A Star Is Born – critique

Star de country un peu oubliée, Jackson Maine découvre Ally, une jeune chanteuse très prometteuse. Tandis qu’ils tombent follement amoureux l’un de l’autre, Jack propulse Ally sur le devant de la scène et fait d’elle une artiste adulée par le public. Bientôt éclipsé par le succès de la jeune femme, il vit de plus en plus de mal son propre déclin… (Allociné)

Eh ben c’est pas mal en fait ! Enfin, « pas mal »… Ca se regarde quoi, là où on pouvait légitimement s’attendre à une horrible meringue sentimentale et lourdingue, « un pur chef d’oeuvre d’émotions » frelatées. Y a quelques passages, des qualités d’écriture…

Je commence l’inventaire par le rayon ratage car c’est pas compliqué, c’est à peu près tout ce qu’on peut légitimement craindre en entrant dans la salle : sentimentalisme facile, clichés (sur la vie de star, la romance, la romance de 2 stars) etc etc, je vais pas faire l’article. Le film rebute certainement pas mal de « cinéphiles » qui feront logiquement l’impasse. Et pourtant…

Au rayon réussites, je commencerais d’abord par les interprètes: on parle beaucoup de la performance de Mme Gaga (prénom: Lady) et c’est vrai qu’elle est notable. Mais elle joue son propre rôle non ? En gros, quoi. Je connais pas sa trajectoire car ni sa carrière, ni sa musique ni son personnage ne m’intéressent mais bon, une petite nana un peu moche qui devient superstar du jour au lendemain, ça a dû lui rappeler 2-3 trucs non au moment de se plonger dans son personnage non ?

Il faut donc aussi relever la performance de Bradley Cooper. Déjà, détail peut-être, mais qui participe de la réussite du film : il est hyper crédible sur scène avec une guitare. Dont il doit savoir jouer, c’est pas possible autrement, car il assure vraiment sur un simple plan visuel. Et esthétique: un peu too much sa dégaine de country-rocker déglingos mais il a de la gueule, c’est indéniable (big up pour la scène durant laquelle il écrase ses cachetons d’amphétamines ou autres avec le talon de ses bottes avant de les sniffer). A noter également: il est entouré sur scène de Promise of the Real, le groupe qui accompagne régulièrement Neil Young ces dernières années, preuve qu’il a veillé à une certaine crédibilité sur le plan « musical » (même si la majorité des chansons sont à chier mais c’est un autre débat).

Sur la forme, j’ai bien aimé que le film, au-delà des scènes attendues (prestations live extended, disputes de couple, séances de shooting pour l’apprentie-star, manager maléfique, anglais évidemment etc), réserve une place non négligeable aux longues scènes de dialogue entre les 2 acteurs vedettes. Le film est long, sans doute trop (notamment dans sa 2ème partie, lorsqu’Ally/Lady Gaga devient une védette) mais c’est aussi parce qu’il a le « courage » (ça va, il va pas au front non plus) ou en tout cas la sensibilité de prendre son temps, notamment sur des scènes potentiellement casse-gueules et pour les interprètes (Gaga débute et Cooper… bah j’ai rien contre lui et j’ai plutôt de la sympathie à son endroit mais c’est pas De Niro quand même) et au niveau de l’écriture. C’est bieng.

C’est sur le fond que le film me paraît le plus intéressant. L’histoire, on la connaît: 3 versions (Wellman, Cukor et Pierson) avant celle-ci. Cooper et son co-scénariste Will Fetters ont choisi cette fois de traiter le sujet sous l’angle de l’intégrité artistique: le personnage de Jackson Maine (Bradley Cooper) est en perte de vitesse car de plus en plus largué (ça n’est pas souligné avec insistance, c’est à mettre au crédit du film). Il tombe raide dingue de cette nana rencontrée par hasard et en qui il décèle quelque chose de rare. Lorsqu’elle se détache de lui artistiquement (elle commence par l’accompagner sur scène avec son groupe de country-rock) et accède au statut de superstar, il ne la reconnait plus: elle était songwriter (avec la pochette du Tapestry de Carole King au mur de sa chambre), elle est transformée en marionnette pop-pupute (popute?). Ca les éloigne.

Mais attends… c’est l »histoire d’Ally ou celle de Lady Gaga qu’on raconte? Encore une fois, je connais mal la carrière de l’interprète de Poker Face mais impossible de ne pas penser que les auteurs du film n’y ont pas pensé justement eux non plus. Et elle au fait, elle y a pensé ? Oui, à coup sûr, elle est pas conne… Alors de 2 choses l’une: soit elle a une haute opinion de son oeuvre et dans sa tête elle interprète un pur rôle de composition, soit elle a un sacré recul sur ce qu’elle produit. Ou encore, 3ème option, elle est très cynique…

Dans le prolongement de cette idée, le personnage de Jackson Maine est obsédé par le fait d’avoir « quelque chose à dire », condition sine qua non selon lui d’une relation durable et sincère avec le public. Inévitablement, on se pose la question: Bradley Cooper a-t-il vraiment « quelque chose à dire » lui aussi ? La suite, si suite il y a, nous le dira mais en posant la question, il se la pose lui-même et c’est honnête de sa part et à mettre à son crédit, encore.

Ca fait en tout cas de A Star Is Born un film qui va au-delà du simple mélo lacrymal (oui, j’ai versé ma larmichette à la fin), au delà de la romance glamour (les 2 interprètes montrent une belle alchimie à ce niveau là, on y croit là encore). Ca n’en fait pas non plus une réflexion ultra-pertinente sur la célébrité, l’Art, le chaubizeness mais disons que c’est une curiosité.

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