#73 Rob – Don’t Kill

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Parmi les artistes apparus dans le sillage du Moon Safari de Air à la fin des années 90, Rob est sans doute le plus méconnu et le secret le mieux gardé encore aujourd’hui. Il fait partie de mes artistes et musiciens favoris; c’est quelqu’un dont le travail me touche infiniment donc je vais un peu développer.

Rob alias Robin Coudert est aujourd’hui compositeur de musiques de film à succès, ou en tout cas de plus en plus sollicité. Ca va de Radiostars au remake de Maniac en passant par Horns d’Alexandre Aja, le Bureau des légendes, la série d’Eric Rochant, ou Made in France, le film polémique de Nicolas Boukhrief. Sa dernière création est la bo de Planetarium, le film de Rebecca Zlotowski avec la Portman et la fille Depp-Paradis. Il est par ailleurs l’officieux 5ème Phoenix puisqu’il accompagne le groupe sur scène aux claviers depuis une dizaine d’années maintenant.

Mais avant ça, dans ce qui ressemble de plus en plus à une autre vie, Rob a signé 2 albums complètement fous de pop sous haute perfusion soft rock 70s : celui-ci est le premier des 2. Voici le single Power Glove qui était censé le propulser au firmament de la pop française, sinon plus :

Guitares Flying V (parfois doublées, pour un effet des plus honteusement délicieux), chœurs féminins à gogo, mélodies au romantisme échevelé : Rob y apparaît comme un disciple extraverti et made in France de Todd Rundgren. Le genre de type aux côtés duquel Sébastien Tellier (dont il est proche et avec lequel il a collaboré) est un modèle de sobriété. Le genre de type aussi, et pour situer encore, à avoir été traumatisé par la b.o. de Polnareff pour la Folie des Grandeurs, par le Por que te vas ? de Jeanette ou les musiques de Shuki Levy.
Véritable manifeste pour une pop à la fois extravagante et lettrée (ceux qui ne savent pas parleront de mauvais goût, les hérétiques) Don’t Kill fut suivi un an plus tard de Satyred Love, deuxième album peut-être encore plus radical.

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Après ça, Rob a donc commencé à prendre ses distances avec un mode de création « traditionnel ». Pas forcément par choix personnel d’ailleurs, de mon point de vue en tout cas : il a, à ses débuts, bénéficié du label « French touch » et de la manne financière qui allait avec, mais celle-ci s’est vite tarie. Alors il a produit un peu tout et n’importe qu(o)i, parce qu’il fallait bien bouffer j’imagine : Mélissa Mars (de la comédie musicale sur Mozart. Eh ouais…), Zaza Fournier ou encore, moins alimentaire, le très joli et sous-estimé Enfant du siècle d’Alizée conçu en compagnie de Château Marmont, autre sublime cause perdue de la pop française. On le retrouve encore parfois sur des notes de pochette : il a ainsi mixé le très bel album de Julien Barbagallo, Grand chien (j’y reviendrai), en compagnie de son grand complice Jack Lahana.

Il s’est également lancé dans un projet absolument génial et hors-normes, le Dodécalogue : son objectif était de sortir un EP par mois, un par apôtre (format vinyle + mp3). On pouvait acheter chaque volume séparément, les 12 par anticipation pour les recevoir automatiquement (formule qu’on m’a offerte). On pouvait aussi casser sa tirelire pour qu’il compose un morceau spécialement pour soi ou une personne désignée.
Projet intenable à la fois artistiquement et financièrement, le Dodécalogue a carrément contribué à couler le label qui en fut l’instigateur, Institubes. Seuls les 6 premiers volets ont vu le jour : je possède les 5 sortis en vinyle (le 6ème est uniquement disponible en mp3) et je les chéris, ils sont absolument superbes à la fois sur le fond et sur la forme (très belles pochettes qui trônent fièrement dans mon salon). Le plus souvent, ils creusent la veine la plus mystique, planante et expérimentale de la musique de Rob, mais ils comportent également quelques pop-songs instrumentales au romantisme fulgurant voire déchirant (cf les 2 extraits en conclusion). La suite j’en parle au début de mon billet.

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Les 5 exemplaires « physiques » du Dodécalogue de Rob : un projet inachevé donc, et c’est bien dommage.

Il faut écouter la musique et les disques de Rob : c’est un artiste réellement à part, en France mais « à part » tout court. Bien qu’extrêmement référentielle, sa musique ne ressemble à aucune autre. Qu’il adopte la forme electro-acoustique de feu-les grandioses productions des années 70 ou qu’il joue tout sur des claviers analogiques aux sons extravagants (comme sur la bo de Maniac par exemple), elle est d’un romantisme et d’une sincérité incroyable, génératrice d’émotions au sens propre et pur du terme, souvent par la simple puissance d’une ligne mélodique.

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