Je suis venu à Will Oldham un peu sur le tard. D’abord très parcimonieusement, avant d’augmenter les doses petits à petits, jusqu’à finalement considérer ce type comme une espèce de monstre sacré. Lentement mais sûrement, le meilleur moyen de trouver un compagnon de route durable.
Je le prenais d’abord pour un monstre tout court : ses disques me foutaient purement et simplement la trouille (tout comme ceux de Bill Callahan d’ailleurs, avant qu’il ne devienne lui aussi un de mes héros). Trop rêches, trop malades. Et puis merde, il est flippant ce mec…
Atel point que c’est le type même de musicien qui me fascine de manière extrêmement triviale et prosaïque (mon côté Voici) : quel est son quotidien ? Il regarde beaucoup la télé ? Il a une femme ? Des enfants ? Il fait quoi quand il fait pas de musique ? Il aime le sport? Ce genre de questions. Que je résumerai par la seule: comment vit-on quand on fait partie des quelques rares personnes sur terre capable de créer une si belle chose ? Ca me fascine… Il écrit des paroles fantastiques, une musique sublime mais il a l’air tellement hors du monde que c’est ce à quoi je finis par penser lorsque je l’écoute : pour moi ce mec est encore plus irréel que Bowie-Ziggy pouvait l’être pour les gens l’ayant connu à l’époque.
Toujours est-il qu’en adoptant son identité de Bonnie « Prince » Billy après des débuts moyennement lolilol avec Palace, Will Oldham s’est peu à peu mis à faire un truc insensé dont on le pensait tout bonnement incapable. Un truc complètement dingue : il s’est mis à chanter. De terrorisante (au bon sens du terme néanmoins), sa musique s’est mise à sonner comme de la musique. Enchaîner ses premiers enregistrements et ce qu’il écrit actuellement ne manque pas de piquant : le grain est toujours là bien sûr mais pour le reste…
C’est donc Lie Down in the Light, sans doute l’album non pas de la maturité (c’te blague) mais celui de la plénitude, comme son titre le suggère. J’adore également les 2 suivants (Beware et Wolfroy Goes to Town) ainsi que son album avec le Cairo Gang (je l’aime vraiment beaucoup celui-là). Et celui avec Trembling Bells. Sans oublier son album de reprises des Everly Brothers sorti cette année. Tout ce qui précède aussi bien sûr même si je trouve que ça manque parfois un peu de recul. M’enfin, TOUT ce que ce mec enregistre est, au minimum, bon.
Et pour revenir au parallèle avec Bill Callahan, j’adore la façon dont tous les 2 ont évolué, incarnant au bout du compte 2 figures totales de l’Americana. Avec le premier qui recherche, et atteint, une forme d’élévation et de grâce… par l’élévation justement, et le second qui semble de plus en plus terrien, lesté par le poids de sa condition.
Mais je reviendrai sur Billou un peu plus loin.