En 2005, Billy Lynn, un jeune Texan de 19 ans, fait partie d’un régiment d’infanterie en Irak victime d’une violente attaque. Ayant survécu à l’altercation, il est érigé en héros, ainsi que plusieurs de ses camarades. Et c’est avec ce statut qu’ils sont rapatriés aux Etats-Unis par l’administration Bush, qui désire les voir parader au pays… avant de retourner au front. (Allociné)
Je n’ai pas grand chose à en dire mais je tenais quand même à balancer quelques mots sur ce film car c’est une très bonne surprise et si j’ai bien compris, il est mal distribué donc pas présent très longtemps sur les écrans. Et c’est dommage donc si je peux te convaincre d’y aller tant qu’il est encore à l’affiche…
Moi-même j’ai bien failli passer à côté car le titre ne me disait rien qui vaille et que la présence de Kristen « bras croisés/bras ballants/bras croisés/bras ballants/bras croisés etc. » Stewart avait plutôt tendance à me décourager. Et puis j’ai vu que c’était le nouveau film du très sous-estimé Ang Lee, dont, si je fais le bilan, j’aime beaucoup tous les films (sauf L’Odyssée de Pi).
Je n’ai pourtant pas grand chose à en dire car le film est limpide : l’absurdité ontologique de la guerre, l’innocence massacrée, la critique de l’interventionnisme militaire américain au Moyen-Orient, l’indécence du mode de vie occidental, le cynisme des medias, l’inconséquence et la versatilité de l’opinion publique, l’héroïsme, la camaraderie des corps d’armes, tout ça a déjà été évoqué à maintes reprises mais …Billy Lynn pourrait faire office de film-somme. Surtout, il évoque tout ça de manière frontale, sans détours et sans symbolisme, avec franchise, de la même manière qu’il filme souvent les visages en plan serré et face camera.
De même, si le montage du film peut au premier abord paraître très classique, il est surtout parfaitement adapté : on suit ainsi la journée de célébration du bataillon Bravo, érigé en gloire de la patrie après que l’un d’eux, Billy Lynn, a fait preuve d’héroïsme sur une opération particulièrement dangereuse en Irak. On suit donc cette journée surréaliste du début à la fin (on leur demande de participer au show de mi-temps d’un match de football type Super Bowl, en compagnie de Destiny’s Child), entrecoupée de flash-backs qui nous ramènent en Irak et racontent le quotidien des soldats sur place, leur complicité, leurs doutes et enfin la fameuse opération pour laquelle ils sont célébrés.
Parfois (injustement selon moi) taxé de mollesse ou de centrisme en raison de sa capacité à toujours adopter un point de vue mesuré et sensé quel que soit le sujet ou le genre auquel il s’attaque, Ang Lee (Raisons et sentiments, Hulk, Brokeback Mountain, The Ice Storm, Garçon d’honneur, en vrac) fait preuve de l’adaptabilité qu’on lui connait mais dit les choses franchement, sans se cacher. Il bénéficie également du charisme angélique de Joe Alwyn dans le rôle titre : son visage adolescent et généreux, sa bonté intrinsèque en font une figure quasi-christique idéale.
Très bonne surprise, vraiment, qui prouve une nouvelle fois la versatilité et le talent d’Ang Lee.