Je vais pas y aller par 4 chemins : à l’époque, A.S Dragon n’est pas seulement le meilleur groupe de rock français, il est avant tout le seul. De tous les temps. Ecoute le live Bertrand Burgalat meets A.S Dragon et essaie de me prouver le contraire : impossib.

Je n’ai vu le groupe qu’une fois sur scène, en tant que backing band de Michel Houellebecq : je me souviens autant de la transe hallucinée/ante d’un Michou transpirant dans sa parka que de ce groupe super précis, à la dégaine d’enfer, bastonnant ses instruments avec un détachement classieux et délivrant une espèce de heavy soul late sixties souple et puissante tout simplement sans précédent dans l’Hexagone. Le contraste entre les chansons pop de Burgalat ou les textes de Houellebecq et leur interprétation à la fois sensuelle et dangereuse par le groupe fonctionnait à merveille. Ca serait d’ailleurs une très bonne définition du rock (ou de la subversion, c’est pareil) selon moi: des chansons d’angelots interprétées par des mecs un peu chelou. Lorsque le groupe joue ses propres compositions, plus traditionnelles, moins inspirées il faut bien l’avouer, de manière là aussi plus traditionnelle et généralement plus rentre-dedans, le résultat est nettement moins intéressant. Plus prévisible en tout cas.
Le groupe bénéficiait alors de l’apport de Peter Von Poehl à la guitare rythmique et de Fred Jimenez à la basse : le premier s’est lancé dans une honorable carrière solo, la second a revigoré (et pas qu’un peu !) la carrière ronronnante de Jean-Oui Murat. Il a également sorti un charmant album solo. Depuis leur départ en tout cas, c’est plus pareil.
J’ai eu beau chercher les infos, j’ignore exactement qui joue sur leur reprise d’ Easy Tiger de Depeche Mode mais j’aime à croire qu’il s’agit de cette mouture là, celle qui accompagnait Houellebecq sur scène et qui était présentée par Bertrand sur le live dont je parle plus haut :
Batterie : Hervé Bouétard
Basse : Fred Jimenez
Claviers : Mickael Garçon (et Bertrand bien sûr)
Guitares : Peter Von Poehl et Stéphane Salvi
Sauf que problème, j’entends qu’une guitare sur Easy Tiger… Salvi je pense…
Non mais c’est important, j’aimerais bien savoir moi ! Parce qu’Easy Tiger nom de Dieu… Ce morceau me rend dingue, littéralement : j’y reviens régulièrement depuis que je l’ai découvert il y a quelques années et quand j’y reviens, c’est pas pour rien : plusieurs écoutes par jour, pendant plusieurs jours. Je le connais par cœur évidemment : l’intro sépulcrale, l’arrivée cool et menaçante à la fois, en mode James Bond, de la basse sinueuse et dandy, puis avec la batterie aux breaks as if there was no tomorrow, la mise en place d’une rythmique DE DINGUE, répétitive et groovy; c’est elle qui donne vie à Easy Tiger, qui apporte sa véritable pulsation à un morceau à la base plutôt minimaliste, voire famélique ; suivent les inévitables chœurs éthérés et le petit clavier « spécial Bertrand ».
Tout ça c’est déjà super mais la grande affaire d’Easy Tiger c’est la guitare : monomaniaque, maniaque tout court, acérée, vicieuse, elle est la coupe au bol de Brian Jones, les costards cintrés des Small Faces, la morgue des Yardbirds, en un mot, la classe à l’état pur. C’est sans doute ma partie de guitare préférée… Sachant évidemment qu’en tant que fan de pop, les parties de guitare hein… Mais quand même, mais quand même… Ca fait en tout cas d’Easy Tiger mon number 1 du top des chansons qui me rendent dingue (si t’as un peu suivi, t’en connais 3 autres).