Thor: Ragnarok – critique

Privé de son puissant marteau, Thor est retenu prisonnier sur une lointaine planète aux confins de l’univers. Pour sauver Asgard, il va devoir lutter contre le temps afin d’empêcher l’impitoyable Hela d’accomplir le Ragnarök – la destruction de son monde et la fin de la civilisation asgardienne. Mais pour y parvenir, il va d’abord devoir mener un combat titanesque de gladiateurs contre celui qui était autrefois son allié au sein des Avengers : l’incroyable Hulk… (Allociné)

Quelle étrange expérience… L’impression à la fois d’avoir assisté à la mort du cinéma tout en ayant pris un énorme pied devant un truc un peu dingue.

Y aurait beaucoup de choses à dire, par où commencer ? Par le plus important: le film est réalisé par Taika Waititi, auteur-réalisateur néo-zélandais débutant à Hollywood mais collaborateur des géniaux Flight of the Conchords et réalisateur du non moins génial Vampires en toute intimité. Je l’ignorais avant de voir le film, ça aurait pu un peu m’y préparer.

Car très vite (tout de suite en réalité), on est surpris par le ton adopté. Ca vanne sec. Et ça vanne bien: dérision, second degré, Thor : Ragnarok est davantage une comédie qu’un film de super-héros en réalité. Et une bonne comédie, donc.

Comment les fans, les lecteurs du comics s’entend, le prennent-ils? On est en droit de se poser la question (en tout cas je me la suis posée) tant la tonalité n’est pas celle à laquelle on s’attend a priori. Thor (excellent Chris Hemsworth décidément doué pour la comédie) n’est plus seulement inadapté à la vie sur Terre (de toutes façons le film ne s’y déroule pas donc exit toutes les vannes du registre « fish out of water »), il est surtout à la fois maladroit et ironique, il perd son gros marteau bien dur, se fait couper les tifs etc. C’est toujours un héros, pas de doutes là dessus et on est ni dans l’iconoclasme ni dans la parodie mais j’imagine que ce genre de libertés prises avec le personnage et sa mythologie doivent chagriner les gardiens du temple.

Après…
Bon, je vais enfoncer une porte grande ouverte et dont les gonds ont été arrachés depuis longtemps mais j’ai rarement eu autant l’impression de me trouver devant une sorte de non-film, de négation de ce qu’un cinéphile est supposé attendre d’une oeuvre cinématographique, de caricature de méchant-blockbuster-hypertrophié-que-y-a-rien-de-bio-et-de-bon-dedans. C’est la norme hollywoodienne désormais, je le sais bien mais là ça m’a vraiment… choqué. Les acteurs évoluent sur des fonds verts majoritairement (enfin, je suppose), et quand ça n’est pas le cas, il s’agit de décors complètement abracadabrantesques et probablement dispendieux.  Y a de quoi financer 30 ans de cinéma français avec ce truc sans déconner…
Et malgré ça, c’est réconfortant de se dire que ce qu’on retiendra de Thor : Ragnarok, ce sont les dialogues, répliques et punchlines qui se succèdent avec brio, avec une science et un rythme réellement bluffants. Autrement dit, ce qu’on retiendra de ce film, malgré les millions de brouzoufs déboursés et balancés sur l’écran, c’est le texte et sa mise en scène.

Et qui a-t-on casté pour évoluer devant ces décors ridicules, devant ses fonds verts? Des bons (Mark Ruffalo, Tom HiddlestonJeff Goldblum) voire des grands acteurs (Idris Elba, toujours aussi beau et bon même dans un rôle de Moïse super cheap, Cate Blanchett, magnifique en super villain super badass, mi-égérie emo, mi-reine maléfique).

Je trouve ça dingue et génial à la fois qu’on se soit pas contenté de prendre des acteurs bankable et à belle gueule ou fort potentiel physique si je puis dire, mais plutôt des acteurs aussi flamboyants et/ou subtils.

Quoiqu’il en soit, tout ça m’a donné le sentiment de me trouver devant un film assez unique, en son genre déjà (le « film Marvel« , un genre à part entière désormais), mais aussi tout court. Je me suis marré, souvent et beaucoup (putain l’accent australien de Korg, quelle trouvaille !) mais je me suis surtout interrogé, dans le meilleur sens du terme, sur la nature exacte de cet objet à la fois hyper formaté (ça reste un blockbuster avec son quota obligatoire de boum-boum et de grand 8 visuel) et presque subversif (dans son refus de pencher vers le blockbuster boum-boum justement).

Je vais aller plus loin et faire preuve de mon habituel sens de la mesure: l’an dernier j’avais été scotché par la forme de Rester Vertical, un film qui ne ressemblait (et ne ressemble d’ailleurs toujours) à aucun autre, eh ben cette année ça sera Thor: Ragnarok soit un film américain, au budget indécent et à l’horrible plan marketing, son exact opposé. Bim.

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