This Is Not A Love Song festival – Nîmes – jour 2

Suite donc de l’édition 2014 du festival indie-pop nîmois This Is Not A Love Song avec une reprise à 17h seulement (le compte-rendu du jour 1 c’est ici).

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Wooden Shjips jouait à 14h, suivis de Courtney Barnett, je voulais vraiment les voir tous les 2 (surtout Wooden Shjips) mais tu comprends, y a un truc qui s’appelle la life et des fois la life elle a pas d’heure, elle a son propre emploi du temps tu vois et elle te bouscule et ça fait mal et c’est beau en même temps.

Donc démarrage avec les vétérans de Superchunk.
Superchunk c’est le quartet power pop US dans toute sa splendeur : guitare solo-chant, guitare rythmique, basse, batterie, pas plus, pas moins. Riffs au cordeau, solos saignants, refrains catchy, sauts grand écart à la Pete Townsend, tout ce qu’on aime quand on aime la power pop US dans toute sa splendeur. Superchunk, un groupe qui ne sera jamais génial (quoique) ni mauvais, idéal dans le cadre d’un festival, parfait pour se mettre en jambes.

Suite de cette grosse journée dans la grande salle avec Midlake.
Je me demande si Antiphon ne serait pas leur meilleur album finalement. J’aime beaucoup les autres (sauf The Courage of Others, une vraie purge) mais, même sur Trials of Van Occupanther, ils n’arrivent pas selon moi à se défaire d’une attitude d’élèves appliqués, de talentueux copistes (un coup Grandaddy, un coup soft-rock, un coup folk anglais). Sur Antiphon donc, et suite au départ en plein enregistrement de leur chanteur-leader, ils semblent enfin avoir trouvé leur voie.
Sur scène, ils sont encore un peu trop studieux à mon goût mais il faut bien admettre qu’ils reproduisent les compositions de leur dernier album, leurs subtiles textures, avec une maîtrise et une fidélité confondantes. Ils sont sur la bonne voie, indéniablement. D’ailleurs, quand ils interprètent des morceaux de l' »ancien » Midlake, ils sonnent comme un groupe de reprises de Midlake : c’est assez cocasse et déstabilisant à la fois…
Et puis ils ont l’air de bons gars : Eric Pulido, anciennement « simple » guitariste et nouveau chanteur, invite le public à les rejoindre à la table de merchandising à l’issue du concert pour les saluer, discuter avec eux ou simplement leur serrer la main. Ce qu’ils font donc de manière fort joyeuse et sympathique. Et du coup ils ont vendu plein de t-shirts les coquins : le nouveau Midlake c’est vraiment gagnant-gagnant.

Vais ensuite faire un tour à l’extérieur pour Findlay mais c’est vraiment pas pour moi (du rock briton chanté par une nana, en gros) puis dans la petite salle pour Meridian Brothers : bof.

M’installe sur les gradins de la grande salle pour Neutral Milk Hotel.
Encore un groupe culte de chez culte. Non mais… Bon, je dis rien, je vais encore passer pour un rabat-joie. Même si j’aime bien In an Aeroplane Over the Sea, je l’écoutais beaucoup à une époque.  Après, je comprends que Jeff Mangum exerce une sorte de fascination avec son statut d’ermite pop intransigeant et insaisissable, qu’il ait réussi touché de nombreuses personnes de manière intime.
La salle est bondée, le public très chaud, ils sont très attendus eux aussi. Sur scène, outre les traditionnels basse-batterie-guitares : trombone, trompette, cor anglais, accordéon, bandonéon, scies musicales. Pas grand chose à dire de ce concert : malgré de bons et même beaux moments, je me suis poliment ennuyé, je n’ai jamais été touché. Et puis ce côté orchestre de guingois/fanfare brinquebalante moi… Désolé pour les nombreux fans hardcore mais le grand groupe de l’écurie Elephant 6 dont Neutral Milk Hotel faisait partie, ça reste selon moi The Olivia Tremor Control, et de loin.

La suite de la journée devient problématique et montre les limites d’un tel évènement : le trop plein et l’inévitable sentiment de frustration qui en découle.

Ainsi, après NMH, Earl Sweatshirt et Rodrigo Amarante jouent en même temps.
Je suis naturellement attiré par ce dernier qui cadre davantage avec mes goûts mais le rappeur prodige, membre du collectif Odd Future, m’intrigue vraiment…

Je me rends donc à l’extérieur sur la grande scène : un DJ balance des beats et des samples bien sombres pendant une dizaine de minutes avant que Sweatshirt ne débarque avec son flow heurté : c’est très efficace. Le mec est un showman en plus : il dialogue beaucoup avec le public, lui demandant constamment sa participation. Il insistera par exemple pour que nous répétions après lui l’immortelle « I’ll fuck the freckles off your face (bitch) ». Mais il a l’air d’un gentil garçon. D’ailleurs dans une autre chanson, l’inévitable « bitch » est précédée de l’adjectif « pretty » : c’est pas tous les rappeurs qui se donnent cette peine, je peux te le dire.

Je veux quand même jeter un oeil au concert de Rodrigo Amarante donc je file vers la petite salle… mais elle est bondée, il faut faire la queue pour laisser sortir les gens qui veulent sortir puis y entrer au compte-gouttes alors que le concert a démarré depuis près d’une demie-heure, je laisse tomber. Dommage mais tant pis.

Je ne retourne pas voir Earl Swearshirt :  la suite c’est Cat Power, je sens qu’il va falloir jouer des coudes.
Et c’est le cas : la salle est pleine comme jamais depuis le début du festival. Public beaucoup plus varié que pour tous les autres concerts (comprendre : y a vachement plus de vieux), beaucoup plus « grand public » aussi, preuve que The Greatest a vraiment fait son chemin dans le… grand public.
Je ne serai pas très disert quant à sa prestation :  je l’ai trouvée absolument conforme à ce que j’attendais d’une prestation solo de Chan Marshall, à savoir « habitée », « sèche » parfois « émouvante » mais aussi « longuette ». Me suis un peu ennuyé là aussi… Faut dire que je commençais à sacrément avoir des fourmis dans la jambe pour la suite (Black Lips et Ty Segall) ! Sinon, puisque malheureusement la question se pose (je SAIS que tu te la poses) : elle paraissait relativement en forme quoiqu’un peu bouffie et en tout cas toujours aussi bonnasse bien gaulée filiforme avec son skinny et ses boots à talons. Grosse ovation en tout cas, force « we love you! » balancés par des jeunes filles entre les morceaux : elle a probablement contenté son public.

Bon, ça y est, on y est : les 2 concerts que j’attendais le plus de tout le festival !

Black Lips sur la scène extérieure d’abord.
Ah les Black Lips… Que j’aime ce groupe : du rock débile, avec des paroles débiles, joué par des débiles, avec une attitude débile. Le bassiste envoie une bière dans le public dès la fin du 1er morceau (Family Tree, ouverture parfaite !), un mec portant un maillot du Brésil monte sur la scène tranquilou dès le second etc etc. Ca pogote, ça headbangue, ça slamme, ça sourit dans le public : comment résister à ces bombinettes punk-pop aux occasionnels accents rockab’ ? Le rock a régulièrement été saisi à bras le corps à toutes les époques par des types pas très malins peut-être mais par de vrais entertainers qui n’avaient qu’une envie sincère : servir de joyeux défouloir à leur public. Depuis quelques années, les Black Lips jouent ce rôle à merveille, il faut les en remercier.

LE gros regret du festival : si je veux voir la fin de leur concert, je raterai 15 minutes de celui de Ty Segall.
C’est donc la mort dans l’âme mais le sourire aux lèvres que je retourne juste à temps dans la grande salle pour LE concert de LE artiste que je voulais voir au festival This Is Not a Love Song.
Et là… Bah… « J’y étais ». « Je l’ai vu ». Ce genre de concert, pas moins… L’impression de voir un petit blondinet poupin et un poil grassouillet incarner le rock électrique le plus pur et le plus fulgurant depuis… Depuis ? Sincèrement, je ne sais pas. Ty Segall est fréquement étiqueté « garage-psyché » et c’est très juste mais c’est omettre qu’il a parfaitement assimilé et recrache avec une énergie, une conviction, un talent et une grâce folle TOUT le rock électrique. Il incarne aussi bien et le plus naturellement du monde les Who que Black Sabbath, les groupes Nuggets que Led Zeppelin ou Nirvana. Il ne sait composer que des tueries du coup il peut se permettre de balancer 4 nouveaux titres d’affilée (inconnus du public donc) sans que celui-ci y voit quelque différence avec les « tubes » qu’il a entendu auparavant et qu’il entendra ensuite (l’un de ces 4 morceaux, un espèce de groove heavy à la Black Sabbath… mamma mia, j’en ai encore des frissons de plaisir…).

Final en apothéose donc : une grosse heure passée un grand sourire aux lèvres, une ambiance de feu, une prestation hallucinante, au-delà de mes espérances (pourtant grandes) et c’est un euphémisme. Ty Segall passera par Toulouse à l’automne, j’ai déjà hâte d’y être.

Comme le disait Jean-Oui Aubert, le chaînon manquant entre Michel Houellebecq et Yannick Noah, « voilà, c’est fini ». Encore bravo aux programmateurs-organisateurs du festival en tout cas : si l’affiche 2015 est du même acabit, j’y retourne sans aucune hésitation.

5 commentaires sur “This Is Not A Love Song festival – Nîmes – jour 2

  1. J’ai peur d’influencer ton compte-rendu, que j’attends avec impatience, mais je vais quand-même dire que je me suis demandé si la femme à la batterie était malade, venait d’apprendre une très mauvaise nouvelle ou n’avait juste pas envie d’être là, et, concernant le son, que ça m’a semblé un peu brouillon (comme s’il n’y avait pas eu de balance). De bons moments, certes, mais je dirai que globalement c’était plutôt une déception en ce qui me concerne. J’espère que tu oublieras mon avis quand tu feras ton propre compte-rendu ;-).

    1. Merci 🙂
      Je suis de ton avis, j’ai trouvé que la batteuse n’avait pas l’air dans son assiette. Balance un peu brouillonne sur les 2-3 premiers titres mais après… l’extase électrique !

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