Nick Waterhouse – Connexion café, Toulouse

Nick Waterhouse est un jeune auteur-compositeur californien (tout est « California » ou « from California » avec lui) qui a également produit le superbe 1er album des Allah-La’s.

Souvent assimilé à la scène neo-soul des Eli Paperboy Reed ou Mayer Hawthorne, son style est en réalité encore plus rétro, subtil alliage de rock’n’roll, jazz et surtout rythm’n’blues, avec une lichette de pop pour faire bonne mesure. En gros, un mec pour qui le public n’est composé que de ladies and gentlemen et qui, s’il avait vécu dans les années 60, aurait jugé les Beatles post-1965 un peu trop expérimentaux.

Nick-Waterhouse
Toujours très élégant, quoique dans un style plus casual qu’à l’accoutumée (et le mec rigole moyennement quand il s’agit de style comme le prouve cette petite video), il débarque à Toulouse accompagné d’un batteur, d’un bassiste, d’un organiste, d’une choriste et d’une barytone sax.

Pour l’occasion, le Connexion café réunit tout ce que la ville rause compte de mods, hipsters retro, fanas des late 50s etc. Un public bien stylé lui aussi donc et différent de celui des concerts auxquels j’assiste habituellement, c’est pas désagréable.

Sur ses 2 premiers albums, je trouve Nick Waterhouse un peu trop poli ou policé, soignant avec un poil trop de détails sa patine early 60s. C’est dommage car il n’a pas besoin d’en rajouter : il suffit de le voir, avec son look Ivy League, ses cheveux impeccables et ses petites lunettes, pour comprendre qu’il respire la classe old school. Je réalise immédiatement que sur scène, il fait preuve de nettement plus de nerf : sa voix se fait plus rauque, son style plus brut. C’est peu dire que ça démarre très bien. Au bout du deuxième morceau, on se croirait dans quelque bar de nuit angeleno au tournant des années 50-60.

Seul bémol en ce qui me concerne : il fait une chaleur proprement intenable. Il a fait chaud toute la semaine, la salle affiche complet, le public commence à gentiment se déhancher, il fait chaud bordel. Le genre où, d’abord agacé par les déplacements incessants de certains spectateurs, tu finis par les bénir car leur simple passage près de toi suffit à remuer un salutaire brin d’air. Le genre où des gouttes de sueurs finissent par te couler dans l’oreille. Le genre où, à contrecœur, tu commences à te diriger vers l’arrière de la salle. Qui est fort heureusement une petite salle donc ça ne nuit pas à l’immersion. Qui est totale car le mec sait y faire, et pas qu’un peu.

Après un démarrage en douceur, genre club-interlope-pour-amants-clandestins, il a décidé de nous faire danser. Toujours avec finesse et élégance mais le rythme s’accélère, morceau après morceau. Il parle peu mais il parle bien, présente ses musiciens avec beaucoup de classe et continue à se lâcher, lentement mais sûrement. ET LA IL REPREND TY SEGALL. Bordel. La classe. It’s #3, un de ses plus vieux morceaux, complètement ré-arrangé à sa sauce. Sur sa reprise de The harder they come, c’est un petit peu la folie : « Well if you’re not dancing, you got a problem my friend ». T’inquiète Nick, on danse. Ooooooooooooooh ouiiiiiiiiiiiiiiiii. C’est bon putain.

Là l’élan se brise un peu : un mec (un habitué des concerts toulousains il me semble), monte sur scène une bière pour Waterhouse à la main. Il la lui offre, discute un peu. Le chanteur annonce alors que contrairement à son habitude, il souhaite exceptionnellement un bon anniversaire au gars « because he’s wearing a tuxedo » (pas sûr que ce fut un véritable smoking mais je lui fais confiance. Je crois qu’on peut lui faire confiance en matière de fringues). Ils continuent à dialoguer un peu, ce que Waterhouse qualifiera de « surrealistic comedy show », il reste cool mais on le sent un peu agacé quand même et finit par conclure, alors que le gus se lance dans le public, qu’il s’agit de la « boldest stage invasion » qu’il ait jamais eu.

L’élan s’est un peu brisé mais à peine : ça continue à envoyer classieusement depuis la scène et à danser dans la salle. Sur le tout dernier morceau, il salut une dernière fois le public puis quitte la scène sans s’attarder, laissant la vedette et le soin de conclure à son groupe. La classe jusqu’au bout le mec.

Bon il reviendra quand même pour un rappel. Un nouveau morceau incendiaire tiré de son 1er album qui finit de nous achever : 1h30 de pur rythm’n’blues, raffiné et brut à la fois, toujours très, mais alors très classe. Le mot-clé de la soirée évidemment. Ladies and gentlemen, Nick Waterhouse, from Los Angeles, California.

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This Is Not A Love Song festival – Nîmes – jour 2

Suite donc de l’édition 2014 du festival indie-pop nîmois This Is Not A Love Song avec une reprise à 17h seulement (le compte-rendu du jour 1 c’est ici).

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Wooden Shjips jouait à 14h, suivis de Courtney Barnett, je voulais vraiment les voir tous les 2 (surtout Wooden Shjips) mais tu comprends, y a un truc qui s’appelle la life et des fois la life elle a pas d’heure, elle a son propre emploi du temps tu vois et elle te bouscule et ça fait mal et c’est beau en même temps.

Donc démarrage avec les vétérans de Superchunk.
Superchunk c’est le quartet power pop US dans toute sa splendeur : guitare solo-chant, guitare rythmique, basse, batterie, pas plus, pas moins. Riffs au cordeau, solos saignants, refrains catchy, sauts grand écart à la Pete Townsend, tout ce qu’on aime quand on aime la power pop US dans toute sa splendeur. Superchunk, un groupe qui ne sera jamais génial (quoique) ni mauvais, idéal dans le cadre d’un festival, parfait pour se mettre en jambes.

Suite de cette grosse journée dans la grande salle avec Midlake.
Je me demande si Antiphon ne serait pas leur meilleur album finalement. J’aime beaucoup les autres (sauf The Courage of Others, une vraie purge) mais, même sur Trials of Van Occupanther, ils n’arrivent pas selon moi à se défaire d’une attitude d’élèves appliqués, de talentueux copistes (un coup Grandaddy, un coup soft-rock, un coup folk anglais). Sur Antiphon donc, et suite au départ en plein enregistrement de leur chanteur-leader, ils semblent enfin avoir trouvé leur voie.
Sur scène, ils sont encore un peu trop studieux à mon goût mais il faut bien admettre qu’ils reproduisent les compositions de leur dernier album, leurs subtiles textures, avec une maîtrise et une fidélité confondantes. Ils sont sur la bonne voie, indéniablement. D’ailleurs, quand ils interprètent des morceaux de l' »ancien » Midlake, ils sonnent comme un groupe de reprises de Midlake : c’est assez cocasse et déstabilisant à la fois…
Et puis ils ont l’air de bons gars : Eric Pulido, anciennement « simple » guitariste et nouveau chanteur, invite le public à les rejoindre à la table de merchandising à l’issue du concert pour les saluer, discuter avec eux ou simplement leur serrer la main. Ce qu’ils font donc de manière fort joyeuse et sympathique. Et du coup ils ont vendu plein de t-shirts les coquins : le nouveau Midlake c’est vraiment gagnant-gagnant.

Vais ensuite faire un tour à l’extérieur pour Findlay mais c’est vraiment pas pour moi (du rock briton chanté par une nana, en gros) puis dans la petite salle pour Meridian Brothers : bof.

M’installe sur les gradins de la grande salle pour Neutral Milk Hotel.
Encore un groupe culte de chez culte. Non mais… Bon, je dis rien, je vais encore passer pour un rabat-joie. Même si j’aime bien In an Aeroplane Over the Sea, je l’écoutais beaucoup à une époque.  Après, je comprends que Jeff Mangum exerce une sorte de fascination avec son statut d’ermite pop intransigeant et insaisissable, qu’il ait réussi touché de nombreuses personnes de manière intime.
La salle est bondée, le public très chaud, ils sont très attendus eux aussi. Sur scène, outre les traditionnels basse-batterie-guitares : trombone, trompette, cor anglais, accordéon, bandonéon, scies musicales. Pas grand chose à dire de ce concert : malgré de bons et même beaux moments, je me suis poliment ennuyé, je n’ai jamais été touché. Et puis ce côté orchestre de guingois/fanfare brinquebalante moi… Désolé pour les nombreux fans hardcore mais le grand groupe de l’écurie Elephant 6 dont Neutral Milk Hotel faisait partie, ça reste selon moi The Olivia Tremor Control, et de loin.

La suite de la journée devient problématique et montre les limites d’un tel évènement : le trop plein et l’inévitable sentiment de frustration qui en découle.

Ainsi, après NMH, Earl Sweatshirt et Rodrigo Amarante jouent en même temps.
Je suis naturellement attiré par ce dernier qui cadre davantage avec mes goûts mais le rappeur prodige, membre du collectif Odd Future, m’intrigue vraiment…

Je me rends donc à l’extérieur sur la grande scène : un DJ balance des beats et des samples bien sombres pendant une dizaine de minutes avant que Sweatshirt ne débarque avec son flow heurté : c’est très efficace. Le mec est un showman en plus : il dialogue beaucoup avec le public, lui demandant constamment sa participation. Il insistera par exemple pour que nous répétions après lui l’immortelle « I’ll fuck the freckles off your face (bitch) ». Mais il a l’air d’un gentil garçon. D’ailleurs dans une autre chanson, l’inévitable « bitch » est précédée de l’adjectif « pretty » : c’est pas tous les rappeurs qui se donnent cette peine, je peux te le dire.

Je veux quand même jeter un oeil au concert de Rodrigo Amarante donc je file vers la petite salle… mais elle est bondée, il faut faire la queue pour laisser sortir les gens qui veulent sortir puis y entrer au compte-gouttes alors que le concert a démarré depuis près d’une demie-heure, je laisse tomber. Dommage mais tant pis.

Je ne retourne pas voir Earl Swearshirt :  la suite c’est Cat Power, je sens qu’il va falloir jouer des coudes.
Et c’est le cas : la salle est pleine comme jamais depuis le début du festival. Public beaucoup plus varié que pour tous les autres concerts (comprendre : y a vachement plus de vieux), beaucoup plus « grand public » aussi, preuve que The Greatest a vraiment fait son chemin dans le… grand public.
Je ne serai pas très disert quant à sa prestation :  je l’ai trouvée absolument conforme à ce que j’attendais d’une prestation solo de Chan Marshall, à savoir « habitée », « sèche » parfois « émouvante » mais aussi « longuette ». Me suis un peu ennuyé là aussi… Faut dire que je commençais à sacrément avoir des fourmis dans la jambe pour la suite (Black Lips et Ty Segall) ! Sinon, puisque malheureusement la question se pose (je SAIS que tu te la poses) : elle paraissait relativement en forme quoiqu’un peu bouffie et en tout cas toujours aussi bonnasse bien gaulée filiforme avec son skinny et ses boots à talons. Grosse ovation en tout cas, force « we love you! » balancés par des jeunes filles entre les morceaux : elle a probablement contenté son public.

Bon, ça y est, on y est : les 2 concerts que j’attendais le plus de tout le festival !

Black Lips sur la scène extérieure d’abord.
Ah les Black Lips… Que j’aime ce groupe : du rock débile, avec des paroles débiles, joué par des débiles, avec une attitude débile. Le bassiste envoie une bière dans le public dès la fin du 1er morceau (Family Tree, ouverture parfaite !), un mec portant un maillot du Brésil monte sur la scène tranquilou dès le second etc etc. Ca pogote, ça headbangue, ça slamme, ça sourit dans le public : comment résister à ces bombinettes punk-pop aux occasionnels accents rockab’ ? Le rock a régulièrement été saisi à bras le corps à toutes les époques par des types pas très malins peut-être mais par de vrais entertainers qui n’avaient qu’une envie sincère : servir de joyeux défouloir à leur public. Depuis quelques années, les Black Lips jouent ce rôle à merveille, il faut les en remercier.

LE gros regret du festival : si je veux voir la fin de leur concert, je raterai 15 minutes de celui de Ty Segall.
C’est donc la mort dans l’âme mais le sourire aux lèvres que je retourne juste à temps dans la grande salle pour LE concert de LE artiste que je voulais voir au festival This Is Not a Love Song.
Et là… Bah… « J’y étais ». « Je l’ai vu ». Ce genre de concert, pas moins… L’impression de voir un petit blondinet poupin et un poil grassouillet incarner le rock électrique le plus pur et le plus fulgurant depuis… Depuis ? Sincèrement, je ne sais pas. Ty Segall est fréquement étiqueté « garage-psyché » et c’est très juste mais c’est omettre qu’il a parfaitement assimilé et recrache avec une énergie, une conviction, un talent et une grâce folle TOUT le rock électrique. Il incarne aussi bien et le plus naturellement du monde les Who que Black Sabbath, les groupes Nuggets que Led Zeppelin ou Nirvana. Il ne sait composer que des tueries du coup il peut se permettre de balancer 4 nouveaux titres d’affilée (inconnus du public donc) sans que celui-ci y voit quelque différence avec les « tubes » qu’il a entendu auparavant et qu’il entendra ensuite (l’un de ces 4 morceaux, un espèce de groove heavy à la Black Sabbath… mamma mia, j’en ai encore des frissons de plaisir…).

Final en apothéose donc : une grosse heure passée un grand sourire aux lèvres, une ambiance de feu, une prestation hallucinante, au-delà de mes espérances (pourtant grandes) et c’est un euphémisme. Ty Segall passera par Toulouse à l’automne, j’ai déjà hâte d’y être.

Comme le disait Jean-Oui Aubert, le chaînon manquant entre Michel Houellebecq et Yannick Noah, « voilà, c’est fini ». Encore bravo aux programmateurs-organisateurs du festival en tout cas : si l’affiche 2015 est du même acabit, j’y retourne sans aucune hésitation.

This Is Not A Love Song festival – Nîmes – Jour 1

Grande Remise fait donc une incursion au pays des ferias, du total look Desigual et des 4×4 blancs pour le festival This Is Not A Love Song, oasis de précision et de bon goût au pays des ferias, du total look Desigual et des 4×4 blancs.

Le festival se tient à la Paloma, salle de concert flambant neuve (moins d’un an si j’ai bien compris) : 2 scènes à l’intérieur (une grande, une petite), une autre à l’extérieur pour le festival, 2 mini-plages avec transats pour se poser, des stands de boisson/nourriture, des concerts gratuits jusqu’à 18h, des hipsters, des hipsteuses, c’est bien foutu et bien organisé, y a pas à dire.
Après, c’est un festival et avec 3 scènes, il vaut mieux admettre d’emblée qu’on ne pourra pas TOUT voir : il faut parfois se hâter de quitter un endroit pour ne pas rater une entrée en scène un peu plus loin, certains artistes jouent en même temps ou se chevauchent un peu (les Black Lips n’ont pas encore terminé lorsque Ty Segall monte sur la scène par exemple et Har Mar Superstar joue en même temps que ce dernier…). C’est parfois frustrant mais c’est le principe des festivals et il faut faire avec. La programmation complète ici. Ma programmation sélective ci-dessous.

Je démarre avec les anglais de Temples que je considère un peu durement sans doute comme les Tame Impala du pauvre : même fixette psyché 60s, même objectif pop mais pas le même talent. Leur premier album sorti cette année est néanmoins prometteur et leur prestation sur scène largement à sa hauteur. Pas facile pourtant de passer à 17h… Le chanteur interpellera d’ailleurs un public un peu trop calme et passif à son goût. Ben ouais, sorry mate mais à Nîmes, fin mai à 17h, fait chaud. Quand tu seras un peu plus connu tu pourras jouer sur la grande scène de Glastonbury le soir sous la pluie mais pour l’heure il va falloir faire avec un public effectivement un peu assommé par le soleil. Ceci dit le groupe fait preuve de professionnalisme et de compétence : ses pop-songs lysergiques supportent haut la main le test de la scène avec quelques très bons moments (The Golden Throne, Mesmerize en clôture). Très chouette prestation au bout du compte.

Je passe dans la grande salle pour Man or Astroman, dont je ne connais pas grand chose et dont je n’attends rien de particulier. Sur fond de projections de films de la conquête spatiale (astronautes, fusées au décollage), ils jouent un surf-noise-punk essentiellement instrumental, efficace et rigolo . Avant leur entrée en scène, la sono diffusait les B 52s et on songe à une version survitaminée de ces derniers. Limitée aussi : j’ai l’impression d’avoir fait le tour de la question assez vite et retourne donc manger un panini non pas rue de Choiseul mais à l’extérieur, afin de ne rien manquer de la suite.

Car la suite, c’est Lee Ranaldo, the Man, the Legend. Super classe avec sa belle chemise rouge de cow boy, ses cheveux blancs en bataille et ses inévitables lunettes noires, il est accompagné d’un bassiste, d’un guitariste et du grand Steve Shelley à la batterie. C’est donc la moitié de Sonic Youth qui est là sur scène (plein de t-shirts Sonic Youth dans le public d’ailleurs) et ça me fait quelque chose même si je ne suis pas un fan inconditionnel du groupe. En tout cas Ranaldo a vraiment beaucoup d’allure, je le pensais plus nettement plus décati. Il nous balance une heure de rock new yorkais, plus pop que Sonic Youth mais non dépourvu d’embardées… soniques, attendues et magistrales. La grande classe, tout simplement. A noter dans le public un Jon Spencer super cool (quoiqu’un peu décati lui…) qui vient se poser à 2 mètres de moi ainsi que la quasi totalité des membres de Brian Jonestown Massacre, tellement lookés qu’ils ont l’air déguisés.

Retour dans la grande salle pour Slowdive, groupe surestimé dont le statut quasiment culte me laisse perplexe. Ils sont gentils et mignons, ils ont peut-être influencé Mogwai, d’accord mais bon, faut pas déconner quand même… Il s’agit en tout cas de leur grand retour sur scène après un hiatus de presque 20 ans et un petit concert de reprise en Angleterre il y a 10 jours. La salle est bien pleine, ils sont attendus. OK. Prestation noise et éthérée comme il faut, qui aura sans doute ravi les fans mais la salle se vide assez rapidement… Ils me confortent dans mon opinion, à savoir qu’il leur manquera toujours l’essentiel :  les chansons. A part ça, Neil Halstead a des cheveux super soyeux, une très belle barbe et Rachel Goswell est mignonne comme tout dans sa petite robe noire. « C’est tout ? » Oui c’est tout : moi aussi je me fais rapidement bien chier et sors donc manger un second sandouich dégueu.

C’est ensuite l’heure de The Fall, un groupe lui aussi culte et lui aussi assez rare sur scène (quelle programmation quand même, avec des concerts gratuits en journée et un tarif de 18€ la soirée, c’est quand même incroyable…). 2 batteries, un guitariste, un bassiste et une nana qui débarque sur scène avec un énorme sac sur le dos qu’elle dépose au pied de son clavier, et une espèce de mitre en laine sur la tête. OK. L’antithèse parfaite à la mignoncité et à la fadeur de Slowdive :  vieux, gros, chauves, mal sapés mais des chansons qui déboîtent. Et Mark E. Smith bien sûr… Complètement bourré (du moins je l’espère, dans le cas contraire ça serait carrément craignos), il déblatère des paroles incompréhensibles en arpentant la scène avec une morgue invraisemblable, tourne le dos au public la moitié du temps, mets 2 plombes à accrocher son micro à son pied, micro dans lequel il gueule bien entendu beaucoup plus qu’il ne chante. Aussi pathétique que génial, LE grand moment punk du festival.

Je m’éclipse néanmoins car je tiens à jeter un oeil à The Cambodian Space Project qui joue en même temps dans la plus petite salle. Et je ne le regrette pas ! Pop yéyé chantée en cambodgien par une jolie chanteuse en robe lamé or, ils sont précis, ludiques et sans prétention, offrant une belle et salutaire respiration. Définitivement, la Pop, c’est la vie.

Grande salle à nouveau pour The Brian Jonestown Massacre.
Alors comment dire… Encore un groupe au statut culte totalement usurpé selon moi… Pis : je les trouve absolument ridicules, ils font partie de mes têtes de turc favorites. En tout cas la salle est pleine de chez pleine pour la 1ère fois de la journée, l’attente visiblement énorme. L’a pô compris…
Ils arrivent à 8 sur scène (HUIT) : un batteur, un bassiste, un clavier, 4 guitaristes (QUATRE) et bien sûr l’inénarrable tambourine man, qui joue d’ailleurs de 2 tambourins différents : il souhaite manifestement qu’on comprenne bien qu’il a une vraie fonction dans le groupe. Accueil plus que chaleureux du public qui démarre au quart de tour dès la première note de la première chanson.
Et là… La Révélation. L’Épiphanie. La Rédemption. L’Adoubement granderemisesque : c’est sublime. SUBELIME. Vraiment. Tout le monde est en place, le son est puissant et clair, les guitares superbes (et on distingue très bien les 4 parties de guitares !) et Anton Newcombe chante merveilleusement bien. Aperçu dans le public pour Lee Ranaldo un peu avant, il faisait peine à voir (le mot du jour : « décati »). Là il est transfiguré, sur la droite de la scène, à la manœuvre du groupe : c’est très émouvant. Son groupe d’ailleurs, il me semble enfin et brutalement en comprendre le sens et la démarche : une pop sixties mais jamais passéiste, classique donc, à la fois accrocheuse, psyché et mélancolique. Un genre d’Echo and the Bunnymen californien parfois. Les titres les plus enlevés sont toutefois les meilleurs mais tout le concert est d’une qualité qui me laisse pantois. Et bizarrement, les 8 membres du groupe ne me paraissent plus du tout déguisés mais au contraire hyper classe. Bon, ok, « les 7 membres » parce que le tambourine man, c’est juste pas possible. Grand moment en tout cas.

Je n’ai qu’une envie à son issue : me replonger dans la discographie du groupe (14 albums quand même). Et aller me coucher : je suis vraiment épuisé par une longue journée. Je fais donc l’impasse sur Suuns que j’étais pourtant très curieux de voir sur scène et sur la tête d’affiche du festival, attention à pas t’étouffer avec un Knacki ball, Jon Spencer Blues Explosion. Eh ouais… je sais, je sais… Mais je suis pas vraiment fan du groupe à la base et pour être franc j’ai presque davantage envie de voir Moodoïd qui joue en même temps. J’ai également envie de rester sur l’expérience du concert de Brian Jonestown Massacre, c’était un très beau moment qui m’a beaucoup touché.

Alors rideau en ce qui me concerne, reprise du festival le lendemain à 14h.

Gap Dream – le Saint des Seins, Toulouse

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Révélation electro-pop-rock de ce début d’année, le californien bien coolos Gabriel Fulmivar aka Gap Dream, joue une musique assez hybride et étonnante, mélange d’immédiateté pop, d’esprit garage rock et d’expérimentations kraut. Ca peut faire peur à lire mais, et c’est là qu’il est bon le gars, c’est très évident à écouter.

Au Saint des Seins donc, salle traditionnellement pleine d’ados bouillonnants et de hipsters-branchagas fatigants, que je ne goûte que modérément. Ces derniers sont bien présents en nombre. J’adore la façon dont ils affichent avec ostentation leur indifférence à ce qui se passe sur scène. J’adore aussi cette manière de signifier ouais-chuis-venu-au-concert-mais-j’ai-tellement-de-trucs-a-faire-je-sais-pas-par-où-commencer. Alors ils s’empressent en permanence, traversent la salle dans tous les sens 10 fois pendant le show pour bien montrer à tout le monde que « ouais, ça va, c’est pas mal mais je les ai déjà vus 12 fois et ma vie est nettement plus intéressante que ce qui est en train de se passer ». Ils s’empressent avec application genre faut-que-je-parle-tout-de-suite-au-premier-ministre mais si tu les observes un minimum, ils vont soit fumer une clope à l’extérieur, soit commander un verre au bar, soit aux toilettes. J’adore.

La 1ère partie est assurée par les locaux (?) de Quetzal Snakes : pseudo cosmic rock bruitiste et approximatif. Pas de paroles, des onomatopées. Need I say more ? Je sors prendre l’air au bout de 2 morceaux.

Le Gap Dream trio se met en place assez rapidement (Fulmivar aux beats/clavier + un guitariste + un bassiste, tous 3 fort chevelus et poilus)) et se lance dans son premier morceau alors que la moitié de l’affluence est encore dehors (il fait hyper beau et doux).
Longue, très longue intro planante qui peu à peu installe une rythmique krautrock des plus efficaces (= shake yer booty). C’est comme ça pendant une heure et c’est très bon. Gap Dream est évidemment un groupe débutant mais à la personnalité et à l’identité déjà bien affirmée. Ne cédant jamais à la tentation expérimentale, il met toujours un point d’honneur à délivrer de vraies chansons avec refrains accrocheurs.

Chouette concert donc et belle découverte.

Babyshambles – Le Bikini, Toulouse

Babyshambles
Babyshambles, c’est le groupe de Pete Doherty.
Oui, je sais, je sais… « Keuwaaaaa? » « Mais… non, ça ne se peut… » « Je n’ose l’imaginer » « Je savais bien qu’il commettrait une erreur un jour ».

Ce jour n’est pas encore arrivé : non, je ne suis pas fan de ce groupe, encore moins de Pete Doherty. Mais voilà, mon filleul m’a offert la place pour le concert toulousain du groupe. J’ai trouvé ça adorable, ça me faisait très plaisir de l’accompagner lui et sa copine (c’est elle qui aime le plus le groupe, lui était surtout curieux).

Les jours précédents, j’essaie de ne pas trop nourrir mes a priori. J’essaie même d’écouter attentivement les 2 albums du groupe : je jette l’éponge au bout de 4 ou 5 morceaux (les « tubes » en gros). Ca n’est tout simplement pas (ou plus) pour moi et je n’arrive pas à dépasser le « personnage » Doherty. C’est comme ça.

Arrivée au Bikini et surprise, beaucoup de vieux. Je veux dire, des vrais vieux. Plus vieux que moi quoi, entre 45 et 55 ans. On se demande tous les 3 s’ils accompagnent leurs enfants mais non, la suite montre qu’ils sont là parce qu’ils aiment le groupe. Beaucoup de jeunes trentenaires aussi. Et bien sûr beaucoup d’adolescent(e)s dont les plus hardcore arborent le même chapeau que leur idole.

Première partie assurée par les Florentines dont je n’ai toujours pas compris s’ils étaient français ou anglais (la flemme de vérifier) : la première fois qu’il s’adresse au public, le chanteur semble avoir un léger accent britannique, les fois suivantes, plus du tout. Curieux. Une demie-heure de pop punky 100% britonne, un peu Clash, un peu Franz Ferdinand. Bouaif. Un dernier morceau qui décolle  un peu (y compris de ces influences trop évidentes) mais pour le reste… Bon, je suis sévère, c’était pas désagréable non plus.

Une heure passe avant que Doherty et ses 4 acolytes prennent la scène dans une chaude ambiance. L’ex de Kate Moss saccage les accords des Copains d’abord en guise d’introduction puis le choc : c’est génial. Merde alors… Le morceau d’ouverture s’intitule Nothing Comes to Nothing et je le trouve absolument génial, je peux pas dire autre chose. C’est une compo pop classique mais sans affectation inutile, très efficace et le groupe l’interprète avec beaucoup de classe. Et Doherty chante bien. Ah ben merde alors… Bon, après, l’arrivée d’un groupe sur scène, en particulier au Bikini, salle que j’adore et dans laquelle je prends toujours beaucoup de plaisir à me rendre, est toujours un moment d’émotion pour moi. Je ne fais pas suffisamment de concert chaque année (4-5 en moyenne je pense) pour être blasé.

Je me sens un peu con mais heureusement pour mon indéfectible confiance en mes a priori et pour ma mauvaise foi, tout rentre dans l’ordre dès le 2ème morceau. C’est moins précis, Doherty commence à faire son cinéma etc. Et ça continue à décliner comme ça au fur et à mesure. Ah quand même, j’me disais aussi ! Mais ce 1er morceau, qu’est ce qu’il s’est passé alors ? Il était encore sobre ?
Non parce que si j’ai d’abord eu l’impression qu’il jouait au mec bourré, les demis enfilés cul sec entre les morceaux laissent peu de place au doute : Doherty est bien le pochetron annoncé et c’est pas joli à voir. Ni à entendre: il gueule comme un putois dans le micro entre les morceaux (ça c’est pire pour les oreilles que le plus fort des concerts de Mogwai), le balance par terre, nous gratifie d’apartés incompréhensibles, rate un accord sur 2 : quel couillon. A ce moment-là je me souviens avec regret qu’il ne va pas sur ces 21 ans mais sur ses 35.

Le groupe: une section rythmique très compétente qui fait ce qu’elle peut pour sauver les meubles, un guitariste aussi pathétiquement imbibé que son leader (le mec à la gueule de déterré sur la photo) et un clavier totalement transparent. « Bordélique » s’inscrit en lettres de néon dans tous les esprits. « Shambolic » comme disent les britons (j’imagine le titre du compte-rendu du NME : « Babyshambolics! ») mais c’est encore trop flatteur car en l’occurrence, c’est carrément merdique. Le groupe ne nous épargne pas 2 morceaux reggaeisants absolument nullissimes. L’embarras me gagne.

Sur le dernier titre, un adolescent intrépide à grosse mèche réussit à grimper sur la scène pour embrasser son idole, Morrissey-style. Il y parvient mais se fait agripper par un mec de la sécurité. Doherty lui tend quand même le micro, l’ado chante alors impeccablement et malgré la confusion le refrain du titre en cours avant d’être poliment évacué : assurément le meilleur moment du show.

Les Babyshambles quittent la scène au bout d’une heure. Ils reviendront pas moins de 10 minutes plus tard, montre en main. Non mais sans déconner… Et le public, résigné, trop conscient qu’ils peuvent tout aussi bien ne jamais revenir, ne les réclame même pas. Mais ils reviennent pour deux titres (dont LE tube, Fuck Forever, correct je dois l’avouer) et c’est fini.

Dialogue d’un couple de trentenaires entendu au vol en sortant :
– Putain le guitariste il était bien rock’n’roll lui aussi !
– Ouais putain grave.

Misère…

Au final j’ai passé une très bonne soirée mais c’était pas grâce à cette grosse tâche de Doherty.

Phoenix – Le Zénith, Toulouse

Je n’ai rien dit jusqu’ici mais c’est le moment de tomber le masque : Bankrupt! m’a beaucoup déçu. Je me bats avec lui depuis sa sortie, j’aime beaucoup certains titres, je lui trouve des qualités mais c’est pas vraiment ça :  si je suis parfaitement honnête, je n’y vois qu’un reboot, en moins bien, de Wolfgang Amadeus Phoenix.

Je ne comptais donc pas aller voir le groupe sur scène au cours de cette tournée (alors que je les avais vu 7 fois auparavant, dont 3 pour la tournée WAP). D’autant que ça y est, fini les petites salles : fini donc le Bikini à Toulouse, maintenant le groupe se produit au Zénith. Et le Zénith… Tu vois ce que je veux dire. Youssiwaddamine.
Bon finalement j’y suis allé.

Mon problème avec Bankrupt ! c’est que pour la toute première fois, un de mes groupes (contemporains) fétiches m’a déçu. Air, The Coral, les High Llamas, Super Furry Animals, Belle and Sebastian : bien entendu, j’aime certains albums nettement plus que d’autres, mais ils n’en ont jamais sorti de mauvais. Là… Je ne trouve pas Bankrupt !  mauvais mais, c’est peut-être pire, paresseux. Disons que le groupe m’avait habitué à un tel niveau d’excellence et surtout, était parvenu à se réinventer à chaque reprise. Là j’ai eu l’impression que les 4 années séparant les 2 albums n’avaient pas vraiment été mises à profit en quelque sorte. Aller voir le groupe sur scène c’était donc un moyen  de peut-être me réconcilier avec lui. Et puis après les péripéties de la semaine (3 concerts annulés à cause de la voix défaillante de Thomas Mars), je me disais que le groupe serait remonté à bloc et délivrerait une belle performance.

Arrivée à 20h piles (l’horaire inscrit sur le billet) et le Zénith est déjà plein comme oeuf : autant pour le traditionnel quart d’heure toulousain…
On sent tout de suite que le groupe a changé de dimension :  la taille de la salle bien sûr, mais la nature du public également. Jusque là, je dirais pas des hipsters mais un public très pop et branché, jeune et plutôt pointu. Au Zénith, beaucoup, beaucoup (vraiment beaucoup) de lycéens ou jeunes étudiants mais aussi beaucoup de néo-bourgeois toulousains issus des bureaux d’Airbus et/ou de la sphère rugby. Un public qui ne va pas au concert mais au spectacle.

1ère partie assurée par les américaines de Haim. Du rock californien lourdaud et un peu vulgaire, assez pénible (sur scène en tout cas, j’ai quand même bien envie de jeter une oreille à leur dernier album). Ca me fatigue très vite mais je me dis pourtant que c’est ce genre de musique qui faisait rêver Phoenix sur United et que ça serait pas mal qu’ils réintroduisent un peu de ce mauvais goût dans leur production. Haim ne joue qu’une demie-heure, c’est suffisant en ce qui me concerne.

Entracte (de la synth pop 80s, Fool to Cry des Stones, des percussions tribales) puis les lumières s’éteignent à 21h précises. Ca déconne pas au Zénith. Les accords d’Entertainment retentissent dans une salle vraiment blindée jusque dans ses moindres recoins. Manifestement, la voix de Thomas est revenue, pas de problème. Tout le monde est merveilleusement en place dès le début. Le son a tendance à s’envoler un peu (normal) mais il est de bien meilleure qualité que je ne le craignais, puissant et clair.

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Comme d’habitude avec Phoenix, ce qui impressionne, c’est la setlist : Entertainment, Lasso, Lisztomania, Long Distance Call d’entrée, évidemment, ça calme. Et ça ne faiblit pas :  le groupe ne sait composer que des tubes, c’est comme ça. Ou presque : les titres du dernier album, assez peu nombreux comme par hasard (4 au total) font un peu retomber l’excitation. Je veux bien croire que je suis un peu buté m’enfin… Bankrupt ! (le morceau) par exemple est un peu inséré à Love Like Sunset, la fin de Drakkar Noir est substituée à celle de Trying to Be Cool (comme dans l’excellent clip) : tout ça aurait quand même tendance à étayer ma théorie comme quoi les 2 derniers albums seraient très proches, trop proches. Ce concert ressemble d’ailleurs énormément à ceux de la tournée précédente, alors que, encore une fois, plus de 4 ans se sont écoulés.

Je fais la fine bouche bien sûr, je réagis un peu en amoureux déçu.
Malgré tout Phoenix sur scène, ça sera toujours des instants magiques pour moi, des instants qui me transportent complètement : l’intro de Too Young (ici judicieusement couplé à Girlfriend), celle de If I Ever Feel Better, l’euphorie débridée des refrains de Lasso et Consolation Prizes. Ou Rome, un de leurs sommets, toujours aussi puissant émotionnellement, joué en clôture avant que Thomas ne prenne un bain de foule sur une reprise du final d’Entertainment. Je retiendrai également une très belle version de Run, Run, Run et un joli Countdown en rappel intimiste.

En 1h25 montre en main.
Bilan plutôt mitigé donc même si j’ai conscience d’en demander beaucoup : concert de grande qualité, spectacle magnifique (sublime light show et belle utilisation de l’écran géant derrière la scène) mais tout ça m’a paru dénué de surprise, de prise de risques. J’en suis ressorti avec le sentiment renforcé que le groupe avait besoin de se réinventer.

Celà étant j’ai rererererereredonné sa chance à Bankrupt ! depuis samedi et, bien entendu, je le trouve de mieux en mieux.

Souvenirs d’Elliott Smith, seconde partie

Là on est à Toulouse, fin juin 2000. Figure 8 vient de sortir, c’est un nouveau sommet dans la carrière d’Elliott Smith. C’est pour l’instant son disque le plus abouti, le mieux arrangé, le plus riche en termes de production et de textures sonores. Le concert a lieu au Bikini, ce qui d’emblée rassure, ravit même quant à la qualité de sa sonorisation.

Arrivée sur les lieux: personne ou presque. Entrée dans la salle: personne ou presque. OK…
Il s’avère qu’une grande majorité d’étudiants a déjà quitté la ville pour les vacances d’été et surtout, ce soir là, la France affronte le Portugal en demi-finale de l’Euro de foot. Un grand écran a d’ailleurs été installé sur la gauche de la scène pour permettre à la très maigre audience de suivre le match. Or ce putain de match, il s’éternise. Prolongations. Et bien sûr, le concert ne démarrera pas avant qu’il s’achève… Surréaliste : t’es au Bikini, l’une des meilleures salles de concert de France, tu vas voir Elliott Smith, prodige pop comme il en sort un tous les 20 ans au mieux, et tu te retrouves à bloquer sur la coupe de cheveux dégueulasse d’Abel Xavier sur écran géant.

Bon, le concert finit par débuter mais super tard du coup. Bien sûr, y a une première partie. Un Toulousain dont j’ai complètement oublié le nom. Pov’ gars… Enfin « pov’ gars » : il peut quand même se vanter d’avoir fait la 1ère partie d’Elliott Smith. Mais sur le moment, malgré l’euphorie de la victoire de la France (euphorie toute relative hein ceci dit), le public commence un peu à fatiguer et se taper ce genre de première partie, comment dire… Bon, je jette un voile pudique sur ce moment de la soirée.

Débarquent enfin Elliott Smith et son groupe. Il est cette fois accompagné du même Sam Coomes de Quasi à la basse mais aussi d’un 2ème guitariste (un petit jeunot que je n’ai pas revu depuis) et de l’excellent Joey Waronker à la batterie (il a joué avec à peu près tout le monde depuis 15 ans lui, de Beck à Air en passant par REM). Autant dire, sans vouloir faire offense au duo qui l’accompagnait pour le concert bordelais, que c’est du sérieux. ET C’EST GÉNIAL PARCE QUE Y A VRAIMENT PERSONNE BORDEL. On doit être, je sais pas, une petite centaine. Dingue. Donc, premier rang, sans être pressé ni serré de près, loin s’en faut, j’hallucine totalement.

Ouverture sur Independence Day comme au Jimmy. Bim. La baffe, immédiate. Une sono d’enfer, un groupe d’une précision démoniaque. Et une voix putain… LA voix d’Elliott Smith, tout de suite, dès la première phrase, cette voix irréelle d’angelot, d’une modestie et d’une pureté… Là tu te dis d’emblée que ça peut être un grand moment ce soir.

Et ça l’est, c’est évident. Son of Sam arrive très vite : j’en ai encore des frissons rien que de penser à cette interprétation à la fois tout en rondeur pop et en nervosité. Le contraste est saisissant avec le concert vu moins de 2 ans auparavant : malgré la complexité des arrangements des nouvelles chansons, leur retranscription en live est d’une richesse, d’une inventivité folles. Sur le final en apothéose de Stupidity Tries les 4 parviennent par on ne sait quel miracle à faire oublier les opulents arrangements de cordes de la version studio. Incroyab.
Comme par hasard, Elliott a l’air beaucoup plus en forme qu’à Bordeaux : plus tonique, plus « vivant ». Il est super mignon ce soir là. Il sourit beaucoup, s’autorise quelques mots (j’ose pas appeler ça des plaisanteries) entre les morceaux. Durant le rappel solo acoustique, un mec totalement pété (ou un déséquilibré ?) grimpe sur scène et veut lui prendre le micro :  il réagit très calmement, avec le sourire toujours, laisse le gars se donner en spectacle quelques minutes avant qu’il ne dégage de lui-même sans faire d’histoires.
Il se lance alors dans Say Yes mais se plante, recommence, a oublié les paroles, s’excuse, reprend puis s’arrête à nouveau car il n’a pas envie de la chanter finalement. C’est peut-être son titre le plus terrassant et le plus emblématique au bout du compte, on a tous envie qu’il le joue mais c’est pas grave, ce soir, personne n’oserait lui en tenir rigueur.

Il jouera 20 morceaux ce soir là, pratiquement 2h, malgré l’horaire extrêmement tardif. On sait d’où il revient, d’où il est revenu à plusieurs reprises même et ce soir il a l’air tellement bien, ça fait plaisir à voir et c’est très émouvant, au-delà de la qualité, absolument exceptionnelle, de sa prestation.

Quelques mois plus tard, voire quelques semaines, commencent à circuler des photos où il a l’air nettement moins en forme. Merde… Il fera une nouvelle cure de désintox, enregistrera tant bien que mal un album supplémentaire mais finira par se donner la mort un peu plus de 3 ans après ce concert donc.

Je garderai toujours cette image de lui ce soir là, souriant, détendu, avec sa belle Gibson rouge.

Elliott-Smith

Souvenirs d’Elliott Smith, première partie

On a commémoré il y a 2 jours (le 21 octobre), le 10ème anniversaire de la mort d’Elliott Smith. Je me souviens comme si c’était hier du moment où j’ai appris la nouvelle et de l’émotion qui m’a immédiatement saisi.

Je ne vais pas revenir sur le personnage (Pitchfork s’en est très bien chargé) ni sur sa musique en elle-même. J’ai en revanche eu la chance de le voir 2 fois en concert, dans des lieux, circonstances et pour des prestations très différentes : c’est ce que j’ai envie d’évoquer. 15 ans après, ce sont encore des souvenirs très vivaces dans mon esprit.

Avec son t-shirt fétiche
Avec son t-shirt fétiche

La première fois, c’était à Bordeaux en 1998. Au Jimmy.
Ah le Jimmy… Une salle un peu fantasmée lorsque, encore pauvre palois, j’entendais chez Bernard Legris (ma grosse vanne de l’époque ça) que tous les groupes qui comptaient pour moi y faisaient étape. Le concert d’Elliott Smith dans les lieux, c’était donc avant tout la découverte d’une salle quasiment mythique ou en tout cas mythifiée.

Autant te dire que j’ai démythifié tout ça à peine arrivé sur place. Un sol poisseux, une estrade surélevée d’à peine une dizaine de centimètres (il fallait d’ailleurs traverser la « scène » pour aller aux toilettes), un bar et c’est tout. Ah oui, une sale odeur de tabac froid bien sûr. Un genre de CBGB sauce médoquine donc, et non la place to be pour hipsters exigeants que j’avais imaginée. Bon.

Beaucoup, beaucoup de monde dans cette toute petite salle, pardon, ce tout petit bar. Tant et si bien que certains font un malaise avant même que la soirée ne débute réellement. Grosse attente: XO vient de sortir (ou va sortir, je sais plus), Elliott Smith est sur la voie sinon du succès, du moins d’une importante notoriété. Il a notamment été nommé aux Oscars quelques mois auparavant.
C’est Quasi qui assure la première partie. Le duo synthés-batterie de Sam Coomes et Janet Weiss (également derrière les fûts pour Sleater-Kinney, grosse côte à l’époque), plutôt habile et agréable sur disque, se montre vite limité et bénéficie d’une sono atroce. Pendant ce temps, Elliott fait la gueule en mangeant un encas sur un coin du bar.

C’est le même duo qui l’accompagne quand vient son tour, Sam Coomes passant à la basse. Ouverture hésitante sur le sublime Independence Day : « hésitant », c’est l’adjectif que je retiendrai pour qualifier cette prestation. En tout cas, il est absolument conforme à l’image qu’on se fait de lui: un type fragile, hyper timide, hyper sensible et pas vraiment à son aise sur scène. Pas un sourire, pas une parole mis à part quelques « thank you » prononcés d’une petite voix. Sa voix justement : hésitante également, mais gagnant en assurance, en justesse et en netteté au fil des titres. Pour finir au top : sur les quelques titres interprétés en acoustique avant le rappel, l’émotion est palpable dans la salle. OK, d’accord, LA on y est vraiment.

Un bon souvenir donc mais davantage marqué par le sentiment de « l’avoir vu », de pouvoir dire « j’y étais » que d’avoir réellement assisté à un grand concert.

Moins de 2 ans plus tard, c’est une toute autre histoire (la suite dans les 2 prochains jours).

Neil Young & Crazy Horse, Big Festival – Stade Aguilera, Biarritz

Jonathan Wilson + Neil Young à l’affiche de cette nouvelle édition du Big Festival sur la côte basque, chez moi, dans l’endroit que j’aime le plus au monde! Et dire qu’il y a encore un mois, j’ignorais complètement qu’ils seraient à l’affiche de ce festival… C’est grâce à mon boulot que je suis tombé par hasard sur l’info. Il aura au moins servi à ça…

Surprise : je me gare très facilement non loin du stade Aguilera où a lieu le concert : j’ai beau connaitre le coin et savoir où trouver une place, ça me parait un peu suspect. J’aurai la confirmation le lendemain que mon impression visuelle n’était pas erronée et qu’il n’y avait pas tant de monde que ça : 8000 personnes pour un tel concert, ça me parait assez moyen.

J’arrive alors que John Berkhout a déjà commencé : ce sont les traditionnels « régionaux de l’étape » du festival, des basques donc (basques espagnols pour être plus précis), qui jouent une espèce d’indie-folk délicate et sans grande originalité. Le leader s’adressait au public en basque entre les morceaux.

Le public justement : pour la 1ère fois depuis très longtemps, je ne fais pas partie des plus âgés. Même si, comme me l’a si bien dit une de mes collègues récemment, je ne suis pas vieux car je suis « jeune dans ma tête ». Je l’ai évidemment giflée et dénoncée aux autorités compétentes sur le champ.
Le public donc, est plutôt varié comme je m’y attendais. Deuxième surprise néanmoins : enooooooooooooooooooooormément d’espagnols (basques espagnols là encore). Ils sont toujours très nombreux dans la région mais là ils sont très clairement majoritaires. J’apprends en discutant avec une nana que la tournée de Young ne passe pas par l’Espagne cette fois, ceci expliquant cela. Pour le reste : des jeunes nappy biarrots (bermuda rose, pull sur les épaules et grosse mèche), leurs parents endimanchés, des vieux babs qui roulent des joints et des fans de Johnny.

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Jolie casquette

Je m’approche des premiers rangs pour ne rien manquer de la prestation de Jonathan Wilson, dont le 1er album, Gentle Spirit m’a conquis il y a 2 ans. Proclamé « new king of Laurel Canyon » par la presse anglo-saxonne, il est l’un des plus dignes héritiers actuels de Neil Young et sa présence à l’affiche relève de la plus parfaite évidence.

Son quintet déboule nonchalamment sur scène, super cool, en total look Laurel Canyon 1971. A côté de moi, celui qui semble être le chef d’une bande d’ados excités (i.e. celui a déjà roulé une pelle à une fille) s’écrit « ouais John Lennon ! » : je l’ai évidemment giflé et dénoncé aux autorités compétentes sur le champ.

Wilson a une dégaine d’enfer : grand, mince, cheveux longs, Ray-Bans, boots en daim, chemise à motif navajo, il cartonne.

Jonathan Wilson - Big Festival, BiarritzJonathan Wilson - Big Festival, BiarritzJonathan Wilson - Big Festival, Biarritz

More cowbell!!
More cowbell!!

Jonathan Wilson - Big Festival, Biarritz
Évidemment, sa musique sur scène est plus musclée que sur son album même si elle ne perd rien ou pas grand chose de son caractère atmosphérique: elle évoque un croisement improbable entre les Black Crowes actuels et Pink Floyd. Il a joué peu de morceaux de son dernier album au bout du compte, privilégiant les nouvelles compositions. Il a joué peu de morceaux tout court d’ailleurs : il a tendance à les étirer au maximum, un peu trop parfois ; c’est d’ailleurs également le seul reproche que je formulerais au sujet de son disque. Jonathan, si tu me lis, et je sais que tu me lis, sois plus concis. Gotta make it shorter dude ! Je pinaille, c’était vraiment excellent. Esprit Calif’ à mort, cruisin’ music classieuse, avec ce qu’il faut de mystère et de mélancolie pour se singulariser. J’avais un peu peur que sa douce voix ne supporte pas l’épreuve de la scène mais pas du tout: là aussi, il parvient à « épaissir » un peu le trait sans rien perdre de sa subtilité ni de sa douceur.
Très pro, le groupe fait abstraction apparente de son passage prématuré (ils ne sont que 3ème sur l’affiche) et de l’indifférence hallucinante du public à son arrivée. Ils sont pro mais sans doute sûrs de leur force aussi : ils assurent comme des brutes, avec classe et compétence et conquièrent logiquement l’audience peu à peu. Tant et si bien qu’ils finiront sous une belle ovation qui m’a fait bien plaisir, avec le sublime Valley of the Silver Moon. Super concert, vraiment, qui laisse présager un excellent nouvel album.

Place à Gary Clark Jr, qui a donc les honneurs de la véritable première partie. Jamais entendu parler de ce mec pourtant (genre, je connais absolument tout tu vois)… Bon, c’était pas désagréable m’enfin… Blues électrique dont on pense de prime abord qu’il pourrait pencher du côté des Black Keys sauf qu’on déchante très rapidement, c’est beaucoup plus gras et démonstratif. Un côté Ben Harper finalement. Vite fatigant. Ca m’a d’autant plus fait regretter que Jonathan Wilson n’ouvre pas pour Neil Young : il aurait été parfait dans le soleil couchant… Au lieu de ça, le gars Clark se touche méchamment la nouille et enchaîne les solos à rallonge. Gros succès auprès du public.

Gary Clark Jr - Big Festival, BiarritzGary Clark Jr - Big Festival, BiarritzGary Clark Jr - Big Festival, Biarritz
Entracte. Au moment où je veux me rapprocher de la scène (j’avais reculé pour Gary Clark), je constate que le public est déjà en place et les premiers rangs serrés. Du coup je suis bien placé mais un peu trop loin à mon goût. Quel couillon…

Ca s’affaire désormais méchamment sur scène où une armée de roadies installe le matos de Crazy Horse (et non « le matos du Crazy Horse » : ça serait pas tout à fait le même matos). Là ça commence à sérieusement monter en moi quand même…

Bon parce qu’enfin… Neil Young… Autant j’admire certains artistes, autant certains d’entre eux sont même des « héros », des types que j’admire énormément, autant là… On bascule dans une autre catégorie : McCartney, Eastwood, Sean O’Hagan. Et lui.

Je ne vais pas m’étendre, je ne veux pas verser dans le sentimentalisme et je n’ai de toutes façons pas envie d’expliquer ce que cet homme représente pour moi ni de raconter à quel point il a pu m’aider et m’aide encore. Je dirais donc juste que j’étais extrêmement ému à l’idée de pouvoir enfin le voir sur scène. Et, voir le logo du groupe être hissé à l’arrière de la scène une fois le gros du matos installé, n’a pas arrangé les choses.

22h40, les lumières s’éteignent enfin.
C’est ridicule mais à ce moment-là je suis un peu ailleurs: je ne sais plus sur quelle musique ni comment ça s’est passé exactement (ni même s’ils sont arrivés en musique d’ailleurs) mais je vois tout d’un coup 4 vieux types arpenter la scène : l’un d’eux, qui s’installe derrière la batterie, porte une casquette à l’envers. Un autre, un peu fort, porte un t-shirt sans manches à l’effigie de Jimi Hendrix. Pathétiques les vioques… Un 3ème, arborant un chapeau à large bord, s’empare d’une Les Paul noire.
Et là je sais pas ce qui se passe mais au premier accord de guitare, les 4 vieux se transforment comme par enchantement en Neil Young & Crazy Horse.
Ils jouent l’intro de Love and Only Love et c’est parti pour 2h15 de masterclass.

Setlist :

Love and Only Love donc : ouverture impeccable, très électrique, qui donne le ton d’emblée. Le groupe se fige dès l’intro dans sa configuration fétiche, devenue sa marque de fabrique sur scène : Sampedro, Talbot et Young regroupés devant la batterie de Molina. Ils sont parfois si proches les uns des autres qu’on jurerait qu’ils se touchent…Un gang. Dont on comprend très vite qu’il se serre les coudes, qu’il s’isole pour mieux s’immerger dans sa musique certes mais aussi qu’il agit ainsi pour décupler sa puissance et bien tabasser son public. Dans ces moments-là, qui se reproduisent très régulièrement et dont on se fout de savoir s’ils sont calculés ou s’ils sont toujours vécus aussi intensément par le groupe après toutes ces années, ces mecs sont beaux. Ils sont vieux, ridés, flapis, ne ressemblent à rien (enfin, si : Billy Talbot et Ralph Molina, à 2 pizzaiolo à la retraite de Little Italy), mais ils sont Crazy Horse, et ils sont beaux. Neil est un peu voûté, grimaçant, il bouge un peu maladroitement et fait la gueule, comme toujours mais il se donne déjà sans compter sur Old Black, sa guitare fétiche. Il a évidemment un charisme de dingue. Et cette voix…
« Poncho » Sampedro est déjà souriant, il communique avec le public au premier rang. Talbot est toujours très concentré et il est toujours aussi cocasse de voir un batteur aussi « basique » que Molina derrière une batterie aussi imposante.
Je ne dirais pas qu’ils sont immédiatement en place, ça serait leur faire injure : ces mecs-là sont nés en place. En tout cas ça démarre très, très fort.

Powderfinger : je me doutais qu’ils la joueraient mais malgré une interprétation un peu en-dedans à mon sens, j’ai été complètement cueilli. Ca frise l’irrationnel de manière un peu ridicule là (encore), je me dis que merde, j’y suis… Les « ooooooooouh » de Crazy Horse, putain…

Psychedelic Pill: simple, efficace, un parfait morceau de transition. Parce que juste après, ça déconne pas.

Walk Like a Giant : premier grand moment de la soirée. Epique, dantesque, déchirant. « I used to walk like a giant on the land, now I feel like a leaf floating in a stream ». La fin s’étire de manière totalement improbable, aux frontières de l’expérimental : on se croirait sur Arc, son album uniquement composé de larsens de fins de morceaux. Certaines personnes autour de moi commencent à se dire qu’elles n’auront peut-être pas droit à un concert-best of.

Hole in the Sky : après l’orage, le début de l’éclaircie.

Heart of Gold : début de l’intermède acoustique. Le public est ravi (sans doute un peu rassuré aussi) et reprend toutes les paroles en chœur. Je n’aime pas beaucoup cette chanson (pas par snobisme : j’adore la plupart de ses « tubes ») mais gros frisson lorsqu’il souffle dans son harmonica : c’est encore une image de la mythologie youngienne qui s’anime devant nous…

Human Highway : très chouette interprétation de ce chouette morceau tiré du chouette et sous-estimé Comes a Time

Blowin’ in the Wind : alors là… LE grand moment œcuménique du concert. Grosse émotion chez les vieux de la vieille. Pour moi on est à la limite de la faute de goût. Je veux dire, il a quand même quelques albums derrière lui le mec, c’est pas comme s’il manquait de matière… Et il nous reprend ce… truc… OK OK, je connais son importance m’enfin. J’étais à 2 doigts de le gifler et de le dénoncer aux autorités compétentes.

Singer Without a Song : joli moment avec Neil au piano et Crazy Horse au complet sur scène (et non « le Crazy Horse au complet sur scène »: ça ferait beaucoup plus de monde. Et de nichons, oui, je sais que tu l’as pensé.)

Ramada Inn : LE grand moment du concert pour moi. Neil Young & Crazy Horse mon vieux. Dingue de se dire que ce morceau date de l’an dernier, qu’il n’est pas un classique datant de 30 ou 40 ans. Les solos de Neil sont tous d’une inventivité et d’une violence folles, le beat de Crazy Horse absolument dément. Du psychédélisme électrique à l’état pur. A partir de là le groupe communique beaucoup, sourit, semble bien. Il finira donc le concert totalement furibard, bien décidé à nous laminer avec une triplette d’enfer.

Surfer Joe and Moe the Sleaze, de l’album Re-a-ctor !!

Sedan Delivery, complètement hystérique

Rockin in a Free World : public totalement déchainé, Neil est hilare ( !)

Ils quittent la scène. Tellement de basques espagnols dans le public qu’on ne crie pas « une autre, une autre ! » mais « beste bat ! beste bat ! » son équivalent basque.
Rappel donc :

Mr Soul : puuuuuuuuuuuuuuuuuuutain ! Alors celle-là je m’y attendais pas ! Revisitée par Crazy Horse, c’est presque du punk rock. C’est encore un peu plus la folie chez les purs et durs à ce moment-là.

Hey Hey My My (Into the Black) : l’épaisseur, la lourdeur du riff putain, je peux presque le toucher. Là c’est comme pour Powderfinger, t’as beau te douter que tu vas y avoir droit, t’es cueilli et tu fonds.

Et c’est fini.

Ils s’attardent sur la scène pour saluer le public, très chaleureusement, tout sourires. 2h15 de pur rock électrique, psychédélique et mélodique, interprété de façon MA-GIS-TRA-LE. Je regarde autour de moi: nous sommes plusieurs à être un peu sonnés.

Ils n’ont pas joué Cinnamon Girl ni Everybody Knows This Is Nowhere comme je l’espérais mais si je commence à lister celles que j’aurais aimé entendre, t’en as encore pour 4000 signes à me supporter.
Non, la setlist était parfaite, faisant la part belle à Psychedelic Pill, un disque sorti l’an dernier. Après 44 ans de carrière (avec Crazy Horse). A 68 ans. Neil Young putain…

Neil Young & Crazy Horse - Big Festival, BiarritzNeil Young & Crazy Horse - Big Festival, BiarritzNeil Young & Crazy Horse - Big Festival, BiarritzNeil Young & Crazy Horse - Big Festival, BiarritzNeil Young & Crazy Horse - Big Festival, BiarritzNeil Young & Crazy Horse - Big Festival, BiarritzNeil Young & Crazy Horse - Big Festival, Biarritz

Tame Impala – Le Bikini, Toulouse

Le groupe qui a eu les honneurs de la 1ère place du top 2012 de Grande remise (ils en étaient très fiers m’a-t-on dit) allait-il se hisser sur scène à la hauteur de ses performances en studio ? Julien Barbagallo, le batteur du groupe et cassoulet pur jus allait il faire honneur à son statut d’enfant prodigue ? Kevin Parker allait-il arpenter la scène pieds nus ou en tongs ?

Autant de questions auxquelles je vais tout de suite apporter une réponse. Comme Jeff Copé: sans langue de bois.

1ère partie assurée par les locaux de Dunst !  Pratiquement rien vu d’eux car la chaleur est déjà intenable dans un Bikini pourtant à moitié vide : c’est pas que l’affluence soit faible, c’est que l’autre moitié préfère prendre le peu d’air frais qui circule à l’extérieur, autour de la piscine. Je suis pas contrariant, je suis le mouvement donc Dunst !, désolé les mecs mais ça sera pas pour ce soir.

J’essaie durant l’entracte de me faire violence pour trouver un coin potable me permettant de bien profiter de ce concert que j’attends impatiemment depuis longtemps. La chaleur est VRAIMENT intenable : une fois la salle (très) remplie, je vais littéralement me liquéfier durant 1h30 (Kevin Parker dira d’ailleurs qu’il n’avait pas eu aussi chaud depuis son départ d’Australie).

Le groupe semble avoir pitié de nous et prend la scène assez rapidement. Ouverture (très) progressive sur Why won’t you make up your mind ?: une boucherie. Bah, c’est pas la peine de tourner autour du pot hein: le groupe fait illico honneur à sa réputation grandissante en live et forcément, dans une salle-studio comme le Bikini, c’est une tuerie immédiate. Les nappes de synthés et les textures si particulières de la Rickenbacker de Parker et de son-comparse-qu-on-s-en-fout-comment-il-s-appelle sont restituées à merveille et le son du groupe bénéficie clairement de la dynamique d’un vrai batteur. Seul petit bémol : ça manquait un poil de basse parfois (sur Feels like we only go backwards notamment, mais sur Elephant par exemple, c’était énorme).

Si le concert est d’emblée excellent, il décolle véritablement pour moi à partir de Solitude Is Bliss, que le public accueille avec tout l’enthousiasme qu’il mérite. « There’s a party in my head and no one is invited ». Décuplée par la puissance de projections video hautement lysergiques, la musique de Tame Impala est plus immersive et psychédélique que jamais. Très attendu lui aussi en ce qui me concerne, Half Full Glass of Wine est joué au milieu du set et non en rappel comme je l’imaginais : dantesque. La preuve right here, right now.

Il ne faut pas écarter l'hypothèse que ces jeunes aient pris de la drogue au moins une fois dans leur vie
Il ne faut pas écarter l’hypothèse que ces jeunes aient pris de la drogue au moins une fois dans leur vie

La setlist déroule sans fausse note les meilleurs titres du groupe qui fait preuve d’une maîtrise assez hallucinante (seul manquera à l’appel Desire Be Desire Go, petit regret perso), plus 2 jams absolument délicieuses : l’une plutôt funky, l’autre très planante. Tame Impala construit ses morceaux et varie les tempos à merveille : gros frisson de plaisir sur Mind Mischief où le riff est constamment et imperceptiblement accéléré ou ralenti. Ils quittent la scène sur un Apocalypse Dreams absolument sublime, aussi épique et grandiose que son titre le suggère.

Alors pour répondre aux questions (Grande remise, le blog qui ne prend pas ses lecteurs pour des jambons)

– oui, mille fois oui.

– Trop mignon, Kevin Parker nous explique que cette date est très spéciale pour eux pour cette raison bien précise ; que Barbagallo les tanne avec Toulouse depuis des mois et qu’ils sont super contents d’être là. Au-delà du discours démago de circonstance, le groupe a l’air effectivement très content ce soir. Pour marquer définitivement le coup, le fils prodigue revient sur scène revêtu du maillot du Téfécé période Gignac pour le rappel. Il avait d’ailleurs enregistré un hymne à la gloire du club du temps où il sévissait sous le pseudo Le Cube (ce clip détient énormément d’informations…). Et dire que ce petit branleur, je le croisais encore dans le public de tous les concerts auxquels j’assistais il n’y a pas très longtemps… Aujourd’hui il compte Burgalat, Mehdi Zannad, Tahiti 80 et une tournée mondiale avec Tame Impala à son palmarès. Bravo à lui, il le mérite, c’est un fantastique batteur.

– Je sais pas, je voyais pas de là où j’étais.

A+ les chouchous