Eric Matthews est déjà présent dans ce classement via le disque de Cardinal. Peu après ce coup de maître (1995), il a sorti son premier album solo, It’s Heavy in Here, suivi de près par celui-ci (en 1997).
La 2ème moitié des années 90, c’est un peu son apogée : à la même époque, on entend sa trompette chez les Dandy Warhols ou chez Tahiti 80, qu’il produit également. Après ça… C’est devenu moins bien tout simplement, même si toujours très écoutable (c’est le moins qu’on puisse dire). C’est pas grave : 4-5 grandes années, c’est déjà très bien pour un groupe/musicien, tout le monde n’est pas Neil Young ou David Bowie.
Quoiqu’il en soit, sur The Lateness of the Hour, Eric Matthews est au top de ses capacités de songwriter et de producteur. Son art, quoiqu’issu de la tradition pop des années 60 de manière assez évidente, reste selon moi assez unique en son genre : difficile de le rattacher à un groupe/artiste en particulier, et difficile de lui attribuer une quelconque descendance. A l’image de sa belle voix douce, ses mélodies sont un peu voilées mais toujours sinueuses, très sophistiquées: ile cherche pas vraiment la facilité, c’est le moins qu’on puisse dire. Paradoxalement pour un type avec un tel bagage de musicien classique, il n’hésite pas à mettre les guitares en avant : la pièce maîtresse de l’album est ainsi pour moi The Pleasant Kind, qui bénéficie d’un riff prodigieux joué par le grand Jason Falkner, cet autre esthète pop (je ne trouve pas de lien audio, désolé). Ce riff, qui tient et traverse toute la chanson telle une colonne vertébrale élastique, m’obsède littéralement depuis des années, je le trouve d’une virtuosité et d’une originalité folles.