Top albums 2016 – 1ère partie

Le SuperHomard – Maple key / The High Llamas – Here come the rattling trees / Mehdi Zannad – L’architecte de Saint-Gaudens

Ce ne sont pas des albums à proprement parler mais je tenais à les faire figurer dans mon récapitulatif car ils font partie de ce que j’ai entendu de mieux cette année. Je les préfère même à bon nombre des albums de la sélection qui suit.

le-super-homard-maple-keyC’est un album celui-ci en réalité mais il est tellement court (8 morceaux, 23 minutes) que j’ai du mal à l’envisager comme tel. Il s’agit d’un groupe français qu’on pourrait qualifier de rétro-futuristico-sunshine pop, marchant ouvertement sur les talons plein de sable californien des High Llamas. On songe aussi à Stereolab, à Mehdi Zannad / Fugu, au projet Discover d’Olivier Brion il y a quelques années. C’est donc la bo de l’endless summer, c’est granderemisesque à mort, c’est superbe et j’attends impatiemment la suite.

 

the-high-llamas-here-comeLes maîtres donc, et modèles du SuperHomard, pour ce qui n’est pas véritablement un nouvel album puisqu’il s’agit de petites pièces enregistrées pour soutenir une performance théâtrale. Très court lui aussi (à peine 25 minutes), il voit le groupe effectuer un étonnant virage à 180° vers ce qui ressemble parfois à s’y méprendre à du death metal. Hihi, c’est rigolo non? (« Non. »). OK, c’est évidemment du pur High Llamas, c’est à dire une fragile petite bulle de délicatesse et de raffinement.

 

a0476706980_10Encore plus court (5 titres, 15 minutes), la bo du film L’architecte de Saint Gaudens confirme ce que l’on sait depuis les séminaux Fugu 1, As Found ou Fugue : Mehdi Zannad aka Fugu plane très très haut au dessus de la mêlée pop française, se permettant même une petite embardée glitter aussi étonnante que réjouissante. 5 titres de plus et c’était la première place direct, sans même y réfléchir. Mehdi Zannad semble aujourd’hui et de plus en plus se consacrer à son activité d’architecte et dessinateur; j’espère sincèrement qu’il continuera à jouer et enregistrer, ça serait un crève-coeur qu’il laisse la musique de côté et qu’un tel talent reste inexploité. A noter que cet objet-ci réuni ses 2 talents justement (la musique et le dessin) puisqu’au verso du vinyle figure une gravure de la fascinante et odorante usine de papier de Saint Gaudens ornant la pochette.

20 La Femme – Mystère

lafemme1mystC’est bancal, inégal, beaucoup trop long, prévisible dans ses postures provoc (Mycose, sans déconner…) mais y a une poignée de chansons formidables et une énergie assez réjouissante. Bien drivé/produit, La Femme pourrait devenir excellent. En l’état, ça frise quand même la crise d’adolescence permanente. C’est (aussi) ce qui fait leur charme mais ça peut légitimement fatiguer.

19 Car Seat Headrest – Teens of Denial

a2165492760_10L’album d’indie guitar pop de l’année. Pas grand chose à dire de plus, ça n’invente rien, ça évoque plein de trucs (Pixies, Strokes, toute la power pop la plus musclée des années 90) mais c’est très bien écrit, hyper énergique et hyper accrocheur.

18 King Gizzard and the Lizard Wizard – Nonagon Infinity

a1566708845_16Garage rock fou furieux venu d’Australie. Dès le premier morceau, on comprend que les mecs sont pas là pour beurrer les tartines : y en a 9 comme ça, qui s’enchaînent sans temps mort ni transition, durant 41 minutes furibardes, aussi punk que droguées. Hyper jouissif.

17 Steve Gunn – Eyes on the lines

ole-1090_stevegunn_eyesonthelines_copy_2_1466070967Alors c’est évidemment très bien, et Steve Gunn (qui, déjà, s’appelle « Steve Gunn » et ça vous pose un homme) parvient à créer, à partir d’une base folk (pour faire court) un flot guitaristique et une pâte psychédélique hyper séduisants (un peu dans la veine d’un Kurt Vile, pour faire court là aussi). Mais si la dynamique est belle et efficace, je trouve qu’elle vire un peu trop au systématisme, voire à la formule. Mais c’est très bien, très subtil, à la fois cérébral, intuitif.

16 Cate Le Bon – Crab Day

cate_le_bonL’une des marottes de Grande remise. Après son album le plus accessible (Mug Museum), Cate Le Bon livre son disque le plus mal-aimable : le même que les précédents mais moins immédiat, moins « joli ». Je me répète mais cette fille a un talent et une voix (au sens propre comme au sens figuré) vraiment singuliers, il faut l’écouter !

15 M83 – Junk

5ed0c785Allez hop, fini les guitares, tout à fait autre chose. Junk c’est parfois/souvent n’importe quoi, et d’un mauvais goût réjouissant/insupportable suivant où l’on situe le curseur de son seuil de tolérance. Moi-même, qui suis pourtant pas une flipette je te prie de croire, j’ai du mal à aller jusqu’au bout. Mais y a quelques morceaux vraiment formidables et je salue la démarche qui va bien au-delà du ouais-trop-cool-c’est-hyper-kitchos. Ca me rappelle cette scène au début de Ghost World, un de mes films de chevet : un orchestre ultra-ringard, caricature de soft rock 80s, joue pour le bal du lycée. Scarlett Johnasson les trouve tellement nuls que selon elle, ils en deviennent bons. Thora Birch, toujours plus clairvoyante, rétorque qu’ils sont mauvais au point d’être presque cool mais qu’ils n’ont pas su s’arrêter au bon moment donc ils sont juste mauvais. M83 lui, serait ce groupe et Junk cet album allant encore plus loin dans le radicalisme cheesy et qui serait donc parfois sublime. Parfois à côté de la plaque aussi, il faut bien l’avouer mais ça par exemple, c’est parmi les trucs les plus émouvants que j’ai entendu cette année :

Pour être honnête, ça aurait même plutôt tendance à me bouleverser.

14 Sébastien Tellier – BOF Marie et les naufragés

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L’un des héros de Grande remise. Il semble avoir sa petite routine le Séb : un album, une tournée, une bo, un album, une tournée, une bo etc. Ces dernières sont souvent tout aussi passionnantes car s’il aime à se renouveler sur ses « véritables » albums, sur les bo, il donne à entendre du pur Tellier, ou en tout cas ce qu’on s’imagine être du pur Tellier (sur la bo de Narco ou sur Confections). C’est donc le cas ici également, dans un registre plus electro et plus modeste. Le film est très chouette également, j’y reviendrai dans mon récap cinéma.

13 The Last Shadow Puppets – Everything You’ve Come to Expect

the_last_shadow_puppets_-_everything_youve_come_to_expectEn termes de production, de compositions, d’arrangements, c’est superbe. Soyeux, luxuriant, superbe. Surtout, les 2 gars (Alex Turner des Arctic Monkeys et Miles Kane de… Miles Kane), ont eu l’intelligence de ne pas photocopier le pourtant merveilleux premier album, en déportant cette fois son centre de gravité dans les 70s soul, substituant également l’esprit de la Californie à celui du Vieux continent. Après, y a quand même un truc qui me gêne beaucoup dans cet album et dont je n’arrive pas à faire abstraction. Je vais citer la chronique de Pitchfork qui le résume très bien à mon sens : « it makes very clear that frontmen Alex Turner and Miles Kane are sexy men with sexy lives having lots of sexy sex with their sexy girlfriends ». En d’autres termes : le côté lascif-tombeur de ces dames, n’est pas qu’une posture, une mise en scène, un jeu auquel ils jouent, les mecs y croient vraiment. Ce qui vaut des paroles au mieux maladroites, au pire d’un sexisme assez dérangeant. Qui me dérange en tout cas. ExcÛse moi de savoir parler anglais. Mais si on met ça de côté, c’est assez magistral évidemment.

12 Paul Winslow – Tears behind the stars

a3643006391_10J’ai pas très bien compris la genèse de cet album : il me semble qu’il a d’abord vu le jour sur Bandcamp dans une version extended, puis qu’il a été raccourci pour la sortie physique sur Gonzaï records cet automne, alors que dans l’intervalle sortait, toujours sur Bandcamp, un nouvel album intitulé Sueño Playa. Bon, OSEF, ce qui compte c’est évidemment le résultat et son excellence. Sorte de Jim Noir parisien, Paul Winslow compose, joue, interprète et enregistre seul des vignettes pop réminiscentes des années fastes (66-73, en gros). Le genre de type à vénérer Harry Nilsson, Curt Boettcher et à s’évanouir lorsqu’on lui présente Todd Rundgren. Le genre de type que Grande remise accueille à bras ouverts.

11 Teenage Fanclub – Here

teenage-fanclub-hereEncore des héros de ce blog. 45 minutes, 12 titres, autour de 4 minutes chacun, couplet-refrain-couplet-refrain-pont-refrain, basse-batterie-2 guitares, un petit clavier ici ou là, des mélodies, des harmonies, des solos concis : Here est un petit manuel de survie pop à l’usage des jeunes générations. Ah ça évidemment, ça n’invente pas grand-chose… Mais des titres tels que The darkest part of the night ou The first sight font encore mieux : ils aident à mieux supporter une sale journée ou une sale nouvelle. A mieux vivre. Ca fait 25 ans que les chansons de Teenage Fanclub m’aident à mieux vivre alors bon, le renouvellement hein…
J’allais dire que c’est leur meilleur album depuis Songs from Northern Britain mais on s’en fout un peu : à un tel niveau d’excellence et de régularité (de régularité dans l’excellence), on peut dire qu’il s’agit du meilleur Teenage Fanclub depuis le dernier, et jusqu’au prochain.

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