Oh Brothers ! – critique

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Je suis déception.
Je suis frustration.
Je suis limite colère.

Je vais pas y aller par 4 chemins : Oh Brothers ! de Marc Cerisuelo et Claire Debru est nul. Sans intérêt en tout cas et j’en suis le premier surpris. Chouette éditeur, belle collection, auteurs compétents : j’étais certain d’y trouver mon compte d’autant que je cherchais un bon bouquin sur les Coen depuis un moment.

Qu’est-ce qui ne va pas alors ?

Première surprise : de langage cinématographique il n’est pratiquement jamais question. Dans un bouquin consacré à des cinéastes aussi formalistes que les Coen (voire « maniéristes » pour leurs détracteurs), c’est surprenant et un peu dommage mais soit, c’était en quelque sorte annoncé d’emblée.
Les auteurs prennent en effet pour postulat que les Coen sont de grands cinéastes américains populaires, au sens où leur oeuvre s’inscrit en référence aux grandes figures de la culture populaire américaine. Et qu’ils en sont par conséquent eux-mêmes parmi les plus dignes représentants actuels. OK, pourquoi pas. Sauf que le plus souvent, Cerisuelo et Debru se contentent de dénicher les références, souvent obscures et tordues certes, qui président à certaines scènes, personnages ou lieux dans chaque film. Ca contextualise, ça décrypte mais ça ne fait que citer et ça se rapproche du catalogue au final.

Peu, très peu d’idées fortes rejaillissent. Au détour d’un chapitre (le bouquin est construit suivant le principe d’un chapitre par film, dans l’ordre chronologique), les auteurs prennent soin de rejeter l’étiquette de « postmodernes » souvent accolée aux cinéastes, au profit de celle de « postclassiques ». Pourquoi pas là encore, ça semble même intéressant mais d’analyse ou d’explication à ce sujet, que dalle. Dans les pages consacrées à The Barber, ils relèvent le montage du film, très godardien, voire « renaisien », avec en sus les longs travellings avant à la Marienbad et puis… ils se mettent à raconter le film, tout simplement. Vraiment frustrant…

C’est bien ça le pire : on a trop souvent à faire à des pages qui s’apparentent à de la simple paraphrase. Le chapitre consacré à Burn After Reading est à ce titre proprement édifiant. Les auteurs expliquent purement et simplement ce que font les personnages, ce que tout un chacun a pu voir (le scénario et la psychologie des protagonistes n’est pourtant pas d’une profondeur folle…) :  ils racontent le film avec force détails, encore. Damned.

J’arrête là, je ne pourrais moi aussi que paraphraser ou citer le bouquin inutilement. Encore une fois, je suis très déçu. Je l’ai d’ailleurs déjà mis en vente.

Le point positif c’est qu’il m’aura fourni l’occasion de revoir et reconsidérer certains films que je n’avais pas visionnés depuis longtemps.
Leur tout premier, Sang pour sang, m’est ainsi apparu comme incroyablement mollasson et prétentieux alors que je l’ai longtemps tenu pour un modèle de film noir. De même, Arizona Junior, qui m’avait là aussi grandement impressionné quand je l’avais vu pour la 1ère fois, m’a paru souffrir d’un rythme quasiment arthritique (c’est fâcheux quand le qualificatif de « cartoonesque » lui est souvent appliqué).

Miller’s Crossing en revanche, toujours aussi magistral et surtout beaucoup plus drôle et moins guindé que l’impression que j’en avais gardé. Ladykillers mauvais mais pas autant que dans mon souvenir. Surtout, sa bo, pendant gospel à celle folk et country de O Brother, est absolument superbe. Burn After Reading très anecdotique mais également très plaisant (parfaitement conforme à ce que j’en avais pensé à sa sortie) : une récréation, une potacherie inconséquente certes mais rondement menée et c’est déjà beaucoup. The Barber : sublime, vraiment, un des sommets Coeniens pour la forme, les thèmes abordés, l’ambiance proposée, les références convoquées (l’univers du romancier James Cain auteur notamment du Facteur sonne toujours deux fois et Mildred Pierce).

La grosse surprise est venue du Grand saut, le seul Coen bros que je n’avais jamais vu. J’ai toujours pensé, suivant la ligne du parti, que c’était un énorme ratage : eh bien pas du tout, c’est une excellente comédie, parfaitement écrite et réalisée, très drôle et surtout (c’est là la vraie surprise), très touchante. Un bémol concernant l’interprétation des 2 acteurs principaux, notamment Jennifer Jason Leigh mais sinon c’est vraiment un super film, décrié à tort. C’est un des préférés des auteurs d’ O Brothers !  qui mettent un point d’honneur à le réhabiliter : ils y parviennent, je dois bien leur accorder celà. Mais c’est bien tout.

Donc, de façon générale, en définitive et très globalement
Oh Brothers ! de Marc Cerisuelo et Claire Debru : une lecture très dispensable pour ne pas dire plus
– Les films des frères Coen : à voir et à revoir sans aucunes réserves ou presque.

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