La session de rattrapage 4

Suite de mes visionnages sous paracétamol donc, avec des films que j’avais davantage envie de voir : normal, je me sentais un petit peu mieux au fil des jours.
Pour plus de détails techniques sur ma grippe en elle-même (températures diurnes moyennes, composition et consistance des glaires etc.), merci de contacter mon secrétariat.

Le sens de l’humour

Au début ça fait très très peur car ça ressemble comme 2 gouttes d’eau à l’idée du film-d’auteur-français que doivent s’en faire les gens qui détestent les films-d’auteurs-français. You get the picture. Et puis ça se met doucement en place et on s’attache à chacun des personnages : à cette mère revêche et libre avant tout, à cet amoureux de la dernière chance, à ce gamin en mal de figure paternelle. Les gens qui détestent les films-d’auteurs-français n’auront aucun mal à caricaturer tout ça jusqu’à la dernière seconde mais pour les autres, Le sens de l’humour impose patiemment et au forceps une tendresse et une chaleur singulières qui n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, le cinéma de Maurice Pialat. Joli flim donc. Réalisé par son actrice principale, Maryline Canto.

J'aime bien Antoine Chappey
J’aime bien Antoine Chappey


Je suis supporter du Standard

Ca c’est vraiment très mauvais…
J’ai beau (comme tout le monde) avoir beaucoup de sympathie pour Riton Liebman et Léa Drucker (irréprochable, comme d’hab’. Lui en revanche a du mal à soutenir la comparaison dans les scènes à 2) y a rien à sauver ou presque. Le « presque » c’est la b.o. de Rob, superbe, qui est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai eu envie de regarder ce film. Qui, outre une musique composée par un de mes chouchous donc, avait tout pour me plaire puisque le pitch reprend un peu celui du Terrain d’entente des Farrelly : un mec rencontre une nana et la possibilité d’une histoire commune se heurte à sa passion dévorante pour un club de foot (le Standard de Liège). A la différence du film des Farrelly (outre qu’il s’agit de foot et non plus de base ball) le mec s’en rend compte très vite et ne cherche pas à s’en accommoder, il veut soigner son addiction (il se dit lui-même « footballique »). Tout ça ça me parle évidemment, j’étais une montagne d’indulgence a priori mais tout est raté : la comédie comme la romance ou le « drame » familial. Ca me fait mal de le dire mais c’est à éviter.

J'aime bien Léa Drucker
J’aime bien Léa Drucker


La vie domestique

Excellent ça ! Certes, c’était gagné d’avance car je suis très client des films/livres décrivant l’aliénation et le cauchemar soft des classes moyennes/banlieues chic. Mais c’est pas parce que c’est gagné d’avance que c’est gagné à la fin, voir le film ci-dessus.
Ici donc, les 24h, très précisément, de la vie d’une femme (Emmanuelle Devos, géniale) dans son quotidien de femme au foyer entre préparation du petit-déjeuner, accompagnement des enfants à l’école, remplissage du caddie, obligations mondaines etc etc. Rien d’autre. Le cauchemar. Soft, mais le cauchemar. Avec en filigrane, comme une scorie potentielle de ce tableau pseudo-idyllique, un fait divers suivi de loin en loin mais qui vient se rappeler au bon souvenir de tout le monde avec une douloureuse régularité. Et en arrière-plan, les hommes, petit maîtres trop conscients de leurs rôles mais pas de leurs privilèges, absents mais dont la présence se fait ressentir à chaque plan, à chacune des actions de leurs épouses. Une mise en scène au diapason de cet univers feutré, aseptisé et finalement étouffant, photo léchée, montage harmonieux, mouvements de caméra élégants. Tout dans les détails (d’un plan, d’une ligne de dialogue, d’un accessoire). Super film, j’ai vraiment adoré.

J'aime bien Laurent Poitrenaux (et beaucoup Emmanuelle Devos)
J’aime bien Laurent Poitrenaux (et beaucoup Emmanuelle Devos)


D’amour et d’eau fraîche

Et du coup j’ai enchaîné direct (vive le futur, c’est quand même génial ça) avec le précédent film de la réalisatrice, Isabelle Czajka. Belle versatilité de sa part : si dans La Vie Domestique sa mise en scène colle parfaitement à cet univers feutré et neo-bourgeois, elle s’adapte ici aussi parfaitement à son sujet d’étude, une jeune fille de 23 ans (Anaïs Demoustier), avec un filmage beaucoup plus brut et heurté. Il est ainsi très intéressant d’enquiller les 2 films à la suite, à la fois parce qu’ils représentent chacun une radiographie de la femme moderne à 2 âges différents (la petite vingtaine / la petite quarantaine) et parce que leur mise en scène colle parfaitement à leur sujet respectif. Sans qu’on soit jamais du côté de l’exercice de style, plutôt de celui de la totale empathie. A noter, argument important pour mon lectorat féminin je le sais, un Pio Marmaï hyper baisable.

J'aime bien... "oh ta gueule!!!"
J’aime bien… « oh ta gueule!!! »


Un beau dimanche

Pffffffffff…
C’est pas mauvais mais qu’est-ce que je m’y suis fait chier nom de Dieu. Interminabe. Le sentiment de voir un film incroyablement daté. Et la sensation que Nicole Garcia n’a pas beaucoup évolué/progressé depuis ses bons débuts : des problèmes d’argents, des relations familiales compliquées, des non-dits, des silences, des dialogues surécrits (qui parle comme ça sans déconner ?). De la sensibilité mais de la lourdeur aussi. Louise Bourgoin fait tout son possible pour faire popu (elle joue une serveuse en galère, pour faire court) mais elle a trop d’élégance naturelle pour le rôle. Quant à Pierre Rochefort (fils de Jean Rochefort et Nicole Garcia) on va dire que ça tombe bien qu’il ait le rôle du mec taiseux au lourd passé sans beaucoup de lignes de dialogue…

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J’aime pas les fils de.

 

Enfin, comme la grippe c’est pas rigolo-rigolo et qu’il faut se mettre du baume au cœur de temps en temps, j’ai également revu :

Jacky au royaume des filles

Vraiment génial. Cette fois c’est le casting qui m’a semblé parfait, des attendus Vincent Lacoste, Noémie Lvovsky ou Valérie Bonneton aux plus surprenants Michel Hazanavicius (qui n’avait jamais fait l’acteur à bien y réfléchir) ou Didier Bourdon, qui semble pour l’occasion retrouver sa verve des années La télé des Inconnus.

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Moonrise Kingdom

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A bord du Darjeeling Limited

I guess I still got some more healing to do
Un jour j’essaierai de trouver le temps d’écrire quelque chose d’un peu consistant sur les films de Wes Anderson. Un jour.


Le Nom de la Rose

Ca faisait très longtemps que j’avais pas revu ce classique absolu de quand j’étais petit. En vf bien sûr pour une expérience 100% madeleine. C’est sans doute mon inconscient qui m’a commandé de le revoir maintenant (et pas il y a, ou dans 3 mois) car c’est dingue comme il colle à la dramatique actualité récente et aux débats qui s’en sont suivis sur la liberté d’expression et de représentation des figures religieuses : « Le rire tue la peur, et sans la peur il n’est pas de foi. Car sans la peur du diable, il n’y a plus besoin de Dieu » dit le coupable lorsqu’il est confondu. A part ça, ça fonctionne toujours impec et le casting de gueules dégénérées impressionne toujours autant.

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Top 2014 – cinéma – j’ai aimé – 2ème partie

1ère partie de mes « j’ai aimé » ici

23. Arrête ou je continue

C’est un beau film, beau et dur à la fois, sur la fin d’un couple qu’on imagine, où plutôt dont on imagine, que son entourage le jugeait indestructible. La réalisatrice, Sophie Fillières, vise toujours juste, que ça soit dans les scènes de couple justement ou les scènes où chacun se retrouve de son côté. Mais de toutes façons la partie était gagnée dès le choix des comédiens : non seulement les acteurs les plus emblématiques de la QFA (Qualité Française Auteuriste) mais surtout les inoubliables Esther et Paul d’Arnaud Desplechin dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle). Difficile de ne pas y penser, et de ne pas être ému, en voyant Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric évoluer à nouveau ensemble 20 ans plus tard.

Le tournant du match
Le tournant du match


22. Abus de faiblesse

Pas le meilleur Breillat, loin s’en faut mais cette histoire vraie (ou plutôt vécue par la réalisatrice) me fascine assez et j’ai beaucoup de sympathie pour Kool Shen (alors que Joey Starr et sa nouvelle respectabilité cinématographique me débectent). Ici.

 

21. Tristesse club

Ca aurait sans doute pu être encore mieux mais en l’état c’est déjà très chouette. Ici.

 

20. La prochaine fois je viserai le coeur

Trop froid pour prétendre à davantage mais impressionnant à tous les niveaux. Ici.

 

19. La ritournelle

Voilà le prototype même du film QFA (Qualité Française Auteuriste) parfois connu sous l’appellation jumelle de FT (Film Télérama). Soit un réalisateur « indé » ou auteur donc (Marc Fitoussi) qui, après des débuts à la marge, s’embourgeoise au fil de ses nouveaux projets pour finir par pondre ce genre de comédie du remariage proto-pantouflarde, starring 2 comédiens bien établis et reconnus, 2 comédiens bourgeois (Isabelle Huppert et Jean Pierre Darroussin). Tout pour se faire dézinguer donc mais c’est fait avec extrêmement de pudeur, de justesse, de tendresse et d’intelligence. Et Isabelle Huppert m’y a rappelé pourquoi elle a longtemps été un de mes crush :  je l’ai trouvé à croquer. Bim. Prend cet argument dans ta gueule la critique cinématographique.

En plus elle a une garde robe im-pe-cca-ble <3
En plus elle a une garde robe im-pe-cca-ble ❤


18. Hippocrate

Le FT se démarque du film QFA (voir ci-dessus) en cela qu’il est enrobé d’un vernis sociologisant ou d’une conscience sociale, appelle ça comme tu veux (Ken Loach est ainsi, et sans surprise, le Dieu du FT). Ici, le quotidien des urgences d’un grand hôpital parisien. J’ai en général horreur des FT mais comme tu le sais, j’ai cette énorme qualité (entre autres) de perpétuellement me remettre en cause, d’être prêt à ébranler mes certitudes, à foutre en l’air mes a priori : Hippocrate est un film qui évite tous les écueils (de la sensiblerie ou, à l’opposé, du cynisme ou de l’humour noir forcené) avec un certain brio et en tout cas beaucoup d’intelligence. C’est bien fait, c’est drôle, c’est émouvant, c’est édifiant : aucune raison de bouder son plaisir.

 

17. Night Moves

Je lui préfère sans doute La dernière piste mais c’est quand même sacrément bien fichu. J’ai eu peur qu’à un moment le « message » (sur l’engagement radical, ses implications et ses possibles conséquences) prenne le pas sur le cinéma mais non. Brillant.

Ils sont forts ces ricains : même leurs crevards sont plus cools que les notres.
Ils sont forts ces ricains : même leurs crevards sont plus cools que les nôtres.


16. Edge of tomorrow

Là aussi, ça aurait pu être encore mieux, ça aurait même pu être un chef d’oeuvre (ça se contente de les citer en référence) mais quel pied ! Ici.

 

15. Bird People

Alors là… LE film casse-gueule par excellence, qui essaie non seulement de capter « l’air du temps » (les portables, Skype, les business travel à travers le monde, les aéroports, les lecteurs MP3 et autres vecteurs de notre ultra-moderne solitude), devenant de fait et illico totalement démodé  mais il ose en son milieu un twist scénaristique d’un culot assez incroyable (je comprends tout à fait qu’on trouve ça ridicule, risible, grotesque, que sais-je encore). Chez moi les 2 volets ont parfaitement fonctionné : la peinture de ce personnage et de cette société modernes trop modernes et, dans sa 2ème partie, de ce besoin naïf peut-être, d’un espace de liberté hors de toutes contingences matérielles et prosaïques. C’est en outre un film qu’on n’attendait certainement pas de la part d’une cinéaste telle que Pascale Ferran, ça me rend le film d’autant plus estimable. Enfin, et là c’est très perso, j’adore les films qui se déroulent dans ces lieux de transit que sont les hôtels, les aéroports, les gares etc (j’adore d’ailleurs ces lieux tout court :  rien ne me satisfait davantage qu’une nuit à l’hôtel après un long voyage en train par exemple). Second bonus « petit chou » de mon top pour Anaïs Demoustier après Situation amoureuse : c’est compliqué.

bird-people
Toute légende est un risque de spoiler, je ne dirai donc rien.


14. Jersey Boys

Ca commence comme les Affranchis, petites frappes italo-américaines un peu lose, un peu attachantes. Ca ronronne gentiment, c’est pas désagréable, c’est même plutôt bien fichu mais on se demande à quoi ça sert au fond puisqu’on déjà vu ce film ou ce téléfilm 100 fois. On se demande si Eastwood n’avait que ça à foutre, s’il aurait pas du arrêter il y a longtemps. Et puis à un moment (impossible de dire quand : ce moment n’a aucune réalité tangible dans le film, il a l’élégance de ne jamais être désigné puisqu’il dépendra de tout un chacun. Il arrive juste à un moment ou un autre), on se dit que merde, c’est quoi ce film, j’ai jamais vu ça, jamais vu cette histoire traitée comme ça : exit donc les habituelles séquences d’euphorie absolue (lorsque le groupe rencontre le succès) ou de déchéance totale (lorsque le groupe commence à sentir la lose), puisque tout est traité sur le même mode, tranquille, mélancolique, résigné même. Chronique d’une histoire foutue d’avance pour cause d’amitié foireuse et de loyauté, Jersey Boys impose sans forcer sa petite musique douce-amère, happy-sad. Il n’y avait sans doute qu’Eastwood pour raconter cette histoire de cette manière. C’est à ce moment-là, encore, que je me souviens qu’il est l’un de mes héros absolus.

Frankie Valli and the Four Seasons
Frankie Valli and the Four Seasons


13. Under the Skin

Là aussi, comme pour Bird People, je comprendrais qu’on balaie ça d’un revers de la main : c’est l’exemple même du film « ça passe ou ça casse » même s’il est, au fond, un peu tiède, pas suffisamment expérimental ni radical pour véritablement imposer le respect et pas très finaud lorsqu’il essaie de dire quelque chose. Mais son ambiance oppressante a parfaitement fonctionné sur moi (c’est un film où, paradoxalement, je me suis senti « bien », comprendre parfaitement à l’aise) et certaines séquences, très belles et impressionnantes sur un pur plan esthétique et plastique, impressionnent justement, durablement la rétine. Et puis Scarlett évidemment, seul et unique choix possible à l’heure actuelle dans ce rôle.

Bonjour Madame.
Bonjour Madame.


12. La grande aventure Lego

Tout le monde te dit que c’est super mais à toi on te la fait pas alors tu le regardes pas, t’es pas comme tout le monde, tu vas pas te faire avoir toi, « mais siiiiiiiiiiiiiiiii c’est vraiment super (lol) ! » alors ok ok, tu vas le regarder, ok mais bon,, tu parles, c’est pas possible que TOUT LE MONDE trouve ça super sans déconner, y a un problème quelque part, c’est sûr, mais bon, ok, tu finis par le regarder et là tu trouves ça tellement super et euphorisant que tu penses même plus à te trouver con d’avoir pu douter aussi fort. C’est super quoi. « SPACESHIP!!! »

Super.
Super.


11. Le vent se lève

Un très beau film. Un peu trop « dur » pour moi peut-être… Ici.

Les films du week end

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Complètement naze. Long, chiant, nébuleux… Nébuleux-naze en plus, nébuleux-« j’ai pas  tout bien compris mais en fait je veux pas savoir tellement je m’en fous », pas nébuleux-« mmmm je n’ai pas tout compris mais bons sang de bois, je vais chercher à savoir parce que je suis diablement intrigué! ». Parfois ridicule (le « havre de paix », franchement…). Sans intérêt en somme.

letempsdelaventure
Un beau film, indéniablement. Belle histoire, belles interprétations, belle mise en scène (très belle gestion des « temps morts » notamment, de l’attente, de l’hésitation). Avec de salutaires petites bouffées d’air frais comiques qui évitent au film de se prendre trop au sérieux.
Je n’ai pas été plus emporté que ça néanmoins pour 2 raisons purement subjectives.
Tout d’abord, ce postulat de départ (le coup de foudre, pour résumer) ne fonctionne jamais sur moi. 3 regards et demi échangés dans le train et c’est parti… Je n’y crois pas, c’est plus fort que moi.
Je n’adhère pas non plus à ce filmage « sensible et sensuel », gros plans, frémissement des corps, grain de la peau bla bla bla. Ca me gonfle tout simplement.
Bon et beau film donc, mais dont il ne me reste déjà pas grand chose, pour ne pas dire plus (ou moins… Enfin tu m’as compris). J’ai vu des choses autrement plus stimulantes en dévédé, j’en parle très bientôt.