Santa Barbara, été 1979. L’époque est marquée par la contestation et d’importants changements culturels. Dorothea Fields, la cinquantaine, élève seule son fils Jamie. Elle décide de faire appel à deux jeunes femmes pour que le garçon, aujourd’hui adolescent, s’ouvre à d’autres regards sur le monde : Abbie, artiste punk à l’esprit frondeur qui habite chez Dorothea, et sa voisine Julie, 17 ans, aussi futée qu’insoumise…(Allociné)
Mike Mills est un réalisateur et illustrateur californien déjà auteur de 2 longs métrages (Thumbsucker et Beginners). Il est surtout connu pour avoir réalisé la pochette du Moon Safari de Air
Air qui lui a également consacré un titre sur Talkie Walkie.
Mike Mills est donc un type très cool et son 3ème film commence très mal : entre Sofia Coppola, Spike Jonze et Noah Baumbach, 20th Century Women déroule avec coolitude toute l’imagerie cool de la Californie cool des cool seventies. Skate boarding nonchalant, omniprésence diffuse de l’océan, soleil tamisé, tons pastels, personnages cérébraux et extravertis à la fois, rien ne manque.
C’est insupportable. C’est insupportable parce que c’est très exactement ce qu’on attend d’un type qui a le CV de Mike Mills et parce qu’on a déjà vu ça mille fois chez lui, chez ses potes, dans des clips, des publicités, sur des pochettes de disques etc etc.
Heureusement, Mills n’a pas que de belles images à produire, il a aussi de belles choses à dire, et il les dit joliment. Ainsi, le film trouve petit à petit une belle respiration, réalisant l’air de rien une chronique intimiste très réussie centrée autour de pas moins de 5 personnages qui sont tous traités avec la même attention, intelligence et sensibilité.
Parmi ces 5 personnages se dégage néanmoins celui de la mère, interprétée par une superbe Annette Benning. J’ai toujours bien aimé cette actrice et la bienveillance qui se dégage de ses traits mais elle trouve incontestablement son plus beau rôle dans ce personnage de femme mûre doucement mais fermement affranchie qui se retrouve pourtant désemparée face à une époque (et un fils) qui lui échappe(nt) subrepticement (il se passionne pour la scène punk).
Mieux, le film trouve même une ampleur insoupçonnée qui finit de le rendre aussi émouvant qu’intéressant lorsqu’il décide de faire raconter aux personnages de 1979 ce qu’ils deviendront des années plus tard. Intelligence narrative et sensibilité, c’est très réussi.
20th Century Women est de ses films dont on ne sort peut-être pas chamboulé (d’autant, encore une fois, qu’il m’a fallu du temps pour y entrer) mais qui restent avec nous longtemps après la séance et que le recul bonifie. Il ne va sans doute pas rester très longtemps à l’affiche donc bon…
Dernier point : même si on pouvait s’y attendre de la part d’un type aussi cool que Mike Mills, la bo est terrible (Talking Heads, Germs, Raincoats, Devo, Buzzcocks).
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