Il y a une quinzaine d’années, je fréquentais assidûment un forum de discussion, celui d’Allociné pour ne pas le nommer (et pour utiliser une expression que je trouve particulièrement débile).
Nous avons eu un jour, et pendant plusieurs jours en vérité (voire semaines, je ne me souviens plus exactement. On passait tous beaucoup trop de temps sur ce foutu forum…), une discussion acharnée et passionnée(ante) sur les notions de subjectivité/objectivité. Les uns défendaient l’idée selon laquelle la critique était inutile si l’auteur laissait de côté ses sentiments personnels, les autres pensaient au contraire qu’il fallait autant que faire se peut juger une oeuvre en laissant de côté son affect, la juger pour ce qu’elle est et pas par le prisme de notre épiderme en somme.
J’étais à l’époque un farouche membre de la Team Objectivité, pensant qu’il était nécessaire qu'(e) critique soit capable de dire du bien d’un film qu’il ou elle n’aimait pas mais dont il ou elle pouvait reconnaître des qualités « objectives ».
Pourquoi je parle de ça aujourd’hui?
C’est pas exactement la même mayonnaise mais c’est lié, tu vas comprendre : je tombe régulièrement sur des tops ou des critiques et je suis souvent un peu agacé par l’ennui mâtiné de prétention qu’ils distillent sous couvert d’un vernis objectif et donc sérieux, en opposition à des billets subjectifs et donc superficiels : ça m’agace parce que je ne vois aucun intérêt à simplement reproduire des informations que n’importe qui peut trouver sur Wikipedia, dans le Dictionnaire du Rock, Mojo, Uncut, que sais-je encore ? Je ne vois aucun intérêt à raconter à nouveau, 50 ans après la sortie du disque, et donc autant d’années d’exégèse, que Revolver a traumatisé un Brian Wilson qui pensait avoir tué le game avec Pet Sounds… Et je ne vois donc pas beaucoup de pertinence à expliquer dans ce billet-ci que Lola vs Powerman and the Moneygoround est le fruit du ressentiment de Ray Davies pour les maisons de disques et l’industrie musicale, quand une recherche rapide et sommaire te l’apprendra mieux que moi.
Par conséquent, comme je ne suis pas journaliste d’investigation, que je n’ai pas accès aux archives personnelles de Ray Davies et que tu n’es pas sur le site du Washington Post, ni Wikipedia, je préfère en général, c’est pas systématique évidemment, évoquer une expérience ou un souvenir personnels. C’est peut-être narcissique, sans doute même, mais je trouve ça plus humble finalement que de donner des informations objectives et impersonnelles comme si personne ne l’avait jamais fait auparavant (et j’ai conscience que c’est très prétentieux de trouver ça humble oui, merci, je sais mais ça va bien aussi à la fin, à ce moment là je dis plus rien).
Ca fait un petit moment que, pour des raisons diverses et variées j’avais envie de parler de ça: c’est fait, c’est bon, j’y reviendrai plus. Demain je fais des bisous à tout le monde.
Donc voilà : j’aurais pu choisir Face to Face ou Something Else voire même Arthur ou Percy mais ce disque a été ma porte d’entrée pour les Kinks lorsque, encore adolescent, j’ai entendu pour la première fois Lola dans l’appartement de mon beau-frère. C’est toujours une de mes chansons préférées du groupe, une de mes chansons préférées tout court et une de celles dont je connais les paroles par cœur de A à Z (y en a pas tant que ça quand j’y pense).
Et puis il y a sur cet album une autre composition mémorable de Ray Davies, This Time Tomorrow, qui, comble de la délectation granderemisesque, a été merveilleusement utilisée par Wes Anderson dans The Darjeeling Limited.