Celles et ceux qui suivent régulièrement Grande remise savent que Jim Noir fait partie de mes chouchous, de mes musiciens contemporains favoris.
Il a sorti la semaine dernière son 4ème album, Finnish Line, dans l’indifférence quasi-générale : le « quasi » n’est dû qu’aux quelques échos retrouvés dans la presse spécialisée britannique. Et encore, ça reste très discret. Quand on tape « Jim Noir Finnish Line » dans Google, on obtient très très peu de réponses, c’est assez hallucinant (ouais ok, déformation professionnelle). Du coup, petit pochette merdique :
Mais encore une fois, je suis là pour tenter de réparer cette terrible injustice : Grande remise, le blog des causes perdues.
Alors déjà, il faut savoir que tu connais certainement Jim Noir sans en être conscient : il a en effet démarré sa carrière en trombe avec un 2ème single, Eanie Meany, qu’Adidas a utilisé pour son spot de pub durant la coupe du monde de foot 2006. Autant te dire que tu l’as entendue un paquet de fois :
Cette chanson, Eanie Meany, c’est à la fois son fardeau et son joyau : un titre dont il ne retrouvera jamais le « succès » mais qui résume à lui seul tout son art. Ludique, enfantin même, bricolé, joyeux et mélancolique à la fois, en un mot (évidemment), pop.
Ses 3 premiers albums sont peu ou prou issus du même moule : Jim Noir, de son vrai nom Alan Roberts, élégant slacker mancunien, dandy de la bricole sonore, enregistre seul chez lui des petites comptines pop electro-acoustiques, gentiment psyché, extrêmement mélodiques, d’une naïveté confondante.
Voici ce que je disais de lui dans mon top album 2012:
« Un de mes pitits chouchous, un des invités potentiels de mes soirées idéales: Jim Noir c’est l’Angleterre pleine de fantaisie, excentrique, élégante et insulaire dont la lignée débuterait avec Lewis Carroll et se poursuivrait avec les Kinks, le Magical Mystery Tour, les Small Faces, Le Prisonnier ou plus récemment Gruff Rhys. Un mec qui écrit des chansons sur le thé, sa maman ou sa vieille Ford Escort. Un mec bien. »
Je ne saurai dire mieux. Ce mec me touche profondément : plus le temps passe, plus je l’aime.
Son 4ème album, Finnish Line donc, se démarque un peu de ses prédécesseurs. Pas dans l’atmosphère et l’ambiance générale, plus britannique, enfantine et nostalgique que jamais. Dans la forme : nettement plus « classique » que ses 3 premiers albums, (guitare-basse-piano-batterie sur la majorité des titres) il délaisse quasiment le bricolage electro régressif, réduit ici à de simples petites touches.
Surtout, il est ouvertement référentiel, frisant clairement le pastiche, avec en ligne de mire les Beatles du White Album.
Ce qui sauve Finnish Line du vain exercice de style, c’est évidemment cette « atmosphère et ambiance générale » que j’évoquais un peu plus haut, de même que ces petites signatures mélodiques qui n’appartiennent qu’à lui aujourd’hui. Putain mais QUI aujourd’hui écrit des chansons aussi aimables, limpides et tendrement poignantes que Come and See? Finnish Line parlera à ceux qui connaissent déjà son travail mais la forme plus « classique » devrait également lui faire gagner une audience un peu plus large. J’espère vraiment qu’il va toucher davantage de gens avec ce disque même si je me fais pas trop d’illusions.
Enfin, c’est quand même tout le mal que je lui souhaite car si on considère que la Pop est ce pays mélancolique et joyeux qui tente de recréer la magie de l’enfance avec insouciance et innocence tout en sachant que c’est peine perdue, Jim Noir en est aujourd’hui un de ses plus dignes et brillants représentants.