Mon top entre aujourd’hui dans la lumière, comme un insecte fou, avec les non-mais-oui : des films certes pas géniaux mais repêchés par la seule grâce de mon immense indulgence, et que j’ai donc plutôt appréciés. Les films que je n’ai pas aimés ici et ici.
L’interview qui tue
Le scandale qu’il a provoqué, avec les menaces nord-coréennes proférées à son encontre ont surtout évité de parler du film en lui-même. Et ce film il est pas terrible. Très en deçà en tout cas des précédentes réussites du duo Evan Goldberg–Seth Rogen, dont Supergrave reste pour moi le sommet. Le duo d’auteurs et le duo d’acteurs (Seth Rogen et son bro James Franco) apparaît totalement en roue libre car libre de faire ce qu’il veut puisqu’ils sont les nouveaux golden boys de la comédie américaine. C’est là qu’on se dit qu’un producteur digne de ce nom leur faisait énormément de bien (entre ici Judd Apatow). Ceci étant, je reste très client et j’ai ponctué le visionnage de quelques éclats de rire. Et même s’il en fait des caisses, James Franco est assez génial en présentateur télé bête à manger du foin.
Agents très spéciaux – Code U.N.C.L.E.
Quant t’as réalisé 8 longs métrages mais que t’es tout aussi, voire davantage connu pour ton mariage que pour ta filmographie, il faut dire les choses telles qu’elles sont : ça pue. Et quand de surcroît ce mariage s’est achevé il y a maintenant 8 ans, ça pue encore plus fort. Et pourtant, Dieu sait par quel miracle, Guy Ritchie, l’ex de Madonna donc, continue à régulièrement faire des films… Il se fait pas trop chier ceci dit : après 2 épisodes de Sherlock Holmes (lamentables ai-je ouï dire), il s’attaque ici à l’adaptation de la série The Man From UNCLE, en français Des agents très spéciaux, avec Robert Vaughn (le brun) et David Mac Callum (le blond).
Cette adaptation au au moins le mérite de rapidement situer le niveau: bas. C’est fou comme ce mec, Guy Ritchie donc est mauvais quand même. Il le porte sur lui d’ailleurs le pauvre : l’air un peu bonnasse du type qui s’excuse de ce qui lui arrive et de pas pouvoir faire mieux, jamais.

On sent bien qu’il tente des trucs (des répliques, des petits effets de style assez clippesques mais bon pourquoi pas) mais rien ne prend. RIEN. Par moments je me posais même la question : « mais attends, c’est censé être une réplique drôle ça ou c’est juste une réplique noyée au milieu des autres ? ». Grosse gêne. Et la scène de la torture mon Dieu mais quelle bêtise : torture du héros par un ancien nazi, ouh, c’est mal c’est horrible. Dans la foulée, inversion des rôles et torture du nazi par le héros: c’est fun. C’est cool. C’est la rigolade. Mais quel abruti.
Ce qui sauve son film, c’est son matériau de base : une adaptation de Des Agents très spéciaux, c’est, si on est pas trop con ni styliste chez Desigual, la garantie d’acteurs, de décors et de costumes, glamour et stylés. Coup de bol pour lui (et pour moi), l’action se déroulant dans les années 60, décennie particulièrement fertile à ce niveau là (et ma décennie de prédilection), son film est très plaisant visuellement. C’est joli quoi. Comme un joli livre d’images qu’on prend plaisir à feuilleter d’un œil un peu distrait. Et puis le casting est bien, avec des acteurs jolis eux aussi, et qu’on n’a pas encore trop l’habitude de voir : de gauche à droite sur la photo ci-dessous, Alicia Vikander, Armie Hammer, Henry Cavill.
C’est tout, et c’est peu mais ce soir là, ça suffisait : indulgence, miséricorde, tout ça.

Dheepan
Le vrai problème de Jacques Audiard, c’est son succès constant voire croissant : si c’est pas le public, c’est les critiques, si c’est pas les critiques, c’est les institutions (Césars, festivals). Quand c’est pas les 3 à la fois. Du coup, non seulement il se remet jamais en cause mais il en voit pas la nécessité. Logique après tout. Et il continue de nous asséner ses fantasmes débiles d’auto-justice et de violence purificatrice. C’est dommage parce que 1. c’est complètement con évidemment, en plus d’être irresponsable 2. en dehors de ça, il a quand même du talent pour filmer les couples récalcitrants et les instants insignifiants qui, mis bout à bout, créent une puissance rédemptrice autrement plus significative qu’une descente à la kalach chez les caïds de la cité.
C’est donc, malgré un happy end un peu trop angélique (autre point noir) ce que je garderai de Dheepan : le quotidien de ce trio forcé de cohabiter et d’apprendre à vivre ensemble sinon à se connaître. Et ça Audiard le retranscrit plutôt bien selon moi.
Nos futurs
Cinéaste doudou s’il en est, Rémi Bezançon surfe plus que jamais dans Nos Futurs sur la vague de l’humour nostalgico-adulescent, avec un pitch qui s’y prête particulièrement : deux amis d’enfance se retrouvent à la trentaine alors qu’ils s’étaient perdus de vue après le lycée. L’un est devenu PDG de la grösse entreprise familiale, l’autre lose toujours dans la même chambre de bonne au dessus de leur ancien bar-QG. Et il s’est mis en tête d’organiser une gigantesque fête avec tous leurs anciens amis du lycée, qu’ils vont donc essayer de retrouver un par un.
C’est super prévisible, c’est de l’humour Bref à fond (Kyan Khojandi interprète d’ailleurs, et très bien, un second rôle) mais 1. c’est drôle (le camping sur le rond point, le crash de la party adolescente) 2. c’est drôle parce que Pio Marmaï. Dans un rôle taillé sur mesure de branleur sympathique, il fait merveille. Et il m’a permis de passer outre des situations vraiment très prévisibles, un grösse twist final mal digéré et surtout, surtout, l’acteur qui joue son pote d’enfance et partage le premier rôle avec lui, Pierre Rochefort. Pierre Rochefort putain. Le mystère. Le vertige. Le trou noir. La peau qu’on prie. C’en est presque fascinant à ce stade de transparence et de non-présence. Mais sinon j’ai vraiment beaucoup ri à de nombreuses reprises.

Régression
Je peux me tromper mais j’ai l’impression qu’après le four d’Agora, un film certainement assez coûteux, Alejandro Amenabar était un peu tricard à Hollywood et qu’il essaie de se relancer avec cette espèce de série B dont on a l’impression qu’elle aurait pu être diffusée un jeudi soir sur TF1 (case réservée aux thrillers et téléfilms horrifiques soft, à ne pas confondre avec la case du samedi soir, réservée aux téléfilms DME d’Hollywood Night). Du coup il fait son boulot sans trop y injecter sa personnalité mais comme il est pas manchot, ça se regarde. C’est même plutôt malin : difficile d’en dire plus sans mega-spoiler-de-la-mort mais le film soulève des questions intéressantes, d’autant plus pertinente en ces temps incertains. Pas mal donc, voire pas mal du tout. Et puis j’aime bien ces films américains écrits par des auteurs dont l’anglais n’est pas la langue maternelle : ça ajoute toujours des petites bizarreries dans les dialogues que j’aime beaucoup (c’est également le cas dans les films de Guillermo Del Toro par exemple). Après, faut être capable d’accepter Emma Watson, sa peau de bébé et son teint de porcelaine, en paumée white trash.
Le talent de mes amis
A la fois rom-com, bromance, chronique générationnelle et satire de la vie de bureau, Le Talent de mes amis n’a pas les épaules ni le talent justement pour tout assumer. Mais si tout n’est pas irréprochable, chacun des aspects comporte ses petits moments de réussite. Par ailleurs, le film repose évidemment beaucoup sur l’alchimie du duo composé par Alex Lutz et Bruno Lopes (les Catherine et Liliane du Petit Journal) et elle n’est plus à prouver.
Le gros point positif est néanmoins incarné par le 3ème larron, Tom Dingler, également co-auteur des sketches des 2 commères de l’open space : il se voit attribuer le meilleur rôle et les meilleures répliques, le rôle le moins manichéen et le plus subtil en tout cas, et il l’interprète à merveille. A noter le petit rôle tenu par Jeanne Moreau qu’on avait pas vue à l’écran depuis un bail il me semble.

Jamais entre amis
Connasse
De la « connasse » aka Camille Cottin, je ne connaissais que quelques sketchs vus sur Canal ou Youtube. Et j’avais trouvé ça franchement naze et paresseux : marre de ces comiques pseudo-trash qui s’imaginent marcher sur les traces de Ricky Gervais, Sacha Baron Cohen ou Louis CK uniquement parce qu’ils tapent sur les vieux, les enfants, les handicapés. Et qui du coup, imbus de leur propre transgression, en oublient d’écrire des vannes. Bah, ils auraient tort de bosser davantage au fond puisque ça a l’air de plaire.
Bon, je suis quand même allé voir le film car c’était une période de creux dans les salles il me semble et parce qu’étrangement, la bande annonce m’avait fait sourire. Et j’ai été agréablement surpris : même si on peut regretter qu’elle soit « pilotée à distance » (elle dispose d’une oreillette à travers laquelle ses acolytes l’assistent en permanence) Camille Cottin m’a quand même semblé assez courageuse et dotée d’un certain panache. Surtout, on réalise qu’elle endosse son personnage avec une conviction qui force le respect, et qu’elle n’a pas peur du ridicule. Évidemment, même si le film est très court, ça ne tient pas vraiment la distance mais pour peu qu’on soit dans de bonnes dispositions, on passe un bon moment. C’est tout ce qu’on demande à ce type de film finalement.
Knock Knock
Apparemment, le film a soulevé un mini-débat aux Etats-Unis : film féministe ? Misogyne au contraire ? Subversif ? Réac ? Je crois surtout qu’Eli Roth, et nous avec, s’en fout complètement. Il s’amuse de ce renversement des codes du huis-clos horrifique, s’amuse de voir ces 2 poulettes torturer ce gros benêt de Keanu Reeves et si on prend le film pour ce qu’il est, à savoir une récréation horrifique maligne et alerte, un genre de Funny Games pour geeks, ça l’effectue correctement.
