Un couple voit sa relation remise en question par l’arrivée d’invités imprévus, perturbant leur tranquillité. (Allociné)
Je situe Darren Aronofsky au même niveau que David Fincher, Christopher Nolan ou Luc Besson: le plus bas. Pour situer.
Et pourtant j’avais bien envie de le voir ce film: je dois avouer que la bande-annonce m’a intrigué et que les visuels hommages à Rosemary’s Baby aka le film qui m’a le plus terrifié de ma vie, m’ont également attiré. Je tiens Aronofsky pour une tâche mais je le pense quand même pas assez con pour ne pas sciemment et avec un but bien précis citer ainsi le chef d’oeuvre de Polanski.
Et de fait, il le cite oui. Tout comme il cite Répulsion, Le Locataire pourquoi pas. J’ai pourtant surtout pensé à La Vénus à la fourrure, cet auto-portrait à peine déguisé (?) de Polanski (sous les traits de Mathieu Amalric) et de sa relation avec Emmanuelle Seigner, qui interprétait son propre rôle (?).
Du coup dans Mother! c’est Jennifer Lawrence – plaquiste, compagne d’Aronofsky à la ville, qui s’y colle, Javier Bardem jouant le rôle d’un écrivain à succès en panne d’inspiration (très bien tous les deux). SI VOUS VOYEZ OU ON VEUT EN VENIR. Je vais m’arrêter là même si j’en ai déjà trop dit en réalité.

Evidemment, j’imagine que ça s’excite pas mal chez les geeks ou les critiques sur le mode « rhalala bonjour l’image qu’il donne de son couple avec Jennifer Lawrence – démolition / ravalement de façade / gros oeuvre ». Pourtant c’est clairement pas ce qu’il y a de plus intéressant dans le film.
Non, ce qui est vraiment réussi dans Mother! c’est tout le volet home invasion. Le home invasion, c’est un sous-genre du film d’horreur et dans lequel, comme le nom l’indique, des étrangers s’incrustent chez des gens bien tranquilles pour manger la dernière part de pizza, poser les pieds sur la table basse, finir le rouleau de papier toilette et ne pas le remplacer, bref, mettre un beau bordel. Dernièrement par exemple, Knock Knock d’Eli Roth avec Keanu Reeves était pas mal. Là dessus, Mother! est même assez irréprochable puisque le crescendo est implacable et qu’on souffre, littéralement, en voyant ce que subit le personnage interprété par la pauvre Jennifer Lawrence – charpente / ébénisterie / menuiserie.

Je parle de « crescendo » mais c’est plus que ça puisque le film explose tout en vérité: c’est davantage que de la surenchère, il y a dans Mother! un sens du grotesque totalement assumé et je dois bien l’avouer, assez réjouissant.
Le problème c’est qu’Aronofsky, à l’image de Nolan, Fincher ou Alfonso Cuaron avec Gravity par exemple, se prend pour un penseur. Bon, lui il se prend même carrément pour Dieu, ni plus ni moins, et ses films sont le Messie donc faut pouvoir se coltiner avec ça. Et le problème c’est que lui et ses petits copains n’ont pas les épaules. D’ailleurs c’est pas un hasard si Nolan a réussi son meilleur film avec Dunkerque, qui est son film le plus direct, celui dans lequel il ne se sent pas obligé de nous asséner ses théories philosophico-existentialistes à 2 balles. Mother! aurait pu, aurait dû lui aussi en rester à son « simple » volet tapageur mais sa conclusion, après le grotesque jouissif de la partie home invasion, devient grotesque tout court. Ridicule. Je suis pas contre le symbolisme, pourquoi pas mais putain la lourdeur du mec…
Au bout du compte, quand le film se termine et qu’on repense à ce qu’on vient de voir (oh pas bien longtemps : le film s’oublie très vite), on se dit qu’on a trouvé ça pas mal, que ça a le mérite d’aller jusqu’au bout de ses idées, que ça a un certain panache même mais la conclusion est sans appel : tout ça manque cruellement d’intelligence.