John Wick 1 et 2 – critique

Le 1 :

Depuis la mort de sa femme bien-aimée, John Wick passe ses journées à retaper sa Ford Mustang de 1969, avec pour seule compagnie sa chienne Daisy. Il mène une vie sans histoire, jusqu’à ce qu’un malfrat sadique nommé Iosef Tarasof remarque sa voiture. John refuse de la lui vendre. Iosef n’acceptant pas qu’on lui résiste, s’introduit chez John avec deux complices pour voler la Mustang, et tuer sauvagement Daisy…
John remonte la piste de Iosef jusqu’à New York. Un ancien contact, Aurelio, lui apprend que le malfrat est le fils unique d’un grand patron de la pègre, Viggo Tarasof. La rumeur se répand rapidement dans le milieu : le légendaire tueur cherche Iosef. Viggo met à prix la tête de John : quiconque l’abattra touchera une énorme récompense. John a désormais tous les assassins de New York aux trousses.
(Allocine)

Le 2 :

John Wick est forcé de sortir de sa retraite volontaire par un de ses ex-associés qui cherche à prendre le contrôle d’une mystérieuse confrérie de tueurs internationaux. Parce qu’il est lié à cet homme par un serment, John se rend à Rome, où il va devoir affronter certains des tueurs les plus dangereux du monde. (Allociné)

Avant d’aller voir le 2 en salle, j’ai regardé ce weekend le 1er volet qui, aussi incroyable que ça puisse paraître, s’intitule très sobrement John Wick.

John Wick, c’est pas bien compliqué. Une classique histoire de hit man rangé de la ferraille qui reprend du service parce qu’un petit con a osé toucher à ce qu’il avait de plus précieux : sa voiture (une sublime Ford Mustang 1969) et surtout son chien, cadeau posthume de sa femme décédée. Le petit con en question c’est Alfie « Theon Greyjoy » Allen, qui a décidément le chic pour interpréter les têtes à claques expiatoires.

John Wick excelle à 2 niveaux selon moi : il parvient tout d’abord en quelques minutes, si ce n’est quelques plans, à créer toute une mythologie non seulement autour de son principal protagoniste (qui, aussi étonnant cela soit-il, se nomme John Wick), tueur à gages légendaire et invincible dont les bad guys se racontent les prouesses pour se faire peur, mais également sur tout cet univers de malfrats, mafieux, tueurs en tout genres etc, qui semblent vivre dans un véritable univers parallèle : ils ont leur hôtel/bar/restaurant/night club au coeur de New-York, leur monnaie (de mystérieuses et magnifiques pièces d’or), leurs « gens » (garagiste, nettoyeurs), leurs règles et code d’honneur etc. C’est dans la création et la mise en place de cette réalité alternative que le film rappelle un poil Matrix (ce sont 2 anciens de la franchise qui l’ont créé) mais ça s’arrête heureusement là. Ce monde souterrain est tellement bien évoqué en vérité, il a une telle épaisseur, que j’avais la certitude que le film était l’adaptation d’une bd : pas du tout, il s’agit d’une création pure pour le cinéma, ce qui soit dit en passant, à l’heure où quasiment tous les films d’action et blockbusters sont des remakes, suites ou prequels, est déjà notable.

Si j’avais le sentiment que le film était adapté d’une bd, c’est qu’il est également très codifié graphiquement et formellement : un fort parfum de série B, avec des bad guys qui évoluent dans tout le décorum tape à l’œil qu’on leur prête volontiers, et en face, un tueur repenti et classieux, taciturne, méthodique, qui vit en ermite dans une maison elle-même classieuse et méthodique (une maison très contemporaine, type maison d’architecte).
C’est ici qu’il faut évoquer l’interprète du rôle-titre : acteur limité au visage étrangement lisse voire lissé, Keanu Reeves dégage également une indéniable coolitude qui sied parfaitement au personnage de John Wick. Il a très peu de dialogues et s’exprime essentiellement à travers ses flingues, sans pour autant singer l’Homme Sans Nom de Sergio Leone (puisqu’il en a un de nom: John Wick. C’est aussi le titre du film). Je n’irai pas jusqu’à dire que Reeves incarne avec brio un nouveau type de héros, puisque ce dernier est extrêmement archétypal, mais il s’acquitte parfaitement de la tâche qu’on lui demande d’accomplir. Contre toute attente suis-je tenté d’ajouter puisque je l’aurais jamais imaginé dans ce rôle (ni dans aucun autre en fait mais c’est un autre problème).

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Ce qui distingue également et surtout le film du tout venant shoot them up, c’est sa mise en scène : si le scenario est, encore une fois, d’une simplicité biblique (plusieurs scènes de canardage qui vont crescendo et où il convient de liquider tout le monde avant d’affronter le boss de fin), le filmage est franc, élégant. Si sur le fond on pense à un immense jeu video, sur la forme ne répond pas vraiment aux canons aujourd’hui en vigueur du 15 plans/15 angles différents à la seconde (coucou Paul Greengrass).
Il n’est ainsi pas rare que la plus spectaculaire scène d’action soit uniquement découpée en 3 plans, voire 2 voire même en plan séquence. Et ça c’est évidemment un énooooooooooooooorme kif : malgré la profusion de coups portés et d’hommes de main à abattre (tous extrêmement expendables, ça va de soi) tout est extrêmement lisible, limpide (on peut légitimement parler de chorégraphie), ce qui en outre ajoute au réalisme de la violence graphique. John Wick en hommage à John Woo? Pas impossible.

Tout ça est valable pour le 1er volet (je rappelle ici qu’il s’intitule John Wick) mais également pour le second (souviens toi : John Wick 2) qui constitue une suite modèle. A savoir plus de moyens, plus de décors, plus de bad guys, plus de second degré : le film est construit sur des archétypes et des clichés, il en a constamment conscience et il en joue intelligemment, sans jamais verser dans l’auto-dérision forcenée ou pire, dans la parodie.

Je ne suis pas toujours convaincu par le besoin, bien compréhensible, d’apporter un souffle nouveau à la recette du 1 : John Wick 2 prend le risque de faire pencher son héros du côté de James Bond et ça n’est pas très utile, le film n’étant jamais aussi jouissif et intéressant que lorsqu’il colle au plus près à son cahier des charges minimaliste.

Mais peu importe, ce sont des détails : dans une grande salle, sur un grand écran, c’est un film d’action popcorn et un plaisir même pas coupable comme je n’en avais pas connu depuis très longtemps. A tel point que je suis impatient de voir le 3ème volet. Les coquinous ont décidé de faire les foufous et de ne pas l’intituler John Wick 3. mais John Wick Parabellum.

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