Rogue One – critique

Situé entre les épisodes III et IV de la saga Star Wars, le film nous entraîne aux côtés d’individus ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie. Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils vont devoir dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire. (Allociné)

L’an dernier, j’ai fait ce que tous les gens qui s’intéressent ne serait-ce qu’un tout petit chouïa à la saga Star Wars ont fait: je suis allé voir l’épisode VII, le Réveil de la Force. J’ignore ce qu’il en est des fans de la saga mais j’ai été extrêmement déçu, j’en dis quelques mots ici.

Je m’étais juré qu’on ne m’y reprendrait plus mais j’ai eu de bons échos et j’ai appris que Gareth Edwards (Monsters, Godzilla) était aux manettes donc bon, Rogue One, pourquoi pas après tout (et puis j’ai une carte illimitée évidemment).

Eh bé je suis bien content de l’avoir vu parce que c’est non seulement mille fois supérieur au film de bébé d’Abrams, mais c’est même carrément le meilleur de la saga avec l’Empire Contre-Attaque.
Sombre (y compris au sens propre : on se croirait dans un Eastwood des années 80 tellement les scènes dans la pénombre se multiplient), sale, violent, il bénéficie clairement d’une approche plus adulte et moins « universaliste » : c’est terriblement dur de faire un film qui plaise aussi bien aux bébés qu’aux adultes les plus exigeants, c’est là que l’épisode VII s’est ramassé dans les grandes largeurs pour moi. Rogue One possède également une identité plus européenne : Gareth Edwards est britannique, tout comme une bonne partie de la distribution, ça se sent. Diego Luna fait figure d’exception mais on ne peut pas vraiment le qualifier d’hollywoodien lui non plus.

Évidemment, il ne suffit pas de sous éclairer ses scènes, de caster des acteurs anglais et de dézinguer à tout va pour réussir son volet de Star Wars : les enjeux psychologiques et politiques sont d’un tout autre niveau et Edwards parvient, malgré la grosse machinerie, à insuffler son sens du romantisme, son lyrisme triste. Moins que dans Monsters mais nettement plus que dans Godzilla si tu veux mon avis. Et même si tu le veux pas d’ailleurs.

Suicide squad

OK, ça met un peu de temps à se mettre en place mais la dernière séquence, le morceau de bravoure du film (l’attaque kamikaze par les rebelles d’une base de l’Empire) rattrape bien le coup. Comme le dirait Ludwig Von Apfelstrudel, « on ne recrette bas sa soirée! »

Après, malgré plein de qualités purement cinématographiques, je vois Rogue One comme un film-symptôme de ce qui ne va pas à Hollywood, voire dans ce bas monde. Tcharrément, et je m’essplique: l’an dernier, évènement inter-planétaire donc avec la sortie de l’épisode VII et l’amorce d’une nouvelle trilogie. On a BOUFFE Star Wars pendant 2 bons mois : magazines spécialisés ou pas, journaux télévisés, produits dérivés ou simplement estampillés Star Wars dans les supermarchés. Dans la rue, dans le métro, sur Internet, partout, tout le temps: Star Wars. Bilan, pas loin de 4 miyons d’entrées en 1ère semaine d’exploitation, plus de 10 au total. J’imagine que pas mal de personnes ne sont allé au cinéma qu’une seule fois en 2015 et c’était pour voir ce film.
Pour Rogue One, la promo est beaucoup plus légère: je me balade dans la rue, au supermarché, je vois pas les personnages de la saga s’afficher partout et surtout n’importe où. J’ai pas vu 60 sujets dans tous les JT de toutes les chaînes. Le film n’est même pas vendu comme un nouvel épisode de la saga mais comme une sorte de spin-off, alors que son intrigue se situe très clairement entre les épisodes III et IV. En outre, pas mal de personnages emblématiques sont bien présents :  C-3PO, R2D2, les storm troopers (qui parlent avec l’accent anglais, c’est marrant), même Carrie Fisher, RIP. Des cameos tu me diras, ok, mais ils sont là. Darth Vador lui a 2 « vraies » scènes marquantes : la seconde est même sacrément excitante, beaucoup ne retiendront qu’elle du film, et c’est compréhensible. Y a même l’Etoile de la Mort, et pas qu’un peu puisque toute l’intrigue tourne autour d’elle. Mais cette année on est pas matraqué, c’est un fait, et ça semble tout à fait volontaire de la part de Disney (devenu producteur et détenteur des droits de la saga je le rappelle). Bilan : 1,7 millions d’entrées en 1ère semaine, ce qui est évidemment énorme mais plus de 2 fois moins que pour le Réveil de la Force. J’ai fait un petit sondage autour de moi : les mêmes personnes qui se sont ruées en salle l’an dernier n’étaient parfois pas au courant qu’un « nouveau Star Wars » était sorti. Putain, c’est quand même dingue non ?

J’ai bien conscience d’enfoncer une porte grande ouverte et je ne découvre pas les pouvoirs du marketing. Mais l’exemple du Réveil de la Force et de Rogue One, à seulement 1 an d’intervalle me paraît des plus frappants. Et ça me dégoûte un petit peu. « Marketing… salope » comme disait Léo Ferré.

2 commentaires sur “Rogue One – critique

Laisser un commentaire