#31 Flotation Toy Warning – Bluffer’s Guide to the Flight Deck

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Eh oui c’est fini le bon temps où ça causait foot, gel Vivelle Dop, sauterelle géante et poutre apparente sur Grande remise. Retour à la normale donc car on ne change pas une équipe qui fait match nul.

Voici ce que j’avais écrit à la sortie de cet album il y a 10 ans :

« Lorsqu’on se rend sur le site officiel des anglais de Flotation Toy Warning, il faut y regarder à 2 fois pour se persuader qu’on n’a pas échoué sur une annexe du museum d’histoire naturelle. C’est en effet dans la peau d’explorateurs du XIXème siècle que le groupe aime à se présenter, (fausse) biographie et (fausses) photos à l’appui. Outre               un amusant pied de nez, la démarche (qui rappelle un peu celle de Simian pour son premier album) fait véritablement figure de profession de foi pour une formation qui entend redonner à la pop un certain esprit aventureux, une grosse part de mystère, ainsi que de nouvelles lettres de noblesse. Au sens propre.

Car malgré son indéniable aspect expérimental, il se dégage de ce premier album une atmosphère désuète, un certain hiératisme fourbu, la sensation d’entendre à l’œuvre quelque aristocrates désenchantés et sur le déclin mais toujours debouts.
Si la nostalgie se taille la part du lion, c’est toujours en accord avec une certaine excentricité toute britannique (voir le chanteur d’opéra qui déboule en plein milieu de Losing Carolina, immédiatement relayé par une slide-guitar divine). D’où également ce parfum de Vieille Europe que leurs morceaux exhalent la plupart du temps, malgré d’évidentes influences états-uniennes : on a beaucoup cité, et à raison, Mercury Rev, Grandaddy ou les Flaming Lips à leur propos. Ces longues chansons majestueuses (souvent 7-8 minutes) ne sont également pas sans rappeler celles de Polyphonic Spree. Mais alors un Polyphonic Spree qui aurait égaré son Prozac, dérivant entre l’Amérique et le vieux continent sur un radeau de fortune.
Attention, ne pas croire pour autant d’après cette comparaison que Flotation Toy Warning évolue dans une bulle dépressive/primante : ce qu’il donne à entendre est le son d’un groupe extrêmement mélancolique (ces rythmiques mollassonnes et métronimiques, ces arrangements comme sortis d’une vieille malle mirifique), mais toujours ludique, éminemment joueur, jamais avare d’un coq à l’âne ou d’une quelconque cocasserie.

D’une grande richesse émotionnelle grâce notamment à des chœurs, cordes et cuivres renversants (ou plutôt « chavirants » vu le contexte très fortement aquatique dans lequel le groupe nous fait évoluer…), les indépassables Popstar Reaching Oblivion ou Donald Pleasance sont un peu les titres que Radiohead aurait pu un jour composer s’il avait décidé d’écouter son cœur plutôt que son cerveau. En mille fois mieux. Flotation Toy Warning est tout bonnement le groupe le plus sentimental, poétique et mystérieux que la pop nous ait offert depuis des lustres. »

Je pensais enrichir cette chronique voire la corriger mais en fait non, je suis d’accord avec ce que j’ai écrit à l’époque (je suis souvent d’accord avec moi mais là n’est pas le sujet. Pour info, je me fais également beaucoup rire).
Le groupe n’a toujours pas donné suite à ce disque et quelque part, ça fait tellement longtemps maintenant que j’aimerais qu’ils en restent là. Un diamant noir et puis s’en vont. La classe.

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