Hostiles – critique

Véritable Gilbert Seldman de la blogosphère, je continue donc à faire la pluie et le beau temps sur le box office français avec quelques mots sur un film peu mis en lumière me semble-t-il.

En 1892, le capitaine de cavalerie Joseph Blocker, ancien héros de guerre devenu gardien de prison, est contraint d’escorter Yellow Hawk, chef de guerre Cheyenne mourant, sur ses anciennes terres tribales. Peu après avoir pris la route, ils rencontrent Rosalee Quaid. Seule rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, la jeune femme traumatisée se joint à eux dans leur périple.
Façonnés par la souffrance, la violence et la mort, ils ont en eux d’infinies réserves de colère et de méfiance envers autrui. Sur le périlleux chemin qui va les conduire du Nouveau-Mexique jusqu’au Montana, les anciens ennemis vont devoir faire preuve de solidarité pour survivre à l’environnement et aux tribus comanches qu’ils rencontrent. (Allocine)

Amis de la jovialité, de la mignoncité et de la rigoulade, passez votre chemin (et n’allez pas voir La belle et la belle non plus : c’est nullach) : Hostiles est lourd, grave, sérieux. Parfois trop à mon goût (on est à la limite du dolorisme) mais c’est un beau film et il a de nombreuses qualités.

En premier lieu, son pitch. Tension et enjeux clairement définis d’entrée, rien à dire. Son pitch et son scénario : un bon pitch c’est bieng, un bon pitch bien développé sur la longueur du scénario, c’est mieuxg. Là-dessus, Hostiles me paraît assez irréprochable : le convoi improbable va devoir traverser les Etats-Unis du Sud au Nord, en gros (de l’Arizona jusqu’au Montana) et va souffrir diverses avaries et bricoles durant son voyage. A mesure qu’il progresse, des leçons seront apprises, des personnalités modifiées, des personnages transformés. Du classique certes voire du confortable voire du minimum quand l’histoire épouse la forme du road trip, puisque ça revient à ça, mais c’est vraiment bien écrit et bien développé. Le film est long, plutôt lent, prend le temps de se poser dans les différents (et magnifiques évidemment) paysages traversés ce qui renforce l’atmosphère de voyage initiatique voire de roman d’apprentissage qui se dégage au final.

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Car la grosse affaire d’Hostiles, c’est son fond et le message de tolérance et de compassion qu’il entend délivrer : soldat impitoyable, sans états d’âme voire sanguinaire, Christian Bale va peu à peu contenir sa haine et sa colère pour entrer en empathie avec ses prisonniers et par extension, le peuple indien. Idem pour le personnage interprété par Rosamund Pike qui a pourtant quelques raisons d’être un peu vénère : c’est le côté Cheyenne Autumn du film, qui adopte clairement le point de vue des Indiens et leurs revendications. On peut aussi légitimement penser à Josey Wales, hors la loi, cet autre film au cours duquel les personnages n’ont de cesse de fuir une violence qui ne veut pas les lâcher.

Tout n’est pas parfait : c’est un peu trop long, un peu trop lent, un peu trop pompeux parfois (les jump cuts sur Christian Bale qui hurle sa douleur dans le désert au couchant, sans déconner…) mais Hostiles est un beau western qui prend le temps, et réussit, à la fois à sonder le caractère de ses principaux protagonistes et à délivrer un message plus universel (le côté Fordien du film, encore). En plus y a Rosamund Pike (coucou les beaufs) et Timothée Chalamet (coucou les beaufettes). A voir donc.

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