It’s always sunny in Philadelphia -saison 8 ou Consommation culturelle au XXIème siècle : un symptôme ou L’enfer des séries.
Impossible de me défaire de cette pensée: me suis tapé 8 saisons d’une série qu’au final je déteste. J’essaie de me rassurer en me disant qu’il y a eu de bons moments, que certaines saisons comportaient moins de 10 épisodes. Mais le constat reste le même. L’enfer des séries putain…
Trois amis propriétaires d’un bar doivent s’efforcent de surmonter les problèmes en évitant que le travail ne prenne le pas sur leur amitié (Allocine.fr)
Alors déjà ils sont 4 puisqu’il y a une nana, et assez rapidement 5 avec l’addition de Danny de Vito (en cours de saison 2 il me semble). Et je suis dubitatif quand à l’utilisation du terme « amitié » pour qualifier leur relation mais c’est justement l’un des thèmes abordés par la série.
D’emblée, il est évident qu’elle joue sur un terrain subversif/politiquement incorrect/misanthrope: le « gang » comme il se nomme lui-même, est odieux avec tout le monde, y compris voire surtout ses propres membres, fait feu de tout bois (handicapés, nazisme), ne recule devant rien. C’est ce qui a valu à la série le surnom de neo-Seinfeld. C’est précisément ce qui m’a fait m’intéresser à elle. Mais putain, on en est loin.
2 problèmes majeurs:
– dans « humour noir », il y a « humour »; ils l’ont oublié trop souvent.
– Seinfeld est passionnant parce que derrière la petitesse, la misanthropie des personnages principaux il y a des névroses et un mal être constants qui touchent à l’universel.
Ici, tout est totalement gratuit : les personnages sont justes des trous du cul, qui se comportent comme des trous du cul. Point barre.
Une lueur d’espoir au cours des 2 premières saisons (tu noteras que là, je me suis déjà tapé 2 saisons en trouvant ça à chier…) : le personnage de Charlie, le seul à la fois un peu humain et véritablement borderline. A la limite de la clochardisation, quasiment alcoolique, sniffeur de colle, psychotique, il est dans le même temps très attachant car plein de fantaisie et d’enthousiasme. C’est le bouffon du show, au sens premier du terme, le personnage le plus extraverti, le plus drôle mais aussi le plus poreux aux névroses et profonds dysfonctionnements entourant le gang. Son interprète, Charlie Day, fait un boulot génial: il se livre vraiment, il force le respect.
Saison 3, puis 4 et toujours le même constat: de bonnes choses (bah oui, quand même…), des choses insupportables, indéfendables même j’ai envie de dire. Souvent dans le même épisode. Mais je continue car il y a indéniablement quelque chose. Ou alors je VEUX qu’il y ait quelque chose, je peux pas croire que tout ça soit vain nom de Dieu.
Je trouve ainsi que la série instille assez bien un certain malaise: pas par les situations, les intrigues ou les dialogues comme le souhaiteraient les auteurs mais par les décors, une atmosphère générale. Le pub qu’ils tiennent est glauquissime; sa clientèle est glauquissime; que dire du mode de vie de Charlie et de son appart?!?! Ca ça fonctionne vraiment très bien : on est à la frange du quart monde, quelque chose qu’on voit très rarement dans une série US, encore moins dans une comédie.
En revanche, la où le bat blesse vraiment, c’est que les auteurs, qui sont également les 3 acteurs principaux (les 3 trentenaires sur le photo), ont l’air aussi prétentieux et arrogants que leurs avatars fictionnels: ils produisent, écrivent parfois réalisent les épisodes (et les interprètent donc). Or ils n’ont clairement pas les épaules ni le talent pour tout assumer. Hasard ou réalité scientifique? Seul Charlie Day, le plus doué, et de très loin, commence à apparaître dans des films (Comment tuer son boss, récemment Pacific Rim); les 2 autres: que dalle. Je les ai jamais vus nulle part, ni devant, ni derrière la caméra. Pas une surprise : ils sont mauvais comme des cochons.
Bon, toujours est-il qu’à partir de la saison 5, la série a vraiment fait un bond en avant selon moi en confiant justement davantage ses rênes à des personnes extérieures (me semble-t-il tout du moins), et surtout en laissant un peu de côte son cynisme forcené pour se concentrer sur la bêtise et les édifiants projets de ses héros. Ca gagne à la fois en fantaisie et en drôlerie, je suis presqu’entièrement convaincu.
Malgré une baisse de régime en saison 7, je me dis que c’est une série que je vais désormais suivre « en live » (j’ai visionné tout ça au printemps 2012, je pouvais donc démarrer la saison 8 en temps réel à partir de septembre de la même année).
Chose que je n’ai finalement pas faite, je viens juste de me l’enquiller.
Et là, l’horreur AB-SO-LUE. J’ignore si c’est la série qui a changé, ou si c’est moi qui n’était plus « dedans », ayant rompu un processus d’immersion parfois trompeur mais j’ai trouvé cette saison d’une nullité abyssale. Une saison qui opère un retour aux sources en quelque sorte, au cynisme le plus crasse, à la misanthropie la plus gratuite et puérile. Voilà, c’est ça au final It’s always sunny in Philadelphia : ça se voudrait misanthrope comme du Larry David mais c’est juste aussi con et puéril qu’un adolescent en pleine crise de puberté.
8 saisons de cette merde, purée… Là c’est bon, la saison 9 qui vient de démarrer, ça sera sans moi.