Je suis passé à côté de ce disque et de ce groupe pendant un moment. C’est con quand même vu ce qu’il représente pour moi aujourd’hui…
A l’époque de la sortie de cet album, je commençais à m’ « ouvrir » à d’autre univers musicaux (il était temps…). J’écoutais de plus en plus de folk et de country, de pop late 60’s, un peu de soul, un chouïa d’electro (pardon, pas de l’electro: du trip-hop.).
Ce que je lisais sur B&S ne m’attirait pas. Il ressortait des différents articles qui leur étaient consacrés l’image d’un groupe caricatural, de quasi-autistes un peu versés dans les bondieuseries, d’ayatollahs de l’indie-pop touche-pipi etc. Moi je commençais à être à fond dans Beck, Ween et Johnny Cash donc bon…
Un an plus tard peu ou prou j’ai même reçu The Boy with the Arab Strap qu’on m’avait demandé de chroniquer. Et puis finalement non, la chronique n’était apparemment plus d’actualité : je n’avais toujours pas écouté le disque, du coup je l’ai laissé dormir sur une étagère…
Mais c’est une chronique de cet album qui m’a convaincu : l’excellent Stéphane Deschamps des Inrocks y disait en substance qu’on parle toujours des disques qu’on emporterait sur une île déserte mais que les membres de B&S eux, n’en emporteraient aucun puisqu’ils la jouaient cette musique d’île déserte. Ca m’a plu, du coup j’ai écouté et là évidemment, c’est devenu illico un de mes groupes fétiches.
Rétrospectivement, on réalise à quel point cet album est… parfait. De la première à la dernière seconde, de A à Z, il semble pensé, conçu, écrit, interprété en sachant en permanence quel résultat obtenir et comment l’obtenir.
On constate également qu’il marque un tournant dans la carrière du groupe, la fin d’un époque (déjà, après seulement 2 albums.). Après ... Sinister, Stuart Murdoch lâche du lest, permet à ses acolytes d’écrire et/ou interpréter certains titres. Les albums du groupe se diversifient un peu, peu à peu, et ne sont plus exclusivement des ouvrages de folk-pop late 60’s (pour résumer).
Beaucoup regrettent ce qui est généralement et sans doute à raison considéré comme l’âge d’or du groupe mais pas moi.
J’aime la façon dont le groupe a évolué, en s’ouvrant de plus en plus vers l’extérieur (essentiellement la blue eyed soul), tout en restant fidèle à ses manies de vieux garçons/vieille fille.
Tous ses albums consécutifs contiennent au moins une ou deux compositions mémorables et estomaquantes. Sur The Boy with the Arab Strap, le titre éponyme bien sûr ou Seymour Stein, premier sublime enregistrement du guitariste Stevie Jackson auquel Jack Black a rendu un vibrant hommage. Sur Fold Your Hands…, The Model ou The Wrong Girl. Sur Dear Catastrophe Waitress, peut-être celui que je préfère avec …Sinister, I’m a Cuckoo, Wrapped Up in Books. Sur The Life Pursuit, Another Sunny Day, sur le dernier, I Didn’t See It Coming. Bon, je pourrais en citer une bonne vingtaine.
Je dirai en guise de conclusion que Belle & Sebastian fait partie de ces rares groupes/artistes qui n’ont selon moi jamais publié une seule mauvaise chanson.