El Reino – critique

Manuel López-Vidal est un homme politique influent dans sa région. Alors qu’il doit entrer à la direction nationale de son parti, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption qui menace un de ses amis les plus proches. Pris au piège, il plonge dans un engrenage infernal… (Allociné)

El Reino fait partie de ces films tellement limpides et transparents, qu’ils n’offrent que peu de prise à la critique ou à l’analyse. Ca pourrait être une critique justement, mais non : j’aime bien quand un film est clair dans ses intentions, dans son exécution, son discours et quand celui-ci est digne d’intérêt, eh bien bravo tout simplement.
Donc, et comme on peut le lire dans tous les papiers au sujet du film, El Reino raconte, façon thriller, la chute d’un secrétaire de parti avec le vent en poupe, dont le rôle dans une affaire de corruption va révéler une gangrène endémique et nationale.

Avec sa tronche de mec lambda un peu faux-derche qu’on sent prêt à vendre sa famille pour 3 churros et 2 chorizos, Antonio de la Torre est parfait dans ce rôle.

La chute de Manuel López-Vidal, sa course contre la montre pour, d’abord passer entre les gouttes puis, devant l’ampleur de ce à quoi il s’expose, ne pas tomber tout seul, est traitée précisément comme telle : une course contre la montre, effrénée, haletante. Personnages/caméra en mouvement perpétuel, montage cut, musique proto-techno omniprésente (un peu trop à mon goût mais c’est un vrai choix de mise en scène, parfaitement justifié). C’est d’une cohérence et d’une rigueur scientifiques.

2 points ont particulièrement attiré mon attention : on ne sait jamais ni de quel parti il s’agit, ni dans quelle ville/région l’action se situe (même si une scène dans le dernier quart laisse penser qu’il s’agit de Saragosse et de l’Aragon) : le but de Rodrigo Sorogoyen (déjà réalisateur du très bon polar Que dios nos perdone en 2017) est de dénoncer la Corruption avec un grand C, dans quelque parti que ce soit, à quelque niveau que ce soit. Non parce qu’évidemment, tout cela est basé sur des faits réels : ces dernières années, les scandales de corruption ont éclaboussé la vie politique espagnole presque quotidiennement.

Le personnage/acteur à droite est génial aussi, une tronche et une gouaille de malade.

Le 2ème point concerne la distance de l’auteur vis à vis de son personnage principal : trop éloigné, Sorogoyen (réalisateur et auteur du scénario) le condamnerait sans ambages et ça serait pas très intéressant (puisqu’on sait dès le début que le mec est un ripou, pas la peine d’insister); trop proche, il l’humaniserait, il nous ferait entrer en empathie avec lui, avec un sale type. Or, ici, il me semble qu’on est toujours à bonne distance: bien sûr, on ressent de l’excitation lorsque López-Vidal cherche les preuves, les bonnes personnes etc, que le temps presse, mais uniquement parce que nous sommes emportés par le maelstrom de ses actions et par le mouvement de la mise en scène, pas parce qu’il est le héros auquel on s’identifie.

J’ai d’abord eu une grosse réserve sur la toute fin. Difficile d’en parler sans spoiler mais j’ai pensé que Sorogoyen avait dépassé les bornes, franchi le Rubicon de la démagogie. Mais non, je ne crois pas : dans une séquence aussi virtuose que prenante (difficile d’en parler etc), il finit par abattre le 4ème mur pour nous donner son opinion sur le sujet qu’il a traité, tout en donnant une voix à ses spectateurs.

J’ai également vu Simetierre dont je vais dire quelques mots rapido car ça mérite pas un billet à part entière : c’est pas impérissable mais ça remplit son office et même un peu plus. Intrigue bien ramassée, rythme soutenu sans frénésie et surtout un petit goût de transgression (les enfants…) qui fait bien plaisir ma foi. Quelques jump scares superflus, c’est dommage. C’est vraiment LE fléau des films d’horreur contemporains les jump scares.

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