Jusqu’à Emperor Tomato Ketchup, son album précédent celui-ci, Stereolab est presque considéré comme une incongruité, une excentricité à la monomanie (la fixette sur les claviers analogiques) tantôt amusante tantôt agaçante. Un groupe pas vraiment pris au sérieux en tout cas, sauf par quelques auditeurs hardcore de Bernard Lenoir sur France Inter.
Mais à partir d’Emperor… donc, Stereolab rééquilibre un peu son krautrock minimaliste et yéyé teinté d’exotica au profit de cette dernière, tout en conservant son penchant pour les aphorismes situationnistes et les mélodies atones. Il s’assouplit, ralentit le tempo, qu’il varie d’ailleurs de plus en plus souvent, parfois au sein d’un même morceau. Surtout, il fait de plus en plus de place à Sean O’Hagan (High Llamas) qui devient quasiment membre du groupe à part entière pendant plusieurs années (John McEntire de Tortoise est également du virage pris alors, en tant que producteur). Pour synthétiser : Stereolab ouvre un peu la fenêtre et accède à l’âge adulte.
Cette nouvelle manière trouve selon moi son épanouissement sur Dots and Loops, qui ressemble à s’y m’éprendre au résultat d’une fusion Stereolab – High Llamas (les albums de la même époque de ces derniers, Cold and Bouncy et Snowbug sont en retour pas mal influencés par le son de Stereolab).
Avec un titre indépassable, les 17 minutes de Refractions in the Plastic Pulse et son mantra metaphysique (« Ce qui est n’est pas clos, du point de vue le plus essentiel »).
Immense chef d’œuvre absolu de tous les temps.