Confident Royal – critique

L’extraordinaire histoire vraie d’une amitié inattendue, à la fin du règne marquant de la Reine Victoria. Quand Abdul Karim, un jeune employé, voyage d’Inde pour participer au jubilé de la reine Victoria, il est surpris de se voir accorder les faveurs de la Reine en personne.
Alors que la reine s’interroge sur les contraintes inhérentes à son long règne, les deux personnages vont former une improbable alliance, faisant preuve d’une grande loyauté mutuelle que la famille de la Reine ainsi que son entourage proche vont tout faire pour détruire.
A mesure que l’amitié s’approfondit, la Reine retrouve sa joie et son humanité et réalise à travers un regard neuf que le monde est en profonde mutation. (Allociné)

Quelques mots sur un film que j’ai beaucoup aimé car j’ai l’impression de ne parler que de films que je n’ai pas aimés (c’est pas qu’une impression en réalité).

J’ai beaucoup aimé mais honnêtement, c’est pas extraordinaire. Voire (très) moyen. Confident Royal est essentiellement un beau livre d’images, un film de vieux, un scone très goûteux certes, mais un scone. Seulement voilà: j’adore les scones, j’adore l’Angleterre, l’Histoire de l’Angleterre, avec une prédilection pour la période victorienne donc j’ai un faible pour ce type de meringue cinématographique (pas la même période mais cette année j’ai aussi beaucoup aimé My Cousin Rachel par exemple). C’est mon côté vieille anglaise comme me le dit régulièrement un collègue.

Je grossis le trait: c’est pas un chef d’oeuvre mais c’est pas honteux non plus. Disons que si on y va pour une leçon d’Histoire et/ou de cinéma… bah vaut mieux pas y aller en fait (on nous prévient d’ailleurs d’entrée que des libertés sont prises quant à la réalité historique).

Mais c’est pas honteux, sans doute parce que c’est réalisé par Stephen Frears, qu’on ne présente plus et dont le savoir-faire n’est plus à démontrer: c’est peut-être pas un génie mais c’est le genre de mec qui n’a jamais réalisé un mauvais film (enfin, il me semble). On peut toujours compter sur lui pour donner du rythme, croquer des personnages avec justesse, insérer une certaine ironie voire un certain esprit critique et c’est exactement ce qu’il fait dans Confident Royal: il privilégie nettement la relation entre les 2 personnages/acteurs principaux (d’ailleurs le film s’intitule simplement et logiquement Victoria & Abdul en version originale) mais ne se prive pas d’égratigner l’Angleterre coloniale ni les pédants pique-assiette qui composent la cour de la reine Victoria (excellente Judi Dench évidemment, nettement plus charmante que son modèle).

Après, ce qui est intéressant je trouve, c’est précisément que Frears réserve ses piques aux membres de la cour, pas à la reine elle-même, pour laquelle il montre de la bienveillance, voire de la tendresse (le poids de l’âge, de la fonction, la capacité à s’ouvrir à l’autre et à une culture, un monde, qui lui sont inconnus etc.). Déjà dans le très bon et sous-estimé The Queen, qui s’attardait en grande partie sur la relation entre la reine Elizabeth et Tony Blair, il racontait comment ce dernier, farouchement anti-monarchie et bravache lorsqu’il arrive au pouvoir, s’est peu à peu considérablement adouci jusqu’à montrer beaucoup de respect voire une certaine fascination pour sa reine.

J’ai l’impression (mais ça n’est peut-être qu’une impression) que Frears a un peu suivi le même cheminement: il a commencé en adaptant des écrits d’Hanif Kureishi ou Joe Orton (My Beutiful Laundrette, Prick Up Your Ears), des œuvres et des auteurs plutôt marginaux et subversifs, un peu dans la lignée des angry young men des années 50 et en phase avec le rock indé des années 80, puis il a peu à peu évolué jusqu’à réaliser un film tel que Confident Royal (sans qu’on puisse pour autant lui reprocher d’avoir retourné sa veste, c’est là qu’on voit que le type est fin quand même). Un film dans lequel on retrouve d’ailleurs une autre figure un peu énervée de l’Angleterre des années 80-90, le comique Eddie Izzard, interprète du fils de Victoria qui lui succédera et deviendra Edouard VII.

A croire que dans chaque anglais sommeille une vieille anglaise qui ne demande qu’à se révéler.

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