On a commémoré il y a 2 jours (le 21 octobre), le 10ème anniversaire de la mort d’Elliott Smith. Je me souviens comme si c’était hier du moment où j’ai appris la nouvelle et de l’émotion qui m’a immédiatement saisi.
Je ne vais pas revenir sur le personnage (Pitchfork s’en est très bien chargé) ni sur sa musique en elle-même. J’ai en revanche eu la chance de le voir 2 fois en concert, dans des lieux, circonstances et pour des prestations très différentes : c’est ce que j’ai envie d’évoquer. 15 ans après, ce sont encore des souvenirs très vivaces dans mon esprit.

La première fois, c’était à Bordeaux en 1998. Au Jimmy.
Ah le Jimmy… Une salle un peu fantasmée lorsque, encore pauvre palois, j’entendais chez Bernard Legris (ma grosse vanne de l’époque ça) que tous les groupes qui comptaient pour moi y faisaient étape. Le concert d’Elliott Smith dans les lieux, c’était donc avant tout la découverte d’une salle quasiment mythique ou en tout cas mythifiée.
Autant te dire que j’ai démythifié tout ça à peine arrivé sur place. Un sol poisseux, une estrade surélevée d’à peine une dizaine de centimètres (il fallait d’ailleurs traverser la « scène » pour aller aux toilettes), un bar et c’est tout. Ah oui, une sale odeur de tabac froid bien sûr. Un genre de CBGB sauce médoquine donc, et non la place to be pour hipsters exigeants que j’avais imaginée. Bon.
Beaucoup, beaucoup de monde dans cette toute petite salle, pardon, ce tout petit bar. Tant et si bien que certains font un malaise avant même que la soirée ne débute réellement. Grosse attente: XO vient de sortir (ou va sortir, je sais plus), Elliott Smith est sur la voie sinon du succès, du moins d’une importante notoriété. Il a notamment été nommé aux Oscars quelques mois auparavant.
C’est Quasi qui assure la première partie. Le duo synthés-batterie de Sam Coomes et Janet Weiss (également derrière les fûts pour Sleater-Kinney, grosse côte à l’époque), plutôt habile et agréable sur disque, se montre vite limité et bénéficie d’une sono atroce. Pendant ce temps, Elliott fait la gueule en mangeant un encas sur un coin du bar.
C’est le même duo qui l’accompagne quand vient son tour, Sam Coomes passant à la basse. Ouverture hésitante sur le sublime Independence Day : « hésitant », c’est l’adjectif que je retiendrai pour qualifier cette prestation. En tout cas, il est absolument conforme à l’image qu’on se fait de lui: un type fragile, hyper timide, hyper sensible et pas vraiment à son aise sur scène. Pas un sourire, pas une parole mis à part quelques « thank you » prononcés d’une petite voix. Sa voix justement : hésitante également, mais gagnant en assurance, en justesse et en netteté au fil des titres. Pour finir au top : sur les quelques titres interprétés en acoustique avant le rappel, l’émotion est palpable dans la salle. OK, d’accord, LA on y est vraiment.
Un bon souvenir donc mais davantage marqué par le sentiment de « l’avoir vu », de pouvoir dire « j’y étais » que d’avoir réellement assisté à un grand concert.
Moins de 2 ans plus tard, c’est une toute autre histoire (la suite dans les 2 prochains jours).