Tristesse

Je vais bientôt finir Les Sopranos (il me reste à voir 4 épisodes).

Maintenant je comprends : les louanges, l’affection, l’attachement profond de beaucoup à cette série. Le chagrin, la peine, profonde elle aussi, ressentie à l’annonce de la mort de James Gandolfini, annonce qui m’a un peu attristé certes mais enfin voilà quoi…

Sauf que c’était avant. Avant que je ne reprenne la série là où je l’avais laissée et que je m’y plonge comme elle le mérite (pour ceux que ça intéresse, je m’étais arrêté à la fin de la saison 4. Je me la suis rematée pour me remettre dans le bain).

Et maintenant je comprends ce que ce type a pu représenter : parrain, papa, tonton, frère idéal au fond, malgré l’ego, la violence, les crimes, les immondes saloperies, les embrouilles, la lâcheté. C’est bien ça qu’on retiendra de lui : « Tony », « Ton’ », « T », « boss », « skip », quelle que soit la façon dont il se fait appeler dans la série, on ne peut que l’aimer. Tony qui baise en marcel/chaussettes, qui savoure un sundae devant History Channel ou un bon vieux Gary Cooper, qui se fait réchauffer une assiette de rigatoni par Carmela, qui s’allume un barreau de chaise, qui engueule A.J., Tony et sa respiration de colosse, ses « what the fuck ?! » tonitruants… Tony en peignoir qui sort chercher son journal un nombre incalculable de fois.

Et là j’ai les boules putain.
Parce que je vais finir une série grandiose et unique, que ça n’arrive pas aussi souvent que ça finalement (l’an prochain il faudra dire adieu à Don Draper : va falloir être costaud là aussi), que je vais dire adieu au Bada Bing, à Satriale’s, à Paulie, Sil, Bobby Bacala (quel nom génial) Carmela, Meadow, Oncle Junior… Christopher… Putain Christopher… Je sens, on l’a tous senti très vite je suis sûr, que ça ne peut pas bien finir pour lui, que ça va être horrible. Ca va me briser le cœur.

Tout ça me fout les boules. Parce que je vais dire adieu à Tony mais aussi à James Gandolfini. Fait chier bordel…

Tony Soprano

Cogan, Killing Them Softly – critique

Un escroc à la petite semaine flaire le coup parfait: dévaliser un tripot tenu par un mec (Ray Liotta) qui s’était braqué lui-même quelques années auparavant sans se faire gauler. Sauf que, hyper fier de son coup, il l’avait finalement fait savoir sous le coup de l’euphorie et d’un coup dans le nez… Donc si le même coup se reproduit, on pensera forcément que ça vient encore de lui et il paiera en lieu et place des coupables réels.

Ca démarre donc très bien, comme une bonne petite série B jouissive: l’ambiance crandingue/poisseuse, les personnages pathétiques, le pseudo coup parfait qui flaire la catastrophe à plein nez. En gros, l’intrigue marche dans les pas des frères Coen, avec un traitement plus formaliste encore et auteurisant.

Sauf qu’Andrew Dominik (qui avait déjà commis le lourdingue Assassinat de Jesse James, je l’ai su qu’après sinon je me serais davantage méfié) il vise pas la bonne petite série B jouissive. Non lui, son truc, c’est de réaliser un Grand Film. Un truc pour la postérité. Avec un propos derrière et tout. Alors il se sent obligé d’étirer ses scènes de manière signifiante, prenant le risque de flinguer une fois sur deux d’excellents dialogues, se croyant obligé surtout, de parasiter sa classique mais solide intrigue par des inserts de discours de politique intérieure américaine, censés éclairer ou illustrer cette chronique du banditisme ordinaire et minable. C’est très prétentieux et surtout, ça ne sert à rien… Complètement inutile.

Il a pris, le Brad...
Il a pris, le Brad…

Alors tout n’est pas mauvais, on passe même un assez bon moment selon notre seuil d’indulgence. Les dialogues, encore une fois, sont excellents. L’intrigue, bien carrée comme il faut, enchaînement de péripéties certes un peu prévisible mais efficace (comme je dit toujours, « sans suprise » signifie aussi « sans mauvaise surprise »). Les acteurs font leur numéro avec compétence (Ray Liotta, les 2 losers qui font le casse, Brad Pitt, toujours parfait dans les rôles de kéké) voire brio (James Gandolfini, génial, même s’il a il est vrai hérité des meilleures lignes). Les scènes de baston/meurtre, un peu racoleuses peut-être ont néanmoins le mérite de faire passer le message, graphiquement mais aussi via la bande-son (le bruit des coups!).

En revanche utiliser Heroin du Velvet pour illustrer une scène de shoot d’héroïne… Tu te demandes d’abord si c’est pas ironique, si y aurait pas un 2ème niveau de lecture mais non, malheureusement: il utilise bien, au premier degré, Heroin du Velvet pour illustrer une scène de shoot d’héroïne… Purée…
Et surtout, surtout, ces putains de discours de politique intérieure US bon sang! Alors qu’ils nous avaient foutu la paix pendant un moment, qu’on croyait en être débarrassé, il en remet une couche le Dominik, il trouve son idée vraiment géniale et il veut qu’on comprenne bien (qu’on comprenne quoi d’ailleurs? Qu’il est relou? Ca, c’est bon) donc il termine son film là-dessus. Dommage…