L’Angleterre

Sur Grande remise, on aime les States. On kiffe l’esprit Calif’. On porte fièrement ses chemises de cowboys. On slamme sur le canapé du salon lorsque retentit l’intro de Cinnamon Girl ou de Fortunate Son. N’en déplaise aux ronds de cuir et à la bien-pensance: vous ne bâillonnerez pas la libre parole.

Mais on aime aussi l’Union Jack, les fish & chips et la Strongbow nom de Dieu ! C’est même là que tout a commencé.

Aujourd’hui je vais donc te parler de 2 artistes britons qui me tiennent particulièrement à cœur.

Richard Hawley a publié cette année un album qui comme à chacune de ses nouvelles sorties, m’a donné l’occasion de me replonger avec délice dans sa discographie. Une discographie qui sent bon le graillon du Brighton pier ou des pubs à 2 balles de Blackpool. Richard Hawley y a pratiquement grandi dans ses pubs là : son père, et même son grand-père il me semble, étaient déjà des musiciens pro ou semi-pro, aguerris au difficile public familial, prolo et volontiers imbibé des gargottes de Sheffield.

Fockin’ nice cover mate

Il a repris le flambeau et ses références sont pour la grande majorité à aller chercher du côté d’Elvis, de Johnny Cash, de Ricky Nelson. Mais le résultat a ce je-ne-sais-quoi de profondément britannique : peut-être est-ce dû à son accent, à cette indécrottable mélancolie, à cette esthétique de loser magnifique… A ce superbe look de Teddy Boy aussi certainement.

Son dernier album est assez moyennasse, il faut dire ce qui est. Il sonne très britpop 90s, un peu daté donc si on est gentil mais je suis pas ici pour être gentil, vas-y tu crois quoi toi? Alors je préfère dire largué. Disons que si jusqu’ici il excellait à enregistrer des chansons de vieux qu’il parait d’une fraîcheur et d’une intensité incroyables, il a ici commis un disque de jeune qui sonne un peu passé… Pas catastrophique non plus, voire pas désagréable selon son humeur mais en tout cas le plus faible de sa discographie.

– Il est comment le dernier Richard Hawley?
– Moyen.

Parce que le reste mon vieux… Je me suis notamment replongé dans ses 2 premiers: de parfaits compagnons de fin de soirée (il doit être techniquement impossible d’écouter ses chansons en plein jour, je veux dire, faudrait que j’essaie mais je suis sûr et certain que le lecteur bugguerait), de solitude et de cœur qui saigne, d’une simplicité et d’une pureté désarmantes. Bon, Richard Hawley, je l’adore, pas la peine d’en faire des tartines: t’écoutes ça, tu chiales, tu réécoutes, tu rechiales, et toutes ces sortes de choses, l’affaire est pliée.

Quand on entend pour la première fois Neville Skelly, on pense immédiatement à lui: même timbre du mec-qui-a-bu-un-peu-trop-de-single-malt, même classe désuète du mec qui-a-un-portable-mais-depuis-2-mois-à-peine-de-toutes-façons-je-m’en-sers-jamais, même mine fatiguée du mec-qui-s’est-fait-larguer-un-peu-trop-souvent-d’ailleurs-c’est-toujours-lui-qui-se-fait-larguer.

Les tartines de Neville Skelly tombent toujours côté confiture.

Avant ce disque miraculeux, il était même chanteur de doo-wop je crois, ou un truc du genre, c’est dire s’il s’en cogne du prochain Autechre. Mais là où Hawley regarde les fifties dans les yeux, lui se réfère à la décennie suivante (oui, les sixties, c’est bon, la ramène pas, c’était pas bien compliqué). Il est logiquement davantage marqué par le folk et la pop que par le rock’n’roll. Pour pas qu’il y ait de doutes, il reprend Phil Ochs, Jackson C. Frank et les Beatles, 2 fois pour ces derniers.

Surtout, surtout, ô miracle, ô grâce céleste, il a eu le bon goût, le génie même, de se faire accompagner, et de se faire écrire quelques chansons par les membres de The Coral (dont le leader se nomme d’ailleurs James Skelly, oh putain c’est dingue mais ils sont de la même famille en fait nom de Dieu ! C’est fou ça hein, y a des ces hasards dans la vie quand même, moi tu vois j’adore ces moments de pure coïncidence ou tout fait sens, ou le monde semble prendre une tournure logique, ou tout s’arrange. Sauf que non, aucun rapport en fait ils ont juste le même nom): le contraste entre son timbre de voix grave et légèrement plaintif et ces arrangements d’une finesse, d’une délicatesse infinies donne un résultat d’une beauté… Ce sont les plus belles chansons que j’ai entendues cette année et ça n’est pas peu dire car je m’y connais en beauté, et pas qu’un peu, je te prie de croire.

Le look, la voix, les chansons, les musiciens qui l’accompagnent, la pochette: Neville Skelly a tout bon.

Et là  je me suis dit:  mais c’est dingue, voilà, Neville Skelly, j’adore son disque, c’est sublime, oh purée, mais c’est The Coral qui l’accompagne, rhalala c’est bien foutu quand même, y a pas de secret, moi tu vois j’adore ces moments de pure coïncidence ou tout fait sens, ou le monde semble prendre une tournure logique, ou tout s’arrange. C’est très réconfortant.

Comme les chansons de Richard Hawley et Neville Skelly.

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