’extrême gauche.

Et puis comme je le disais il y a 2 ans, c’est pas vraiment du cinéma, c’est un assemblage de scènes très inégales, parfois drôles (merci Thor et Chris Hemsworth, vite, une bonne comédie pour lui svp), parfois pénibles voire embarrassantes (ces longues scènes de dialogues à la fois mal écrites et platement filmées qui sont autant la signature de la franchise que les scènes d’action spectaculaires).

Allez, effectivement, je veux bien concéder, comme on peut le lire assez souvent encore une fois, que la nature conclusive de cet opus lui confère une certaine majesté, une certaine ampleur, à défaut de réelle émotion.

Cette tonalité (relativement) mélancolique, est présente d’emblée puisque un bon quart du film (le premier donc) est consacré au deuil, à l’acceptation de l’inacceptable, au fait que la moitié de la population a disparu, comme ça, en un claquement de doigts, y z’étaient là et puis pouf, y sont plus là. Soit dit en passant, la moitié qu’il a supprimé le Thanos, m’est avis que c’est la moitié laborieuse, les immigrés et le lumpenproletariat parce que 5 ans après le drame, c’est encore le gros bordel on dirait : y a des épaves de bagnoles partout dans les rues, des décombres et des pelouses mal entretenues en veux-tu en-voilà. Bravo les WASPs, bon esprit.

Comme toujours, un visuel DE TOUTE BEAUTÉ.

A part ça ? Pffff… J’ai trouvé ça aussi vain et chiant que plaisant, tout en même temps, ce qui peut être vu comme un genre de prouesse j’imagine. On les sent bien passer les 3h quand même…

A ce sujet, et puisque j’ai rien d’autre à dire, j’ai lu un article qui expliquait quand exactement i.e. à quel(s) moment(s) on pouvait s’éclipser pour aller pisser si on avait une trop petite vessie pour un film de 3h. Ça m’a fait sourire. Encore plus quand j’ai vu le film parce qu’en vérité, on peut sortir à n’importe quel moment tant toutes les scènes se valent, nivelées par cette écriture et cette réalisation sans âme qui ont auparavant nivelé les 21 épisodes précédents (ok, quelques jolies exceptions mais si peu).

C’est tout ?

C’est tout.
De toutes façons, même si on vous disait que c’est nul à chier (et ça ne l’est pas), vous iriez quand même le voir.

John Wick 1 et 2 – critique

Le 1 :

Depuis la mort de sa femme bien-aimée, John Wick passe ses journées à retaper sa Ford Mustang de 1969, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire, jusqu’à ce qu’un malfrat sadique nommé Iosef Tarasof remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre. Iosef n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez John avec deux complices pour voler la Mustang, et tuer sauvagement Daisy…
John remonte la piste de Iosef jusqu’à New York. Un ancien contact, Aurelio, lui apprend que le malfrat est le fils unique d’un grand patron de la pègre, Viggo Tarasof. La rumeur se répand rapidement dans le milieu : le légendaire tueur cherche Iosef. Viggo met à prix la tête de John : quiconque l’abattra touchera une énorme récompense. John a désormais tous les assassins de New York aux trousses.
(Allocine)

Le 2 :

John Wick est forcé de sortir de sa retraite volontaire par un de ses ex-associés qui cherche à prendre le contrôle d’une mystérieuse confrérie de tueurs internationaux. Parce qu’il est lié à cet homme par un serment, John se rend à Rome, où il va devoir affronter certains des tueurs les plus dangereux du monde. (Allociné)

Avant d’aller voir le 2 en salle, j’ai regardé ce weekend le 1er volet qui, aussi incroyable que ça puisse paraître, s’intitule très sobrement John Wick.

John Wick, c’est pas bien compliqué. Une classique histoire de hit man rangé de la ferraille qui reprend du service parce qu’un petit con a osé toucher à ce qu’il avait de plus précieux : sa voiture (une sublime Ford Mustang 1969) et surtout son chien, cadeau posthume de sa femme décédée. Le petit con en question c’est Alfie « Theon Greyjoy » Allen, qui a décidément le chic pour interpréter les têtes à claques expiatoires.

John Wick excelle à 2 niveaux selon moi : il parvient tout d’abord en quelques minutes, si ce n’est quelques plans, à créer toute une mythologie non seulement autour de son principal protagoniste (qui, aussi étonnant cela soit-il, se nomme John Wick), tueur à gages légendaire et invincible dont les bad guys se racontent les prouesses pour se faire peur, mais également sur tout cet univers de malfrats, mafieux, tueurs en tout genres etc, qui semblent vivre dans un véritable univers parallèle : ils ont leur hôtel/bar/restaurant/night club au coeur de New-York, leur monnaie (de mystérieuses et magnifiques pièces d’or), leurs « gens » (garagiste, nettoyeurs), leurs règles et code d’honneur etc. C’est dans la création et la mise en place de cette réalité alternative que le film rappelle un poil Matrix (ce sont 2 anciens de la franchise qui l’ont créé) mais ça s’arrête heureusement là. Ce monde souterrain est tellement bien évoqué en vérité, il a une telle épaisseur, que j’avais la certitude que le film était l’adaptation d’une bd : pas du tout, il s’agit d’une création pure pour le cinéma, ce qui soit dit en passant, à l’heure où quasiment tous les films d’action et blockbusters sont des remakes, suites ou prequels, est déjà notable.

Si j’avais le sentiment que le film était adapté d’une bd, c’est qu’il est également très codifié graphiquement et formellement : un fort parfum de série B, avec des bad guys qui évoluent dans tout le décorum tape à l’œil qu’on leur prête volontiers, et en face, un tueur repenti et classieux, taciturne, méthodique, qui vit en ermite dans une maison elle-même classieuse et méthodique (une maison très contemporaine, type maison d’architecte).
C’est ici qu’il faut évoquer l’interprète du rôle-titre : acteur limité au visage étrangement lisse voire lissé, Keanu Reeves dégage également une indéniable coolitude qui sied parfaitement au personnage de John Wick. Il a très peu de dialogues et s’exprime essentiellement à travers ses flingues, sans pour autant singer l’Homme Sans Nom de Sergio Leone (puisqu’il en a un de nom: John Wick. C’est aussi le titre du film). Je n’irai pas jusqu’à dire que Reeves incarne avec brio un nouveau type de héros, puisque ce dernier est extrêmement archétypal, mais il s’acquitte parfaitement de la tâche qu’on lui demande d’accomplir. Contre toute attente suis-je tenté d’ajouter puisque je l’aurais jamais imaginé dans ce rôle (ni dans aucun autre en fait mais c’est un autre problème).

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Ce qui distingue également et surtout le film du tout venant shoot them up, c’est sa mise en scène : si le scenario est, encore une fois, d’une simplicité biblique (plusieurs scènes de canardage qui vont crescendo et où il convient de liquider tout le monde avant d’affronter le boss de fin), le filmage est franc, élégant. Si sur le fond on pense à un immense jeu video, sur la forme ne répond pas vraiment aux canons aujourd’hui en vigueur du 15 plans/15 angles différents à la seconde (coucou Paul Greengrass).
Il n’est ainsi pas rare que la plus spectaculaire scène d’action soit uniquement découpée en 3 plans, voire 2 voire même en plan séquence. Et ça c’est évidemment un énooooooooooooooorme kif : malgré la profusion de coups portés et d’hommes de main à abattre (tous extrêmement expendables, ça va de soi) tout est extrêmement lisible, limpide (on peut légitimement parler de chorégraphie), ce qui en outre ajoute au réalisme de la violence graphique. John Wick en hommage à John Woo? Pas impossible.

Tout ça est valable pour le 1er volet (je rappelle ici qu’il s’intitule John Wick) mais également pour le second (souviens toi : John Wick 2) qui constitue une suite modèle. A savoir plus de moyens, plus de décors, plus de bad guys, plus de second degré : le film est construit sur des archétypes et des clichés, il en a constamment conscience et il en joue intelligemment, sans jamais verser dans l’auto-dérision forcenée ou pire, dans la parodie.

Je ne suis pas toujours convaincu par le besoin, bien compréhensible, d’apporter un souffle nouveau à la recette du 1 : John Wick 2 prend le risque de faire pencher son héros du côté de James Bond et ça n’est pas très utile, le film n’étant jamais aussi jouissif et intéressant que lorsqu’il colle au plus près à son cahier des charges minimaliste.

Mais peu importe, ce sont des détails : dans une grande salle, sur un grand écran, c’est un film d’action popcorn et un plaisir même pas coupable comme je n’en avais pas connu depuis très longtemps. A tel point que je suis impatient de voir le 3ème volet. Les coquinous ont décidé de faire les foufous et de ne pas l’intituler John Wick 3. mais John Wick Parabellum.

La session de rattrapage 7

Encore quelques films vus récemment sur ma superbe Nokia Nicam Stereo.

Mission Impossible : Protocole Fantôme


Vu avant de me faire l’exceeeeellent 5ème volet. Très bien. Pas grande chose à dire de plus: c’est ce à quoi devraient ressembler tous les blockbusters/films d’actions hollywoodiens dotés de la même puissance de frappe mais qu’on voit évidemment trop peu souvent. Comme quoi c’est pas con de mettre un vrai réalisateur aux manettes… (Brad Bird ici, Christopher Mac Quarrie pour le 5).

Jack Reacher

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Il y a du Cristiano Ronaldo chez Tom Cruise. Ou l’inverse, peu importe. Outre une vague ressemblance physique (ce côté cyborg sans âge, surtout chez Cruise là pour le coup mais il y a fort à parier que CR7 vieillira de la même manière), une obsession de la performance, de la perfection physique là aussi, un ego surdimensionné bien sûr, une nécessité d’être toujours le centre d’attention numéro 1 de leur équipe/film, une part d’ombre (scientologie chez l’un/mais c’est quoi au juste le fin mot de l’histoire avec ce gamin? chez l’autre) un parcours sans faute, quoiqu’on pense d’eux et pourtant une côte d’impopularité assez remarquable chez d’aussi puissantes mega-stars.
Bon, sinon, le film est quand même assez génial. Il est surtout d’une exhaustivité bluffante :  des scènes de dialogue brillantissimes (la scène du bar et ses punchlines débiles à la Last Action Hero), des scènes muettes et de pure mise en scène à couper le souffle (la scène d’ouverture, la poursuite en bagnole; revoir à ce sujet l’excellent premier film de Christopher Mac Quarrie, The Way of the Gun), un scenario malin comme tout (à la Columbo ie on connait l’assassin dès le départ). Si je fais le bilan, on a donc de la comédie, de l’action, du polar, Werner Herzog dans le rôle du bad guy (idée géniale!) et un poil de romance. ET des gros seins. Bilan TRES positif, donc.

 

The Limits of Control

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Un film que j’avais sous le coude depuis pas mal de temps mais que je n’arrivais pas à me motiver à regarder.
Et là j’avais raison: j’ai trouvé que c’était une grosse blague d’une prétention sans nom. J’ai lu quelques critiques : on parle parfois du chef d’oeuvre de Jarmusch. Je pense pour ma part qu’on est à la limite du foutage de gueule. Oui, c’est beau, très beau même, c’est sublimement cadré, photographié, tout ce que tu veux, c’est énigmatique à souhait mais (puisque c’est là que se situe le hic pour moi) j’ai vu cette opacité comme une pose qui m’a constamment laissé en dehors. Chez Lynch (puisqu’il est parfois cité comme une influence ou un référent du film), les éléments les plus opaques, inexplicables nous intriguent, nous fascinent, nous happent même, pour reprendre l’image de la boîte de Mulholland Drive ou de l’oreille de Blue Velvet, dans un tourbillon des sens vertigineux qui fait de la compréhension un enjeu accessoire voire non avenu. Pour dire les choses d’une autre manière, je suis tout à fait prêt à me faire trimballer par une histoire à laquelle je ne comprends rien si en contrepartie tout le reste m’emballe. Ce qui n’a donc pas été le cas ici, et je suis gentil : ce fut en réalité une purge.

Une journée en enfer

Une journée en enfer
Du coup j’ai enchaîné avec ça illico parce que c’était diffusé sur une quelconque chaîne de la TNT et que j’avais besoin de me laver un peu le cerveau. Ca m’a fait bien plaisir de le revoir, ça faisait longtemps. « Eh ducon, une seconde! Tu vois, tu dis « ducon » et il s’arrête » : à voir évidemment et impérativement en VF pour profiter de la voix géniale de Patrick Poivey. J’adore ce film, vraiment, c’est mon préféré dans la trilogie Die Hard.
Sinon, marrant de constater que ce film, sorti en 1995, après le grunge donc, pendant les années Clinton, au moment de l’apparition d’un Beck par exemple, puait encore les années 80.