Toujours plus de pop et de musique de drogués, toujours moins d’americana. Grande remise, le blog qui tient bon la barre et tient bon le vent.
En préambule, 5 super subs qu’il a été très difficile d’écarter :
The Leisure Society – The Fine Art of Hanging On
Sufjan Stevens – Carrie & Lowell
Aline – La Vie Electrique (malus je-rate-les-3/4-du concert-parce-que-y-avait-pas-de-première-partie-en-fait)
Julia Holter – Have You in My Wilderness
Kelley Stoltz – In Triangle Time (malgré un énorme bonus fan de)
20. Chateau Marmont – Sound of Shambala
Où va Chateau Marmont ? De 5 membres sur son premier EP, le groupe est rapidement passé à 4, puis à 3 pour la sortie de son premier album il y a 2 ans (le génial, touffu et bien nommé The Maze, lauréat 2013 du seul top qui compte). Sur celui-ci, ils ne sont plus que 2: Chateau Marmont fraction historique si j’ai bien compris ie les 2 tarbais amis d’enfance et à l’origine du groupe. Alors c’est très bien, c’est un bel exercice de style retro-house, un bel hommage à la French Touch originelle. Je ne peux toutefois pas m’empêcher de regretter cette époque pas si lointaine où le groupe en était véritablement un, pas uniquement composé de 2 bidouilleurs, aussi sympathiques et talentueux soient-ils. Ni d’avoir la sensation que ce groupe sera rétrospectivement considéré comme un énorme gâchis, ou du moins un rendez-vous manqué pour la pop française.
19. Father John Misty – I Love You, Honeybear
Inégal, inférieur à son prédécesseur (l’excellent Fear Fun), plombé selon moi par un cynisme et un narcissisme très désagréables, dont on ne sait d’ailleurs s’ils sont réels ou surjoués (mais que ça soit l’un ou l’autre, on s’en fout), I Love You, Honeybear recèle néanmoins quelques moments de grâce assez sidérants dans un registre laurelcanyonesque à la Jonathan Wilson (qui produit d’ailleurs). Un, surtout, que je mettrai dans mon top 5 des chansons de l’année, et que voici:
18. Richard Hawley – Hollow Meadows
Je retrouve sur Hollow Meadows le Richard Hawley que j’aime, que tout le monde aime je suppose, après la parenthèse électrico-bruitiste un peu lassante de son précédent album. Retour au crooning mélancolique et nicotiné de ses premières années. D’ailleurs l’album débute par un « sorry I’ve been away so long » très, voire trop explicite. Un album pantoufle donc, dans lequel il fait bon coocooner. C’est un compliment.
17. Meg Baird – Don’t Weigh Down the Light
Meg Baird enregistre depuis plus de 10 ans, en solo, en duo (The Baird Sisters) ou en groupe (les géniaux über hippies de Espers), des albums de folk au sens large : toujours anglophiles, ils sont très planants, électriques et psychédéliques avec son groupe, très purs et dépouillés en solo. Celui-ci ne déroge pas à la règle. C’est vraiment très beau. L’album baume-tisane-veilleuse de l’année.
16. Destroyer – Poison Season
A chaque fois que j’écoute un disque de Destroyer, j’ai du mal à croire que Dan Bejar, son « leader » a fait un jour partie des New Pornographers (« leader »entre guillemets car il est en réalité un « one man band » comme disent les anglo-saxons). Son univers sophistiqué semble si éloigné de la power-pop virevoltante des nouveaux pornographes… Toujours est-il que son Poison Season creuse un peu plus la veine d’une pop dandy, suave et exigeante. Aux désormais habituels accents de pop 80s à la Prefab Sprout, Bejar ajoute cette fois des intermèdes orchestraux d’une pureté et d’une majesté à couper le souffle qui ne sont pas sans évoquer… Sinatra, tcharrément. Tout ça pour dire: c’est beau. Un poil frisquet peut-être, mais beau. L’album robe d’intérieur de l’année.
15. Bill Ryder-Jones – West Kirby County Primary
Un très bel album qui sert de passerelle entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, entre le folk gracile des regrettés Gorky’s Zygotic Mynci et l’électricité nonchalante de Pavement. Union improbable, par l’ancien guitariste de The Coral qui signe là son disque le plus traditionnel et accessible. Bill Ryder-Jones est un musicien vraiment à part, extrêmement sensible, qui a jusqu’ici enregistré des albums très peu commerciaux et probablement cathartiques, principalement au piano, prêtant dans le même temps sa guitare virtuose ici ou là (par exemple sur le dernier album des Arctic Monkeys). Très bel album, vraiment.
14. My Morning Jacket – The Waterfall
Désormais vétéran de la scène americana au sens large, My Morning Jacket en est arrivé à un degré de maîtrise, de savoir-faire mais surtout d’inspiration et encore plus, de liberté, qu’il s’est affranchi de toute classification. C’est américain, ça c’est certain mais c’est un peu rock, un peu pop, un peu soul, un peu gras, un peu gracieux, souvent tout en même temps. Et c’est donc très, très bon. Un groupe en voie de wilcoisation avancée, serein et magistral, capable de tout et toujours du meilleur.
13. Pond – Man, It Feels Like Space Again
Jusqu’en 2012, Tame Impala avait pour bassiste une personne dont j’avais vraiment du mal à déterminer le sexe. Il s’agissait de Nick Allbrook, un garçon donc, pour le moins androgyne. Il a quitté le groupe en 2012 pour se consacrer à son projet solo, Pond, dans lequel on retrouve un autre membre de Tame Impala, Jay Watson aka le beau gosse blond. Tout ça pour dire que les 2 groupes sont toujours très proches et que Pond, c’est un peu Tame Impala si Tame Impala faisait une fixette sur Bowie et non les Beatles. C’est donc aussi très proche de MGMT, psyché et glam à la fois. Quelques creux mais sur les 3-4 meilleurs morceaux, énooooooooooorme tuerie.
12. Diane Coffee – Everybody’s a Good Dog
Après Pond, émanation de Tame Impala, voici Diane Coffee, spin off de Foxygen. J’ai pas fait exprès, mon top est naturellement incroyablement bien foutu.
Diane Coffee, de son vrai nom Shaun Fleming, est en effet batteur de Foxygen. Everybody’s a Good Dog est son 2ème album, mélange de pop, glam, soul, enrobé de chœurs féminins : tu penses probablement « Todd Rundgren » et tu as bien raison. En fait, cet album ressemble de très près à ce que Foxygen a complètement foiré sur son …and Star Power de l’an dernier. Le feelgood album de l’année.
11. Dave Rawlings Machine – Nashville Obsolete
Alors, oui, j’écoute presque plus de folk américain mais là c’est différent. Déjà parce que Dave Rawlings, c’est la quintessence du genre. S’il ne fallait en garder qu’un… Et parce que ce genre, il en livre une interprétation qui défie le genre précisément : jouer cette musique-là, de cette manière-là, en 2015, ça n’est pas du revivalisme, c’est… autre chose. Pour moi on est au-delà du folk, du blues, de la country pour entrer dans ce que j’appellerais la Grande Chanson Américaine. Quelque chose d’à la fois pur, simple et majestueux, qu’on n’aurait sans doute pas pu entendre il y a 50 ans mais qu’on écoutera encore certainement dans 50 ans. J’en parle très mal, désolé.
Dave Rawlings, c’est évidemment aussi sa compagne Gillian Welch, qu’on entend sur tous ses disques à lui, comme on l’entend lui sur tous ses disques à elle. Ils forment selon moi l’un des plus beaux couples, à la scène et à la ville, de toute l’histoire de la musique populaire.