Parmi les artistes/groupes plus ou moins estampillés French touch et plus ou moins rétro-futuristes apparus au tournant de l’an 2000 et dans le sillage du Moon Safari de Air, les parisiens de Mellow sont les seuls à avoir disparu un peu brutalement, alors que les autres (Rob, Phoenix, Sébastien Tellier) s’en sont tous bien tiré.
Mellow est né sous l’impulsion de Patrick Woodcock (un briton cousin de Raoul Bitembois ?), étudiant en architecture en compagnie de Nicolas Godin de Air. Logiquement, on l’entend sur les 1ers enregistrements des Versaillais : le sublime tuba de Ce matin là ou Casanova 70, c’est lui. Logiquement, toujours, il crée rapidement son propre groupe en compagnie du dénommé Pierre Bégon-Lours. Qui, logiquement encore, sonne comme un juke-box parfait des années 66-73. Dont tout un chacun sait qu’il s’agit des meilleures. Logiquement.
Dragonfly est le deuxième album de Mellow. Il s’agit de la bande-originale du film CQ de Roman Coppola. L’intrigue du film se situe durant le tournage d’un film, Dragonfly, genre de Danger Diabolik ou de Barbarella bis, une fantaisie 60s-pop donc, parasitée par les événements de mai 68 (le tournage a lieu en France). On pourrait croire que le groupe s’est un peu noyé dans le projet et qu’il n’a pas totalement eu la main (puisqu’il s’agit d’une commande) mais je pense au contraire que c’est ici qu’on entend le meilleur de Mellow : leur son patiné et rétro qui nécessite instruments et matériel d’époque a sans doute bénéficié d’un budget assez confortable (ça paie pas mal de composer des bo…).
Du coup, Drangonfly, le disque, est un véritable festival d’effets électroniques vintages, de cordes, sitars, choeurs planants, qui s’allient pour rendre hommage aux bo de l’époque : celles des séries B italiennes type Danger Diabolik donc mais aussi celles composées par François de Roubaix, Henri Mancini ou Burt Bacharach. En un mot comment en cent, ça vintage sec, ça vintage dur, et ça vintage très, très bien: au-delà d’un exercice de pastiche amoureux, Mellow parvient à insuffler sa patte, avec des lignes mélodiques caractéristiques et très identifiables qu’on retrouve sur ses 2 autres albums (le premier, Another Mellow Winter et le 3ème, Perfect Colors).
Le groupe a sorti un EP en 2014, City Lights, son premier enregistrement depuis 10 ans. Très chouette. Il était censé annoncer un 4ème album prévu pour 2015. Bon. On est plus à un 1 ou 2 ans près remarque.
C’est en tout cas un retour qui me fera très plaisir, j’adore ce groupe que je croyais définitivement disparu.