Top 2014 – cinéma – j’ai aimé – 2ème partie

1ère partie de mes « j’ai aimé » ici

23. Arrête ou je continue

C’est un beau film, beau et dur à la fois, sur la fin d’un couple qu’on imagine, où plutôt dont on imagine, que son entourage le jugeait indestructible. La réalisatrice, Sophie Fillières, vise toujours juste, que ça soit dans les scènes de couple justement ou les scènes où chacun se retrouve de son côté. Mais de toutes façons la partie était gagnée dès le choix des comédiens : non seulement les acteurs les plus emblématiques de la QFA (Qualité Française Auteuriste) mais surtout les inoubliables Esther et Paul d’Arnaud Desplechin dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle). Difficile de ne pas y penser, et de ne pas être ému, en voyant Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric évoluer à nouveau ensemble 20 ans plus tard.

Le tournant du match
Le tournant du match


22. Abus de faiblesse

Pas le meilleur Breillat, loin s’en faut mais cette histoire vraie (ou plutôt vécue par la réalisatrice) me fascine assez et j’ai beaucoup de sympathie pour Kool Shen (alors que Joey Starr et sa nouvelle respectabilité cinématographique me débectent). Ici.

 

21. Tristesse club

Ca aurait sans doute pu être encore mieux mais en l’état c’est déjà très chouette. Ici.

 

20. La prochaine fois je viserai le coeur

Trop froid pour prétendre à davantage mais impressionnant à tous les niveaux. Ici.

 

19. La ritournelle

Voilà le prototype même du film QFA (Qualité Française Auteuriste) parfois connu sous l’appellation jumelle de FT (Film Télérama). Soit un réalisateur « indé » ou auteur donc (Marc Fitoussi) qui, après des débuts à la marge, s’embourgeoise au fil de ses nouveaux projets pour finir par pondre ce genre de comédie du remariage proto-pantouflarde, starring 2 comédiens bien établis et reconnus, 2 comédiens bourgeois (Isabelle Huppert et Jean Pierre Darroussin). Tout pour se faire dézinguer donc mais c’est fait avec extrêmement de pudeur, de justesse, de tendresse et d’intelligence. Et Isabelle Huppert m’y a rappelé pourquoi elle a longtemps été un de mes crush :  je l’ai trouvé à croquer. Bim. Prend cet argument dans ta gueule la critique cinématographique.

En plus elle a une garde robe im-pe-cca-ble <3
En plus elle a une garde robe im-pe-cca-ble ❤


18. Hippocrate

Le FT se démarque du film QFA (voir ci-dessus) en cela qu’il est enrobé d’un vernis sociologisant ou d’une conscience sociale, appelle ça comme tu veux (Ken Loach est ainsi, et sans surprise, le Dieu du FT). Ici, le quotidien des urgences d’un grand hôpital parisien. J’ai en général horreur des FT mais comme tu le sais, j’ai cette énorme qualité (entre autres) de perpétuellement me remettre en cause, d’être prêt à ébranler mes certitudes, à foutre en l’air mes a priori : Hippocrate est un film qui évite tous les écueils (de la sensiblerie ou, à l’opposé, du cynisme ou de l’humour noir forcené) avec un certain brio et en tout cas beaucoup d’intelligence. C’est bien fait, c’est drôle, c’est émouvant, c’est édifiant : aucune raison de bouder son plaisir.

 

17. Night Moves

Je lui préfère sans doute La dernière piste mais c’est quand même sacrément bien fichu. J’ai eu peur qu’à un moment le « message » (sur l’engagement radical, ses implications et ses possibles conséquences) prenne le pas sur le cinéma mais non. Brillant.

Ils sont forts ces ricains : même leurs crevards sont plus cools que les notres.
Ils sont forts ces ricains : même leurs crevards sont plus cools que les nôtres.


16. Edge of tomorrow

Là aussi, ça aurait pu être encore mieux, ça aurait même pu être un chef d’oeuvre (ça se contente de les citer en référence) mais quel pied ! Ici.

 

15. Bird People

Alors là… LE film casse-gueule par excellence, qui essaie non seulement de capter « l’air du temps » (les portables, Skype, les business travel à travers le monde, les aéroports, les lecteurs MP3 et autres vecteurs de notre ultra-moderne solitude), devenant de fait et illico totalement démodé  mais il ose en son milieu un twist scénaristique d’un culot assez incroyable (je comprends tout à fait qu’on trouve ça ridicule, risible, grotesque, que sais-je encore). Chez moi les 2 volets ont parfaitement fonctionné : la peinture de ce personnage et de cette société modernes trop modernes et, dans sa 2ème partie, de ce besoin naïf peut-être, d’un espace de liberté hors de toutes contingences matérielles et prosaïques. C’est en outre un film qu’on n’attendait certainement pas de la part d’une cinéaste telle que Pascale Ferran, ça me rend le film d’autant plus estimable. Enfin, et là c’est très perso, j’adore les films qui se déroulent dans ces lieux de transit que sont les hôtels, les aéroports, les gares etc (j’adore d’ailleurs ces lieux tout court :  rien ne me satisfait davantage qu’une nuit à l’hôtel après un long voyage en train par exemple). Second bonus « petit chou » de mon top pour Anaïs Demoustier après Situation amoureuse : c’est compliqué.

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Toute légende est un risque de spoiler, je ne dirai donc rien.


14. Jersey Boys

Ca commence comme les Affranchis, petites frappes italo-américaines un peu lose, un peu attachantes. Ca ronronne gentiment, c’est pas désagréable, c’est même plutôt bien fichu mais on se demande à quoi ça sert au fond puisqu’on déjà vu ce film ou ce téléfilm 100 fois. On se demande si Eastwood n’avait que ça à foutre, s’il aurait pas du arrêter il y a longtemps. Et puis à un moment (impossible de dire quand : ce moment n’a aucune réalité tangible dans le film, il a l’élégance de ne jamais être désigné puisqu’il dépendra de tout un chacun. Il arrive juste à un moment ou un autre), on se dit que merde, c’est quoi ce film, j’ai jamais vu ça, jamais vu cette histoire traitée comme ça : exit donc les habituelles séquences d’euphorie absolue (lorsque le groupe rencontre le succès) ou de déchéance totale (lorsque le groupe commence à sentir la lose), puisque tout est traité sur le même mode, tranquille, mélancolique, résigné même. Chronique d’une histoire foutue d’avance pour cause d’amitié foireuse et de loyauté, Jersey Boys impose sans forcer sa petite musique douce-amère, happy-sad. Il n’y avait sans doute qu’Eastwood pour raconter cette histoire de cette manière. C’est à ce moment-là, encore, que je me souviens qu’il est l’un de mes héros absolus.

Frankie Valli and the Four Seasons
Frankie Valli and the Four Seasons


13. Under the Skin

Là aussi, comme pour Bird People, je comprendrais qu’on balaie ça d’un revers de la main : c’est l’exemple même du film « ça passe ou ça casse » même s’il est, au fond, un peu tiède, pas suffisamment expérimental ni radical pour véritablement imposer le respect et pas très finaud lorsqu’il essaie de dire quelque chose. Mais son ambiance oppressante a parfaitement fonctionné sur moi (c’est un film où, paradoxalement, je me suis senti « bien », comprendre parfaitement à l’aise) et certaines séquences, très belles et impressionnantes sur un pur plan esthétique et plastique, impressionnent justement, durablement la rétine. Et puis Scarlett évidemment, seul et unique choix possible à l’heure actuelle dans ce rôle.

Bonjour Madame.
Bonjour Madame.


12. La grande aventure Lego

Tout le monde te dit que c’est super mais à toi on te la fait pas alors tu le regardes pas, t’es pas comme tout le monde, tu vas pas te faire avoir toi, « mais siiiiiiiiiiiiiiiii c’est vraiment super (lol) ! » alors ok ok, tu vas le regarder, ok mais bon,, tu parles, c’est pas possible que TOUT LE MONDE trouve ça super sans déconner, y a un problème quelque part, c’est sûr, mais bon, ok, tu finis par le regarder et là tu trouves ça tellement super et euphorisant que tu penses même plus à te trouver con d’avoir pu douter aussi fort. C’est super quoi. « SPACESHIP!!! »

Super.
Super.


11. Le vent se lève

Un très beau film. Un peu trop « dur » pour moi peut-être… Ici.

Edge of Tomorrow – critique

Dans un futur proche, des hordes d’extraterrestres ont livré une bataille acharnée contre la Terre et semblent désormais invincibles: aucune armée au monde n’a réussi à les vaincre. Le commandant William Cage, qui n’a jamais combattu de sa vie, est envoyé, sans la moindre explication, dans ce qui ressemble à une mission-suicide. Il meurt en l’espace de quelques minutes et se retrouve projeté dans une boucle temporelle, condamné à revivre le même combat et à mourir de nouveau indéfiniment… (Allocine.fr)

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Attention spoilers

Je me fiais uniquement à l’affiche et à sa promesse de « survival SF post-apocalypse » (en gros), j’ai donc été très fortement surpris lorsqu’au bout d’un quart d’heure j’ai compris à quoi j’aurai à faire : une sorte de mix entre Un jour sans fin, Starship Troopers et La Guerre des Mondes (avec une lichette de Soldat Ryan en sus).

Yeeeeeeeeeeeeeeeeehaaaaaaaaaaaaaaaaaa!!!!! Bon, c’est pas aussi grandiose que ça mais c’est vraiment super.

« Vivre, mourir, recommencer » : pour une fois la tagline ne ment pas. A partir de là, on peut choisir sa grille de lecture du film selon sa propre sensibilité:

– Jeu video grandeur nature (la plus évidente) : tu meurs mais il te reste plein de vies donc tu recommences depuis le début et tu vas un peu plus loin dans le jeu à chaque fois. Jusqu’à ce qu’il ne te reste plus qu’une vie donc faut pas te louper… C’est la lecture la plus évidente et la plus ludique d’Edge of Tomorrow.

– Exercice de mise en scène : comment ne pas lasser le spectateur et donc filmer de manière différente exactement la même scène ? Gentil faiseur inégal (La mémoire dans la peau = super cool; Mr and Mrs Smith = super pas cool ), Doug Liman n’est ni Paul Verhoeven, ni Steven Spielberg, Ni même Harold Ramis. Il s’en sort néanmoins plutôt bien en jouant la sécurité (je change le point de vue, j’élargis le champ etc) et en introduisant un humour à la fois potache et second degré qui fait mouche à tous les coups. On rit vraiment beaucoup au cours de la 1ère demie-heure.

– Émouvante histoire d’amour : et même un peu plus que ça… L’histoire des personnages interprétés par Tom Cruise et d’Emily Blunt se prolonge à chaque fois un peu plus : lui tombe à chaque fois un peu plus amoureux d’elle et au bout d’un moment, s’il se bat, ça n’est plus pour prolonger sa propre vie mais ce qu’il vit avec elle. C’est très beau. Cependant, c’est aussi là que le film aurait mérité un réalisateur un peu plus fin, un peu plus profond que Liman, pour que cet aspect quasiment métaphysique, cette approche ontologique de ce qu’est une histoire d’amour soit véritablement creusé et mené à son terme. Mais bon, pour continuer à filer la métaphore du film comme trajectoire de vie, on peut pas tout avoir et Edge of Tomorrow est déjà très bien comme ça.

En somme, avec un « grand » réalisateur aux manettes, c’eut été un chef d’oeuvre de SF, voire un chef d’oeuvre tout court. En l’état c’est « juste » un très bon moment : passé une première heure jubilatoire, le scénario se doit d’avancer en même temps que les personnages, et comme souvent dans ce type de films, on se cogne un peu de la résolution de l’intrigue en elle-même.

Quelle que soit ta sensibilité et ton approche du film, tu ne peux que t’incliner devant le talent de Môssieur Tom Cruise, aussi à l’aise en warrior qu’en smartass flippé ou amoureux plombé par le destin.

Ma meilleure amie, sa soeur et moi – critique

Mais enfin…  c’est tout nul…

quand c’est aussi bien vu, attachant et drôle, qu’importe le filmage purement fonctionnel : on en redemande (TéléCinéObs)

Voilà un film qui tombe à pic. Sans provocation aucune. Au contraire : son audace est intelligente et cool. (Télérama)

Lynn Shelton en dit ici bien plus sur les relations hommes-femmes que des centaines de comédies romantiques réunies. Et en plus, son film est extrêmement drôle et permet d’admirer la sublime Emily Blunt. (La Croix)

Lapin qu’on prie là… Bon OK, c’est pas les Cahiers, SoFilm, Les Inrocks ou je ne sais quoi, si tant est que leur opinion compte un tant soit peu mais c’est pas Télé 7 Jours non plus quand même.

Dès le début, tout sonne faux pour moi. Dialogues, photo, musique… J’étais surpris de pas entendre Bon Iver (c’est ma nouvelle tête de turc) par exemple mais on nous épargne au moins ça.
Le plus insupportable: les acteurs persuadés de tourner dans un truc hyper audacieux, hyper borderline. Décoiffés savants, absence de maquillage,  » Y’ know… I mean… I mean y’know… » tous les 3 mots. Et du « fucking » en veux-tu en voilà bien sûr. Pourtant je les aime bien ces acteurs, surtout Mark Duplass de la grandiose série The League, et Rosemarie Dewitt même si elle s’est fait greffer le nez d’Owen Wilson. Mais là c’est pas possible.

Et puis merde, il faut regarder les choses en face: une maison en bois au bord d’un lac + des confidences nocturnes + un bon mug de café/thé bien chaud dans le petit matin calme + un plaid bien cosy sur les épaules = La parenthèse inattendue de Frédéric Lopez, l’émission la plus horrible/pathétique/ridicule/risible/embarrassante de tout le PAF actuellement. Malgré toute ma bonne volonté, je ne voyais plus que ça au bout d’un moment.

Alerte bonnet péruvien
Alerte bonnet péruvien

Bien sûr, le propos n’est pas inintéressant, audacieux même, voire subversif. Mais que de chichis et de conformisme indé pour en arriver là!

Grosse déception donc, vu que je le sentais plutôt très bien.